I was made for lovin' you baby You were made for lovin' me - Warston

♛ Nothing's gonna change my love for you.

C’est le cœur battant qu’elle approche de plus en plus de la villa de Nikolaï. Elle ne sait pas du tout comment les choses vont se dérouler entre eux. Elle ne sait pas s’ils vont encore se disputer. Elle va finir par cesser de les compter, leurs disputes. Leurs trois dernières rencontres se sont mal terminées. Sans parler de la tension dans chacun de leurs messages. Elle est épuisée de cette situation, Isabella. C’est tellement loin d’eux, tellement loin d’elle. Au quotidien, elle ne se retrouve pas souvent dans des situations aussi conflictuelles. Même en cas de désaccord, elle sait se montrer patiente, compréhensive et… Calme, surtout. Elle ne hausse jamais le ton. Sauf que Nikolaï, il a le don de la faire vriller. La dernière fois, ils se sont carrément fait virer d’un cours de danse auquel ils n’auraient jamais dû assister dans ces circonstances. Ils ont fini par se quereller au beau milieu de la rue, devant les passants du quartier. Il lui a dit des choses qui l’ont blessée, qui l’ont véritablement atteinte. Des choses qui sont vraies. Elle a commis cette erreur avec ce baiser échangé avec Harvey. Mais elle ne réagit pas mieux depuis pour tenter d’obtenir son pardon. Nikolaï lui a reproché de ne rien faire du tout pour leur couple. Pour lui. Il lui a même dit très explicitement qu’elle ne comprend rien à l’amour. Des mots qui touchent, des mots qui marquent, plus encore pour une femme déjà persuadée d’être incapable d’aimer comme il faut. Et il a peut-être raison, sans doute même. Mais elle ne sait pas comment agir avec lui, Isa. Elle ne sait pas ce qu’elle doit faire pour le récupérer. Simplement parce que, à ses yeux, elle ne peut tout bonnement pas le forcer à avoir envie d’être avec elle. Et elle a l’impression qu’il n’en a plus envie. Qu’il a juste peur de la quitter mais que, au fond, c’est ce qu’il finira par faire. Il lui a dit qu’elle ne doit pas penser ainsi. Toby aussi lui a dit. Même Harvey lui a dit. Sauf qu’elle ne peut pas le contrôler, elle ne peut pas s’obliger à avoir foi en leur amour alors que tout la pousse à penser que c’est terminé. Elle n’aurait sûrement pas fait un autre pas envers lui s’il ne lui avait pas envoyé ce message. Mais leur conversation lui a déchiré le cœur. Le fait qu’il puisse croire, ne serait-ce qu’une seconde, qu’elle va bien et s’amuse alors que… Non. Non, ce n’est pas le cas. Elle souffre certainement autant que lui. Elle pense constamment à lui. Seulement elle ne sait pas comment le prouver. Elle n’a jamais eu besoin de prouver quoi que ce soit. Mais Nikolaï, il exige plus d’elle que n’importe qui avant lui. Il en attend peut-être trop, peut-être plus qu’elle ne peut en donner. Ou c’est peut-être elle qui est incapable de voir clair. Elle ne sait pas, Isabella, elle ne sait plus. C’est dans le flou total qu’elle gare sa voiture dans l’allée de la maison. Elle foule les marches jusqu’au pas de la porte avant de toquer doucement à la porte. Elle ne sait pas dans quel état il va l’accueillir, il était loin d’avoir l’air ravi de son arrivée dans ses messages… Mais c’est lui qui lui a demandé de se bouger. De toute manière, ils ne peuvent pas rester dans cette situation. Ils ne peuvent pas continuer à se déchirer à la moindre occasion. Elle va avoir des réponses à toutes ses interrogations parce que, quelques instants plus tard, la porte s’ouvre, laissant apparaître l’homme qu’elle aime. – Bonsoir… Il lui manque. Il lui manque tellement, c'est atroce tant c'est douloureux. Elle le contemple un instant sans oser bouger avant d’entrer finalement. Elle espère tellement que, cette fois, leur échange va bien se passer. Elle voudrait qu’ils discutent comme deux adultes, sauf que… Elle ne sait pas du tout dans quel état d’esprit il est. Elle sent la nervosité monter en elle alors que les secondes semblent durer des heures pendant qu'elle peine à trouver ses mots. Elle ne sait pas comment débuter, elle ne sait même pas ce qu’elle devrait dire. Elle a juste conscience qu’ils ont besoin de se dire ce qu’ils ont vraiment sur le cœur. Ils ont essayé, la dernière fois, mais cela s’est très mal terminé. – Je pense que ce serait bien que l’on parle. Qu’ils parlent. Qu’ils parlent vraiment l’un avec l’autre. Et, surtout, qu’ils s’écoutent.

