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 (morgan&freyja) mots labyrinthes.

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Message Sujet: (morgan&freyja) mots labyrinthes.    (morgan&freyja) mots labyrinthes.  Empty Mar 9 Juil - 11:19

mots labyrinthes
morgan & freyja

« Pour lui parler, il faut utiliser peu de mots : des mots simples, des mots essentiels, qui vont du coeur au coeur. Des mots qui se glissent, petit à petit, avec leurs consonnes, leurs voyelles, dans le corps et la pensée. Des mots qui deviendront la matière de ce corps, le ferment de cette pensée, des mots à lent parcours qui traverseront le conduit auditif, atteindront la caisse du tympan, percuteront les osselets, ensuite le rocher; des mots qui se frayeront lentement passage dans le labyrinthe de l'oreille. Des mots aimés, des mots aimants, ressentis, agrippés à l'espérance. Des mots vrais même s'ils mentent. Des mots forgés d'amour et de promesse, même s'ils simulent. Des mots réels et fictifs. Des mots pour vivre et pour rêver. » andrée chédid, le message.
Les phalanges se brisent, soufflent sur l’albâtre qu’elles rencontrent.  Des murmures silencieux, proches de l’intime, que l’écrin de la touche recueille, façonne, cajole. Les images s’échouent à la marge. La fiction d’un rêve sans contours qui n’a cours que dans sa tête s’épanouit sous sa tempe. Nulle part ailleurs il y aura des harmonies semblables à celle que sa réalité compose dans le noir. Un noir épais, sans fin, sans nuances. Si infini toutefois, dans ces limites qu’il n’impose pas à la fertilité avide de sa créativité de petite fille. Elle tremble un peu, la note s’en ressent. Elle tranche l’air, vibre et se répercute contre les murs qui la cloisonnent. Freyja n’est pas sortie ce jour-là. Il y avait dehors un monde que ses humeurs décidaient d’éconduire, la solitude marquant sa peau blanche de ses griffes. Des morsures sur l’épiderme pur, des pensées impies choyées au fond du crâne refusant d’abattre les œillères pour fréquenter le quotidien de tous ces autres. Elle a eu peur de ces impitoyables silhouettes anonymes dont les pas martèlent les trottoirs. Ces spectres que les carcans ont rendu insipides. Ils vont, viennent. Ballet incessant et abjecte, que ses instincts parfois misanthropes renient tant le besoin d’être seule assoit une emprise trouble. Elle reste-là alors. Dans cet entre-deux sécurisant qui la retient, qui la détient. Elle et sa musique qui abat les barrières que son esprit façonne pour l’empêcher de se mouvoir au gré de ses envies. L’échappatoire absente. Ces peurs indistinctes, que l’on compose pour se protéger, quand il n’y a rien en réalité de pire que celles que nous nourrissons par nous-même.

Les phalanges se désincarnent sur la soie des touches froides. Glacées, comme les pensées qui l’assaillent, à la lisière d’une nuit qui ressemble à ses yeux de très près au jour. Il n’y a que l’air qui change, qui s’épaissit sur la langue. Elle imagine la pulpe de ses doigts s’enfoncer encore dans la terre humide de son enfance. L’herbe qui chatouille la paume. Les pins dont l’odeur de résine sature les narines. Le velours de sa voix d’homme à ses oreilles de petite fille. Incisives épithètes pour la faire taire, face à la proie qu’ils chassent. Elle se souvient de la courbe du dos de l’animal. La majesté de sa silhouette, la prégnance de son œil qui les tance tous deux, les défie, les conjure. Timbre venu du fond des âges, dont le quotidien a ravivé le souvenir. Elle songe encore à leur échange. A Molly. A cette petite fille perdue. A cette petite fille qu’elle a su être aussi. Les notes s’arrangent, ténues, fragiles. Elles se fissurent, incarnent pourtant une évidence. Une mélodie qu’elle lui dédiera peut-être un jour, à lui, et lui seul, ou qu’elle laissera mourir au fond de son cœur. Des accords manquent encore pour parachever l’ouvrage. Elle s’interrompt, soulève les doigts, laisse la note finale se précipiter dans le silence qui berce la pièce. Elle reste là, les paumes à plat sur ses cuisses. Quelques secondes pour imaginer le noir l’immoler toute entière. La recracher quelque part, ailleurs. N’importe où. Là-bas, oui. Là-bas. Dans ce souvenir imparfait où la cime des arbres touche les hauteurs du ciel.

