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 insomnia (arya)

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Message Sujet: insomnia (arya)   insomnia (arya) Empty Jeu 21 Mar - 12:31

Les remous amènent avec ses vagues traînantes les rires des enfants la foulant de leurs pieds innocents ou les sourires éclatants des femmes offrant leurs visages au soleil. Des mèches blondes lui passent devant les yeux et Joy s’échappe déjà, ses morceaux de rire s’éparpillant comme des cristaux dans ses oreilles, des bouts d’étoiles tombant devant ses yeux, un rayon de joie laissant ses empreintes dans le sable humide. Elle sent l’iode et ce musc qu’elle s’amusait à asperger au creux de son cou et ses poignets. Thelma sent presque ses doigts lui prendre la main, l’emmener jusqu’au rivage. Puis y’a cet éclat, ce bruit sourd qui fend brutalement l’air, cette bombe dégoupiller qui lui fait exploser le bide. Elle saigne, ça coule même sur ses doigts, ça imbibe ses cheveux et son visage. Les larmes pourpres lui coulent des jouent et Joy cesse de sourire avant de rejoindre le sable dans un bruit étouffé.

Le téléphone sonne et Thelma sursaute sous le jet de la douche, rouvrant brutalement les yeux, ses cheveux sombres collant à son visage blême, son souffle court rempli de sanglots qu’elle retient. Dans un pas précipité, elle prend le temps d’enrouler une serviette autour de son corps pour atteindre sa chambre, décrochant enfin. Elle n’est qu’à moitié soulagée d’entendre la voix de sa mère, l’écoutant d’une oreille distraite, encore hantée par cette vision de sa soeur, le ventre peint en rouge, les plaies béantes. Elle n’était même pas là. C’est ridicule. Prétextant un mal de tête, Thelma finit par raccrocher, abandonnant sa mère à ses élucubrations qui s’éternisent trop souvent. Rapidement habillée, elle dévale les escaliers d’un immeuble où les tags décorent les murs, vestiges du passage des teneurs de mur de l’immeuble. C’est au commissariat qu’elle atterrit, routine lancinante. Si parfois elle y va avec le sourire, prête à ignorer ses collègues méprisants, d’autres fois comme aujourd'hui, elle y arrive les pieds traînants, quatre heures de sommeil perturbés en pleine gueule, des mèches de sa queue de cheval mal faites lui tombant sur le visage, sa lèvre encore tuméfiée d’un mauvais coup de la veille, coupable récalcitrant qui l’a percuté sans pitié. Dans le centre des bureaux, les témoins ou les gardés à vue se bousculent, balbutient des mots dans une cacophonie d’enfer. La nuit est tombée depuis longtemps et elle sent déjà l’odeur des emmerdes arriver. On la fout devant un ivrogne, sûrement un sans abri, bonnet vissé sur son crâne sale, le nez rougie par le froid et l’alcool. Elle tente de ne pas grimacer, de comprendre ce qu’il lui dit, pianotant sur l’ordinateur qu’elle a en face d’elle. Y’a des fois où elle préfèrerait être sur le terrain que derrière ce bureau à taper de la paperasse pour des gens dont l’état se fout totalement. Elle-même est impuissante face à ces problèmes, ces gens qu’on surnomme parasites, sans noms, sans identités. Ce sont eux les fantômes de la ville, les errants d’un royaume faussement paradisiaque. On finit par le laisser s’en aller et c’est dans un soupir de lassitude que Thelma se relève, son ventre réclamant quelque chose de gras et une surdose de caféine sucrée. Ce n’est que quand elle passe devant la cellule de dégrisement que son regard attrape une silhouette. Ca la fait cesser lentement ses pas, figée sur la coupable mise derrière des barreaux qui s’ouvrent aussitôt qu’on a décuvé. Lèvres entrouvertes, elle se détourne, cherchant une explication dans le regard de quelqu’un mais chacun est occupé à sa propre tâche. Retournant son attention vers elle, elle la découvre pâle, ses cheveux d’un blond de soleil entourant un visage épuisé. Son visage se confond presque avec celui d’une Joy plus jeune. Thelma sent l’angoisse lui attraper le corps, l’enserrant dans une étreinte passionnelle dont elle n’arrive pas à se détacher. Si seulement elle n’avait pas rêvée d’elle cette nuit.. “Hé ?” Elle le murmure pas assez fort et dans la cohue qui ne cesse jamais, elle ne risque pas de l’entendre. Abandonnant, elle se détourne attrape bien vite la manche d’un coéquipier qui la regarde sans la voir. Sans se vexer elle embraye tout de suite “Pourquoi elle est là ?” A peine un coup d’œil jeté à la jeune femme qu’il répond “J’suis pas sûr. Elle traînait dans l’coin avec j’sais pas combien d’grammes dans l’sang. Elle nous a pas dit son nom alors on attend qu’elle s’réveille.” Il s’en va déjà et Thelma l’observe encore, animée par une intuition pesante. Et si elle s’réveillait pas ? Et si elle était dans l’amorce d’un coma éthylique ? Sans chercher à rationaliser ses pensées, elle remarque encore que personne ne fait attention à elle, en profite pour aller chercher un verre d’eau et rentrer dans la cellule. S’agenouillant devant l’inconnue peut-être endormie ou à moitié morte, elle tend une main qui tremble vers elle avant de la poser sur son épaule. “Hé ? Vous allez bien ?” Sûrement que non mais elle a besoin d’en être sûre. En quelques sortes, elle lui rappelle ces filles paumées qui boivent pour oublier leurs peines, ses habits lui faisant penser qu’elle n’a clairement rien à faire ici, oubliée du monde, prisonnière de son propre corps ankylosé à la liqueur de mort.
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Message Sujet: Re: insomnia (arya)   insomnia (arya) Empty Dim 24 Mar - 19:27