♛ Nothing's gonna change my love for you.

Ils sont fatigués, las. À bout de force tous les deux. Est-ce la fin de leur amour ? Est-ce ainsi que les choses devaient se terminer ? Leur histoire a débuté par une trahison, il est presque normal qu’elle finisse par une autre trahison. La boucle serait-elle bouclée, le roman terminé ? Elle refuse de le croire, Isabella. Elle le refuse parce que, quoi qu’il en pense, elle a toujours au fond d’elle l’espoir de le retrouver. Elle ne peut pas concevoir l’idée de le perdre, pas lui. Pas après tout ce qu’ils ont traversé. Seulement, cela ne signifie pas qu’elle peut se transformer en une autre personne. Elle ne peut pas lui offrir ce qu’il veut, peut-être ne le pourra-t-elle jamais. Mais elle a tellement mal d’être loin de lui. Le mal de lui, le cœur qui l’appelle, mais l’esprit qui la torture encore et encore. Elle a tenté de lui expliquer ce qu’elle ressentait. La dernière fois, elle a vraiment tenté de le faire. Mais il lui a renvoyé ses erreurs en pleine face. Il n’était pas prêt à l’entendre, peut-être qu’il ne le sera jamais. Peut-être même qu’elle n’a pas son mot à dire, Isa. Peut-être qu’elle doit juste accepter sa sentence. Mais cela ne fonctionne pas non plus quand elle se tait et qu’elle encaisse sans broncher. Elle ne sait pas ce qu’il veut, Nikolaï. Elle ne le comprend pas, elle ne le comprend plus. Elle a l’impression que quelque chose s’est brisé entre eux, leur osmose qui a disparu. Et cela la fait tellement souffrir de se dire une chose pareille. Juste, se dire qu’ils ont perdu cet équilibre. Alors, comment pourrait-elle survivre, si elle le perdait, lui ? Comment pourra-t-elle survivre, alors qu’elle a déjà si mal de le voir si distant… Si froid. Il lâche un soupir en guise de salut. Il la fait entrer, presque, à contrecœur alors que le cœur de la Latina se recroqueville un peu plus. Elle essaie de trouver ses mots, entamer la conversation. Mais il ne l’aide vraiment pas. Non, à peine arrivé dans le salon, il lui affirme tout de suite qu’ils savent déjà qu’elle va mal se finir. Elle retient un soupir, Isa. Elle a conscience qu’il est spontané. Impulsif. Bien plus qu’elle. Il ne va pas mâcher ses mots, ni retenir ses réactions. C’est elle qui va devoir prendre sur elle, elle le sait d’avance, tout ça. Elle ne sait juste pas jusqu’où elle va tenir. Quelles sont ses limites. Avec un autre, elle les aurait déjà atteintes. Avec lui, elle continue de s’accrocher. Se raccrocher à lui. – Je ne suis pas là pour me disputer avec toi. lui dit-elle simplement, calmement, alors qu’il croise déjà les bras en signe défensif. Son regard balaie la pièce un instant, remarquant les restes de bière posés négligemment sur la table basse. Cela fait des jours qu’elle n’est pas venue ici. Des jours qu’elle n’a pas vu Arya. Elle se rend compte comme elle est sortie de la vie de Nikolaï en une fraction de seconde. Tout ne tient vraiment qu’à un fil. Même eux. Surtout eux. Ses yeux retrouvent les siens quand elle comprend qu’il ne dira rien. Non, bien sûr, il va la laisser parler. Alors qu’elle n’a aucune idée de ce qu’elle doit dire. Par quoi commencer ? Ce qu’il ressent, ce qu’elle, elle ressent ? – Je veux que tu saches que je n’ai pas décidé que… Tout était déjà terminé. C’est loin d’être ce dont j’ai envie. Elle n’attend que lui. Mais lui, il l’attend, elle. Il attend beaucoup d’elle. Certainement plus qu’elle est capable d’en donner. – J’ai vraiment envie d’être avec toi mais… Mais j’ai l’impression d’affronter un mur, constamment.

