Come back to you. (Warston)

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{ come back to you }
crédit/ tumblr ♛  w/@Nikolaï Warren

Vivre avec Nikolaï.

Cela fait quelques jours déjà, même quelques semaines qu’elle a officiellement emménagé dans la maison qu’il partageait jusqu’alors avec sa nièce. L’on ne peut pas dire que le changement soit immense pour celle qui passait déjà la majeure partie de son temps libre chez l’homme qu’elle aime. Toutes ses nuits aussi. Mais il y a quelque chose de différent. Le fait de se dire qu’elle habite avec lui, réellement, qu’ils sont tous les deux dans cette maison, presque, à part entière. Elle a l’impression d’avoir fait un pas immense avec lui, un pas qu’elle ne pensait pas être capable de franchir, pas si facilement. Le plus difficile, au début, a été de se dire qu’elle ne vivrait plus avec sa petite sœur, elle dont elle a pris tant de plaisir à partager le quotidien. Les premiers temps n’ont pas été aisés non plus, entre sa quantité d’affaires immense à installer – qui n’a toujours pas trouvé entièrement sa place – et le mois de Juillet qui est arrivé, comme chaque année, bien trop vite. Ce n’est pas la période du calendrier qu’elle préfère, Isa. C’est même la pire. Les jours qui précèdent la date anniversaire de la mort de son frère sont les plus longs, les plus interminables, mais surtout les plus douloureux qu’elle vit, chaque année. Elle s’est sans doute quelque peu refermée sur elle durant ce dernier mois, ce qui n’est pas la meilleure attitude à avoir lorsque l’on emménage avec son petit-ami. Mais, les jours passent peu à peu, emportant doucement la mélancolie avec eux. C’est toujours avec un certain plaisir qu’elle retrouve la chambre qui est désormais la sienne.  Elle rentre d’une journée laborieuse à courir un peu partout après les rendez-vous pour donner vie à ce projet qu’elle partage avec Peyton. L’enquêteur de police encore absent, tout comme sa nièce, Isabella va directement dans la salle de bains pour prendre une douche revitalisante. Elle l’a attendu toute la journée, ce moment. Moins encore que celui qui suit.

Retrouver Nikolaï.

Elle sort de la douche regénérée et rafraîchie. Le temps tout juste d’enfiler un peignoir en soie par-dessus sa nuisette qu’elle entend le bruit de la porte d'entrée se refermer. À peine quitte-t-elle la salle de bains qu’elle le voit pénétrer dans leur chambre, déclenchant un doux sourire sur le visage ravi de la belle brune. – Hum, tu as dix minutes de retard. lui lance-t-elle d’une voix malicieuse en guise de salut. Car elle aurait bien partagé cet instant charnel en sa compagnie. Elle arrive enfin à sa hauteur pour lui voler un baiser. Un langoureux baiser. Un baiser plus enflammé que ceux des derniers jours. Parce qu’il t’a manqué, Nikolaï. Il te manque à chaque instant où il est loin de toi. Même quand c’est toi qui restes loin de lui. Ses bras viennent enlacer son cou pour prolonger le baiser avec toute l’intensité et l’envie qu’elle sait si bien retranscrire. Elle recule son visage seulement une fois que l’air commence à lui manquer. Mais ses mains restent à leur place, contre la nuque du jeune homme, alors que ses prunelles viennent s’accrocher aux siennes, pour ne plus les lâcher. – As-tu passé une bonne journée ? Cela non plus, elle ne l’a pas demandé, pas à chaque fois, pas autant qu'elle aurait dû. Ou bien c'est la réponse qu'elle avait plus de mal à écouter. Elle a l’impression d’avoir négligé beaucoup trop de choses. L’avoir peut-être négligé, lui, sans le vouloir. Sans le savoir. Mais elle compte bien se rattraper. Elle compte bien lui montrer combien elle est toujours éperdument folle de lui. Combien elle sera toujours follement perdue sans lui.

Aimer Nikolaï.

