Was it a dream.

01/ T'es né avec, ce qu'on appelle, une cuillère en argent dans la bouche. T'aurais pu devenir un petit connard prétentieux si t'avais pas eus une famille terre à terre et aimante. Y'a tes parents, bien sûr. Mais aussi tes grands-parents chez qui t'as passé quelques étés quand t'étais môme et puis ado.  Des gens simples. De quoi te faire voir autre chose que les belles moulures au plafond et la vie de strass et de paillettes qu'ont toujours eut à t'offrir tes parents. T'as quand même été élevé comme un petit prince dans l'ensemble. T'as jamais manqué de rien. 02/ T'as grandis sous le feu des projecteurs. Tout petit, tu posais déjà avec ta mère pour différentes marques de fringues mère/enfant. Très vite, t'es passé sur le petit écran.  De toutes petites apparitions dans une série à succès de l'époque.  Quelques années plus tard, t'as joué un rôle un peu plus important dans un film. T'as bien eus quelques petits autres rôles par la suite. Mais rien de transcendant. T'étais pas suffisamment bon acteur pour pouvoir continuer une fois que t'as grandis.  T'es passé du gamin adorable au possible à l'adolescent lambda. Tu ne pouvais plus jouer uniquement de ta belle gueule. 03/ T'as eus beau mettre fin à ta carrière d'acteur à l'adolescence, t'es quand même bien resté dans la lumière offerte par la notoriété de tes parents. Ce que tu n'as pas toujours si bien vécu. Tu l'as même très mal vécu tout au long de ton adolescence.  Te faire photographier contre ton grès rien que parce que tu te promenais en pleine rue, ne t'a jamais plu. T'es pas parti en vrilles pour autant. Pas comme la plupart des enfants stars qui finissent par cogner sur un paparazzi planqué dans un buisson. T'es même pas tombé dans la drogue.  T'as plutôt choisis de faire honneur à tes parents en étant aussi sage que possible. 04/ L'argent de tes parents t'a permis bien des choses sur lesquelles tu n'aurais pu cracher. Comme tes études dans une fac prestigieuse. T'avais encore aucune idée de ce que t'allais faire de ta vie à cette époque là. Tu savais juste que t'allais évoluer dans l'art. C'est pendant les années universitaires que tu te découvres un talent certain pour le dessin et un goût prononcé pour la photographie. Tu te vois te tourner vers la photographie d'art. Tu te vois voyager à travers le monde pour immortaliser des scènes, des paysages, les animaux même ... Mais il y a un problème de taille : tes nombreuses phobies. Qui t'empêchent d'avancer dans la vie, de manière générale. Qui te font plutôt très vite reculer. T'es encore très présent dans la vie de tes parents. Ta mère te missionne pour faire les shooting photos de sa marque de vêtements. C'est le déclic.  05/ T'as 23 ans quand tu tombes amoureux pour la première fois et que tu te mets sérieusement en couple. Une mannequin qui a quelques années de moins que toi et sa beauté pour principale qualité. C'est avec elle que tu renoues quelque peu avec l'univers de tes parents. Que les paparazzis recommencent à s'intéresser à toi quand tu sors ivre mort de boîte de nuit ou en compagnie d'une autre que ta petite amie. T'es pourtant fidèle à cette époque là. Tu te vois même éperdument amoureux et prêt à continuer cette relation une éternité. Vous formez un beau duo. Surtout, vous attirez les regards. T'es à la hauteur pour être avec une mannequin, c'est flatteur.  Votre relation fonctionne malgré la distance. Elle est constamment en déplacement pour son boulot. Tu pourrais être le photographe qui s'occupe le plus d'elle ... Mais elle ne te supporte pas quand tu bosses. Rien de plus logique. T'es véritablement insupportable et tu le sais. 06/ La société te persuade qu'à 25 ans, il est temps de se ranger. Tu demandes ta petite amie en mariage devant un photographe que t'a payé pour marquer le coup. Votre relation est de plus en plus superficielle. Ne semble déjà plus exister que pour l'image parfaite de vous que ça véhicule. Pourtant tu ne t'inquiètes pas de ça. Tu ne t'en rends pas encore compte alors même que vous partagez votre bonheur tout frais sur les réseaux sociaux. Le jour même où tu publies la photo de ta demande, tu couches avec la mannequin avec laquelle tu bossais à ce moment là. Tu le regrettes le soir même, sans aller jusqu'à l'avouer à ta fiancée. Le lendemain, tu recommences avec une autre. Le surlendemain tu remets ça. Les semaines filent, les mois s'enchaînent, tu continues de jouer avec le feu alors que sur les réseaux, toujours des photos de votre couple. Tu réalises que ça ne rime plus à rien. Que tu paniques à l'idée de te marier. Que peut-être, tu n'es plus si amoureux. Le temps passe et tu postes de moins en moins de photos de vous. Tes réseaux sociaux se font plus pro alors que des courbes de dizaines et de dizaines de femmes, s'affichent fièrement, sublimés par tes photo. Certaines y reviennent plus que d'autres. Celles qui sont capables de te supporter malgré ton sale caractère. Celle avec qui t'arrives même à t'entendre. A l'image de Nana, la jap' au sale caractère qui arrive à te faire rire même quand t'es à moitié en train de t'énerver contre elle. 07/ Et puis il y a ta muse. T'as tout de suite été fasciné par son regard tantôt enfantin, tantôt séducteur. T'as été autant touché par son innocence et ses sourires hésitants, que troublé par son jeu de femme fatale pendant vos séances photos. En la voyant débarquer, tu l'as pensé bien incapable de te supporter pendant ton boulot. Pour vérifier ça par elle même, elle a fait sauter ses fringues pour s'offrir à ton appareil. Votre collaboration ne s'est jamais arrêtée. Elle est ta muse, ton inspiration, celle que t'attends avec le plus d'impatience toutes les semaines, la seule avec laquelle tu ne perds que rarement patience, la seule sur qui t'as jamais eus à hausser le ton. Elle est parfaite ta muse. Elle a remué ta vie à coups de rires sincères, elle a secoué ton coeur avec ses sourires lumineux, elle t'a mis à terre. Lentement mais sûrement. Une perfection qui s'est imposée à toi autant en tant qu'homme qu'en tant qu'artiste. Pourtant, ta muse, elle te résiste.