Angie • redessiner les lignes de son coeur

Toby n'était plus lui-même en ce moment. Il mangeait peu, dormait mal, changeait d'avis sans arrêt. Il se perdait dans le travail... Par exemple, pour s'occuper l'esprit, il avait rangé et trié plusieurs fois les mêmes documents suivant des organisations différentes. Il ne comprenait toujours pas vraiment le besoin de Cassey de s'éloigner de lui. Et les jours avaient passé. Bientôt, ce serait des semaines. Il ne savait pas si elle comptait revenir un jour ou si il était déjà de l'histoire ancienne pour la demoiselle. Pensait-elle seulement à lui ne serait-ce qu'une seconde par jour ? Elle avait dit qu'elle ne l'abandonnait pas, mais aucune action de la blonde n'avait jamais vraiment été logique. Il y avait aussi une grande différence entre ce qu'elle disait, et qu'il ne pouvait s'empêcher de croire et ce qu'elle faisait. Il s'inquiétait pour elle, surtout. Persuadé que quelque chose de mal était en train de lui arriver... Et si elle l'avait gardé en dehors de tout cela, c'était encore plus douloureux. Parce que cela voudrait dire qu'il n'était pas assez important pour qu'elle partage sa peur ou sa peine avec lui à ce sujet... Il avait pourtant toujours été à son écoute... tous les jours, il avait cette envie de l'appeler, mais se retenait, car il voulait respecter la distance qu'elle avait imposée.

Des fois, pour se sentir mieux, il se persuadait qu'elle n'avait rien, que tout allait bien, que son départ n'était qu'un prétexte, car leur relation devenait trop sérieuse pour elle. Elle avait pris peur et préférait retourner à sa liberté, puisque telle était sa définition de la liberté. Il se disait qu'en ce moment même, elle rentrait peut-être simplement de boîte et était en train de s'envoyer en l'air avec un autre, peut-être même son ex. Mais lorsqu'il s'imaginait cela, il se sentait coupable et encore plus mal. D'une part car la jalousie le rongeait davantage, et d'autre part, car cela voulait dire qu'elle préférait se perdre dans d'autres bras que les siens dans un moment où elle se trouvait perdue et cela le réduisait à l'unique cause de sa perte, cela faisait de lui un problème, alors qu'il avait toujours cru être un repère, comme elle l'avait dit elle-même... Il s'imaginait cela pour moins souffrir et pourtant, cela le faisait souffrir encore plus.
Même pour cela, une aide, ou de la tendresse, on ne le choisissait pas. Il n'était pas la personne qu'on choisit dans sa vie. Il ne l'avait jamais été. Sa mère et son frère avaient décidé de l'exclure plutôt que de le comprendre. Le coeur d'Isa avait choisi Nikolaï. Et lorsque Toby s'était mis en colère et avait décidé d'exclure son amie de son existence, celle-ci ne s'était pas battue pour le garder, elle n'était venue le voir qu'une fois avant d'abandonner aussi vite. S'il n'avait pas fait le premier pas, sans doute qu'ils ne se parleraient plus aujourd'hui. Et tout cela découlait aussi sur sa vocation. Comment Dieu aurait-il pu le choisir pour devenir son serviteur ? Il devait avoir mal compris l'appel, le Seigneur devait avoir d'autres plans pour lui... Et dire qu'il croyait que ce pouvait être Cassey.
Toby se sentait vide. Et pas uniquement parce que l'antiquaire s'était écartée de lui, mais surtout parce qu'il s'était écarté de Dieu. Il songeait de plus en plus à quitter l'Eglise, mais il n'arrivait pas à terminer sa lettre, comme si une force l'empêchait encore d'y mettre le point final. C'était encore plus douloureux, parce que la rupture avait été brutale, soudaine, dans un moment qu'il pensait être le meilleur de sa vie.

Ses pensées vagabondaient, il en était souvent malade physiquement. Perdu dans son esprit, à se questionner sur tout, à espérer le retour de Cassey, à espérer qu'elle lui explique tout, du jour au lendemain, il n'était pas attentif. Il ne remarqua donc pas la voiture qui tournait, alors qu'il était à proximité de l'église. Dans un crissement de pneus et un bruit de freinage, elle tenta de l'éviter, mais c'était peine perdu. Boum! Le corps de Toby s'éleva dans les airs, heurtant le capot, avant de retomber lourdement sur le sol. Dans sa chute, sa tête heurta le pavé, et il perdit instantanément connaissance....

Il entendit des bruits de pas, des voix, comme des sirènes... Et il ne saurait dire combien de minutes ou d'heures plus tard, il rouvrit les yeux. Ces derniers se posèrent sur un néon, accroché au plafond d'une chambre d'hôpital. Il observa la pièce aseptisée et croisa alors un regard familier. Angie. Instinctivement, il lui sourit avec tendresse.

What on earth you think you're doing ?

With @Toby Fleming

« Bien, j’imagine que vous n’avez pas l’intention de me parler aujourd’hui… »

Soupira le psychiatre qui ne tentait même plus de me demander de m’allonger tant il savait que c’était inutile. Debout, tournant dans la pièce comme une lionne en cage, je jouais avec mon BM42 pour passer le temps. Ça l’avait rendu nerveux au départ, de me voir m’amuser ainsi avec un couteau papillon... Il n’y prêtait plus attention maintenant, blasé par mon attitude mais espérant toujours pouvoir tirer quelque chose de moi avec un peu de patience. Persévérant, ça pourrait presque lui donner du charme s’il n’avait pas été un de ces charlatans.

« Je ne comprend toujours pas pourquoi vous perdez votre temps. »

Répondis-je froidement, m’arrêtant brièvement de tourner pour regarder par la fenêtre. Nous étions dans un quartier huppé de New York, assez loin du Queens, il était le meilleur praticien à des kilomètres à la ronde. Il se leva à son tour, se dirigeant vers la bibliothèque proche de son bureau, à l’opposé de la fenêtre, prétextant d’y chercher quelque chose. Il était intriguant, je devais bien l’admettre. Charmant et habile mais pas assez pour me faire céder. Je n’avais aucune envie de replonger dans mon passé et à peine plus envie d’explorer mon présent. Trop de démons que je n’étais pas prête à affronter, je préférais la vermine humaine, c’était plus simple.