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Il y a cette partie d’elle qui n’a pas encore réalisé qu’elle a bien emménagé chez Nikolaï. Que ce n’est plus chez Nikolaï, mais chez eux. C’est peut-être uniquement parce qu’elle a besoin d’un temps d’adaptation. Besoin de se faire à cette idée pour pleinement l’intégrer. Peut-être aussi que les petits soucis d’ordre pratique l’empêchent également de se rendre compte que cette maison est la sienne. Pas tant qu’elle ne pourra pas y aménager toutes ses affaires. Mais il y a aussi cette partie d’elle qui devient impénétrable. Celle qui ne laisse plus rien l’atteindre, de près ou de loin, comme chaque année à la même date. Vivre avec le vide laissé par son petit frère, celui qu’elle a élevé pratiquement comme un fils, c’est une souffrance qu’elle ne pourrait pas décrire tant elle la ronge. À chaque l’instant, de joie comme de douleur, elle pense toujours à lui. Elle se dit qu’il devrait être à ses côtés. Mais c’est pire encore quand la date de sa mort revient la hanter. Chaque année qui passe est une année qui l’éloigne un peu plus de lui. Et, indéniablement, à cette période, c’est du monde des vivants qu’elle a besoin de s’éloigner. Elle se replie sur elle-même, portant seule le lourd fardeau de cette absence qui pèse de plus en plus. Elle se renferme parce qu’elle n’a jamais pu partager cette souffrance, elle la garde enfouie au plus profond d’elle. L’amertume devient telle qu’elle en oublie trop le monde qui l’entoure. Cette année, pourtant, elle n’est pas seule. Il y a l’homme qu’elle aime, constamment à ses côtés, qui ne demande sûrement qu’à l’écouter. Mais elle n’a pas même le réflexe de se confier à lui, juste celui de se tenir à distance de tout. Même de lui. Pour autant, ce n’est pas volontaire. Au contraire, elle n’en a pas vraiment conscience, comme si le voile de chagrin qui la submerge se posait aussi sur ses yeux. Elle ne s’est pas rendu compte qu’elle a négligé Nikolaï durant ces dernières semaines. Tout autant qu’elle n’imagine pas les questions qu’il a pu se poser. Parce que le problème, avec la douleur, c’est qu’elle est profondément égoïste. Et Isa, elle n’a jamais voulu la partager. Mais elle lui revient peu à peu. Elle lui revient, ce soir, alors que tout ce dont elle a envie est de le retrouver. Quand il passe la porte de la chambre, le sourire revient instinctivement sur les lèvres de la Latina qui n’attend pas une seconde pour se rapprocher de lui. Il s’excuse pour son retard qui n’en est pas vraiment un, juste ce qui l’a empêchée de l’entraîner avec elle dans sa douche. - Ce n’est pas grave... Tu as seulement manqué une douche en ma compagnie. lance-t-elle, la voix malicieuse, avant d’aller enfin l’embrasser comme il se doit. Des jours entiers qu’elle n’a pas initié un tel baiser. Des jours entiers qu’elle n’a pas laissé cette douce chaleur envahir son corps. Il vient à son tour enlacer la jeune femme, rapprochant son corps du sien alors que leur baiser se prolonge langoureusement. Elle rouvre les yeux qu’elle avait fini par fermer pour croiser le regard troublé de l’homme qu’elle aime. Un petit sourire amusé apparaît sur le visage d’Isabella devant sa remarque. Elle devine qu’elle a été plus distante qu’elle ne l’aurait voulu ces derniers jours, elle n’imaginait pas l’être au point qu’il s’étonne d’un baiser. Mais il semble bien avoir compris qu’il y a quelque chose qui ne va pas, Nikolaï. Sa main qui vient caresser sa joue, il a  dans les yeux cet air un peu trop attentionné. Préoccupé surtout. - Oh... Oui. Oui, ne t’en fais pas. Peut-être qu’elle devrait lui dire. Peut-être qu’elle devrait se confier. Pour ne pas qu’il se mette à s’inquiéter chaque année. Une pensée que tu n’as eu avec aucun autre. Elle baisse le regard quelques brèves secondes. Le temps d’essayer de trouver comment lui parler. - Je suis désolée si je te parais distante en ce moment. Je ne m’en rendais pas réellement compte. Elle recule finalement, comme pour essayer de garder contenance. Une inspiration qui se perd dans l’instant avant qu’elle ne relève les yeux vers lui. - Juillet n’est pas vraiment le mois de l’année que je préfère.

