True Colors. (Warston)

♛ I see your true colors and that's why I love you.

Le retour de la Grèce n’a pas été des plus évidents. Quitter cette petite bulle idyllique, ce monde parfait où il n’y avait qu’elle et Nikolaï a presque été un déchirement. En quelques jours, la Latina s’est quelque peu habituée à ce mode de vie, plus luxueux que celui de son quotidien, plus similaire en vérité à ce qu’elle connaissait il n’y a encore pas si longtemps dans la villa qu’elle partageait avec son ex-mari. Mais, plus que tout le reste, c’est à l’inverse la simplicité des moments partagés avec l’homme qu’elle aime qui a su chambouler plus encore son cœur. Elle s’est sentie totalement en phase avec lui, comme, reconnectée après cette courte période de distance qui lui paraissait pourtant interminable. Elle a ce sentiment d’être plus proche de Nikolaï, plus proche qu’ils ne l’étaient avant ce voyage, plus proches qu’ils ne l’ont jamais été. Tant et si bien qu’elle a ressenti, pour la première fois depuis leur rencontre, ce besoin de faire un pas décisif avec lui en emménageant avec lui. Ce qui peut être pour certains la décision la plus évidente qui soit au bout de quelques mois d’amour est une nouveauté absolue pour Isabella. D’ordinaire, ce moment-là est généralement celui où ses relations avec ses petits-amis commencent à s’essouffler. Ses couples n’ont jamais guère duré plus de quelques mois, un an au grand maximum. Cela s’est un peu plus prolongé avec Luke mais, en fin de compte, après la première année, leur relation n’a fait que se détériorer. Non, elle n’est pas faite pour les longues relations de couple, Isa. Pas faite pour la vie à deux. Peut-être parce qu’elle est trop indépendante, peut-être parce qu’elle a grandi avec une mère qui lui a appris à ne jamais compter sur un homme pour avancer. Peut-être aussi parce qu’elle n’en a jamais eu besoin pour affronter les épreuves bien douloureuses de sa vie. Mais c’est différent avec Nikolaï. Avec lui, elle n’a pas l’impression qu’avoir besoin de lui est une faiblesse. Au contraire, elle ne s’est jamais sentie plus forte que depuis qu’il est dans sa vie. Tout devient plus facile, tout devient plus naturel. Elle, elle a l’impression d’être une femme normale, une femme comme les autres. Tous ses démons ne peuvent plus la paralyser, pas quand elle est avec lui. C’est pour toutes ces raisons, sans doute, qu’il lui a été finalement si instinctif de choisir de vivre avec lui. Elle a su franchir ce pas dont elle ne se pensait pas capable. Elle a su surmonter ses peurs, ses angoisses, pour n’écouter que son cœur. Comme il t’a appris à le faire, comme il t’a appris à aimer. C’est ainsi que, maintenant qu’ils se retrouvent de nouveau à New York, les deux amoureux peuvent tout doucement passer de la théorie à la pratique. Du rêve à la réalité. La jeune femme a tenu à s’assurer que la nièce de Nikolaï n’était pas contre son arrivée. Mais, à vrai dire, elle passe tellement de temps déjà dans cette maison que cela ne changera pas tant la situation. Du moins, c’est ce qu’elle pense, là, pour le moment. Après leur retour, elle a pris le temps de passer à l’appartement qu’elle partage avec Peyton pour récupérer quelques affaires. Aujourd’hui, quelques courts jours plus tard, elle réitère l’expérience en revenant de l’appart’ avec un immense sac empli de vêtements. Elle a beaucoup d’affaires, Isa. Vraiment beaucoup. Avec le temps, sa garde-robe a pris une ampleur considérable. Elle n’a aucune idée de la manière dont elle va bien pouvoir ranger ses vêtements dans la chambre de Nikolaï. Enfin, dans leur chambre, désormais. Elle serait bien tentée de se trouver une pièce où faire un dressing mais elle n’ose pas réellement lui suggérer une telle idée. Elle est justement en train d’essayer de trouver de la place dans l’armoire quand elle entend les pas de son petit-ami qui revient dans la chambre. – Je ne sais absolument pas comment je vais m’y prendre. dit-elle, un brin désespérée, avant de se tourner vers lui pour lui faire face. Son regard qui se plonge tout de suite dans le sien, la belle lui adresse un tendre sourire, instinctif, oubliant déjà ses précédentes paroles. – Tu es vraiment très beau avec ce bronzage, tu sais. Seul vestige qui leur reste du séjour paradisiaque dont ils reviennent tout juste. La peau dorée, évidemment. Et puis, cet emménagement auquel ils n’avaient pas pensé un instant. Le rêve qui se poursuit finalement.