« Parce que je trouve que vous êtes un cas passionnant ? Parce que j’aime le challenge au moins autant que vous ? Vous me changez des patients traditionnels que je trouve un peu redondant à force et… »

Mon téléphone se mit à vibrer, le coupant net car il savait que j’y répondais systématiquement, travail ou non. J’attendais même avec impatience qu’il sonne, espérant toujours qu’il m’offre une excuse pour quitter ce cabinet de plus en plus oppressant. Le numéro affiché n’était pas dans mon répertoire mais c’était fréquent alors je répondis sans hésiter une seule seconde, jouant toujours avec mon couteau d’une main et regardant la ville s’animer sous mes yeux. Mon cœur s’arrêtait subitement quand la voix à l’autre bout du fil m’expliqua la raison de cet appel…

Toby avait été renversé, il était à l’hôpital dans le coma, état stationnaire, blessures légères. J’étais son numéro de secours, un parmi tant d’autre sûrement. Une femme parmi tant d’autre… Hors de question de penser à cela maintenant, il y avait plus urgent et l’autre vautour risquait de repérer mon changement d’attitude quand il s’agissait de mon ami d’enfance… Je n’avais que confirmé mon identité avant de leur affirmer que j'arrivais, raccrochant d’un geste brusque, rangeant le téléphone et mon couteau avec la même brutalité.

« Promis doc, un jour je vous offrirais la séance de vos rêves. »

Lançais-je avec un sourire plein de malice. Ma foi, coucher avec son psychiatre n’était sans doute pas bien mais je n’étais plus à ça près non ? Puis ça lui offrirait de quoi distraire son esprit… Et il n’était pas désagréable à regarder… Bref, je verrai quel sort je lui réserverai plus tard, j’avais plus urgent, bien plus urgent. Sans écouter sa réponse, je pris la porte, dévalant les escaliers quatre à quatre puis sautant sur ma moto. Même dans l’urgence, j’avais mis mon casque et ma veste, ne souhaitant pas arriver aux urgences les pieds devant.

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, j’étais garée devant l’hôpital et avais foncé à sa chambre, résistant à l’envie de casser le bras de la secrétaire que je trouvais trop lente à mon goût et qui hésitait à me donner le numéro de la chambre sous prétexte que je n’étais pas de la famille… Une fois là, mon cœur put enfin se calmer un peu : il était vivant, amochée mais vivant et son médecin n’était pas inquiet. Personne n’aurait de bras cassé aujourd’hui… A part Toby peut-être, en représailles de m’avoir fait une si grande frayeur.

Les mains jointes, mes coudes appuyés sur mes genoux, installée sur le fauteuil près de son lit, j’avais attendu des heures. Observant sans la voir la danse du personnel médical autour de lui. Il fallait que je me calme pour éviter de lui hurler à la figure à son réveil. Il fallait que je reste zen. Je m’en voulais tellement ! Il n’était pas dans son état normal en ce moment et, à cause de mon travail, je n’avais pas eu le temps d’en parler avec lui. J’aurais dû être la pour lui comme il avait toujours été là pour moi. Tout était de ma faute… Quoi que, il avait une femme dans sa vie non ? C’était à elle de veiller sur lui bordel !

Moi je n’étais rien…

J’ignore combien de temps c’était écoulé depuis mon arrivée mais c’est un bruissement de tissu qui me fit revenir sur terre. Il était enfin réveillé et me regardait avec son sourire tendre. Ce sourire qui renverser tout mon être depuis temps d’années. Je devais être une excellente actrice pour qu’il n’ait jamais remarqué à quel point mon regard s'illuminait toujours en réponse à ce sourire… Ou il me considérer tellement comme une sœur qu’il analysait cette lumière autrement… J’aurais peut-être dû être plus claire en Italie, plus douce… J’avais foiré ça aussi de toute évidente. Je fouirais toujours tout.

« Tu me dois une séance chez le psy tu sais ? » Le taquinais-je avant de me lever pour lui servir un peu d’eau. « Et je t’avais dis que si tu devais mourir un jour ce serait de mes mains. Tu n’avais pas à te jeter sous une voiture pour tenter de me prouver que j’avais tort. Je n’ai jamais tort, tu devrais le savoir. »

Ajoutais-je toujours sur le même ton, rapprochant mon siège avant de m’y installer à nouveau. Opter pour la gentillesse me coûtait, j’avais une terrible envie de le secouer brutalement en lui hurlant qu’il n’avait pas le droit de me faire une frayeur pareille… Mais je n’avais pas envie de le tuer, pas tout de suite. Puis je voulais qu’il soit un peu plus conscient pour le réprimander, hors de question qu’il ait une excuse pour ne pas s’en souvenir ! En attendant, j’étais encore toute retournée et incapable de le montrer. Plutôt crever que lui avouer quoi que ce soit !

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Ses yeux bleus se posent sur le néon au-dessus de sa tête. Toby ne sait pas vraiment où il se trouve, le temps d'un instant, avant de reconnaître une chambre d'hôpital. Il est, sur le coup, incapable de se souvenir comment il a pu terminer dans cet endroit. Sonné, il se réveille doucement, bougeant très légèrement dans ses draps. On a dû lui donner un calmant ou un anti-douleur puissant car il ne ressent rien de négatif. Il se sent léger. Son regard parcourt la salle pour se poser finalement sur un visage familier, avant qu'il n'ait même le temps de songer à paniquer. Il l'observe, tranquillement, quelques instants, jusqu'à ce que la voie de la jeune femme ne résonne dans la pièce.

Elle semble rassurée, mais aussi en colère, et Toby la regarde sans rien dire, faire son petit manège. Il est heureux de la voir à son chevet, malgré qu'il lui ait fait raté une séance de psy. De toutes les personnes de son entourage, Angie est la seule à toujours avoir été là. A Londres. En Italie. Puis, à New-York. Il n'y avait jamais songé auparavant, mais c'était à croire que leurs chemins se suivaient. Il était loin de se douter que ce n'était pas un hasard... Et d'ailleurs le pensait-il? Toby était persuadé que Dieu les avait unis, pour une amitié éternelle. Si ce n'était que cela.