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Il est la personne qui la connaît le mieux au monde, Nikolaï. Il ne la connait pas seulement en surface, il ne sait pas seulement ce qu’elle a envie de montrer. Il a aussi découvert les facettes les plus dissimulées de sa personnalité. Les ténèbres qui sont enfouies sous la douceur apparente, les failles qui se révèlent derrière cette image si lisse que les autres voient en elle. Il a vu le pire d’elle, autant que le meilleur, il sait tout d’elle. C’est comme s’il avait eu un accès jusqu’alors interdit à quiconque, non seulement à son cœur, mais aussi à son âme. Seulement, il n’a pas toujours été là. Il n’était pas là chaque fois que la vie lui a balancé un nouveau coup. Il n’était pas présent quand, sa mère décédée, elle a dû élever une famille toute seule alors qu’elle était encore si jeune. Il n’était pas présent quand elle subissait les horreurs de son père. Il n’était pas présent quand son frère est décédé. Alors il sait tout cela, il le sait parce que, tant bien que mal, elle a trouvé le courage peu à peu de lui en parler. Mais ce sont encore tant de souffrances cachées qu’elle a dû toute sa vie apprendre à gérer. À gérer toute seule. C’est pour cette raison que, chaque année à la même période, elle s’éloigne de tout son entourage. Elle continue de porter le poids de son passé seule. Ce n’est même pas un choix volontaire qu’elle fait, pas avec Nikolaï puisqu’elle lui a parlé de toutes ces choses. Elle s’est confiée à lui. Mais, devant la noirceur qui revient dans sa vie, elle réagit toujours de la même manière. C’est un réflexe purement instinctif, ni intentionnel, ni même conscient. Elle se replie sur elle-même sans réaliser qu’il est là, maintenant, juste à côté d’elle. C’est toute seule qu’elle supporte ces sombres pensées. Toute seule qu’elle se laisse submerger un peu plus encore que d’ordinaire par ses propres ténèbres. Jusqu’au moment où, tout doucement, elle recommence à remonter à la surface. C’est bien plus aisé, cependant, de le faire maintenant qu’il est à ses côtés. Parce qu’il t’a changée, malgré tout, il t’a appris à rester avec les vivants. Il t’a appris à te sentir encore en vie. C’est ainsi qu’elle revient peu à peu dans la vie réelle. Peu à peu auprès de lui. Le sourire en coin sur les lèvres, elle le taquine comme elle ne l’a plus fait depuis quelques temps. Mais la réalité revient vite. Trop vite. C’est brutal comme changement dans leur conversation mais, à sa manière, elle essaie de le rassurer. Il a remarqué qu’elle était ailleurs, qu’elle était différente. Il a même commencé à se faire ses propres hypothèses, complètement erronées. Mais il ne peut pas savoir Isa, pas si tu ne lui dis pas. Elle secoue négativement de la tête devant les questions qui lui paraissent insensées. – Non, je t’assure que je suis heureuse de vivre avec toi. Ce n’est pas grave si elle est un peu à l’étroit, ce n’est pas grave si ces vêtements sont encore à demi chez sa sœur. Elle se fiche de ces détails, Isabella. Tant qu’elle est auprès de lui, cela lui convient. Mais elle se rend compte qu’elle ne peut pas le laisser dans ses doutes. Elle ne peut pas garder pour elle une souffrance que, peut-être il ne comprend pas, mais qu’il décèle malgré tout. Suffisamment pour s’inquiéter. La gorge qui se noue, la jeune femme cherche ses mots. Huit ans qu’elle vit avec cette douleur, mais elle ne sait pas encore lesquels employer. La main de Nikolaï contre sa nuque, il ancre son regard dans le sien alors qu’elle essaie d’y cacher la souffrance qui s’y est immiscée. Le cœur qui se serre à ses paroles, elle déglutit difficilement. – Je le sais, crois-moi. Il est présent pour elle. Présent à chaque instant. Elle se rend compte de la chance qu’elle a, chance qu’elle n’a jamais eue auparavant. Mais cela ne signifie pas pour autant qu’elle sait plus facilement lâcher prise. Elle tente juste d’éviter de le mettre de côté, l’écarter des abysses trop profondes de son âme. – Mon frère est décédé le vingt-huit juillet. C’est… Je le gère, je t’assure, je ne veux pas que tu t’inquiètes pour moi. Elle n’est pas sur le point de s’effondrer. Elle n’a pas l’impression de couler. C’est juste un poids qui devient plus lourd encore que durant le reste de l’année. – J’ai tendance à me replier sur moi-même à cette période de l’année. Je ne le fais pas consciemment, c’est juste… Un peu plus difficile que le reste du temps. Plus difficile d’y penser, plus difficile de l’affronter. Plus difficile de vivre, plus difficile de respirer.