Songeuse, encore engluée dans des pensées taciturnes, Freyja délaisse l’instrument pour des habitudes plus coutumières. Elle a envie d’un thé. De quelque chose de doux, de chaud, pour échauffer ses humeurs. Méthodique, elle remplit la bouilloire, se consume dans un ensemble de gestes appris par cœur. On dirait qu’elle peut voir. Des détails la trahissent toutefois. Cette manière qu’elle a de glisser ses doigts sur les rebords des contenants par exemple, pour éviter qu’ils ne débordent. En ouvrant un placard au-dessus de sa tête, elle s’aperçoit que le thé qu’elle convoite n’est plus à sa place. Elle s’agace de sa propre négligence. Soupçonne qu’il se cache plus avant, au-delà de cet espace qu’elle peut atteindre sans aide, du haut de sa petite taille. Elle ne réfléchit pas plus que cela. Il n’y a pas de crainte à avoir. C’est une entreprise d’une banalité affligeante, pour le commun des mortels. Elle ne se le répète même pas en se saisissant d’un tabouret, en le plaçant sous le placard en hauteur. Avec assurance elle se hisse.  Equilibre incertain, haute perchée. Elle s’improvise funambule, le bras étiré. Ses doigts vont à tâtons, dessinent les contours du placard, fouaillent l’intérieur. Il y a des assiettes, des verres, des tasses. Elle effleure chacun, n’en délaisse aucun. Son autre main prend appui sur l’étagère. Cela n’est rien. Une entreprise banale, sans conséquence. Sauf qu’un pied du tabouret se soulève tandis que sa main se referme autour de la boîte en métal. Un hoquet de surprise la pétrifie. L’équilibre se perd, s’évade. Toutes les assurances forment une boule, au fond de la gorge. Cela va trop vite après cela. Les lignes, les bruits, les sensations. D’un ensemble, il ne reste que le fracas.  Elle s’est rattrapée comme elle a pu. C’est l’étagère qui a flanché sans doute, sous son poids.  Une nouvelle musique a étreint le silence. Celle d’un corps qui tombe lourdement en arrière, suivi de l’éclat de verres et de la porcelaine qui tombent en rafale, sur le sol qui les recueille tour à tour. Sa tête a tapé quelque chose, le recoin d’un meuble sans doute. Pas trop fort toutefois, elle a eu de la chance. Mais elle est demeurée abrutie, sur le sol. Hermétique à la douleur, comme choquée.