Finalement, lorsqu'elle eut fini ses remontrances et ses taquineries, il prit la parole, doucement. "Excusez-moi, madame, mais... qui êtes-vous?" demanda-t-il, prenant un air étonné, voir craintif. Il resta ainsi de longues secondes, mais en voyant la réaction de son interlocutrice, il ne put rester sérieux bien longtemps. Le trentenaire tomba donc dans un profond éclat de rire.
"Me tue pas, Angie, c'était trop tentant! Je préfère que tu me donnes un bisou, comme en maternelle. Attends, j'aurais pu mourir, ça mérite un câlin, ces retrouvailles!" dit-il sur un ton enjoué et taquin. Il n'y avait qu'avec elle qu'il se permettait ce genre de blagues. Même avec Isabella, dont il était pourtant tout aussi proche, il n'allait pas dans ce registre puéril et stupide. Il afficha un sourire serein avant de poursuivre.
"Merci d'être là." ajouta-t-il ensuite, simplement, naturellement, tendant une main pour se saisir de celle de son amie, avec douceur.

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With @Toby Fleming

Même si je semblais détendue et que je n'hésitais pas à plaisanter, mes sentiments profonds étaient bien différents. L'homme qui se tenait dans ce lit n'était pas n'importe quel homme. J'aurais préféré, les choses auraient été moins difficiles, j'aurais moins eu besoin de m'abandonner dans les bras d'autres hommes -et femmes- dans l'espoir de l'oublier. J'aurais peut-être pu reconstruire ma vie. Mais non, mon cœur restait piégé par son sourire alors que mon esprit luttait pour nier l'évidence.

« Tu as tellement de chance que je ne frappe jamais un homme à terre... »

Soupirais-je en secouant la tête alors qu'il tentait vainement de me faire croire à une perte de mémoire. En vue du choc, ce n'était pas si improbable mais, pas de chance pour lui, le médecin m'avait fait un bon bilan de son état et je n'étais pas dupe. Quoi que non, c'était mieux pour lui, je n'aurais pas supporter une autre frayeur ! Les bras croisés, un sourire en coin accroché à mes lèvres, je secouais de nouveau la tête à sa remarque, levant cette fois les yeux au ciel en plus.

« Un câlin ? Tu te fous de moi j'espère !? Tu mériterais une paire de baffes pour m'avoir fait une frayeur pareille ! Un câlin... Tu veux pas une pipe et un Snickers aussi tant qu'on y est ? »

Il avait l'habitude de mon franc parlé et de ma tendance à user de mots que Dieu ne cautionnerait sans doute pas... Mais il savait que j'étais en froid avec Dieu depuis longtemps même s'il tentait souvent de me corriger. Quoi qu'il en soit, mon agacement était en fait bien plus sincère qu'il en avait l'air... Il m'avait fait peur et j'avais effectivement bien trop envie de lui faire un câlin pour accepter de l'admettre. Premièrement parce que je n'étais plus câline et deuxièmement car je ne savais que trop bien l'effet que son contact avait sur moi... Surtout après autant d'inquiétude, hors de question de paraître touchée, de lui montrer mes sentiments. Je ne suis pas faible.

Et pourtant mon sourire redevint plus tendre à ses mots. Il y avait cette étrange lien entre nous, cette facilité. Les choses avaient toujours été très naturelles entre nous, de ces quelques bisous volés à la maternelle à nos longues conversations d'adultes. Nous étions là l'un pour l'autre, toujours. J'étais prête à tout pour lui et je savais que, même si nos sentiments n'étaient pas les mêmes, il serait là pour moi lui aussi. Deux inséparables, un lien fort que rien ne pourra jamais rompre, pas même mon abruti de cœur...

« Je voulais simplement m'assurer que tu n'avais pas réussit à m'échapper. »

Répondis-je en haussant les épaules, mimant toujours bien l'indifférence. Ça aussi il le savait, il savait que je tenais à lui et que mon cinéma n'était qu'un masque. Le problème étant qu'il ne semblait pas capable de réellement voir ce que cachait mon masque. Toute la jalousie de le savoir avec une autre, tout l'amour accumulé pendant toutes ses années, toute la tristesse aussi... Il était ma malédiction et ma bénédiction, aussi venimeux que vital...

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A la remarque menaçante de la demoiselle, le jeune homme se met à rire, aussitôt, amusé. Il la connaissait depuis qu'il avait appris à marcher, il savait que malgré ses déboires, ses difficultés, son côté grognon et brutal, il sommeillait chez Angie beaucoup de douceurs. En vérité, sa façon crue de parler, de menacer, était dans leur relation une marque de son affection pour le prêtre. A force d'années passées en sa compagnie, notamment à la relever des ténèbres dans lesquels elle avait malheureusement plongé.
Il prit son air d'enfant innocent, celui qui la faisait toujours craquer, enfin, du moins, lorsqu'ils étaient adolescents. Mais, d'un autre côté, il portait sur ses lèvres un sourire très malicieux. Il savait qu'elle n'était pas dupe, mais il aimait jouer les innocents qui n'y comprenaient rien à son argot. "Une pipe, non merci, je ne fume pas, tu le sais bien... Par contre, un snickers, je veux bien, ça fait un bout de temps que j'ai pas eu ma dose de chocolat. Tu crois que j'ai le droit de manger?" indiqua-t-il, toujours amusé. Quelques mois plus tôt, il lui aurait certainement fait remarqué sa vulgarité, après avoir les joues rougis par l'entente de ses mots. "Surveille ton langage!" lui aurait-il lâché, de façon prude, bien qu'il ne l'ait jamais vraiment été. Mais, à présent, depuis sa relation avec Cassey, il se sentait comme un imposteur à faire ce genre de remarques. Cassey... La demoiselle lui revînt subitement à l'esprit, et son visage s'assombrit. Elle lui manquait. Et en même temps, tant de questions se bousculaient dans son esprit. Peut-être qu'elle avait raison de le repousser... L'espoir qu'elle revienne brillait toujours dans son regard, mais s'amenuisait les jours passant. A certains moments, il se disait que ce serait certainement bien mieux pour son coeur si elle ne revenait pas.

Angie était au courant pur sa maîtresse, car il lui avait raconté. Après tout, il avait pleinement confiance en elle, et ne doutait pas que s'il ne le lui avait pas dit, elle l'aurait mal pris de l'apprendre en enquêtant de son côté. C'était quelqu'un de très alerte, elle saurait tout.

