je pensais voler, mais le sol n'était pas d'accord / nora

nora / je pensais voler, mais le sol n'était pas d'accord /

il y avait plusieurs manières de voir les choses, d'expliquer ce qui avait bien pu se passer pour que tu en arrives là, que tu arrives ici. seulement plus tu y pensais, moins elles te semblaient crédibles. t'étais juste pas douée, et l'alcool couplé à ta maladresse était un mélange explosif et néfaste qui t'avait tout simplement conduit à finir sur un siège à l'hôpital à attendre qu'on veuille bien s'occuper de toi après avoir fait une chute de plusieurs marches dans la rue. ce n'était pas comme si tu avais vraiment remarqué ce qui t'était arrivé, en revanche ouais t'avais bien senti l’atterrissage et le craquement qui vrilla tes oreilles, t'osais pas regarder ton bras enveloppé dans un tissu pour éviter de trop le bouger en attendant de passer une radio. la douleur était fulgurante, mais ton esprit était trop embrouillé par le poison liquide pour que cette donnée atteigne ton cerveau à pleine puissance, plus tard tu allais salement regretter ces verres de trop. autant dire que t'avais l'air carrément à l'ouest à l'heure actuelle, et la solitude était une bien mauvaise compagnie dans ce genre de moments où tu sais pas trop où tu es. ou qui. tu t'emmerdais, balançant entre un état de demi-conscience et l'envie de fermer les yeux et que tout ça soit fini. tu voulais rentrer chez toi, sauf que ce serait il fallait l'avouer irresponsable de ta part alors que ton bras bleuissait à vue d'oeil, quand le brouillard allait te quitter, tu seras certainement au sixième dessous, pleurant toutes les larmes de ton corps parce que tu pourrais pas peindre comme tu voulais pour les prochaines semaines. t'avais même pas prévenu un proche dans l'état que tu étais, tu te souvenais vaguement d'un message de honor te demandant où tu étais passée, parce qu'être dehors à cette heure, c'était pas ton habitude. non généralement toi, t'étais l'ermite qui vivait dans son atelier jusqu'au levé du jour. que tu sois dehors, et surtout en train de boire jusqu'à plus te souvenir de ce qu'il se passait autour de toi, c'était que quelque chose allait pas. t'avais juste besoin d'oublier, et quoi de mieux que l'alcool pour t'arracher cette douleur qui te transperce le coeur ? décision que tu allais amèrement regretter demain cependant. mais c'était pour plus tard, les yeux à moitié clos, tu remarques à peine les mouvements qui se font devant toi, le personnel de l'hôpital qui passe devant toi, des patients qui arrivent ou qui partent, t'es dans un autre monde kestrel. perdue entre deux espaces, prête à te laisser emporter par l'inconscience d'un moment à l'autre, tu voulais dormir, oublier, ne plus avoir mal.

Just want to let go
Chaleur. Je ne pensais plus qu’à cela. Tout autour de moi tournoyait, comme des étoiles. C’était beau et terrifiant à la fois. Je n’avais aucun contrôle sur mon corps. Il tomba, seul, sans douleur, avec le simple bruit de mon dos craquelé sur le chemin du parc. C’était étrange comme sensation. J’avais l’impression de ne plus être pilote mais simplement spectatrice, n’ayant aucun pouvoir sur mes actions. Tout était si flou. Je vis alors la tête de mon amie, paniquée, s’approcher de moi. Elle avait l’air dépassée. Plus rien ne fonctionnait. Mes yeux furent les derniers à s’éteindre.
Quand je me réveillai, je ne vis que du blanc autour de moi. Où étais-je donc passé ? Je sentis quelque chose m’agripper la main. Je reculai. Au moins, ça voulait dire que mon corps fonctionnait de nouveau. Je n’avais mal nulle part, à part un mal de tête très puissant. Une voix se fit entendre dans la salle. La voix de mon amie. Elle commença à me rassurer, me disant que tout irait bien, que je n’avais pas à m’en faire. J’avais seulement eu un coup de chaleur et que ce n’était rien de grave, qu’il y avait plus de peur que de mal. En même temps, quelle idée, Nora, de vouloir partir courir à l’heure la plus chaude de la journée en plein soleil ? Il fallait dire que je n’avais pas été des plus malignes sur ce coup-là. Pourtant je connaissais très bien les risques de ce genre de conneries. J’espérais surtout que Luke ne s’inquiétait pas trop, et même qu’il n’avait pas été mis au courant.

-Merci à toi d’être restée aussi longtemps. Mais, je vais bien ne t’en fais pas. Rentre chez toi, rien ne va m’arriver de plus.

