she's so high (bowie)

t’as vu éventrement défilé sous tes yeux,
le concert qui aura lieu ce soir, les “guilty pleasures”,
bowie.


tu défiles avec ton pouce, pour capturer le lieu, l’endroit, l’heure. tu veux y aller, tu dois y aller. tu n’oublies pas que pourtant tu dois travailler ce soir là, ton service commence à la même heure que la première chanson qu’ils joueront. putain. putain de merde. tu pestes, range finalement le téléphone dans ta poche arrière, enfile le tablier pour commencer ton shift de 12 h. faut que tu trouves une solution Billie, il faut absolument que t’aille le voir. Pourquoi Billie ? Pourquoi chercher à le voir ? t'en sait rien, t’espère des explications sur son silence, sur la nuit passée avec lui puis son absence, tu cherches à voir s’il s’excusera ou pas, s’il regrettera, ou pas. encore une fois on piétine ton cœur sans chercher à savoir ce qui se passera, encore une fois tu voudrais juste qu’on t’explique, qu’on te dise pourquoi. et puis tu sais pas, peut-être qu’il regrettera, peut-être qu’il te donnera ces marques d’affection que tu attends.

tu vois les heures défilées sans avoir trouvé une solution pour le soir même, tu te désespère derrière tes assiettes de nachos et de sauce piquante, vois enfin la solution passée la porte. ton collègue fait le tour, jusqu’au vestiaire ou tu trottine derrière lui. tu le as d’échanger avec toi, qu’il travaille ce soir, tu le remplaceras plus tard, demain, la semaine d’après, qui’importe. et puis il te doit bien ça, parce que tu’es déjà accepté d’échanger pour lui, parce que tu l’as déjà couvert quand il n’est pas venu bosser le mois dernier. et puis merde, il peut juste te dire oui, parce que t’es cool, parce qu'il te doit un service, parce que t’en a marre qu’on te renvoie jamais l’ascenseur. c’est ton tour ce soir. Il n’a pas d’autre choix que d’accepter, tu te libères en fin d'après-midi, sèche ton dernier cours de la journée, tu n'as pas envie d’être en retard, tu n'as pas envie de rater le début du concert.

tu repasses rapidement chez toi, une douche pour te débarrasser de l’odeur pestilentiel de la friture, une robe, tes dr martens, tu cours jusqu’au métro, assez de temps pour traverser la ville, trouver le bar où ils se produisent ce soir, te trouver une place juste quand ils montent sur scène. il apparaît enfin, devant vous, sous les cris des quelques autres personnes venue les applaudir. tu n’as des yeux que pour lui quand il ne t’aperçoit même pas, pourtant tu’es là, pendant toute la durée du concert, te donne un peu de courage avec quelques bières. T’es là, pour applaudir au rappel, pour crier avec la foule, en réclamer une autre. T’es là, quand ils réapparaisse une dernière fois, tu’es là aussi pour t’approcher de la scène, pour le cueillir quand il descend enfin. T’es là devant lui, l’impression qu’il ne se souviendra pas de toi, soudainement t’as la nausée, mal au coeur, dans la poitrine, tu sais pas bien ou, mais ça fait mal pareil. “salut…”, tu t’approches, peu sur de toi, pourtant bien planté devant lui sans qu’il puisse t’échapper, sans qu’il puisse essayer de t’oublier, parce que ça Billie, tu le permets pas.