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C’est le cœur léger qu’Isabella a retrouvé sa ville natale, ses grands buildings, ses taxis jaunes, et toute son agitation. Le cœur plus léger qu’elle ne l’aurait cru. Indéniablement, la Grèce et ses paysages sublimissimes vont lui manquer. Mais elle a perdu cette petite boule d’angoisse qui devenait de plus en plus importante au fil des jours durant son séjour avec Nikolaï, elle l’a perdue lorsqu’ils ont décidé d’emménager ensemble. Car ce qu’elle appréhendait le plus, finalement, n’était pas tant de revenir de ses vacances mais bien de devoir se séparer de l’homme qu’elle aime. Alors, cet emménagement chez lui, il a suffi à effacer toute inquiétude, ou presque. C’est là une étape importante, fondamentale pour leur couple. Ce n’est pas quelque chose d’anodin pour Isabella, encore moins le fait d’être celle qui en est à l’initiative. Cela, c’est bien la première fois que cela arrive. Elle sait aussi combien tout peut changer si vite désormais. Toute son existence a basculé lorsqu’elle est partie vivre avec Luke. De son train de vie, jusqu’à la relation qu’elle partageait avec lui. Avec Nikolaï, elle ne veut pas que cela se reproduise. Elle ne veut pas voir son couple s’essouffler, pas avec lui. Elle ne supporterait pas de le sentir plus fuyant, pas lui. Alors, bien sûr, il y a cette petite crainte en elle que tout ne se passe pas comme ils le voudraient. Mais elle a confiance en lui, elle a confiance en eux. Et, surtout, elle se sent prête à franchir ce pas. Le seul souci, en réalité, est d’ordre pratique. Plus les jours avancent, plus elle se rend compte que toutes ses affaires n’entreront jamais dans l’armoire de Nikolaï. Elle est faite pour suffire à une seule personne, ou bien deux qui auraient peu d’affaires… Mais c’est loin d’être le cas pour la Latina. Elle se rend compte que sa garde-robe s’est considérablement développée au cours de ces dernières années. Luke lui offrait une nouvelle création chaque fois qu’il voulait se faire pardonner une absence, ou un retard, alors forcément… Elle en a beaucoup. Elle a fait un tri lorsqu’elle l’a quitté pour emménager avec sa sœur. Mais, ici, dans une chambre qu’elle partage avec son petit-ami, elle n’est pas sûre d’avoir suffisamment trié. Plongée en plein désespoir, elle est soudain interrompue par le retour de Nikolaï qui paraît plus que comprendre la situation critique dans laquelle elle se trouve. Il lui demande alors qui a autant d’affaires. Elle lui répond par une petite moue boudeuse. Mais, très vite, elle oublie tout pour se laisser attirer jusqu’à lui. Elle prolonge tendrement son baiser, laissant son cœur se réchauffer comme seul lui est capable de le faire. Un sourire radieux se dessine sur ses lèvres à la remarque de son homme. – J’aime tellement cette idée, tu sais. Elle lui vole un autre baiser, plus rapide, avant de se tourner vers les deux bouteilles de bière qu’il est parti chercher. Elle en récupère une, sans pour autant la porter à ses lèvres. – Hum, tu te souviens la première fois que tu m’as vue boire une bière, tu étais stupéfait. Je t’ai dit que je pouvais parfaitement en boire. Eh bien, en réalité… Je voulais surtout éviter que tu me vois comme une princesse. avoue-t-elle avec un faible sourire. Son regard se relève vers le sac encore rempli d’affaires posé sur le lit. Elle retient une grimace quand il est si surpris qu’il reste tout ça. S’il savait. Elle n’a pas encore apporté la moitié de ses affaires. Peut-être qu’elle devrait s’en contenter et faire l’aller-retour de temps en temps. Oui, elle va sûrement faire cela. La maison qui n’est pas assez grande ? Non, il y a quatre chambres, elle est plus que grande. C’est cette pièce, le problème. – Tu te moques de moi, là… rétorque-t-elle d’une voix boudeuse avant de boire une gorgée de sa boisson. Elle laisse échapper un petit soupir inaudible. – Sinon, je peux laisser certaines de mes affaires chez Peyton ? J’alterne selon la saison ? Parce que, là tout de suite, elle pense à tous ses manteaux pour l’hiver. Impossible. C’est impossible qu’ils rentrent tous.