Elle ne sait pas combien de temps elle est restée là, étendue sur le sol, à écouter les battements frénétiques de son cœur. Poupée diaphane, entourée d’un halo d’éclats de verre. Elle interpelle ses membres, tour à tour, pour savoir si elle est entière. Rien de grave, rien de cassé. Juste une douleur lancinante qui naît au-dessus de sa tempe, et des picotements indistincts au creux de sa paume. Elle vient effleurer cette dernière, avec une fascination muette. Un sillon humide et chaud coule le long de son bras. Un éclat de verre s’y est logé, dans le creux qui enjoint le pouce à l’annulaire. Juste assez pour faire couler le sang. C’est à ce moment-là, alors qu’elle reprend doucement conscience, que l’on frappe à la porte. Elle tressaute une nouvelle fois, prise d’une panique indistincte. Ses pensées courent, galopent, rattrapent la réalité oubliée jusqu’alors. Morgan … Morgan. Il avait dit qu’il passerait peut-être la voir. Peut-être. La certitude absente, dans tout ce qui se relie à ses errances. Sur le coup elle ignore si elle veut le voir partir, ou au contraire l’entendre rester. Tout est laborieux, engourdi par une douleur confuse qui s’épanouit dans ses membres raides. Il frappe encore. Une crainte la saisit à la gorge, venue de nulle part. L’idée qu’il n’ait pas la patience d’attendre quelques minutes supplémentaires. Qu’il la pense absente, et aille se réfugier dans les bras de quelqu’un d’autre. Ça n’a pas de sens. Alors elle s’articule, Freyja. Elle se hisse lentement sur ses jambes, rebrousse chemin jusqu’à la porte d’entrée de son appartement.  Au passage, elle grimace un peu. Ses pieds nus se recroquevillent, dès lors qu’ils essaient d’esquiver les morceaux de verre qui jonchent le sol. Elle ouvre la porte à la volée, encore ailleurs, encore troublée. Elle n’a même pas pris le temps d’éponger le sang qui coule, de s’inquiéter des dégâts causés. Ahurie et exsangue, comme dans un état second, elle se contente de murmurer à son encontre :
« J’étais … Je suis tombée. »
Une évidence, quand on observe l’image qu’elle lui renvoie. Les cheveux en bataille, des infimes morceaux de verre qui s’y emmêlent, des traces de sang éparses, sur sa robe claire. Elle a eu de la chance pourtant. Tout est superficiel. Cela aurait pu être pire.
« Je ne serai jamais funambule. »
La remarque s’évanouit. Un rire nerveux la saisit, de part en part. Elle rit de sa propre négligence. Elle rit de ces faiblesses que la cécité lui impose. De ces éléments qu’’elle ne maîtrisera jamais. De cette hardiesse qu’elle ne pourra jamais laisser s’exprimer. Elle rit Freyja, mais c’est son âme qui pleure. D’être ainsi, cloisonnée dans le noir. Abrutie par le déséquilibre. A fleur de peau, contre-coup de la chute qui blesse le corps, mais surtout l’orgueil. Le seul qui demeure, quand le reste se maintient tout juste en équilibre. Dans le noir oui … dans le noir.

@Morgan McGrath  (morgan&freyja) mots labyrinthes.  2730069674
(c) DΛNDELION
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Message Sujet: Re: (morgan&freyja) mots labyrinthes.    (morgan&freyja) mots labyrinthes.  Empty Dim 14 Juil - 17:50

— Oh, oh, I never felt this way
How do you give me so much pleasure
And cause me so much pain
[ freyja & morgan ] @gabriella whited

cette fin de journée qu'il clôture en fermant les portes du closer. vaste domaine. son antre personnel. son enfer tout entier. des jours qu'il en rêve, des minutes à attendre enfin le moment propice. l'aiguille qui n'a cessé de tourner, finit sa danse sur le sept. dix-neuf heures et ce sont les dernières âmes qui quittent l'endroit, bercées par les lumières des néons rouges. le silence a fait son affaire du reste. et la clé dans la serrure scelle le destin macabre de cette soirée à peine entamée. le closer fermé pour deux jours, le temps de s'octroyer quelques jours de congés bien mérités. il n'en est pourtant pas frileux mcgrath, ne s'accorde jamais de journée rien qu'à lui. elles sont rares, à marquer d'une croix rouge sur le calendrier. mais la vérité, c'est que ces derniers jours, ces dernières semaines furent suffocantes, étouffantes. il a besoin de prendre du recul, de voir autre chose et surement, d'autres visages. la lassitude d'un moment. et peut être même plus croiser ton visage dans le miroir. il s'écoeure des derniers évènements, pousse à son tour la porte arrière du closer, le sac à dos sur l'épaule et la casquette vissée sur le crâne. presque un adieu alors qu'il sait que ses pas le mèneront toujours vers cet endroit.
et tu l'détestes, tu l'rejettes
mais tu peux pas t'en passer.