"T'échapper? Impossible! Même dans l'au-delà, tu seras toujours derrière moi." dit-il pour la taquiner. Mais le sourire n'y était plus. Il détourna les yeux un instant, avant de reprendre la parole. Depuis qu'il avait entamé sa relation avec la soeur de Nikolaï, il s'était enfermé un peu sur lui. Il rayonnait, mais cela ne profitait pas aux autres. Angie n'avait pas eu l'occasion de le voir si souvent, ils avaient plutôt échangé par téléphone. Bref, il avait négligé ses proches, et c'était pire depuis la rupture, ou la pause, il ne savait pas trop ce que c'était, ou ce que ce serait. "Désolé de t'avoir négligée, dernièrement. Je... Je ne suis pas très bien." finit-il par dire, simplement, sur un ton las.

What on earth you think you're doing ?

With @Toby Fleming

Il était la fourberie incarnée parfois. Quand il prenait son regard de chat potté avec ce petit sourire tendre qui m’affectait beaucoup trop. Il aurait pu me faire fondre. Il l’aurait put oui, si je m’étais laissée faire. Mais j’avais grandit. J’avais appris à résister un peu. À barricader mon cœur pour ne pas trop laisser mes sentiments paraître. Exercice difficile, encore plus maintenant que je savais qu’une femme pouvait remplacer Dieu dans son cœur. Une femme oui, mais pas moi. Quelle conne !

« Elles ne se fument pas toutes mais tu veux que j’en parle avec ta belle ? Elle t’en parlera mieux que moi… »

Méchant, bas, petit… Je m’en voulu immédiatement mais il était trop tard. Me pinçant instantanément les lèvres puis me levais d’un bond en espérant pouvoir rebondir sur le chocolat. Il ne m’en voudra pas si ? Il savait que je ne pensais pas toujours ce que je disais. Que j’étais impulsive. Il me connaissait comme le dos de sa main… Il savait aussi que je ne cautionnais pas sa relation car je la trouvais bien trop compliquée et dangereuse pour lui. Je voulais le protéger mais ce n’était pas mes affaires.

« Mais je devrais pouvoir faire quelque chose pour le chocolat… »

Même si je ne croyais pas en Dieu, je devais le remercier de m’avoir donné la présence d’esprit de passer prendre des beignets au chocolat -ses préférés- une fois rassurée sur son état… Pas les meilleurs se la ville, juste ceux du bas de la rue car je n’avais pas voulu m’éloigner trop longtemps. Je me retournais vers lui avec un sourire, la boîte à la main, réalisant soudain son air triste qui ne lui ressemblait pas. Était-ce ma remarque ? Non, ça semblait venir de plus loin et si le chocolat ne marchait pas, c’était grave. Mais je préférais reculer l’échéance pour ne pas m’énerver.

« Heureuse que la leçon soit enfin rentrée ! Bon, il a fallut plus de trente ans mais mieux vaut tard que jamais non ? » Le taquinais-je en reprenant ma place à côté de lui et en lui tendant un beignet. « Mâche doucement, ils t’ont gavé de tranquillisants alors tu es encore plus susceptible d’avaler de travers et ce n’est pas la mort que je te réserve. » Ajoutais-je en prenant un pour moi et croquant dedans. Paraître détachée, faire comme si la conversation qui allait suivre n’allait pas me tuer de l’intérieur. Il me devança néanmoins, à ma grande surprise. « Je… Non, c’est moi qui aurais dû être plus présente. » Répondis-je, un peu plus déstabilisée que je ne le voudrais. « Mais je suis là maintenant et tu es bloqué dans cette chambre pour un moment… » Détendre l’atmosphère, tenter de lui rendre son sourire. Tant pis s’il fallait parler d’elle et avoir envie de tout détruire… Air détaché, un bras croisé sur ma poitrine alors que l’autre tenait toujours mon beignet. « Parle avant que l’envie de te torturer ne me prenne. »

Pas très habile mais ce n’était pas nouveau. Je manquais de tact, il le savait. J’étais aussi très peu patiente en général mais c’était pire quand il s’agissait de sujets épineux que je craignais d’évoquer. Ces sujets qui risquaient de faire ressortir mes sentiments. Ces sujets que je n’assumais pas… Je n’assumais pas d’être humaine en fait, il était plus simple d’être un monstre sans-cœur, une machine à botter des fesses. Frapper c’est facile, ressentir est horrible. Surtout avec ce que je ressens pour lui. Cœur de merde…

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Pour le coup, il ne s'attendait pas à cette remarque de la part d'Angie, là, tout de suite. Bien loin d'être attendrie par sa taquinerie, elle lui parla de son amante. C'était vrai, il était prêtre et il avait eu une relation (ou avait encore, il ne savait plus vraiment), c'était condamnable. Mais jamais il n'avait pensé que son amie depuis l'enfance le jugerait là-dessus. Il ne répondit rien, et se contenta de détourner les yeux quelques instants. Il n'était pas vraiment vexé, mais il se sentait mal et encore plus coupable qu'il ne l'avait jamais été. Il se sentait si bien avec la blonde, qu'il n'avait jamais vraiment ressenti de culpabilité à rompre sa promesse. Peut-être que, finalement, cette relation était nocive? Il ne savait plus que penser, et surtout, repenser à Cassey remuait le couteau dans la plaie. Reviendrait-elle? L'espoir était là, et en même temps....

Il sourit faiblement, cependant, lorsqu'elle sortit un beignet au chocolat, d'une boite en carton, qu'elle le lui tendit simplement, continuant à le taquiner. Il s'en saisit, mais ne le goûta pas de suite. Il n'avait pas l'esprit à rire, ni à manger. Cela faisait déjà quelques jours qu'il ne mangeait plus grand chose... Toby savait qu'il devait s'améliorer à ce sujet, qu'il ne devait pas laisser ses sentiments négatifs le rongeait. Il avait toujours été fort, dans la vie. En vérité, il n'avait jamais vraiment eu de pensées négatives, car pour lui, il y avait toujours des solutions. Mais, à présent, le pauvre trentenaire se sentait perdu, alors il n'avait pas vraiment la force de lutter, de laisser son optimisme prendre toute la place. Il n'avait pas moyen de vivre comme avant. Il était un autre homme. Pouvait-il seulement vivre sa Foi, et sa vocation surtout comme avant? Il avait presque décidé que non, mais cette force le retenait toujours.

