I miss you sweety | Jihane

Les doigts qui tapotent le comptoir de l’accueil de l’hôtel, le stress se fait nettement ressentir. Lyzéa n’est pas très à l’aise alors qu’elle cherche à arranger les choses. Venir ici, dans cet hôtel de luxe n’est pas le fruit du hasard, ni quelque chose dont elle a l’habitude de faire. Ca fait quelques temps maintenant que Jihane est partie vivre ici pour une durée indéterminée. Ce n’est pas leurs styles du tout d’être en froid. Si elles se chamaillent toutes les deux comme des sœurs, elles ne se font jamais la tête, toujours une à poser les armes aussitôt. C’est bien la première fois et Lyz’ espère bien que ça sera la dernière fois que les choses prennent autant d’ampleur avec sa filleule, sa nièce, sa sœur. Lyzéa a beau être la sœur du père de la blonde, elle est plus proche de cette dernière. Surement est-ce au niveau de leur âge, que Lyz est encore jeune dans sa tête mais aussi qu’ayant grandi entourée exclusivement de frère, elle est la sœur qu’elle n’a jamais eue. Sans doute est-ce pour cela qu’elle s’est mêlée de ses affaires. Elle a conscience qu’elle n’aurait peut-être pas dû le faire mais au moment où elle avait pris la décision de l’enfermer avec son ex petit ami pour qu’ils prennent le temps de parler et tout mettre à plat, elle pensait aussi à sa nièce et au fait que ça pourrait lui faire le plus grand bien. Avec du recul, Lyzéa se rend compte qu’elle a peut-être collé ses propres remords sur cette histoire, ayant toujours regretté comment les choses avaient pu s’arrêter avec l’un de ses ex petit-amis sans qu’elle ne cherche à se faire pardonner. Dans tous les cas, les choses avaient dégénéré et les deux Al Masri sont assez en froid pour ne pas partager le même toit. C’est pour dire ! Seulement Lyzéa n’en peut juste plus de cette situation. L’appartement qu’elles partagent d’ordinaire lui parait tellement grand sans elle, ainsi que silencieux sans son chien qui lui aboi souvent dessus. La brune peut trouver toutes les raisons possibles, la vraie raison c’est que sa nièce lui manque, c’est le plus important. Alors qu’on lui donne le numéro qu’elle n’avait pas eu avant, elle ne perd pas de temps à s’y rendre. Lyz’ a vraiment l’impression d’être une gamine pour le coup, d’être stressé de voir sa nièce alors qu’elle veut juste arranger les choses. Le pire qui puisse lui arriver c’est qu’elles se prennent une nouvelle fois la tête mais elles sont de la même famille, elles ne vont tout de même pas cesser de se parler si ? Arrivée devant la chambre de ce grand hôtel, elle sonne une fois, avant de taper à la porte, espérant qu’elle soit bien présente et qu’elle ne se retrouve pas face à une porte close. Alors qu’elle allait dire à travers la porte qui peut venir, la porte s’ouvre sur sa blonde préférée, sa nièce qu’elle est bien contente de voir. C’est fou comment elle est attachée à celle qu’elle considère comme sa sœur. « Salut ! » Dit-elle, avec une petite voix, de peur peut-être de se faire claquer la porte au nez ? « Est-ce que tu m’autorises à rentrer ? » Dit-elle en prenant de l’assurance, c’est vrai qu’elle prendrait vraiment mal que Jiji lui refuse cela avant même qu’elles aient le temps de s’expliquer de nouveau.

