it's easier to be alone (néo+mahaut)

it's easier to be alone

Une journée de plus à supporter ce qui se passe, encore un jour de plus sans cet homme que tu aimais tant mais tu sais que tu n'es pas la seule, t'es pas l'unique personne à l'avoir perdu. Tu es égoïste en pensant que tu es la seule à souffrir mais son frère et sa soeur, ils souffrent autant que toi, ils l'ont perdu eux aussi. T'as du mal à accepter sa mort, surtout quand tu vois néo, il est là, il te regarde et toi tu ne vois que son frère. Pour néo n'est que le reflet de Noé, triste vérité, triste vie. Tu sais que tu peux pas lui échapper, tu peux pas ignorer néo toute ta vie, vous étiez proche et tu sais qu'au fond tu en souffres, tu souffres de la perte de l'homme que tu aimes mais tu souffres aussi de perdre néo, il était important pour toi et toi tu le fuis. C'est ta faute, tu es la seule responsable de la disparition de cette complicité, alors tu vas chez lui, tu veux essayer de le voir. Tu veux savoir, comment il va, tu veux savoir comment il vit les choses mais tu sais qu'il ne va pas bien, comment pourrait-il? Mais tu sais aussi, que toi, en le voyant tu vas souffrir, tu va voir l'homme que t'aimais en face de toi, tu peux pas te le sortir de la tête alors en voyant son jumeau ça ne va pas t'aider. Mais, tu dois être là pour lui. Tu dois être là pour néo.

Tu toques à la porte, doucement, espérant ne pas déranger. "Néo, c'est moi, Mahaut..." Tu chuchotes, t'as peur, t'espère au fond de toi que personne n'ouvrira la porte, tu pourras te dire que t'as essayé mais il n'était pas là alors que s'il t'ouvre, tu sais ce que tu vas ressentir, le manque, la déception, l'envie de le prendre dans tes bras mais ce n'est pas cette personne. Ce n'est pas celui avec qui tu étais, ce n'est pas celui avec qui tu as passé tant de temps. Ce n'est pas lui. "Je voulais savoir comment tu allais..." Phrase inutile, tu sais comment il va, mal.

Regarde-toi.. Les doigts crispés sur les bords de l’évier, tu regardes sans les voir les gouttes d’eau qui glissent le long de la céramique jusqu’à disparaître et se perdre, laissant place à une autre, toute prête à emprunter le même chemin. Encore et encore et encore alors que la vapeur de ta douche brûlante s’évapore peu à peu, découvrant le miroir que tu fuis sans cesse du regard. Regarde-toi. T’es lâche, Neo, la peine ne sera pas éternellement une excuse. Tu te dis que la peine ne s’en ira jamais, de toute façon, que t’es prisonnier de ton propre corps, prisonnier de ton propre reflet. T’as la nausée, le cœur qui se serre, et la voix de Noé qui résonne comme un avertissement. Il faut te défaire des fantômes Neo, eux n’arrêteront jamais de te hanter. Tu passes ta main sur le miroir, en chasses la buée. Focus. Tu te concentre sur cette tâche au creux de ton œil, cette différence singulière qui t’as toujours rendu unique, la seule chose que tu avais et pas Noé.

Focus. Résonne sa voix, douce. Ça te donne du courage. Puis ton attention s’égare sur les autres traits de ton visage et tu ne sais plus si tu te fais face ou s’il est revenu d’entre les morts. Accroche-toi à la réalité Neo.

Ton poing s’écrase sur le miroir, tu t’abîmes la peau et les os, curieux exutoire, tu réalises alors que tu avais cessé de respirer jusqu’à ce que la douleur te fasse prendre une bouffée d’oxygène. Des coups sur la porte te ramène au niveau du sol. Tu enroules maladroitement une petite serviette autour de ton poing, attrape quelques vêtements qui traînent sur le carrelage humide et te dirige vers l’entrée. Tu jettes un coup d’œil par le judas et te voilà qui perd encore le contrôle de ton palpitant. Mahaut. Les paumes contre le bois, tu écoutes sa voix venir de l’autre côté de la porte, tu poses ton front contre la surface fraîche, espérant te calmer, même rien qu’un peu. Les paupières closes tu essaies de te convaincre de ne pas ouvrir mais ton corps a cessé d’obéir à ta tête et ta main maintenant posée sur la poignée actionne doucement le mécanisme. Tu restes quelques secondes immobile, menant un débat perdu d’avance entre ton cœur et ton âme. Ton faciès marqué par la fatigue, le deuil et les larmes accueille la belle avec un triste sourire. Tu ne prends même pas la peine de lui répondre. Qu’est-ce que tu as à lui dire qu’elle ne peut pas déjà lire sur ton visage? C’est bon de te voir. Enfin, sa présence comme un baume, tu parviens à reprendre complètement tes esprits et fais un pas de côté pour la laisser entrer.