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Il a l’air si fermé, Nikolaï. Si fermé qu’elle se demande, durant un court laps de temps, si elle a bien fait de venir. S’ils ne vont pas encore se disputer malgré toute sa bonne volonté. Il lui assure qu’il ne veut pas s’engueuler avec elle, lui non plus. Et, quelque part, cela la rassure un petit peu. Pour la première fois depuis le début de la conversation, il la regarde dans les yeux. Il finit même par lui adresser un très faible sourire quand il parle de lui comme étant un mur. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il se détende autant, Isabella. Elle sent un petit poids, presque minuscule, s’évaporer en elle. Mais ce n’est pas assez, oh non. Elle a toujours aussi peur de ce qu’il va bien lui dire. Toujours aussi peur d’arriver dans une nouvelle impasse avec lui. Toujours aussi peur de le perdre finalement. À son tour, le jeune homme commence à se confier à elle. Il vient lui dire des choses qu’il a déjà dites, des choses qu’elle entend bien. Seulement, c’est du pareil au même. Il voudrait qu’elle lui prouve son amour alors qu’elle ne sait pas ce qu’elle pourrait faire de plus. Ne l’a-t-elle pas suffisamment prouvé, son amour pour lui ? Elle ne peut pas faire plus que ce qu’elle a fait par le passé. Pourtant, il y a quand même eu ce baiser. Alors peut-être que ses mots ne suffisent pas à Nikolaï, mais ils sont tout ce qu’elle a. Elle en est persuadée, elle ne sait pas ce qu’elle pourrait lui offrir d’autre. Mais elle ne dit rien, Isa. Elle reste silencieuse, elle se contente de l’écouter pour mieux le comprendre. C’est la première fois qu’il lui parle aussi sincèrement, aussi simplement, sans toute cette rancœur. Il est, juste, lui-même à cet instant. Celui qu’elle connaît, celui qu’elle aime. Il finit même par lui confier qu’elle lui manque. Tu lui manques, Isa, tu entends ? Tu lui manques. Il ne t’a pas oubliée. Il n’est pas en train de tout oublier. Tu lui manques encore. Elle en avait besoin. Besoin de l’entendre, besoin de le ressentir. Touchée en plein cœur, la Latina déglutit difficilement avant d’oser parler, avec plus de transparence cette fois. – Toi aussi, tu me manques. Je déteste être loin de toi, je déteste… Ne plus faire partie de ta vie. Elle sent l’émotion qui l’envahit déjà. Elle prend une légère inspiration pour la contenir. Pour se contenir sans cesser de se livrer. – Le truc, c’est que… Je ne sais pas ce que je dois faire. Et je sais que ce n’est pas à toi de me dire ce que je dois faire pour te récupérer mais… Elle commence à marcher, inconsciemment, fébrilement. Elle déteste se mettre à nu comme cela, Isabella. C’est peut-être ce qu’elle déteste le plus au monde. – Je n’ai jamais connu ce que l’on vit, Nikolaï. Toi, tu l’as vécu avec ton ex-femme, moi pas. Moi, dans mes relations, quand ça n’allait plus, j’arrêtais simplement. Ou ils arrêtaient. Mais je… Elle ne peut faire cela, pas cette fois. Pas avec lui. Parce qu’elle est folle amoureuse de lui, parce qu’elle l’aime tellement qu’elle pourrait en mourir. Mourir d’aimer, non, elle ne savait pas que c’était possible avant de le rencontrer. – Ce que je veux dire, c’est que peut-être que pour toi, je ne fais rien. Mais, en comparaison de ce que j’ai toujours fait, je… Je fais beaucoup plus que ce que je croyais supporter. Je me raccroche à toi alors que j’aurais déjà fui avec n’importe qui d’autre. Mais ce n’est pas assez pour toi, et… Et je ne sais pas si je te suffis réellement. Car elle est novice en amour, au fond, Isa. Mais elle est une survivante en termes de souffrance. Et c’est peut-être juste plus difficile d’aimer quand on a connu la souffrance d’abord. C’est peut-être plus difficile de donner totalement son cœur quand la vie l’a abîmé beaucoup trop vite.

