cerveau cassé comme la voix de (janis)

asphalte décoloré, contrastant avec les néons jaunis éclairant les visages amochés de ceux dont hypnos n'a pas encore pris possession. ren, ombre amorphe errant dans les rues, sensation douce amère d'une nuit nauséeuse, énième nuit dehors à ressasser un passé altéré, ren prisonnière de souvenirs usés jusqu'à la moelle. inconscience indolore, les pieds qui martèlent le macadam, encore et encore, sans destination précise. idées sybillines qui s'entassent dans sa boîte crânienne, sentiments à demi éteints, avalés par les mots d'une chimère d'antan. des blessures amphigouriques, toujours présentes, gamine qui vacille dans une danse nébuleuse avec ses démons. enfant disparate dans une fausse aura lumineuse, mine éteinte, y'a que les rires des passants et leurs paroles désordonnées qui lui rappelle que tout est bien réel, presque inexorable, l'épée de damoclès trône au dessus de sa tête comme une menace permanente qu'elle n'est qu'un simple pion sur le fil de la destinée. illusions d'une fatalité permanente, les paroles qui se mélangent, l'accoutumance de se blesser encore un peu plus chaque jour avec des remembrances qui n'étaient pas siennes. passé devenu futur, les échappatoires deviennent imprécis, et ren aliéné dans un labyrinthe sans sortie dont l'issue a disparue. les rues qu'elle parcourt sans réellement chercher de destination, les étoiles tâchent le ciel onyx, et les sourires se font absents de l'euphorie opaque de la nuit. sa silhouette floue qui s'aventure dans un bar, comme âme terne cherchant du réconfort. assise au comptoir, les pupilles émeraudes qui observent les détails du chemin imprévu. le palpitant qui s'emballe brusquement lorsque son regard en croise un autre. choc électrique qui parcourt ses veines, ce regard qu'elle prolonge, et les stigmates fanés qui remontent à la surface en même temps qu'elle reconnaît ces iris. le myocarde s'emballe encore un peu plus, le reste de la pièce semble s'être volatilisé. janis. janis. janis. prénom déjà prononcé avec trop de passion qui a aujourd'hui un goût amer, qui sonnerait comme l'annonce d'une tempête imminente. mais ce prénom qu'on ne se lasserait de prononcer, janis, c'est l'aura solaire d'une nuit trop sombre. stigmates fanés, deux gamines aux sentiments trop alambiqués, des plaies béantes que janis a soigné. pendant un temps. des baisers échangés, il ne reste plus que l'attrait acide d'une fin mal terminée. de ces cœurs qui battaient à l'unisson autrefois, il ne reste plus que l'amertume des non-dits trop ancrés dans la peau. ses yeux sont rivés sur ce fantôme du passé, et les regrets trop bien dissimulés se raniment en un instant. parce que janis, ren, elle l'a aimé. parce que janis, c'était les sentiments trop éloquants, l'ancre de ce bateau abîmé qu'était ren. mais fierté trop mal placée a détruit les émois déjà trop fragiles. dans ce bar, y'a plus que le regard de ren qui plonge dans celui de janis, y'a plus que tout ces choses qu'elle aimerait lui dire. et le temps autour qui s'arrête, rencontre imprévisible.