☾ ☾ ☾

and the more it heals the worse it hurts
(thelma & arya)

Sa tête posée contre le mur du commissariat, elle ne réalise même pas dans quel endroit elle se trouve réellement, Arya. Elle ne sait pas non plus depuis combien de temps elle est ici. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle se sent incroyablement mal. L’alcool y est pour beaucoup, c’est certain, elle a bu bien plus que de raison. Mais en réalité, le problème, il est bien plus profond. Bien plus intense. C’est parce qu’elle se sentait mal, qu’elle a bu ce soir. Une crise. Une crise violente de boulimie l’a frappé plus tôt dans la soirée. Une crise qu’elle n’a pas pu anticiper, qu’elle n’a pas vu venir. Une crise certainement dû à l’angoisse de ces derniers jours. Sa mère est arrivée à New-York. Sa mère qui l’a abandonné deux mois plus tôt. C’est ce sentiment d’abandon qui a déclenché tout ce mal-être. Il n’a fait que grandir les années passant, bousillant un peu plus toute la confiance en elle qu’elle avait, Arya. Et si elle se retrouve dans cette cellule de dégrisement ce soir, c’est uniquement à cause de cela. A cause de cette souffrance qu’elle tente de cacher derrière la carapace de jeune femme forte et assurée. Cette souffrance qui la ronge. Cette souffrance qui l’a rendu malade. Parce que oui, c’est bien ce qu’elle est, aujourd’hui, malade. La boulimie, c’est avant tout mental. C’est avant tout parce qu’elle ne se supporte plus. Elle est tombée dedans, petit à petit, mais c’est quelque chose qui est en elle, désormais. C’est comme une addiction. Comme un besoin de se faire mal. Et tout à l’heure, elle s’est fait vomir, encore et encore. Elle s’est fait vomir durant vingt bonnes minutes. A tel point que, lorsqu’elle s’est relevée, complètement épuisée, elle s’est sentie obligée de partir. Obligée de quitter le domicile de son oncle pour aller arpenter les bars. Pour trouver autre chose, n’importe quoi, mais quelque chose pour oublier à quel point elle a mal. Alors elle a bu, bien trop. Mais elle était déjà fragile, Arya, et son corps ne l’a pas supporté. Si bien qu’elle s’est retrouvée effondrée non loin du commissariat. Elle n’a que très peu de souvenirs de ce qui est arrivé. Que très peu de souvenirs des policiers qui l’ont amené. Elle est là, dans cet endroit qui ne lui ressemble pas. Dans cet endroit où elle n’a pas sa place. Du moins, où elle n’avait pas sa place avant. Elle est là, ailleurs. Jusqu’à ce qu’une main vienne se poser contre son épaule. Une main pleine de douceur, apportant une chaleur à son petit cœur.  La jolie blonde ouvre difficilement les yeux, déboussolée par toute cette soirée, et c’est alors qu’elle la voit, cette jolie brune juste accroupit devant elle. - Je..heu… Oui. Et pourtant non, non elle ne va pas bien du tout. Elle est même au plus mal. Mais c’est sa fierté, comme toujours. Cette foutue fierté qui parle pour elle. - Vous travaillez..ici ? Elle a vraiment beaucoup de mal à garder les yeux ouverts, son corps est frêle et elle a la sensation que son esprit est dans un autre monde. Elle ne ressent que ce mal-être, Arya. Ce mal-être qui revient à la charge, un peu plus fort qu’avant encore.

