run boy run ✻ ezra

01/ Les murs tapissés de livres à la reliure en cuir, les pages couvertes de poussières, des œuvres d’art aux couleurs imprégner d’émotions, c’est dans une maison décorée par les passions de ses parents qu’il a grandi. Ezra, cet enfant unique, cet enfant tant attendu après des mois pour en posséder un, pour en tenir dans leur bras si aimant. Seconde romance, des âges avancés, une relation pourtant passionnelle. Ezra est le fruit de tout ceci, un écrivain recyclé comme auteur pour le théâtre, une mère conservatrice dans un musée reconvertie en galeriste. C’est dans la beauté qu’il a grandi, bercé par la voix douce des mélodies italiennes de sa mère, les histoires d’aventure de son père et la critique d’une grand-mère qui voyait en lui un potentiel étouffer par trop d’amour. Il a testé les arts, cherchant sa voie, son art et si la ligne de son crayon est beaucoup moins assurée avec les lignes du corps humain, elle trouve sa force dans sa calligraphie gracieuse. 02/ Sa grand-mère maternelle vit depuis son enfance avec eux, nanny, mamie, nana, elle en porte des surnoms, mais elle n’accepte de sa part que mamma. Depuis qu’elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer, elle le confond avec son propre fils qui portait le même prénom que lui. Ils n’ont pourtant aucune ressemblance, pour ce qu’a pu en voir Ez’ ils sont même tout le contraire, mais il est pour elle le miroir de celui qu’on lui a sauvagement arraché. Briser par ses sombres démons, son oncle s’est suicidé. 03/ Enfant, ses parents croyaient que leur fils était atteint du trouble du spectre de l’autisme, enfermé dans ses pensées, dans ce monde qui leur était défendu. Mais Ezra n’a jamais été TSA, il est simplement un peu trop dans sa tête. Il n’a aucun mal à aller vers les gens ou qu’on vienne à lui. Chaleureux de nature, il ne laisse personne derrière lui, bien qu’il puisse vite se retrouver dans son propre univers. Ce qui lui échappe. Trop imaginatif, il part dans ses propres délires et fantasmes. Sa mère avait pour habitude de le punir en le mettant dans le coin, avant de réaliser qu’il prenait plaisir à s’y rendre. Discutant de ses histoires avec lui-même, créant ces histoires. Elle a arrêté le jour où du haut de ses six ans, il l’a regardé avant qu’elle ne le punisse et lui a dit « Je vais au coin. » s’autopunissant. 04/ À l’école, il était l’élève à qui on reprochait de ne pas suivre les cours, mais qui avait toujours la réponse à la question. Il n’était pas sportif, il n’était pas nerd, il était simplement lui. Apprécié pour qui il était, c’était le garçon qu’on incluait ici et là. Par la notoriété de ses parents, il a été amené à côtoyer la haute société, mais il n’a jamais cherché la gloire. S’il a fait le choix d’être écrivain et non de faire des études en littérature, c’est par passion. Uniquement pour ça. Il ne veut pas de gloire, il ne recherche pas la reconnaissance, s’il voulait un coup de pouce ses parents pourraient lui en donner, mais il leur a demandé de le laisser construire de lui-même cet avenir qu’il forge de jour en jour. 05/ Dès qu’il ressent un frisson pour une personne, cette alchimie physique, il s’enferme dans son esprit poussant son imagination à vivre la plus torride des relations. Dans sa tête, il en a vécu des expériences, il n’a jamais eu peur de pousser les vices à l’extrême de sa curiosité. Dans la réalité, c’est une toute autre histoire. L’écrivain est toujours puceau. Ses lèvres n’ont goûté que celle d’une ancienne voisine. Trop loin pour qu’il se souvienne de la sensation, trop jeune pour en comprendre le sens réel. 06/ Ezra ne voit pas sa propre beauté, pour lui, il est banal. Impossible pour quiconque de le voir au radar, il passe tout simplement inaperçu. Ses orbes émeraudes, ses boucles sombres, sa grande taille, son corps athlétique pourtant suffit à attirer le regard, une simple curiosité. C’est son sourire qui généralement lui donne tout son charme, mais il se voile la face. Tout est plus facile ainsi, il reste dans son monde, ses merveilles, ce lieu qu’il connait du bout des doigts et où il peine à y faire entrer qui que ce soit. 07/ Plus jeune, Ezra écrivait surtout avec un crayon, ses cahiers de cours regorgeaient de poésie, des alexandrins qui brodaient le rebord du papier. Une écriture quelque peu féminine pour un garçon, soignée et élégante. Il est vite passé du manuscrit papier à l’électronique. La facilité que prodigue un portable, il peut le trainer partout avec lui. Il n’est pas rare qu’il se réveille la nuit pour écrire des idées, des phrases alors qu’il dormait un instant plus tôt. Son portable est l’extension de son bras, s’il écrit, il est bien difficile de capter son attention. Beaucoup reste surpris de sa rapidité à taper sur ce petit objet ! 