"Non, tu as toujours été là, depuis qu'on est petits. C'est moi. J'ai pas été à la hauteur." dit-il simplement, doucement, lorsqu'elle s'incrimina, sans doute pour le soulager un peu, le rassurer. Il sourit, laissant échapper un petit rire, alors qu'elle lui annonçait son impatience.
"C'est à propos de 'ma belle', justement. On est plus ensemble pour le moment. Enfin, je crois... Elle est venue, d'un coup, alors qu'on était plus proches que jamais, pour me dire qu'elle se sentait perdue et qu'elle ne voulait plus me voir pendant quelques temps, qu'elle voulait prendre ses distances, pour se retrouver." dit-il, souffrant rien que de penser à la déchirure induite sur son coeur ce jour-là, à une telle annonce. "Je pense que quelque chose de mal lui arrive en ce moment, mais elle ne veut pas m'en parler. Mais je pensais que si on aimait quelqu'un, on ne le fuyait pas dans les moments de trouble... Au contraire, on s'y accrochait. Surtout qu'elle m'a dit un jour que j'étais son repère par ici. Du coup, je suis perdu. Je remets tout en question. Et j'ai l'impression que le problème finalement, c'est moi... Car elle a besoin de se libérer de moi pour pouvoir se retrouver..." Et si ce n'était que cela... Il y avait plein d'autres idées qui lui venaient à l'esprit. Il remettait tout en doute.

What on earth you think you're doing ?

With @Toby Fleming

J'y étais allé un peu fort, c'est vrai... Lui parler de sa sexualité comme ça, sans crier gare n'était pas dans mes habitudes et ce même si nous n'avions que très peu de taboo. Très peu ? Nous n'en avions même pas du tout en réalité. J'avais pu tout lui dire, il savait tout de moi, même mes plus sombres secrets... Et j'aimais à croire que je savais tout de lui. Après tout, il m'avait parlé de cette relation interdite, de ses sentiments pour la blonde... J'imagine qu'il n'avait pas beaucoup d'autres secrets ou rien de réellement plus important que de mettre sa vocation entre parenthèse pour une femme. Une autre femme, pas moi...

Une femme qui avait accepté de lui faire prendre ce risque, qui avait eu le chance d'attirer suffisamment son attention pour le faire dévier de sa voie et de sa foi... Si j'étais jalouse ? Pas vraiment, je n'aurais pas pu le mettre dans cette situation finalement. Je le connaissais depuis l'enfance, je savais à quel point il aimait son travail, à quel point il y croyait... Lui demander de questionner ça ? De remettre toute sa vie en question pour moi ? C'était monstrueux, je n'en aurais pas eu la force. Et ce n'était donc pas lui que je jugeais en étant si froide soudainement, c'était elle.

Elle qui avait chamboulé son cœur, qui l'avait éloigné de Dieu et, pire encore, qui l'avait éloigné de moi. Bien que je sois tout aussi responsable en fait... J'avais été plus distante après ça, supportant mal de le savoir avec une femme quand j'avais passé toutes ces années à me dire qu'il ne pourrait jamais aimer personne d'autre que sa promesse... Je m'étais trompée sur lui, sur moi aussi, sur notre relation. Toutes les fois où j'avais espéré voir autre chose dans ses yeux, où j'avais espéré que son sourire ne soit que pour moi... Je m'étais trompée, je n'étais rien de plus qu'une amie et il était grand temps que je reprenne ma place, il avait besoin de moi, je ne pouvais pas lui faire ça.

« Ne dis pas de bêtises, je ne voulais pas vous déranger et je me suis effacée. Un partout. »

Avouais-je, préférant prétexter le risque de les déranger plutôt que d'assumer la douleur que ça m'aurait causé. La douleur profonde de l'imaginer dans les bras d'une autre, de savoir qu'il goûtait au plaisir de la chair et que ce n'était pas avec moi. Ne souhaitant pas lui faire voir mon trouble et pour me changer les idées, je repris donc une attitude plus détachée, exagérant mon impatience. Il tomba dans le panneau, laissant échapper un petit rire qui n'avait pourtant rien de celui que je lui connaissais. Elle l'avait cassé ! Qu'avait-elle fait pour qu'il soit si sombre soudain ? Où était mon rayon de soleil ? L'optimisme incarné ? La colère commençait déjà à bouillir et le fait qu'il m'avoue que c'était à cause d'elle manqua de me faire exploser.

Sans m'en rendre compte, je m'étais renfrognée, me pinçant les lèvres et fermant brièvement les yeux pour ne pas y voir rouge. J'aurais pourtant du me réjouir qu'ils ne soient plus ensemble, qu'elle dégage enfin du tableau... Seulement je n'étais pas égoïste à ce point et le voir dans cet état me faisait bien plus mal que de le voir heureux avec elle. C'est lui qui bousillait potentiellement sa carrière et c'est elle qui avait besoin de se retrouver ? C'est lui qui sacrifiait des années de chasteté et c'est elle qui avait peur ? Toujours sans que je m'en rende pleinement compte, mes poings s'étaient serrés et mon beignet s'effrita légèrement, me forçant à me calmer. Il était assez mal comme ça, pas la peine d'en rajouter... Non, je devais rester calme, suivre son exemple, faire ce qu'il aurait -et avait- fait pour moi. La voix de la raison, je n'avais pas l'habitude de ce rôle mais je devais le faire pour lui, le laissant finir pour reprendre un semblant contenance.