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Message Sujet: Re: insomnia (arya)   insomnia (arya) Empty Mar 2 Avr - 0:35

Ce sont des prunelles coulées dans le miel qui s'offrent à elle, des paupières lourdes qu'elle a l'air de peiner à ouvrir. Thelma, son verre d'eau entre les mains, a du mal à ne pas flancher face à l'évidente détresse de celle qu'ils retiennent prisonnière depuis elle ne sait combien d'heures. L'ascension vers la réalité semble être rude à surmonter pour elle. Thelma a l'impression d'y voir toute la détresse du monde, dégringolant sous la peau, criant sa peine de ses yeux éclatés, à ses cheveux blonds qui semblent avoir connus de meilleurs jours jusqu'au grain de son visage qu'elle devine pâle sous les néons blafards qui illuminent la pièce. Thelma reste muette, encaissant le mensonge "Je..heu… Oui." Il est fragile le fard dont elle tente de se maquiller, voulant sans conviction cacher le carnage apparent. Thelma regrette sa question qui sonne désormais de stupidité à ses oreilles. Pinçant les lèvres, elle lui tend le verre dans un geste qui appel à la paix, prête à encaisser un accès de rage ou de panique sans bien savoir ce qui peut se tramer dans l'esprit de cette fille sans nom coincée dans un corps rempli d'alcool. "L'eau ça aide à dégriser. Tenez." C'est l'esquisse d'un sourire fait de plumes qui vient sur ses lèvres. Elle en oublie ses cauchemars Thelma, ses convulsions nocturnes, sa soeur et son ventre tâché de sang. J'ai pas pu te sauver, j'ai pu sauver personne mais je peux bien essayer tant que je respirerais. Déposant son fardeau près d'elle en la voyant en plein combat avec ses muscles endormis, elle pose ses mains sur elle un touché délicat, l'aidant à se remettre assise. Elle devrait se tirer d'ici, retourner à son travail, pianoter comme une timbrée sur un ordinateur à l'écran épuisé, écoutant les babillages de plaintes ne valant pas grand chose. Mais elle est enracinée dans le sol Thelma, consciente qu'une âme en détresse. Si elle se détourne, elle n'aura qu'un goût amer sur le lit de sa langue comme seul présent de sa lâcheté. "Vous travaillez..ici ?" Thelma jette un coup d'œil à l'insigne qui décor le devant de sa veste, n'y croyant toujours pas elle-même. Il lui semble parfois que sa vie est une éternelle comédie dramatique, basée sur un scénario pourri aux dix saisons de trop. Ses opales glissent sur l'or de son badge la déclarant flic au monde entier, sans y croire. C'est après un silence qu'elle relève les yeux vers elle, l'ombre d'un sourire étirant ses lèvres "On dirait, oui." Mais jamais je n'avouerais que je suis bonne à rien, que je tremble devant les corps pourrissants qu'on me force à regarder, que je manque de dégueuler à chaque fois que l'adrénaline me prend aux tripes. Non, jamais j'avouerais que, parfois, j'sais pas ce que j'fous ici. D'un geste toujours plus doux, elle lui tend le verre d'eau encore frais sous ses doigts, s'armant de patience "Qu'est-ce qui t'es arrivé ? C'est pas banal de voir des filles … aussi jeunes croupir ici." Le tutoiement s'insinue sans qu'elle ne s'en aperçoive, dans un élan naturel. Et peut-être qu'elle détourne un peu la vérité. Elle en a vu d'autres des filles laissant crever leurs carcasses alcoolisées au fond de cette pièce, grognant contre le monde entier, l'alcool mauvais, pleurant des litres de larmes, implorant le pardon à des gens sans visages. D'autres encore qui ne disaient rien, qui se taisaient, les yeux braqués vers le vide, la tête trop lourde pour la relever fièrement. Des filles devenues presque des ombres de leurs propres corps. Mais elle, elle ne ressemble à personne d'autre. Thelma y voit une lueur que l'alcool a un peu écrasée mais la lumière persiste. Peut-être que c'est pour ça qu'elle reste là, collée au sol, cherchant ce qui a bien pu la mener jusqu'ici dans chacun de ses gestes, des mots muets qui ne résonnent au creux d'aucune oreille mais qui parlent aux yeux. "On est pas obligés de discuter maintenant, évidemment. J'peux attendre que t'aies les idées plus claires." J'ai tout mon temps, j'ai toujours mieux à faire que de crouler sous les dossiers qu'on classera sans suite, fautes de preuves, raclant de mes yeux des lignes et des lignes de tragédies qui vont finir par me laminer.
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Message Sujet: Re: insomnia (arya)   insomnia (arya) Empty Dim 7 Avr - 20:17