Je voyais bien qu’elle n’avait aucune envie de me laisser toute seule. Mais, elle n’avait pas trop le choix : la connaissant elle devait avoir beaucoup de travail et même du monde chez elle. Si elle s’était absentée tout l’après-midi, elle devait avoir pas mal de choses à rattraper. Elle me dit que le docteur n’allait pas tarder et qu’ils étaient obligés de me garder 24h. Je compris alors que j’allais devoir dormir dans ce miteux hôpital. C’était tout simplement possible. Je ne pouvais pas rester là alors que Luke m’attendait pour manger. Le pauvre, il devait être tellement inquiet. Je fis semblant d’écouter peu importe ce que me disait mon amie alors que j’imaginais un fou plan d’évasion dans ma tête. Je lui fis un gros bisou avant qu’elle parte. A peine la porte fermée que je sautai du lit. Pas question que je reste ici une minute de plus.
C’est alors que je remarquai la présence d’un rideau juste à côté de mon lit. J’avais quelque peu oublié le fait que nous étions souvent deux dans les chambres hospitalières. Je passai une tête par-dessus le rideau en espérant de tout mon cœur que je n’allais pas tomber nez à nez avec une vieille mamie grognonne qui allait me dénoncer. Quelle ne fut pas ma surprise quand je vis une jeune femme pleine de vie, couché sur le lit. C’était ma chance. Je fis mon plus beau sourire et entra totalement dans sa zone de la chambre.

-Salut toi ! Moi c’est Nora. Dis, tu serais partante pour m’aider à m’échapper de cet hôpital ? Je dois aller retrouver mon petit frère… Et puis je suis sûre que t’as pas grand-chose ! Je vis alors l’énorme bandage qu’elle avait sur le bras. C’est surement juste une égratignure là-dessous !
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nora / je pensais voler, mais le sol n'était pas d'accord /

tu étais loin d'être en état de parler, encore moins de te montrer aimable si quelqu'un avait le malheur de venir te déranger dans ta séance de lamentions silencieuses alors que tes yeux clairs quittent pas ton bras. tu ne savais pas comment tu allais faire dans les semaines à venir, tu avais encore des travaux en attente, des peintures que tu devais terminer. des commandes qui attendaient sur ton bureau que tu t'y attaques. passant ta main valide dans tes mèches blondes, tu lâches un profond soupir avant de fermer les yeux de nouveau, tu n'avais que ça à faire en même temps, tu ne pouvais pas te balader comme il te plaisait dans les couloirs de l'hôpital bien que tu aurais aimé pouvoir le faire pour enfin attraper un membre du personnel et lui dire de se bouger les fesses et de te faire passer une radio au plus vite. tu voulais avoir la réponse à tes questions, les angoisses qui te tordent l'estomac. ton poignet était-il cassé oui ou non ? t'avais peur de la réponse, mais cette vibrante douleur ? tu ne voyais pas un autre résultat. fermant les yeux avec un peu plus de force pour empêcher la douleur de t'arracher des larmes, tu te sentais pathétique, et l'alcool que tu avais ingurgité n'aidait en rien. quand finalement tu sens une nouvelle présence agiter la pièce dans laquelle on t'avait installée, tu ouvres délicatement un œil, les martellements dans ta tête qui augmentent à cause du boucan qui avait éclaté dans la chambre, non mais c'était qui ? ils se croyaient où exactement à parler comme ça ? à croire qu'ils étaient les seuls à être dans cette chambre. tu grommelles en te tournant pour tourner les dos au bruit, au final si la douleur pouvait te permettre de perdre conscience, ce n'était pas une si mauvaise idée. quand enfin la deuxième personne se décide à quitter la chambre après ce qui te semblait être une éternité à ton esprit embrumé et fatigué, tu laisses un soupir glisser entre tes lèvres sèches, enfin un peu de calme. tu pensais que tout était fini, mais on dirait que le destin avait une toute autre idée pour ton cas, parce que tu sens bouger de l'autre côté du rideau, une tête qui dépasse et remarque enfin ta présence – que cette fille ne soit pas rendue compte qu'elle n'était pas seule, ça te dépassait – et apparemment elle a décidé de ne pas te laisser tranquille. lui jetant un regard incendiaire, tu hausses un sourcil à son adresse en serrant les dents. « si ça te dérange pas je passe ma chance, contrairement à toi moi j'ai besoin de soins il semblerait. » tu rétorques avec amertume, la voix pâteuse, les effets de l'alcool duraient combien de temps déjà ? « t'as qu'à sauter par la fenêtre, je suis sûre que comme ça t'auras une bonne excuse pour expliquer pourquoi t'as disparue. »