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Elle sait qu’il lui en veut encore. Elle ne demande pas à ce qu’il arrête de lui en vouloir parce qu’elle le comprend. Elle aussi, en réalité, elle s’en veut encore. Mais tout ce qu’elle voudrait, c’est qu’il lui en veuille… Sans être séparé d’elle. Sans rester loin d’elle. Parce qu’elle est prête à accepter sa rancœur, Isa, elle est aussi prête à accepter qu’il ne lui fasse plus autant confiance qu’avant, même si c’est douloureux. Mais être loin de lui, ça, c’est pire que tout. C’est trop difficile. Elle n’y arrive pas, elle se sent perdre pied, elle sent qu’elle le perd, lui, surtout. Et cette idée lui est insupportable. Elle a le sentiment que, peu à peu, ils apprennent à vivre sans l’autre. Toutes les habitudes de leur couple, toutes ces tendres habitudes qui s’étaient installées entre eux, tout cela a totalement disparu. Les soirées, les nuits passées chez lui, les moments complices avec lui, les petites chamailleries, les instants passionnels et ceux plus tendres. Tout cela n’existe plus. Elle n’a même plus le réflexe d’attraper son téléphone pour découvrir un message de lui le matin. Cela lui fait peur. Vraiment peur. Elle a la sensation qu’il est en train de l’effacer de sa vie. Mais il lui assure qu’elle en fait toujours partie. Elle secoue la tête négativement, de droite à gauche, alors que son regard se détourne. – Je ne sais plus rien de tes journées, de tes pensées, de... Toi. Je… Je n’en fais pas partie en ce moment. Et ça lui manque. Ça lui manque atrocement. Il l’a habituée ! Il l’a habituée à connaître tout de sa vie, à lui raconter aussi la sienne. Elle n’avait jamais connu une relation aussi fusionnelle, aussi complète, avant lui. Il l’a habituée… Puis, il est parti. Elle se sent seule, Isa. Elle a beau être entourée de plein de monde, elle se sent toujours aussi seule sans lui. Cela non plus, elle ne connaissait pas avant. Une telle dépendance à l’autre ne lui est jamais arrivé. Mais elle se rend compte que leurs vies se sont tellement liées durant tous ces mois que, sans lui, c’est comme si elle n’était plus tout à fait elle-même. C’est terrifiant. Et il n’est même pas là pour la rassurer, pour lui rappeler qu’elle n’a pas à avoir peur. Elle est, juste, complètement perdue sans lui. Tellement perdue qu’elle est incapable de savoir ce qu’elle peut faire, ce qu’elle doit faire. Il ne cesse de lui demander de se battre pour eux, mais cela ne l’avance vraiment pas. Elle se sent impuissante et, surtout, elle ne se sent pas à la hauteur. Mais il ne le comprend pas. Il ne comprend pas sa vision de la réalité, sa vision de leur relation. Elle relève les yeux vers lui alors qu’il s’éloigne en direction du canapé. – Non, je ne te suffis pas. Même quand ça allait bien, tu voulais… Tu voulais emménager avec moi, je ne t’en donnais déjà pas suffisamment. Et elle commence à se dire qu’elle ne lui en donnera jamais assez. Elle a l’impression d’avoir déjà extirpé tout ce qui reste de son cœur, pour lui, alors que lui… Lui, il en a un inépuisable. Elle se sent inférieure, douloureusement inférieure. Et c’est terrible de se dire qu’elle l’aime de toutes ses forces mais qu’elle ne peut pas rivaliser. Elle déglutit difficilement, tentant d’effacer cette boule dans sa gorge alors qu’il lui affirme que lui non plus, il n’a jamais aimé comme il l’aime. Elle le regarde, un brin surprise, comme si elle le découvrait seulement maintenant. Non, elle ne savait pas. Il est resté des années avec Claire. Il l’a aimée, bien plus qu’elle n’aimait Luke. – C’est vrai ? Mais, au fond, qu’est-ce que cela change ? Il a déjà su se battre par amour, en tout cas il sait le faire, bien plus qu’elle. Trop occupée, déjà, à se battre avec elle-même. Mais il ne s’en rend pas compte, de cela, elle le sait. Tout paraît tellement évident pour lui, tellement… Naturel. Lui, à sa place, il saurait certainement quoi faire. Seulement, en l’écoutant, elle se sent toujours aussi larguée, Isa. – Mais c’est toi que je choisis… C’est avec toi que je suis.