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(thelma & arya)

En se sentant si mal, elle regrette presque d’avoir bu autant, Arya. Elle regrette presque, et puis entre deux moments d’inconscience, elle se souvient de l’état dans lequel elle était avant de boire, ce soir. Un état bien pire. Être mal dans sa tête, c’est bien plus dangereux qu’être mal physiquement. Même si, en ce qui la concerne, la boulimie regroupe sans efforts ces deux souffrances. La boulimie, elle attaque peu à peu chaque partie de son cerveau, chaque partie de son âme. Elle souffre, elle souffre tellement que c’est le seul moyen qu’elle a trouvé pour y échapper, alors qu’en réalité, elle s’enfonce bien plus encore dans cette souffrance. Et elle ne parvient plus à s’en sortir. Elle ne parvient plus à voir autre chose. Elle ne parvient plus à s’empêcher de se faire vomir, ou bien même à penser à cette idée. Elle ne parvient plus à rien d’autre que de se blesser. Inconsciemment, c’est ce qu’elle a souhaité faire, ce soir. Elle a souhaité se blesser. Seulement, elle ne connaît pas ses limites, Arya. Ou elle cherche chaque fois à les repousser. Mais elle n’a pas suivi. Elle n’a pas suivi la cadence. Et il n’y a plus rien pour la retenir. Rien. Sauf elle. Cette jeune femme à peine plus âgée qu’elle, qui semble bien décidée à vouloir lui venir en aide. Peut-être que d’ordinaire, elle n’avouerait jamais qu’elle en a besoin, Arya, bien trop fière pour cela. Mais ce soir, c’est différent, et elle laisse cette jolie policière l’aider à se redresser. Assise, elle attrape doucement l’eau qu’elle lui tend. Ses mains tremblent un peu mais elle parvient tout de même à en boire quelques gorgées. - Merci. Un simple merci mais qui signifie pourtant beaucoup. Elle a pour habitude que les gens se détournent d’elle, Arya, surtout lorsqu’elle va mal. Et avec cette brune, c’est tout le contraire. C’est sa détresse qui semble l’attirer et la maintenir au près d’elle. Alors peut-être que cela ne durera pas, après tout cela ne dure jamais, mais pour l’heure, elle en a bien besoin. Elle ne réalise même pas que le tutoiement s’est installé, brisant ainsi toutes les barrières qui sont normalement censées être. Brisant ainsi la distance entre elles. Et l’inconnue n’a vraisemblablement aucune envie de s’en aller, aucune envie de la laisser, puisqu’elle en vient à lui demander ce qui lui est arrivé. Ce qui lui est arrivé ? Elle ne sait comment répondre à cette question, Arya. Tout. Rien. Les deux en même temps. Et elle en a assez de prétendre qu’elle ne se sent pas seule, alors qu’au fond, elle a l’impression d’être sur une île déserte. Alors pour la première fois depuis des mois, elle s’ouvre à quelqu’un, sans détour. Sa faiblesse apparente l’y aidant très certainement. - Je... J’ai un peu trop bu… Je crois. Je ne me sentais pas bien. Elle n’a pas besoin de le préciser, c’est visible. Mais c’est pourtant la réalité, elle a trop bu parce qu’elle ne se sentait pas bien. La raison de ce mal-être est bien trop compliquée à expliquer. Surtout dans son état. Mais lorsque sa nouvelle amie lui affirme qu’elles ne sont pas obligées de discuter, Arya l’imagine déjà partir et c’est simplement impossible pour elle. Sans comprendre ce qu’il lui arrive, elle saisit doucement la main de Thelma dans la sienne. Juste pour s’accrocher à quelque chose. A quelqu’un. - Je ne sais pas vraiment quand… Quand j’irai mieux. Parce qu’elle est partie bien trop loin. Parce qu’elle a mal partout. Parce qu’elle peine déjà à se maintenir assise. Et surtout, parce qu’elle n’a aucune envie de réaliser dans quel état elle se trouve ce soir. Surtout qu’elle va certainement devoir répondre à un bon nombre de questions. Sa mère. Son oncle, lui-même enquêteur de police. Des questions auxquelles elle n’a absolument pas envie de répondre. De toute façon, ils ne comprendraient pas.