08/ Il aime bien écrire en écoutant de la musique classique. La simple mélodie du piano, des vents ou des cordes crée chez lui un état second. Il écrit d’ailleurs la majeure partie du temps avec ses écouteurs à ses oreilles, laissant les plus grandes symphonies bercer celles-ci. 09/ Lors de sa dernière année de lycée, sa mère avait reçu des billets pour un récital. Ce soir-là, elle est apparue à lui comme une révélation, une muse munie d’un archet, laissant les crins vibrer sur la corde. De nom, il la connait, de vue, il la dévore du regard. Il sait qui elle est, mais ignore tout d’elle. Pourtant, elle lui a inspiré le protagoniste de son roman. Il a romancé cette femme, s’inspirant de sa musique bien plus de celle qu’elle peut être réellement. Poppy Boleyn. Il n’a jamais cherché à s’approcher d’elle, lointaine inspiration, lointain désir de répondre à cette mélancolie résonnant dans sa mélodie, mais une fois de plus perché dans son imaginaire, il ne franchi pas le pas. 10/ Il a, depuis ses vingt ans, quitté le cocon familial, souhaitant voler de ses propres ailes. Un petit studio pas bien grand, à l’image de son faible revenu de la supérette. Bien vite l’endroit a été ensevelit par les bouquins, on en trouve partout au grand dam des gens qui viennent le voir chez lui. Si les plus ennuyeux servent à stabiliser une patte de table, d’autre sont devenu des meubles. Il n’a pas de table de chevet, simplement une pyramide de livres où il y dépose un verre d’eau pour la nuit et ses lunettes. Tous ces livres ne le rende pas ordonné, il ne se qualifie pas de bordélique, et pourtant, c’est ce qu’il est. À son dernier anniversaire, il s’est offert un cadeau. Toujours seul, il s’est cherché de la compagnie et au lieu de s’acheter un chat ou un chien, il a opté pour un hérisson qu’il a appelé Vivaldi. 11/ Myope, il porte majoritairement des lentilles, inconfortable avec la sensation d’avoir en permanence des lunettes sur son nez, il ne les porte que chez lui et lorsqu’il est seul. Ça lui donne un peu trop l’apparence de rat de bibliothèque et il ne cherche pas à renforcir cette image de lui. 12/ Il n’est pas rare de voir Ezra une clope au bec, il marmonne souvent avec celle-ci, ne cherchant pas à la retirer de ses lèvres lorsqu’il parle. Il consomme environs deux paquets par semaine, parfois plus s’il éprouve beaucoup de stresse. De nature calme, il ne se laisse pas dicter par cette émotion, mais personne n’est infaillible. S’il ne prend pas une clope, il gesticule avec ses mains, ce qui est un brin agaçant pour lui-même. Il lui arrive toutefois de changer la clope pour un crayon. Personne ne trouvera un crayon intact dans ses environs, même ceux de son boulot y passe au grand dégoût de ses collègues qui ne cessent de lui reprocher. 13/ Bien que passionner par la littérature, il aime aussi le cinéma étranger, Netflix est pour lui un plaisir, notamment pour son répertoire international. Il aime regarder dans la version originale et les sous-titre ne le dérange pas le moins du monde. Pour le peu de film qu’il possède, ce sont tous de vieux polar, il y perçoit un style qui l’interpelle. Il s’adonne à quelques sports pour garder la forme, même s’il préfère le sport de tête ! Faut bien entretenir cette barre de chocolatée ! 14/ Donnant cette illusion de mec refermé sur lui-même, Ezra peut surprendre. Il aime bien boire un coup avec des amis, sortir pour se changer les idées. Sa teneur à l’alcool est toute fois pas très énorme, deux bières et il est parti ! Il peut rigoler tout seul. Il a déjà tenté la drogue, il en a même pris pendant le lycée, mais depuis qu’il travaille sur son roman, il n’y a touché qu’à de rare occasion. Il en prend le plus souvent lorsqu’il est avec des amis où qu’il doit enchaîner de long horaire au boulot et que le café ou le redbull ne lui suffisent pas. L’écrivain carbure le plus souvent avec ces trois éléments, ainsi que la cigarette. Ne dormant que peu, puis qu’il est insomniaque, il profite de ces moments où il n’arrive pas à fermer l’œil pour écrire, écrire et encore écrire, à défaut de pouvoir combler ses nuits autrement. 15/ Si un soir ces potes lui avaient dit qu’on viendrait perturber ses pensées, il ne les aurait jamais cru. Et pourtant, dans un bar, il a fait la rencontre de deux personnes qui sont venu chambouler ses fantasmes. Lui, il était direct, loin de la subtilité, ponctuant les joues d’Ezra d’une douce couleur carmin. Un jeu bien plus difficile qui ne laisse paraitre pour aborder ou plutôt faire comprendre ce message au brun. Elle, elle qui avait su capter son attention quelques années plus tôt. Elle pour qui, il n’arrivait pas à décrocher son regard, observant cette muse qu’il a couché sur le papier tant de fois qu’il s’est inventé tout une histoire autour de cette femme. Angel et Poppy, ces deux amis qui se jouent de lui. Ces personnes prêtes à pervertir le jeune Whistler à qui l’amour se perd dans la romance de ses pensées et ses livres. L’amour qu’il peine à croire qu’il existe comme dans les livres ou les films. Le jeu commence et Ezra est loin d’être prêt pour ce jeu…