« C'est peut-être justement parce que vous n'aviez jamais été aussi proche ? Je pense que tu es bien placé pour savoir à quel point les sentiments peuvent être effrayants... Et tomber amoureuse de toi ce n'est pas rien. » Mon cœur s'arrêta un moment, réalisant qu'il parlait un peu trop pour lui. Je me ressaisit bien vite, m'éclaircissant discrètement la gorge au passage. « Je veux dire... Tu es prêtre. En tombant amoureuse de toi elle savait qu'il était possible que votre relation n'aille pas bien loin et... Et de réaliser que ce n'était pas le cas, que tu l'aimais aussi lui a fait réaliser les conséquences que ça pourrait avoir sur toi et sur ta vie. » Dire qu'il l'aimait avant de nouveau cessé mon cœur, en le poignardant sauvagement cette fois. Il l'aimait oui, elle, pas moi... « Si elle vous accepte, elle accepte la culpabilité de t'avoir fait quitter ta vocation. Elle accepte d'être responsable de ce choix et ce n'est pas rien. »

Être aussi gentille avec elle me brûlait la langue. Traitresse, monstre ! Si ça ne tenait qu'à moi je serais déjà chez elle entrain de la torturer pour qu'elle avoue ses vrais sentiments, pour qu'elle cesse de lui faire mal, pour qu'elle parle ! Mais je ne pouvais pas lui faire ça, justement parce qu'il l'aimait et parce que je l'aimais... Ironie du sort non ? Merci Dieu, si tu existe, je te déteste ! Mais c'est elle que je me mit à détester davantage (car c'était possible ?) alors qu'il pensait que le problème venait de lui. Mon sang ne fit qu'un tour ! Il était sérieux ? Lui le problème ? Avec les sacrifices qu'il était prêt à faire !? J'aurais vraiment tout entendu, j'allais vraiment la butter ! Mes yeux s'écarquillèrent et je reposais vite le beignet avant de le pulvériser. Me calmer, ne pas exploser... Respirer. Mon cœur battait à la chamade et je voyais rouge, trop pour paraître calme.

« Putain... » Murmurais-je entre mes dents, fermant de nouveau les yeux et secouant la tête. « Ok... Ok, peut-être qu'elle est perdue, qu'elle a peur que tu lui reproche un jour d'avoir tout abandonné pour elle mais... Ce n'est pas à toi de te remettre en question bordel ! Tu n'as fait que l'aimer et elle n'assume pas, elle ne réalise pas la chance qu'elle a et elle flippe. Son histoire de se retrouver c'est... » Ouais, calme on a dit, il ne méritait pas que je m'énerve et c'était inutile... Je devais l'aider, le soutenir, le rassurer... Il m'avait montrer comment faire, il me l'avait montré tant de fois ! « Pardon... Écoutes, si elle t'aime autant qu'elle le dit, elle reviendra. Il lui faut du temps pour être sûre, pour ne pas gâcher ta vie et se le faire reprocher dans dix ans. Tu... Tu n'es pas fautif. Tu es extraordinaire et c'est sûrement ça qui lui fais peur. Si elle n'est pas débile, elle reviendra. Et si elle ne revient pas alors c'est tant mieux pour toi, c'est qu'elle ne te méritais pas. »

Je tentais de détendre un peu mes muscles, le visage toujours visiblement tendu d'énervement. Si je croyais ce que je disais ? Et bien c'est ça le pire : oui. Je croyais foncièrement qu'elle pouvait simplement avoir eu un coup de flippe, que ce ne soit que passager. C'était beaucoup de pression quand même. Puis, le connaissant, il avait dû lui sortir un grand discours plein de sentiments, peut-être même avait-il déjà remis sa vocation en question... Pour elle, pas pour moi... Et pourquoi fallait-il toujours que je ramène ça à moi ? Pourquoi fallait-il que sa main semble si chaude maintenant qu'elle était dans la mienne ? Et quand avais-je fais ce geste débile ? Il me mettait dans un drôle d'état et ce n'était pas la première fois... J'avais eu besoin de cette distance visiblement et j'en avais encore besoin moi aussi. Peut-être que mon psy aura sa cession extraordinaire avant l'heure finalement... Ça me changera les idées.

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Toby hocha la tête vivement en entendant les mots de la demoiselle. Elle avait tort de se sentir coupable, c'est lui qui s'était montré égoïste, voire pire. Il s'était enfermé au monde, paradoxalement, lui qui avait l'habitude de tout donner. "Si tu as cru que tu devais t'effacer, c'est que j'ai merdé quelque part..." indiqua-t-il. il n'y avait qu'avec elle qu'il pouvait utiliser ce vocabulaire plus vulgaire. Il avait pris l'habitude. Des fois, il rougissait en se rendant compte qu'il lui empruntait des expressions... Mais cette fois, ce ne fut pas le cas. Il était bien trop tourmenté pour faire attention à ce genre de détails.

Angie prit ensuite la parole. Elle semblait peu sereine, comme si quelque chose la touchait personnellement. En même temps, c'était normal... Elle avait toujours été ainsi, à le protéger contre vents et marées, à le secourir au moindre souci. C'était un peu son ange gardien... Et encore, il ne savait pas la moitié des choses qu'elle avait faites pour lui, et tout ce qu'elle serait capable de faire encore pour qu'il ait paix et bonheur. Il ferma les yeux, en l'écoutant parler. Elle était douce, à trouver des explications. Toby y avait pensé, à tout cela, mais plus le temps passait, plus il trouvait d'autres raisons, d'autres idées. Il ne voulait que le bonheur de Cassey, et peut-être que finalement, ils n'étaient pas faits pour le vivre ensemble? Peut-être ne pouvait-elle être heureuse que loin de lui? Son amour était-il vraiment un amour? Toby se savait sincère, mais peut-être qu'il avait trop foncé, tête baissée... Il poussa un petit soupire, adressant un sourire à son interlocutrice, serrant la main chaude dans laquelle elle retenait la sienne.

