I feel sweet emotion - FT. Edward

T’as le cerveau qui tourne un peu Bambi alors que tu danses sur tes talons aiguilles, mauvais match. Tu t’es faite embarquer ici par un groupe d’inconnu que tu venais de croiser quelques dizaines de minutes avant, inconnu qui se sont assurés que tu ne repartes pas l’estomac vide. T’as un mélange de sang et d’alcool dans les veines mais tu sens l’effet se dissiper un peu. Dans la poche arrière de ton pantalon en cuir, bien trop moulant, t’arrives à chopper du bout de deux doigts un billet de dix. Les sourcils qui se froncent à la recherche d’un second trésor en vain, billet que tu refourgues dans ta poche dans la minute. Tu venais de tout claquer en même pas une heure ? Ton regard qui se pose à votre table, la vision trop floue pour compter le nombre de bouteille. T’es irrécupérable Bambi. Tant pis, à partir de maintenant ce sera de l’eau, puis au vu de l’heure t’aurais dû commencer bien plus tôt, t’as ce pressentiment que cette soirée est trop calme et que ton patron t’appellera sans doute à la dernière minute, une fois de plus. T’essaies de te faufiler entre la foule qui patiente au bar, mais t’es une femme Bambi, et ça a ses avantages, un homme te laisse passer devant lui. Sourire aux lèvres et coudes posés sur le bar t’attends ton tour patiemment, proposant même de commander pour l’homme qui venait de faire preuve de galanterie, enfin… Galanterie, t’es pas certaine que c’était le but de départ. T’as le regard qui se pose non loin de là, à l’autre bout du bar, t’arrives à distinguer une silhouette masculine avec des traits un peu marqués accompagné d’une barbe de quelques jours seulement, t’as les yeux qui se plissent pour mieux observer sauf que ça floute d’avantage ta vue. Idiote. Il ne te faut pas longtemps pour remarquer que cet homme devait être seul. Ton verre d’eau arrive enfin et tu te penches à moitié sur le bar en bois pour attraper avec difficulté une paille que tu mordilles sans siroter ta nouvelle boisson préférée. Ton petit corps perché sur quinze centimètre de hauteur peine de nouveau à se frayer un chemin jusque de l’autre côté du bar, vers cet inconnu qui semble perdu dans ses pensées. T’as ce sourire aux lèvres de gosse Bambi quand tu poses ta main sur son bras pour se pencher à son oreille, la musique te faisant obstacle dans tes paroles. « Alors, vous attendez votre rencard ? » Tu ris un peu en restant debout à ses côtés avant de revenir à la charge, lèvres pulpeuses qui manquent de laisser une marque rouge sur sa joue. « Venez danser, ça vous fera passer le temps ! » Tes doigts qui viennent prendre le tissu de son vêtement pour le serrer contre ta paume, comme-ci tu ne lui laissais pas l’choix au final. Paille qui souffre entre tes incisives, tu lui offres ton plus beau sourire alors que tu peines à rester immobile avec la foule qui te bouscule un peu. Tes yeux qui se posent, presque automatiquement, sur son annulaire gauche habillé d’une bague recouvrant la naissance de cette veine que l’on appelle "veine de l’amour".  « Promis, j’vais pas vous manger » Promesse envolée qui ne signifie pas grand chose au final, après tout cet homme marié se retrouve bien dans un endroit comme celui-ci seul, puis si il attend sa femme cette dernière prendra comme leçon de ne pas faire attendre un homme. T’as les yeux qui pétillent Bambi, à cause de l’alcool sans doute mais aussi peut-être parce que t’as toujours eu un faible pour les hommes plus âgé.

@Edward Brown

{ i feel sweet emotion }
crédit/ tumblr ☾ w/@bambi hargrove

Noyé dans des pensées trop nocturnes pour ses dernières ambitions jusqu'à son ultime hourra, là, assis comme un con au milieu d'une foule aussi dansante qu'oppressante pour lui. Verre de whisky en main, regard s'abandonnant dans le vide de son esprit. Il s'accote au bar par peur de manquer la chute, faute à l'alcool qui a su le souiller un peu trop ce soir. Puis des paroles lui reviennent en mémoire, des émotions passées et des sensations trempées dans l'amertume.
Foutu cancer, putain.
Edward s'enfile son énième verre d'une traite, ses lèvres humides se perdant dans la saveur de sa boisson, une toux étouffée par sa douleur dans le bas du dos se déclenchant. Long soupir traduisant du déplorable de la situation, s'en suivit qu'il clignota trois bonnes fois des yeux, tentant de retrouver une vision presque nette. Échec. Sa main droit éponge son front, quand l'autre peine à tenir correctement le verre de whisky. Il a vraiment l'air pathétique ce soir, Edward. Puis il y a comme un brouillard devant lui, et en lui. Et une délicate voix s’immisce doucement dans ses oreilles, une pression s'exerce sur son bras tremblant. À son tour, son regard vitreux se plante dans celui de la demoiselle qui venait faire irruption dans sa superbe soirée. Edward lui désigne un sourire presque niais, comme s'il pouvait déguiser l'état dans lequel il se trouvait, et fronce du nez pour retenir une nouvelle quinte de toux douloureuse.
— Rencard, ouais. Il lève son verre en l'air, et sa voix plonge dans l'ironie (ça faisait seulement une semaine que la tragique nouvelle était remontée à lui, et l'idée de savoir que dans quelques mois tout s'émiettera, la peur de la fin n'arrête pas de cogner en lui de part et d'autre). Il revient à la réalité, son regard se débarrasse du flou occasionnel.
— Non, je... je danse pas moi. fit-il, voix grave, en secouant sa tête dans un rire éteint. Au final entraîné par cette jolie brune, Edward traverse la pièce en titubant. De sa bouche infectée par les verres passés, il lui susurre quelques mots d'une voix altérée.
— J'ai jamais su faire ce que tu me demandes de faire. Danser... danser ? La seule fois qu'il avait dansé remonte à son mariage, aujourd'hui plus qu'un ramassis d'ordures qui bouche les artères de son cœur et lui offre uniquement le droit de pourrir avec.

Au milieu de toute cette agitation, c'est comme si tout se dérobe sous ses pas. Les lumières qui gesticulent en tous sens lui refile une migraine insupportable (c'est comme si on ouvrait votre crâne pour y insérer des lames de rasoir, qu'on le refermait et qu'on le secouait de gauche à droite), le bruit et les mouvements deviennent terriblement incertains, rien ne paraît réel, c'est comme s'il s'effondrerait d'un moment à l'autre.
—  Désolé, je dois pren-.. l'air. Confusion dans son âme résultant de la confusion de ses paroles, il traverse avec de grandes enjambées le lieu, bousculant bien des corps, et se jette sur la sortie pour se libérer de son cauchemar infâme. Une toux sèche qui lui arrache tout son organisme ressort, et le besoin de donner à ses jambes un moment de répit se fait ressentir par le manque de force. Tout s'enchaîne à une vitesse folle, Edward craint de ne même pas atteindre les six mois. Les pires scénarios s'entrechoquent dans son cerveau épuisé, et toutes ses pensées affligeantes réussissent à lui soutirer des larmes. Des sanglots. Les premiers depuis des années. L'homme qui avait la tête relevée à chaque situation et l'autorité qui faisait trembler les moins téméraires se retrouve face à la dure réalité des choses pour la première fois; frappé par la vie, et bientôt tué par la maladie.