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Vivre avec quelqu’un, c’est accepter que cette personne puisse tout voir au plus profond de soi-même. Accepter que cette personne découvre tout ce que l’on a toujours pu cacher à toutes les autres. C’est accepter de partager, pas uniquement une maison, mais aussi sa vie. Seulement, la vie d’Isabella, elle n’est pas bien reluisante. Elle est remplie de blessures, pas toujours bien refermées, jamais vraiment cicatrisées. Des blessures avec lesquelles elle a appris à vivre, mais qu’elle n’a jamais été capable d’infliger à un homme. Tous ceux qui ont partagé un moment de son existence s’en sont trouvés écartés, tous. Même celui qu’elle avait épousé, il n’a jamais pu pénétrer son jardin secret. Mais c’est différent avec Nikolaï. Tout est différent avec Nikolaï. En une année seulement qu’elle l’a rencontré, il a appris peu à peu à dépasser toutes les barrières qu’elle avait fixées. Il a appris à la connaître, elle, plus que jamais elle n’aurait pu l’imaginer. Il sait tout ce qu’elle a vécu, il sait tout ce qu’elle a subi, comme personne avant lui. Mais, même lui, depuis tous ces mois, elle s’est efforcée comme elle a pu de l’épargner de cette partie sombre de son âme. Elle a eu tendance à le retrouver quand elle allait bien, quand elle n’avait pas besoin de se forcer à sourire. Quand elle savait qu’elle n’allait pas l’inquiéter. C’est beaucoup plus difficile de le préserver maintenant qu’il s’endort chaque soir à ses côtés. Même si, au fond, cela n’a jamais été facile. Pas avec lui. Mais c’est pire encore depuis qu’ils vivent ensemble. Elle se rend compte que, malgré ce silence dans lequel elle s’est terrée ces dernières semaines, il a compris que quelque chose n’allait pas bien. Elle n’a pas su faire semblant, surtout pas avec lui. Elle s’est plongée dans un tel mutisme qu’en réalité, il était évident qu’il le remarquerait. Nikolaï n’est pas Luke, il l’a prouvé à maints et maintes reprises. Il continue encore de le faire. Trop observateur, trop attentionné surtout envers elle, pour ne pas s’inquiéter pour la femme qu’il aime. Elle aurait pu s’en douter, elle aurait dû s’en douter. Mais elle était tellement renfermée dans ses propres tourments que, pas un instant, elle n’y a songé. Et elle se retrouve, finalement, là, à culpabiliser de réaliser que, durant tout ce temps, elle ne l’a que davantage inquiété. Alors, tant bien que mal, elle s’efforce de lui parler. Elle se livre à lui, non pas pour s’alléger de ce poids en elle, mais pour lui. Pour que, lui, puisse comprendre. Pour qu’il sache que, cette distance entre eux, elle n’a rien à voir avec lui. Rien à voir avec leur amour. Il paraît si désolé mais, aussi, encore plus inquiet. C’est même ce qu’il lui confie alors qu’elle hoche négativement la tête. - En parler n’y aurait rien changé... C’est ainsi... Je vis avec. Elle survit, surtout. Huit ans qu’elle survit à ce trou béant dans son cœur. Huit ans qu’elle côtoie ces ténèbres. C’en est devenue une habitude, une triste habitude qui ressemble davantage à un cercle vicieux duquel elle est incapable de sortir. Elle l’a accepté même si, au fond, elle ne pourra jamais totalement accepter la mort de son frère. Pris dans un élan de tendresse, Nikolaï l’attire contre lui pour la prendre dans ses bras. Elle ferme les yeux sans prononcer une seule parole, se laissant imprégner par son odeur, par sa douce voix. Ses mots la touchent mais elle ne sait ce qu’elle peut y répondre, elle ne sait comment lui dire qu’elle ressent toujours cette solitude à chaque fois qu’elle pense à Jim. Même quand elle est entourée de monde, elle ressent son absence plus que jamais. Elle rouvre les yeux quand elle sent son baiser contre son front, juste pour plonger son regard dans le sien. Elle n’a pas la force d’ajouter un mot, aussi vulnérable à cet instant, qu’une enfant abandonnée que l’on retrouverait à peine. C’est Nikolaï qui trouve le moyen de la sortir de son mutisme. Il veut lui montrer... Un truc. Elle ne réagit pas tout de suite, mais il l’incite à la suivre. Elle se laisse faire docilement, sa main négligemment posée dans la sienne. - Mais... Tu peux m’en dire plus ? demande-t-elle enfin intriguée bien qu’elle accepte de fermer sagement les yeux. À sa remarque, elle fronce même légèrement les sourcils. - Je ne triche jamais. prend-elle soin de préciser bien qu’elle sent la curiosité l’envahir. Fermer les yeux, suivre aveuglément un homme, elle ne le ferait pas avec n’importe qui. Même dans sa propre maison. C’est uniquement parce que c’est lui. Ils pénètrent enfin dans la pièce près de leur chambre mais elle n’a toujours pas le droit d’ouvrir les yeux. Ce n’est qu’au moment où ils se retrouvent, semble-t-il, au milieu, qu’elle les ouvre enfin sans attendre une seconde. C’est là qu’elle le découvre... Le dressing. Elle entrouvre les lèvres de surprise. Elle ne s’y attendait absolument pas. - Tu... Tu as installé un dressing ? Il y a son cœur qui réagit instinctivement à ses propres paroles. Comme si le prononcer à haute voix ne faisait que rendre cette vérité réelle. - C’est... C’est magnifique...Et ça la touche tellement, surtout. Elle sent l’émotion la submerger en réalisant qu’il tenait tant à ce qu’elle se sente chez elle qu’il a pris la peine de lui aménager une pièce. Une pièce rien qu’à elle. - Mais quand est-ce que tu as eu le temps de le faire ? Et soudain, elle comprend. C’est pendant qu’elle se terrait dans le silence. Pendant qu’elle se repliait sur elle-même, lui tentait de tout faire pour qu’elle se sente à sa place. Elle, d’ordinaire si observatrice, ne s’en est même pas doutée un seul instant. Cette fois, ce sont les larmes qui commencent à envahir les yeux de la belle Latina. - Je ne m’en suis même pas rendu compte, je... Je ne me suis pas rendu compte que je te mettais autant de côté... Je suis désolée Nikolaï.