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Message Sujet: Re: insomnia (arya)   insomnia (arya) Empty Mar 9 Avr - 0:04

La douceur de leurs gestes détonnent avec toute la rudesse qui les entoure. Des cris, aux insultes d'ivres morts dans les pièces adjacentes, aux rires gras et graves, aux piaillements incessants des doigts tapant frénétiquement sur les claviers d'ordinateurs en fin de vie, le froissement des papiers qu'on tourne et tourne encore. Elles ne sont entourées que de bruits agressifs alors que Thelma aspire à lui offrir un peu de calme. Elle accepte son verre sans brutalité, de sa main tremblante et elle est comme une mère sur le qui-vive, prenant garde à ce que son fardeau ne lui tombe pas des doigts, à ce qu'elle ne tourne pas de l'œil sans prévenir. "Merci." Thelma secoue la tête, son sourire toujours accroché à ses lèvres qui préfèrent rester fermées le temps d'un instant, d'une pause où toutes les deux prennent quelques inspirations pour calmer leurs corps engourdis. Le froid dans la pièce commence à faire bleuir ses ongles, à engourdir ses doigts qu'elle plonge dans les poches de sa veste sans pour autant se relever. Elle restera le temps qu'il faudra, priant de n'être vu de personne de là où elle se trouve. Sinon, les cris reprendront, les châtiments aussi et elle les redoute sans trop de crainte pour une fois, ses prunelles attachées à d'autres qui semblent toujours ternies par une brume bien tenace. "Je... J’ai un peu trop bu… Je crois. Je ne me sentais pas bien." Elle l'écoute sans la presser, parfaite dans l'oreille qu'elle porte aux voix remplies de douleurs, toujours si attentive à la détresse de l'autre, quitte à éponger trop fort les plaies, à les absorber si bien qu'elles deviennent siennes. Et attention Thelma, tu sais que tu peux te brûler, que la douleur met des jours à s'en aller, sans que tu ne puisses rien y faire pour la soulager. Mais elle s'oublie dans l'ombre, elle s'oublie sous le peu de mots qu'elle voudra bien prononcer, lui confier, à elle qui n'est rien de plus qu'une âme de passage. Son corps se tend brièvement quand elle saisit sa main, abaissant le regard sur ses doigts prisonniers volontaires des siens. Thelma reste muette relevant enfin le regard vers elle "Je ne sais pas vraiment quand… Quand j’irai mieux." L'aveu la fait sourciller, sentant derrière le tapis de ses mots plus de démons qu'il n'en a l'air. Qu'est-ce que tu caches ? Qu'est-ce que tu pensais noyer avec tout cet alcool ? Les questions restent des pensées volatiles qui finissent par n'être plus que des grains de sable oubliés. Encore quelques secondes avant qu'elle se relève pour s'asseoir près d'elle, lorgnant la pièce qu'elles peuvent apercevoir à travers les barreaux, s'assurant que l'attention du reste du monde se porte partout sauf sur elles. Il n'y a plus que leurs mains liées dans un univers sordide, le sourire fragile de Thelma, les mots cassés de celle dont elle ignore encore le nom. "Tu es … malade ?" Elle marche sur des œufs, doit sûrement en détruire quelques uns avec sa question sortie d'un seul coup et elle reprend dans des balbutiements paniqués "Enfin, ça m'regarde pas mais je … Enfin, j'espère que tu ne l'es pas. Je suis juste intriguée, je crois." L'aveu est prononcé dans un murmure un peu honteux, sa main étreignant toujours la sienne. Tu me fais oublier pendant un instant que moi aussi, là, dehors, je suis loin de la guérison. J'ai des fêlures béantes plein la tête qui dégoulinent sans cesse. A croire que y'aura que ma vendetta pour les faire devenir cicatrices. Thelma met de côté ses rêves sanglants, ses souvenirs de colères noires, tous les mots méprisants qu'elle encaisse pour ne se concentrer que sur le regard qui observe le sien, sur ce visage qui doit abriter un esprit aussi tourmenté qu'elle. "Moi c'est Thelma. Et toi ?" On donne pas son prénom quand on fait bien son boulot, quand on sait où est sa place. Mais elle l'a jamais fait correctement, elle transgresse déjà les règles en restant là, à grignoter le temps aux côtés d'une inconnue, leurs mains liées comme un affront au protocole. Mais tant pis. Je regretterais quand les cris reviendront me vriller les tympans, quand on me rencardera sur une affaire ennuyeuse, quand on me dira encore de tout lâcher parce que je suis condamnée à ne pas guérir.
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Message Sujet: Re: insomnia (arya)   insomnia (arya) Empty Dim 14 Avr - 22:37