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Elle ne sent plus cet amour. Elle ne sent plus tout cet amour entre eux, cet amour si fort, si incomparable à tout ce qu’elle a connu auparavant. Elle ressent juste cette distance, ce vide laissé dans son cœur quand il est parti. Peut-être que, pour lui, cela ne change rien à leur couple. C’est différent pour Isabella. Elle se réfère à ce qu’elle vit, à ce qui se passe réellement au sein de son existence. Et là, tout de suite, ils ne sont juste plus ensemble. C’est peut-être naïf, idiot, de penser de cette manière. Mais elle a toujours vu l’amour comme quelque chose de positif, quelque chose qui est censé procurer du bien, une lumière parmi les ténèbres. Pourquoi, autrement ? Pourquoi prendre la peine de lier sa vie à celle de quelqu’un, pourquoi s’engager autant avec une autre personne, si c’est pour en souffrir ? Et là, en l’occurrence, ils en souffrent. Elle l’aime, elle l’aime au point de mourir pour lui. Mais elle ne peut pas vivre avec cette douleur, non, elle en a déjà trop en elle. Son cœur écorché est déjà beaucoup trop difficile à supporter pour qu’elle puisse supporter une relation amoureuse qui fait si mal. Mais c’est bien ce qui se passe entre eux en ce moment. Ils ne sont plus ensemble, non. Il évoque même une séparation. – Une séparation. Donc tu te rends bien compte que c’est ce qu’on est en train de vivre. Il aimerait que tout redevienne comme avant… Mais elle aussi, bon sang. Elle n’attend que de le retrouver. Seulement elle n’est pas sûre que cela arrive un jour. Et même si cela arrivait vraiment, elle n’est même pas sûre que cela fonctionnerait à long terme. Car elle se rend compte, tout doucement, elle se rend compte qu’elle n’est pas capable de donner tout ce qu’elle devrait donner. Elle ne sait pas si elle pourrait vraiment se livrer complètement. Elle en vient à lui rappeler le fait qu’elle était incapable de vivre avec lui. Il s’emporte vite à ses paroles, Nikolaï, il lui affirme que cela n’a rien à voir. Mais ne le voit-il pas ? Ne comprend-il pas que, si, ça a tout à voir ? Ne réalise-t-il pas que tout est lié ? – Mais, bien sûr que si, c’est lié ! Je n’arrive pas à te donner ce que tu attends de moi, comme je n’arrivais pas à franchir ce pas, c’est… Tu ne vois pas que c’est toujours la même chose, moi qui ne te donne pas tout ce que tu voudrais ? Ce n’est vraiment pas ainsi qu’elle peut espérer le reconquérir. Mais cela lui fait autant de mal de le dire, à Isa. Elle a l’impression d’être, une erreur de la nature. Une personne incapable d’aimer correctement. Une personne trop rongée de l’intérieur pour offrir à celui qu’elle aime tout son cœur. Mais il ne veut pas comprendre, ou peut-être qu’elle est juste trop difficile à comprendre, trop torturée, trop marquée par tout ce qu’elle a vécu. Il lui affirme pourtant qu’il savait parfaitement à quoi s’attendre en s’engageant avec elle. La jeune femme n’en est pas aussi sûre que lui. – Je n’ai pas peur, je ne sais pas le faire ! Je ne sais pas ce que tu veux, tu le comprends ? Peu à peu, elle sent qu’elle perd son calme elle aussi. Elle se sent déchirée de l’intérieur parce que c’est douloureux de se sentir si incomprise, douloureux de se sentir si anormale. Elle voudrait juste qu’il réalise qu’elle ne demande qu’à lui prouver tout ce qu’il veut, sauf qu’elle en est incapable. Son regard se repose sur lui alors qu’il lui avoue une confidence pour la première fois. – Alors peut-être que tu ne l’as pas connu avant non plus mais tu sais mieux le gérer que moi… Il sait simplement mieux aimer qu’elle. Tout lui paraît évident, à lui. Cela ne l’est pas pour elle. Elle a beau lui répéter tout son amour, cela ne suffit pas. Il lui demande à nouveau de le prouver, il se lève même de sa place pour se retrouver à sa hauteur, le ton de sa voix beaucoup plus fort alors qu’il perd patience. Alors qu’elle le perd, tout doucement, impuissante face à l’avalanche qui s’abat sur elle, sur eux. Elle finit par craquer, Isa. Et peut-être pas de la meilleure des façons. – Mais qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Tu voudrais que je me prenne une autre balle pour toi ? Que j’aille le crier sur tous les toits ? Que je fasse une annonce dans un journal, peut-être ? Je suis là, je suis là avec toi, je te le prouve en ce moment même parce que je t’aurais déjà quitté si ce n’était pas toi que je voulais !