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Pas un instant, elle n’a douté. De son soutien, de la présence qu’il pourrait lui donner. De tout cet amour qu’il sait si bien lui offrir. Pas un instant, elle n’a douté de lui. Elle sait combien Nikolaï tient à l’épauler dans chacun des moments difficiles de sa vie. Elle sait combien il a envie de l’aider à retrouver la lumière quand les ténèbres viennent l’emporter. Elle sait qu’au fond, il ne demande qu’à être là pour elle. Mais les ténèbres, ils sont tellement difficiles à combattre, tellement prenants autour de son âme, qu’ils lui font oublier comment s’en libérer. Elle n’a pas l’habitude de confier ses états d’âme, Isa. Encore moins ses souffrances les plus profondes. Elle se contente de les encaisser, les supporter, sans se laisser totalement couler. Même en ayant appris à se livrer, avec lui, elle n’en a pas pour autant le réflexe. La vérité, c’est qu’elle n’a aucune idée de comment s’alléger de ce poids. Elle ignore comment, simplement, elle peut accepter de laisser Nikolaï porter avec elle le fardeau dont il parle avec tant de conviction. Lui confier ce qui la met dans cet état, elle vient de le faire. Elle ne se sent pas mieux pour autant. Peut-être simplement se laisser faire. Le laisser faire. S’il y a une personne capable de la soigner de ses maux, dans le monde entier, c’est bien lui. – Je sais que tu es là, je t’assure. Et il ne peut imaginer le bien qu’il lui fait. Le bien que sa présence à ses côtés peut lui procurer. Sans lui, ce serait pire. Sans lui, cela a toujours été pire. Comme pour le prouver, il vient éclairer la noirceur de la conversation en lui promettant cette surprise inattendue. Elle n’en porterait pas le nom, si tel n’était pas le cas. Mais elle ne l’a pas vue venir, indéniablement, elle n’imagine même pas ce dont il s’agit. Alors, quand elle le découvre, c’est tout un océan d’émotions qui viennent la submerger de plein fouet. Elle est touchée qu’il ait pris l’initiative de faire un tel geste pour elle. Heureuse, aussi, sans aucun doute. Ce dressing, il est un peu comme la preuve qu’il désire plus que tout qu’elle habite dans cette maison avec lui. Qu’elle devienne la sienne également. Il s’égare dans des détails anodins alors que l’essentiel est là, juste sous les yeux brillants de sa petite-amie. Le sourire attendri qui se dessine sur ses lèvres, Isabella secoue la tête à ses inquiétudes, comme pour les balayer immédiatement. – Tu plaisantes… C’est parfait, vraiment. Elle a l’impression d’être une véritable princesse. Et peut-être qu’elle en a parfois un peu l’air, Isa. Mais ce n’est pas un sentiment qu’elle éprouve souvent, bien au contraire. Elle est aussi plutôt impressionnée, en vérité, qu’il ait pu construire une chose pareille de ses mains le rend d’autant plus attirant. Plus captivant encore aux yeux de sa dulcinée. Elle s’approche de lui pour le remercier d’un doux baiser. Quand l’évidence vient soudain lui sauter au nez. S’il a réussi à faire une chose pareille, tout seul, alors qu’il travaille toute la journée, c’est à se demander quand il a trouvé le temps de bricoler. Sûrement tout le temps où elle le mettait de côté. La gorge qui se noue, elle sent la culpabilité l’envahir, Isa.