☾ ☾ ☾

and the more it heals the worse it hurts
(thelma & arya)

La main de son ange gardien est la seule chose qui la retient sur terre, ce soir. La main de Thelma dans la sienne est la seule chose qui lui permet de rester en vie, ce soir. La seule chose qui l’empêche de sombrer. Alors elle s’y accroche, elle s’y accroche comme si elle pouvait s’effondrer à tout moment. En réalité, elle est déjà à moitié à terre, Arya. Elle est déjà à terre, et cette jolie brune tente de la relever. Elle n’y parviendra peut-être pas. Peut-être qu’elle ne se relèvera pas, ce soir, mais ce qui est certain en revanche c’est que sans elle, sans sa présence, la situation serait bien pire encore. Elle ne comprend pas pourquoi elle veille sur elle, pourquoi elle reste là, alors qu’elle a certainement un million d’autre chose à faire. Elle ne comprend pas pourquoi est-ce que Thelma perd son temps avec une paumée comme elle, alors qu’elle ferait mieux de la laisser crever là, dans cette cellule de dégrisement. Elle ne comprend pas, mais elle lui en est profondément reconnaissante. Elle ne veut pas être seule, elle ne peut pas être seule. D’ordinaire, il n’y a rien de plus important que sa fierté, mais ce soir, elle est beaucoup trop mal pour s’en préoccuper, Arya. Elle est beaucoup trop loin pour réaliser à quel point elle est pitoyable. A quel point elle doit faire peine à voir. Mais Thelma reste près d’elle, elle reste et elle tient sa main dans la sienne. Elle ne la laisse pas tomber. C’est bien la première fois que cela arrive depuis longtemps, depuis des mois, quelqu’un qui ne l’abandonne pas lorsqu’elle va mal. Pourtant, la question de la belle policière perturbe Arya au plus haut point. Malade. Est-ce qu’elle est malade ? Est-ce que la boulimie est une maladie ? Malade, un mot qu’elle n’a jamais voulu s’attribuer, même si elle prend de plus en plus conscience qu’elle ne parvient plus à contrôler son corps. A contrôler son cœur. A contrôler ce besoin de vomir. Ce besoin d’aller toujours plus loin, de dépasser ses limites, de se sentir mal en espérant qu’après elle se sentira mieux. Ce qui n’arrive jamais. Jamais. - Je ne sais pas… Je ne sais pas vraiment… Elle est malade, dans sa tête, oui. Elle souffre, et cette souffrance émotionnelle se répercute physiquement. Mais elle est incapable de l’expliquer, incapable de l’exprimer. Peut-être qu’au fond, c’est ce silence qu’elle s’impose qui a déclenché sa maladie. Peut-être aussi qu’à force d’être lâchée, à force d’être laissée tomber, elle commence à penser qu’elle ne mérite rien de mieux. Et puis cette jeune femme se présente finalement, la ramenant une nouvelle fois à une douceur contrastant la violence de l’endroit dans lequel elle se trouve. Sa présence est comme une caresse offerte après une multitude de coups. - Arya. Elle est heureuse. Heureuse de connaître son prénom. Parce qu’elle est sûre et certaine qu’elle ne pourra pas l’oublier. Elle est sûre est certaine que ce prénom, ce visage, cette voix, elle s’en souviendra pour un certain temps. - Quand est-ce que…je vais pouvoir partir d’ici ? Pour aller où ? Elle n’en a aucune idée. Mais elle ne veut pas rester ici. Parce qu’elle sent qu’une crise peut survenir à tout moment, et que dans cet endroit, elle est totalement hors de contrôle, Arya. Et elle voudrait tellement pouvoir s’en aller. Elle voudrait tellement que cette belle Thelma l’autorise à partir, maintenant. Et à la fois, elle n’est pas vraiment certaine d’avoir envie d’être loin d’elle.

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