le portable enfoui dans la poche arrière de son jean et les pas qui le guident sans même regarder où il va. il connait par coeur chaque recoins des murs de ce couloir, l'odeur de la menthe qui lui titille les narines. sans doute une essence que dégage l'un des appartements. un rendez-vous qu'il a fixé. routine cuisante. pourtant, il l'attend avec une impatience grandissante. comme si d'un seul coup, il allait quitter ce monde dans lequel il évolue et qui le fait terriblement souffrir. une parenthèse, une pause. morgan ne se l'avouera surement jamais, mais c'est devenu vital de passer le pas de cette porte. les pensées qu'il laisse derrière lui et les souvenirs qui s'évaporent dans son sillage. il stoppe sa course, le corps devant la porte d'entrée. il se mord la lèvre, se sent tout à coup nerveux. comme un stupide premier rancard dont il appréhendait la suite. gamin puéril enfermé dans ce corps qu'il ne supporte plus. la bouffée d'air qu'il prend avant d'enfin, frapper sur le mur en bois.
ça t'emporte déjà, ailleurs,
dans les abysses des choses plus légères à supporter.

le temps sonne dans son crâne. morgan croit entendre les aiguilles de sa montre dans ses tympans. les minutes s'écoulent lentement, il a l'impression d'attendre depuis des heures. juste quelques secondes à peine pourtant. il fronce les sourcils, ne s'attends pas à ce qu'elle lui refuse l'entrée. c'est bien ce qu'elle semble faire. y a un truc qu'il a fait de mal ? le coeur qui se soulève, l'incompréhension du moment et il voit s'évaporer sa douce nuit enchantée. ses rêves d'illusions et la certitude qu'il ne sera pas combler d'une quiétude pourtant demandée et nécéssaire. il est prêt à se retourner, à remettre à plus tard. ou à jamais. de toute façon, pourquoi elle voudrait de toi ? un pas en arrière, le dos qu'il va retourner jusqu'à ce que le clic de la serrure ne le fasse espérer. il est là, les bras ballants, attendant comme un gamin. la porte s'ouvre enfin sur le visage de freyja. la douceur de ses traits, la volupté de ses cheveux. il s'y perd. avant de remarquer le sang qui entache son bras. le murmure qui s'échappe de ses lippes et l'air décontenancé qu'elle affiche soudainement. il fronce encore les sourcils mcgrath, ne sait pas vraiment quoi penser mais est rapidement happé par le bout de verre qui trône sur son épiderme. il s'avance, dépose en douceur son sac à dos sur le parquet et pose ses doigts sur le bras de freyja. constate les dégâts. il a vu pire, c'est certain et pourtant, ça lui fait toujours quelque chose. qu'est-ce que t'as fait ? ses yeux qui cherchent les siens. elle voit pas freyja.
pourtant, elle est bien la seule à voir comme il se doit.
à le voir vraiment.
l'inquiétude qui s'immisce, elle semble pourtant aller bien. et sans attendre la moindre autorisation, morgan se fraye un chemin dans l'appartement. l'emporte avec lui et pousse de son pied, la porte qui se referme dans leurs dos. il sourit à sa remarque, manque de lui accorder un baiser sur la joue mais est trop préoccupé par la blessure qui entaille son cuir. viens, on va soigner ça. de son bras non blessé, il l'attrape, l'emmène avec lui jusqu'à la salle de bain. pas chez lui, pourtant il connait l'endroit sur le bout des doigts. y a passé plus de temps qu'il ne faudrait. comme l'exutoire d'une âme en péril. comme le besoin viscéral d'y élire domicile. morgan laisse freyja dans un coin de la salle de bain, se met à fouiller les placards à sa portée, à la recherche de la trousse médicale. il doit bien y en avoir une. l'énervement qui fait son apparition. d'être aussi stupide et de mettre autant de temps à trouver une chose aussi simple. t'sais même pas pourquoi t'es constamment sur les nerfs. l'objet tant désiré entre les mains, il se retourne. lui fait fasse et laisse l'eau du robinet coulée. heureusement que j'suis passé. t'aurai fait comment sinon ? ses pupilles se perdent dans le contenue de la trousse. des compresses, du désinfectant, des pansements. espérons juste que ce soit pas trop profond.
et sans toi, elle faisait bien avant.
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Message Sujet: Re: (morgan&freyja) mots labyrinthes.    (morgan&freyja) mots labyrinthes.  Empty Mer 24 Juil - 16:56