Lyzéa n’a jamais vraiment eu l’attitude sûre d’elle ; de par ses angoisses de jeunesses, ses maux qui la rongent encore aujourd’hui, mais elle a une prestance parfois qui fait douter du contraire. Pourtant là, à cet instant, alors qu’elle est sur le point de faire face à l’une des personnes les plus importantes de sa vie, elle ne fait pas la maligne. Entre l’importance des pardons qu’elle souhaite demander ou encore le manque de la blonde dans son coté qui se fait ressentir, elle a trop à perdre. Lyz s’est déjà disputé avec des amis, parfois par leurs fautes, d’autres à cause de la sienne mais elle n’a jamais vraiment cherché à arranger les choses. Là elle y compte bien, ce n’est pas négociable. Levant les yeux au ciel aux propos de la blonde, elle sent directement que ça ne va pas être facile. Loin de là. Ils sont têtus chez les Al Masri. La jeune pâtissière n’est pas à l’aise, ici, dans ce couloir d’hôtel où elle n’a pas l’habitude de mettre un pied. Et surtout, elle n’est pas à l’aise à l’idées que des inconnus s’immiscent dans cette conversation. Demandant une première fois à rentrer pour avoir une discussion qui ne regarde qu’elle, Lyz comprend très vite que ça ne sera pas si simple que ça. Elle souffle, il fallait bien qu’elle se doute que Jihane n’allait pas laisser passer ça aussi facilement et lui parle de Gabriel : raison de leur dispute. « Gabriel n’est pas de ma famille, c’est toi ma famille » ce n’est pas qu’une nièce, c’est une sœur et c’est pour cette raison qu’elle aurait dû rester sur ses positions quant à Gabriel et ne pas s’en occuper. Mais c’était plus fort qu’elle. C’est pour ce lien du sang qu’elle se bat aujourd’hui pour arranger les choses. Elle espère sincèrement que ce lien de sang les aidera à passer outre ; car c’est plus fort que tout autre lien. « Je suis de ton coté Jihane, je l’ai toujours été » sans doute est-ce pour cela qu’elle avait fait la bêtise de vouloir arranger les choses, parce qu’elle pensait que ça rendrait Jihane heureuse sur le long terme. Au final elle s’est trompé, Gabriel est parti et la relation de la brune avec la blonde avec. Sauf que celle-ci, il reste quelque chose à sauver. Outre le fait que leur lien du sang restera toujours intact, Lyzéa tient bien trop à sa relation avec la jeune blonde pour y renoncer. Elle est prête à camper devant sa porte de suite d’hôtel jusqu’à ce que la sécurité la mette à la porte pour que les choses s’améliorent. Elles ne vont tout de même pas tout foutre en l’air pour une histoire de garçons. « Ecoutes Ji’, je ne pensais pas que ça irait dans ce sens-là, je voulais arranger les choses pour toi, exclusivement pour elle ! » Elle voulait arranger les choses entre eux pour que Jihane puisse aller de l’avant, au bras du jeune homme si possible et ne finisse pas vieille fille comme elle, toujours attaché à un passé qui ne renaitra pas de ces cendres. « Je ne pensais pas que ça te blesserait autant et j’en suis désolée ! » Les excuses les excuses, c’est bien joli mais ça ne résout pas tout. La preuve, sinon elles n’en seraient pas là.

@Jihane Al Masrí

Tu te pensais forte , mais tu ne l’étais pas réellement. Tu ne savais juste pas comment cette nouvelle dans cette enveloppe allait tout changer, dans ton moral. Tu n’étais pas au top déjà, la vie ayant encore jouer ses cartes pour t’enterrer un peu plus dans le trou. Les insomnies étaient tiennes, rester sous la couette ne servait à rien, mis à part à glisser dans les méandres des nuits que tu voyais filer à une vitesse bien trop lente à ton goût. Tu ressens un vide, et tu ne sais pas te l’expliquer dans le fond, peut être que les réponses à porter de main, mais que tes opales refusent de te faire plier à cette idée. Tu t’efforces de ne pas te laisser mourir à petit feu dans des méandres de la dépression, car tu n’es pas sûre de remonter la pente assez rapidement. En ouvrant la porte, tu n’aurais jamais pensé te retrouver nez à nez avec ta tante, celle qui était comme une sœur, une mère, elle avait beaucoup trop de casquette, pour qu’elle ne finisse pas par te décevoir, t’aurais dû t’en douter. Mais tu avais une confiance aveugle en elle, tu avais juste été assez crétine pour y croire, voilà tout. « Chez moi on choisit sa famille, alors tu ne devrais pas être ici, mais à gratter les fesses de Gabriel » Tu le sais bien qu’il n’est plus dans les parages et tu ne t’en prives pas pour lui dire. Tu n’as aucune envie d’avoir une telle conversation de suite, t’as juste envie d’être seule et de parler avec India par téléphone. Tu ne sais que trop bien à quel point tout cela est compliqué de vivre cela loin de Lyz’ mais elle a cherché et a gagné le prix de la pire des tantes. T’es bien trop remonter pour passer à autre chose. « Quand tu as été de mon côté en passant outre mes envies, mon envie de ne plus le voir, je n’en ai rien à foutre qu’il s’en veuille, tu ne te rappelles pas de moi en pleurs, après ce qu’il m’a fait … » Tu souffles, tu essayes de te calmer, de respirer, pour ne pas laisser filtrer des mots que tu finirais par regretter à un moment donné. « Tu m’as trahi, tu m’as jeté dans la gueule du loup. » Tu souffles à tes derniers mots, car tu es épuisée. « Mais moi je n’ai rien demandé, je suis assez grande , si je veux lui parler ou non. » Tu souffles les opales finissant dans les siens. Tu ne voulais rien, juste vivre ta vie comme tu le voulais mais elle s’en est mêlée. Tu ne sais pas quoi penser, elle te manque, mais tu ne vas pas lâcher comme ça, car dans le fond, tu n’avais rien demander et surtout pas mérité cela. « Ouah, après qu’il mette des photos de moi nue sur le net tu ne t’es pas dit que ça me toucherait, je crois vraiment qu’on n’a rien à se dire … » Enervée, t’arrives plus à rester tranquille. « Tu peux partir, car il n’y a plus rien qui nous unis. » Le cœur qui se fend, mais tu n’imagines pas la comprendre, pas de suite.