"J'aimerais que ce soit cela... Mais je pense que c'est plutôt en ce qui concerne sa vie. Ma vocation, elle y pense aussi, mais je ne crois pas que ce soit ce qui la préoccupe le plus." indiqua-t-il. C'était vrai, elle l'avait déjà mise sur le plateau, lorsqu'il lui avait ouvert son coeur, mais... Ce n'était pas ce qui semblait la gêner le plus. "Tu sais, elle a vécu un abandon dans le passé, et ça l'a marqué. A présent, elle s'est persuadé qu'elle est incapable d'aimer... De fait, elle ne m'a jamais dit qu'elle m'aimait à proprement parler... Mais ses gestes, sa présence... Puis elle m'a dit que si elle savait dire je t'aime, ce serait à moi qu'elle le dirait." dit-il. "Elle m'a dit qu'elle ne voyait pas forcément d'avenir, entre nous, qu'elle préférait qu'on reste dans ce genre de relation d'amant et de maîtresse. Je lui ai déjà proposé de tout quitter, je lui ai offert plus, mais... elle n'en a pas voulu. Pas prête, mais elle m'a aussi confié qu'elle pensait qu'elle ne serait peut-être jamais prête. Elle ne me l'a pas caché, mais avec la suite des événements.... Je n'en ai jamais reparlé par la suite.. J'ai accepté d'avoir ce qu'elle voulait bien me donner. Alors, c'était encore plus violent quand elle me l'a repris, d'un coup, comme ça, sans raison apparente. Cela n'a pas été étalé sur le temps, comme quand on a peur, qu'on veut s'engager plus loin, mais qu'on recule... Non, un jour on était plus proches que jamais, le lendemain, elle s'écartait." dit-il. Sans compter le fait qu'elle était retombée dans les bras de son ex. Celui qui pourtant l'avait blessée à vie, celui qu'elle décrivait comme le monstre qui l'avait cassée, qui lui avait interdit d'aimer plus. Et dire que Toby l'avait poussé à lui pardonner, pour leur fille! "Elle m'a aussi dit qu'elle ne me méritait pas, mais je l'ai pas laissé dire ça... Je l'aime, tu sais... Et comment elle pourrait croire qu'elle ne me mérite pas? Tout le monde me dit ça, tout le temps! Mais finalement qui me mérite? Et qu'est-ce que je mérite moi, mis-à-part la solitude?" Il pouvait comprendre que Cassey avait besoin de temps...Mais cela lui laissait le temps de réfléchir loin d'elle et de nouvelles questions revenaient à la charge. il était persuadé qu'enfin, il avait trouvé le repos dans leur "amour", que la situation resterait indéfiniment telle qu'elle était. Autrefois, il ne s'était jamais senti seul, du fait de sa vocation, mais celle-ci était effritée. Bancale, elle ne tenait qu'à un fil.

Une larme perla le long de sa joue, s'évadant d'un oeil rougi par la fatigue. "Tu crois qu'elle pense à moi? Tu crois que je lui manque? Tu crois qu'elle reviendra?" demanda-t-il finalement, attristé, serrant encore davantage la main de la brunette de la sienne, dans un geste franc. Il aimerait tant que la blonde revienne et qu'ils reprennent comme si de rien était. Mais il savait que même si elle revenait, leur relation ne serait plus la même. Le prêtre n'avait toujours pas touché à son beignet, dans son désarroi. "Des fois, je me dis que personne ne veut de moi bien longtemps dans sa vie. Finalement y a que toi avec qui ça dure depuis toujours.. Est-ce que tu penses que quelqu'un serait capable de me choisir moi, pour qui je suis, pleinement et entièrement, sans regrets et sans craintes? Est-ce que tu penses que quelqu'un peut m'aimer sans hésiter?" demanda-t-il, ne se rendant pas compte de la portée de ses mots, dans l'oreille de la jeune femme. "Est-ce que tu crois que c'est possible que Dieu m'ait appelé, moi, à le servir? J'ai dû me tromper..." conclut-il finalement. Il devait être chiant, à se flageller de la sorte... Mais toutes ses années, il n'avait fait qu'écouter les autres se flageller... Et ce jour-là, il avait besoin de sortir un peu ce qu'il avait sur le coeur...

What on earth you think you're doing ?

With @Toby Fleming

S'il savait ! Ce n'était pas de sa faute si j'avais eu besoin de m'effacer, loin de là même. J'aurais préféré mais ce n'était pas le cas et il ne pouvait pas le savoir. Je ne pouvais pas lui avouer que j'étais partie car j'étais trop jalouse pour le supporter... Que je l'avais légèrement détesté pour avoir choisie de passer le cap avec une inconnue alors que j'avais toujours été là pour lui... Égoïste, j'ai compris Dieu, merci pour le message, c'est très clair. Et ce qui l'est tout autant est que je resterais à jamais dans l'ombre de son cœur. Juste une présence rassurante, toujours là mais jamais trop près... Tant pis pour moi. Et je ne pu répondre trop sérieusement, craignant de dire ce que n'osais avouer.

« Si tu tiens vraiment à tes rotules ne dis plus jamais que tu as merdé avec moi c'est clair ? »

Souriais-je, cherchant désespérément à lui rendre le sourire. Mais en vain, son âme était brisée et je ne pouvais rien y faire... Rien à par être gentille avec cette femme car elle faisait battre son cœur. Je me devais de le protéger car mon cœur battait pour lui depuis des années. C'était vicieux les sentiments mais je ne comptais pas lui faire faux bond, pas cette fois. Je ne pouvais pas fuir ce que je ressentais pour lui alors il fallait vivre avec, être là pour lui comme il avait été là pour moi, tant pis pour la douleur. Une douleur que j'allais rapidement devoir transférer sur quelque chose ou quelqu'un car les aveux qui suivirent relancèrent les élans de rancœur que je ressentais pour elle.

Comment ça ce n'est pas sa vocation qui la préoccupe le plus ? Elle a un homme prêt à remettre en question toute son existence et ce n'est pas ça qui la préoccupe le plus ? Le connait-elle vraiment ? Sait-elle à quel point sa promesse comptait pour lui ? A-t-elle conscience de la chance qu'elle a de pouvoir prétendre être aussi importante que ça aux yeux du jeune homme ? Mais BORDEL, on ne sort pas avec un prêtre dans se préoccuper de sa vocation, sans en peser les conséquences ! Qu'est ce qu'il avait fait ? Pourquoi avait-il accepté ça ? Et elle ! Mon cœur ne saignait plus, le sang s'était évaporé à cause de la chaleur de mes veines, je bouillais littéralement de l'intérieur, écumante de rage, étouffée par la colère.

Une chance, cela m'empêcha de reprendre la parole mais il put ainsi enchaîner et en rajouter une belle couche... Qu'elle ne lui ait pas dit qu'elle l'aimait passait encore, chacun son rythme. Le trauma de l'abandon... Peu convaincant mais passable mais ÇA ? Accepter de sortir avec lui en lui avouant clairement ne pas vouloir aller plus loin ? En sachant ce que lui risquait ? C'était tout bonnement monstrueux ! Et lui qui s'était laissé faire, qui avait accepté sagement dans l'espoir idiot qu'elle change d'avis... Il était aussi fautif remarque mais ce n'est pas lui que j'avais envie d'accuser en ce moment. Il allait vraiment que j'aille taper quelque chose ce soir, ça devenait urgent...