mots labyrinthes
morgan & freyja

« Pour lui parler, il faut utiliser peu de mots : des mots simples, des mots essentiels, qui vont du coeur au coeur. Des mots qui se glissent, petit à petit, avec leurs consonnes, leurs voyelles, dans le corps et la pensée. Des mots qui deviendront la matière de ce corps, le ferment de cette pensée, des mots à lent parcours qui traverseront le conduit auditif, atteindront la caisse du tympan, percuteront les osselets, ensuite le rocher; des mots qui se frayeront lentement passage dans le labyrinthe de l'oreille. Des mots aimés, des mots aimants, ressentis, agrippés à l'espérance. Des mots vrais même s'ils mentent. Des mots forgés d'amour et de promesse, même s'ils simulent. Des mots réels et fictifs. Des mots pour vivre et pour rêver. » andrée chédid, le message.
C’est anodin. Cela ne veut rien dire. C’est insensé. Des mots qui se perdent dans le néant tortueux de la pensée. Des mots pour y croire. Des mots pour savoir. Des mots que sa présence lui insuffle lorsqu’elle éprouve sa présence, là, sur le palier. Il n’est pas parti. Il est demeuré là, dans l’intervalle des secondes qui défilent, à attendre. A lui laisser le temps. Freyja surnage dans des émotions contraires, encore commotionnées. Elle revit la chute à rebours. Le verre qui explose, forme une corolle d’éclats autour de sa silhouette nébuleuse. Une douleur naît peu à peu sur la courbure de sa hanche, à l’endroit où s’épanouira sans doute un bel hématome. En nuances de bleu, de rouge, de vert. Camaïeu étrange que la pulpe de ses doigts pourra tenter de recréer sans y parvenir entièrement. Il faudra éprouver alors. Imaginer les couleurs nichées derrière les sensations, en remplir la toile vierge des émotions naissantes. Toute ailleurs qu’elle est, Freyja l’entend à peine. La réponse qu’elle lui formule se teinte presque d’ironie face à sa propre négligence. Elle murmure du bout des lèvres :
« Du thé. »
Juste cela. C’est anodin. C’est insensé. Du thé parce qu’elle en avait envie, mais que les envies quotidiennes peuvent s’avérer tumultueuses dans son univers. Elle bouge légèrement ses phalanges, éprouve des picotements à la lisière de la pulpe des doigts. Le sang qui coule, se fraye un chemin sur la peau albâtre. Sillon qui s’écoule avec lenteur, à l’unisson de l’épanouissement de la douleur.  Elle craint que cela ralentisse ses mouvements, que cela alanguisse la frénésie de ses doigts sur les touches glacées. Mais elle jouera malgré tout, même si cela doit faire mal. Elle jouera parce qu’elle ne sait pas comment s’exprimer autrement, en dehors de cette musique qui la parcoure comme une drogue que l’on s’injecte directement dans les veines en attendant la dissolution de la conscience. Freyja acquiesce sans trop se préoccuper de la blessure. Elle perçoit l’inquiétude au fond de son timbre et le suit, créature docile à l’ombre d’une silhouette de passage. Il sait où aller. Quels chemins emprunter. Sans doute sait-il mieux les détails, les visages photographiés, affichés sur les murs qui dans sa tête n’ont que leur texture pour seulement exister. Dans la salle de bain, elle s’assied sur le rebord de la baignoire, maintient sa main blessée avec son autre paume. Un ballet tempétueux de gestes commence. L’impatience des doigts qui fouillent, qui ne trouvent pas. Pas directement en tout cas. Il est comme ça Morgan, toujours. Sur le fil fragile et tendu des nerfs. Corde d’un instrument qu’il faut effleurer avec douceur pour en entendre la délicatesse de la mélodie. Celle qu’il cache, celle qu’il renferme, celle qu’il renie aussi. Celle qu’elle devine parfois, derrière les choses qu’il ne dit pas mais qu’il trace jusqu’à son corps. Avec patience, elle pose sa main valide sur son avant-bras, en signe d’apaisement.
« Au fond de la trousse, sur la droite. Sur le côté tu as aussi une pochette, avec une petite pince à épiler. Ce sera plus facile pour retirer l’éclat de verre, si tu veux bien. »
Des mots sans précipitation, sans reproches, ni contraintes. Des mots presque trop apaisés, quand elle devrait avoir mal, mimer une souffrance irréelle, peut-être pour attirer son attention. Mais elle n’a pas besoin de cela. Ils ne sont pas dans ces mécaniques de parades qui consistent à attirer l’autre dans des filets tentateurs. Elle lui tend sa main pour la passer sous l’eau courante, le laisse éponger le sang qui coule. Toujours assise, toujours calme. Figée à l’intérieur d’elle.
« Tu es passé, c’est tout ce qui compte. »
A quoi bon imaginer ce qui aurait pu être ? Freyja ne se perd pas dans les expectatives. Elle vit dans l’instant qui se déroule, se façonne sous les doigts qui tremblent. Le revers de ses phalanges intactes s’aventure d’ailleurs, sans permission aucune. Elle effleure la ligne de sa mâchoire, glisse l’attention de sa paume fraîche sur le plat de sa joue. Elle le voit, elle le regarde. Sous l’arabesque tracée par son pouce à l’orée de ses lèvres, elle contemple à sa manière singulière les traits marqués de son visage, devine les tensions, les agacements. Elle laisse les pourtours s’imprégner au creux de sa paume. Image gravée, image façonnée. Imaginaire sans fin ni visage. Elle ne le voit pas mais pourtant elle le devine. Elle ne peut faire que cela.
« Ça va toi ? Tu sembles … Plus tourmenté que d’habitude. »