L’impression de ne pas le mériter,
Celle d’être avec un homme qui ferait tout pour toi,
Quand t’es pas capable de lui donner quoi que ce soit,
Pas capable de correctement l’aimer.

Elle ne le quitte pas des yeux alors qu’il vient y essuyer les perles salées apparues. Toujours aussi prévenant, toujours aussi doux. Elle qui se demande, pour la énième fois, comment elle peut avoir eu la chance de le rencontrer. Il la rassure de ses tendres paroles qu’elle ne mérite pourtant pas. – Je ne voulais pas te mettre à l’écart, je ne voulais pas… M’isoler de toi. Je suis tellement désolée, Nikolaï. Mais il ne lui en veut pas. C’est bien le pire, qu’il ne lui en veuille pas. – Je vais essayer, je te le promets… Ne plus te mettre de côté. Elle déglutit difficilement avant de se rapprocher une nouvelle fois de lui. Se blottir dans ses bras protecteurs. Salvateurs. – Je vais me rattraper… Non, je veux me rattraper. Elle recule soudainement, la lueur dans le regard retrouvée. La détermination retrouvée. – Je veux savoir tout ce que j’ai manqué de ta vie… De toi.

Être là pour lui comme il l’est toujours pour toi. L’aimer comme il se doit. Comme tu le lui dois.