« Mais viens donc jouer avec ces allumettes dans cette pièce remplie d'essence, tu verras on ne risque rien... » Murmurais-je, ma mâchoire se desserrant à peine. C'était à peine audible, plus une réflexion pour moi-même que pour lui. J'étais outrée. « Bon, je retire ce que j'ai dis... Elle a joué avec toi et tu t'es laissé faire, tu t'es laissé aveugler par tes sentiments parce que tu espérais qu'elle change d'avis. » Dis-je sur un ton légèrement plus tranchant que je ne devrais. « Là, tu as merdé. La bonne nouvelle c'est que ce n'est pas de ta faute, tu... Tu n'avais jamais ressenti ça avant et tu as espéré. Bienvenue chez les être humains. Je t'avais dis que ce n'était pas un endroit bien, que l'amour c'était de la merde. Veni Vidi, Vicci. C'est bien qu'elle soit partie, tu vas pouvoir prendre du recul et te retrouver. Ça va aller. » Ajoutais-je, toujours un peu froidement, peinant à lutter contre la douleur de devoir dire à voix haute ce que j'espérais faux : il l'aimait. Et il me le confirma d'ailleurs, balayant ainsi mes reste de cœur encore en flamme. La colère fut ma meilleure arme, une fois de plus. Toujours choisir la facilité pour ne pas affronter mes sentiments, quel courage ! « Mais elle a raison ! » M'emportais-je, profondément blessée qu'il puisse se voir ainsi à cause de cette égoïste. « Elle a totalement raison ! Elle ne te mérite pas, ce n'est même plus à prouver et je ne vois même pas comment tu peux en douter ! » J'allais me lever pour faire redescendre la pression mais sa main dans la mienne m'obligea à me raviser. Il était mal et j'enfonçais le couteau dans la plaie... Je n'étais pas cette Cassey, je ne pouvais pas lui faire ça, ce n'était pas moi, pas nous... Après tout, il était le seul à connaître la gentille Angie, elle n'était pas morte, pas pour lui. « Écoute, je comprend totalement ce que tu ressens, c'est normal. Avec toutes les confessions et les pleurnicheries que tu entends à longueur de journée tu devrais le savoir : Quand on se fait larguer, on se remet en question, on a l'impression que tout est de notre faute, qu'on a fait les choses de travers. On cherche une excuse, une raison logique à tout ça alors qu'il n'y en a pas. C'est juste la vie, juste une incompatibilité qu'on met parfois du temps à réaliser. Mais je reste convaincue qu'elle ne te mérite pas pour la simple et bonne raison qu'elle n'a même pas voulu envisager plus entre vous. Elle avait tout ton amour sur un plateau d'argent et elle a été trop lâche pour le chérir. » Ne pas lui dire que j'en aurais fait autrement, ne pas relever son aveu sincère d'amour pour cette sorcière... Plan de secours numéro deux : mon humour bancale. Mieux que la colère j'imagine, surtout si je veux lui faire reprendre le sourire... « Et comment ça tout le monde te dis ça ? C'est qui tout le monde, je veux des noms tout de suite pour pouvoir aller leur expliquer... »

Il ignorait que je m'expliquais assez fréquemment avec les gens qui lui voulait du mal. La dernière grosse explication en date ayant eu pour résultat les aveux d'une menteuse qui avait bien faillit lui faire beaucoup de tort... J'avais eu d'autre petites discutions amicale avec quelques dealers crasseux et autres personnes très sympathiques qui avaient rapidement compris mon point de vue sur la question. Convaincante, toujours, mais pas avec lui visiblement. Il était trop aveuglé, trop amoureux et moi... Moi j'étais aussi trop amoureuse pour être réellement efficace de toute évidence. La larme qui perla sur sa joue ayant raison de moi et faisant renaître la gentille Angie que je tentais pourtant de museler au possible. La même Angie qui avait aimé un autre homme, qui avait presque eu une vie normale avant que le destin ne la lui vole. Mais la gentille Angie devait le secouer un peu et se secouer aussi.

« J'espère que non. » Répondis-je avec franchise mais avec un sourire tendre alors que j'essuyais sa larme de mon autre main. « Si c'est pour qu'elle te mette dans cet état j'espère même sincèrement pour elle qu'elle ne reviendra pas. » Brutal oui, mais nécessaire. Enfin, je crois... J'en parlerai au psy ce soir, il me devra bien ça avec ce que je lui réserve. « Si tu décides de quitter tout ça pour une femme, il faut qu'elle soit prête à vivre avec, qu'elle t'aime assez pour te remercier chaque jour de l'avoir choisi. Il te faut une femme courageuse qui saura t'aimer, pas une lâche indécise. Fais moi confiance. » Doucement, ma main passage de sa joue à ses cheveux dans une caresse un peu trop affectueuse pour mon cœur endoloris... Mes joues rougirent un peu et je ne fus sauvée que par la suite de son discours. Décidément, il avait décider de me tuer aujourd'hui ? Mon Dieu s'il savait ! « Moi c'est différent, c'est juste que je suis masochiste. » Souriais-je dans une énième pirouette, récupérant sagement ma main mais laissant l'autre dans la sienne. « Et tu ne t'es as trompé Toby. Tu ne vois pas à quel point les gens t'aiment ? À quel point tu es merveilleux dans ton rôle ? Tu fais beaucoup pour les autres, trop pour réaliser que tu ne fais rien pour toi-même. Tous les endroits où tu as officié sont devenus meilleurs, tu rends les gens meilleurs. Tu arrives même à me rendre meilleure, si ça c'est pas un miracle ! » Plaisantais-je même s'il savait que c'était vrai. « Puis si un jour Dieu ne veut plus de toi, je suis sûre que ce sera pour quelqu'un à ta hauteur, il te devra bien ça après tout ce que tu auras fait pour lui. » Ajoutais-je avec une sincérité profonde et une émotion trop grande à mon goût. Humour, vite ! Enfin humour... « Et si jamais c'est moi qui me trompe, je veux bien t'épouser histoire que tu ne sois pas tout seul. »

Plaisantais-je, l'idée me semblant pourtant terriblement tentante... Angie Fleming... Pourquoi est-ce que ça sonnait si bien à mon oreille ? Pourquoi mon cœur recommençait-il à battre face à ce rêve complètement idiot. Même s'il acceptait, je ne serais qu'une roue de secours, qu'une amie contre la solitude... Car jamais il ne m'aimerait comme il aime son monstre. Jamais il ne m'aimerait comme je l'avais toujours aimé...

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