@Morgan McGrath  (morgan&freyja) mots labyrinthes.  3794924939
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Message Sujet: Re: (morgan&freyja) mots labyrinthes.    (morgan&freyja) mots labyrinthes.  Empty Dim 28 Juil - 11:46

— Oh, oh, I never felt this way
How do you give me so much pleasure
And cause me so much pain
[ freyja & morgan ] @gabriella whited

la patience. une absurde chose qu'il ne connait pas assez pour l'avoir entreprit. elle ne gagne jamais avec lui. s'immisce puis se tire. il l'a balaye d'un coup de main habile, ne se sent aucunement coupable de ne pas la laisser s'infiltrer. pourtant, ce soir, il en fait preuve. là, derrière cette grande porte en bois blindée, face à la réponse tardive de freyja. il sent déjà la douceur émanée de derrière l'entrée. cette évidence même. elle panse ses maux, lui fait oublier le monde obscure dans son dos. il a toujours éprouvé une certaine sérénité en sa compagnie. un nouveau souffle de vie. une bulle en dehors du temps qu'ils s'octroient quand leurs coeurs les appellent. les rappellent l'un à l'autre. c'est futile et à la fois important. un rendez vous qu'il n'a jamais manqué. comme attaché à cette rousse dont finalement, il ne connait pas grand chose. les minutes s'écoulent, l'oppressante d'une attente se cumule dans son esprit. et si elle n'était pas là ? et si elle ne voulait plus de toi ? des idées éparpillées sur le tapis de l'entrée. des idées dont il rejette la suite logique. un jour, elle se lassera de panser tes bleus, de te couvrir de baisers. un jour, elle verra vraiment qui tu es. lenteur d'un métronome lorsqu'enfin, il constate qu'elle se trouve là. juste face à lui. le visage parsemé d'une émotion dont il ne connait pas le nom, ni même la cause. le bras entaché d'hémoglobine, un verre entaillant son échine. il s'inquiète tout de suite, s'avance à pas de loup, ses chaussures résonnant sur le parquet. il est lourd des choses qu'il trimballe sur ses épaules.
les âmes perdues dans les abysses,
coupable de tous les vices.
le pulpe de ses doigts trace des traits sur son cuir ensanglanté. se veut prudent de peur de la blesser. la question qui ne tarde pas. comment s'était elle fait ça ? l'imprudence pour une tasse de thé. elle aurait dû attendre son arrivée. il n'arrive pas à être en colère contre elle. il l'est juste contre lui, d'avoir autant tarder à arriver. des reproches silencieux dont il ne prononcera pas les noms. la salle de bain comme objectif, il ne tarde pas à emmener la rousse avec lui, dégageant dans son sillage l'odeur de la clope froide qu'il venait tout juste de son consumer sans répit. le chemin, morgan le connait sur le bout des doigts. et dès son entrée dans l'appartement de freyja, y a l'apaisement qui le gagne, mêlé à la colère. une colère dont il ne connait pas les raisons tellement elles semblent complexes pour être décrites ou même prononcer. elle rejoint la froideur du coin de la baignoire, le laisse s'afférer à la recherche de cette maudite trousse de premiers soins. ses phalanges farfouillent, cherchent de quoi panser ses bleus. les traits tirés par l'inquiétude de ne pas trouver. la patience s'effritent. comme toujours. elle ne reste pas longtemps, s'évapore comme la fumée. la brume du matin. une main glisse sur la sienne, l'apaisement se fait aussitôt. un tour de magie dont freyja a le secret. elle lui indique la marche à suivre, il s'exécute sans rien dire. un gamin qui vient tout juste d'apprendre les fils si tendus de la vie. sous le bruit salvateur de l'eau qui coule, il se laisse aller. souffle lentement, reprend la douceur qu'elle lui a donné. c'est instinctif, presque primitif. il prend tout ce qu'elle lui donne, ne se lasse pas de ce petit jeu. en oublie ce qu'il est. la pince à épiler dans la main, morgan s'avance légèrement pour mieux regarder la blessure qui entaille sa peau. le bout de verre y trône fièrement. il n'est pas si gros que ça. t'es étonnamment calme. plus que lui en tout cas. les doigts tremblent légèrement. les effets d'un alcoolisme qu'il rejette platement. il y va à tatillons, n'ose presque plus la toucher. mais c'est elle qui fait le premier pas.
de ses doigts, elle t'effleure,
te voit. sous toutes tes couleurs.

la question ne tarde pas. l'allusion aux tourments qui l'entachent. c'est fou comme elle devine le moindre de ses sentiments, la moindre émotion. il s'étonne toujours de ce pouvoir qu'elle a entre les mains, tandis que d'autre y voit un handicap cuisant. elle est juste aveugle freyja. pas folle. j'suis juste fatigué. et bien d'autres choses. morgan n'est pas de ceux qui épiloguent sur un état d'esprit. pudique. il ne se livre jamais. garde tout au fond de lui. déteste les regards emplis d'une once plaintive. il n'est pas là pour ça. alors, il ment ouvertement. ne se cache pas de ne pas vouloir en parler. elle comprendra. comme toujours. d'un geste habille, il finit par tirer le bout de verre de son épaule et se met à contempler son visage, à la recherche d'une émotion. des grimaces plaintives d'une douleur tout en jetant l'objet du mal être dans l'évier. il tire ensuite, une compresse de la trousse, la pose délicatement sur la blessure et appuie légèrement pour arrêter l'hémorragie. rien de grave, rien de dramatique. tu veux toujours un thé ? sa question est accompagnée d'un léger rire qu'il n'arrive pas à retenir. il ne se moque pas non. se laisse aller par une guetté de coeur plus enviée. un bandage pour entourer son bras, ça s'est arrêtée de saigner. l'eau du robinet qu'il coupe et ses pupilles reviennent aux siennes. de peur de la perdre de vue. de peur qu'elle s'évapore comme un beau rêve qu'on vient de contempler. t'as mal autre part ? il pose la question, on se sait jamais. se met à la regarder sous toutes ses coutures. une autre blessure qu'il pourrait manquer. tant qu'à se la jouer infirmier, autant prendre son rôle à coeur.
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