engage me please (colm)

Depuis qu’il est sorti de prison, trouver du travail est devenu un parcours du combattant. Même s’il n’en parle pas quand il postule, il a parfois l’impression que prisonnier est inscrit sur son front, comme si cela se voyait. Certains employeurs regardent les casiers judiciaires comme ils disent, mais Denzel n’a jamais compris le pourquoi du comment. Ce n’est pas son casier qui va montrer s’il est un bon plongeur, serveur ou tout autre petit job qui peut le dépanner de temps en temps. Alors, il a bien compris Denzel que tout se passe par le bouche à oreille, à se faire des connaissances pour être recommandé. C’est comme cela qu’il fait quelques remplacements ici ou là et même s’il ne le dit pas forcément, le besoin de stabilité à ce niveau-là se fait ressentir. Toujours devoir se battre pour prolonger un contrat et en trouver un nouveau est juste épuisant. Il échange les petits boulots et remplacements, c’est bien joli quelque temps mais à force c’est pesant. Alors, quand on lui parle de tel ou untel qui recrute, c’en devient presque un soulagement. C’est du tout cuit qu’on lui offre. C’en est presque trop beau. Une connaissance d’une connaissance lui a parlé d’un poste, mais il en sait pas plus. Il n’aime pas ce genre d’informations floues, il aime avoir toutes les cartes en main, être le capitaine de son âme. Mais bon, au point où il en est, il ne va pas trop en demander. Il a rendez-vous cet après-midi, il ne sait même pas avec qui mais quelqu’un d’important d’après ce qu’on a pu lui dire, il ne sait même pas ce que ça va donner mais de toute manière il ne veut pas partir défaitiste, il n’y a rien de pire pour louper une occasion professionnelle. Denzel y va donc avec les mains dans les poches, dans l’inconnu. L’avantage de n’avoir rien à perdre c’est de ne pas avoir de pression à avoir. Il ne va pas donner l’image d’un homme qu’il n’est pas, alors c’est avec un air détaché qu’il se rend là où il doit aller. « Bonjour » dit-il en arrivant, faisant face à un homme qui doit surement être son interlocuteur. « Denzel Grayson ! » Se présente-t-il, sans trop savoir dire quoi faire, ne sachant pas qui se trouve face à lui, c’est assez compliqué. « On m’a dit que vous cherchiez quelqu’un ? De quoi s’agit-il ? » Il passe peut-être pour un bouffon qui ne s’est pas renseigné avant de venir mais au moins il aura des réponses à ses questions.

Tu as toujours besoin de personnel pour bosser au black pour toi. Besoin de personne qui ont les épaules pour gérer des affaires pas forcément très réglementaire, rien n’est facile dans une guerre, dans ces affrontements tous les coups sont acceptés, il est recommandé de tout donner, même. Toi, tu n’as qu’une obsession détruire ton père, le réduire à néant, récupérer l’entreprise et voir ce que tu feras d’elle. Seras-tu capable de tout arrêter, le lion sera-t-il capable de ne pas foncer dans une autodestruction ? Redeviendras-tu un agneau ? Rien n’est moins sûr. Tu ne sais pas trop ce que sera vos vies après la guerre, comment cette dernière aurait marqué vos âmes, vos êtres, comment vous allez vous en sortir. Ce qui est sûr c’est que personne n’a l’impression d’avoir grand-chose à perdre, clairement. Enfin, t’es dans les papiers, quand ta secrétaire pour encore peu de temps vient de faire rentrer un homme dans ton bureau. T’as le regard évasif, qui ne se pose presque pas sur cet homme. Tu ne bouges pas de ton siège finissant par le joncher des opales. Interrogation, auxquels tu finis par avoir des réponses : qui il est. La présentation faîte, tu sais exactement qui il est. Là pour être l’un de ces hommes de l’ombre qui bosse pour toi, pour vous.   «   Bonjour !  »  Tu pointes le siège de ta main se tenant devant toi, le laissant s’installer. «   Bien Monsieur Grayson, maintenant que vous êtes installé, on va pouvoir parler.  »  Tu te présentes pas, de une c’est noté sur ta porte et de deux il doit forcément te connaître, sinon qu’est-ce qu’il ferait ici.   «   Pourquoi quelqu’un vous aurez conseillé pour ce boulot, vous pensez ?  »  Tu le demandes, t’as besoin de savoir le degré de confiance que tu pourras lui donner. T’as ce besoin, même si finalement tu ne fais confiance à personne en réalité. Sauf ta femme, bien entendu, mais ça coule de source ça. Tu regardes ce qu’on t’as donné sur cet homme face à toi, quelques photos de lui bossant pour le clan mcgrath, ou encore avec une brune bossant dans les basfonds. «   C’est bien vous ?  »  Que tu demandes, il est clair que c’est lui, mais faut vraiment que tu le juges. «   Donc vous êtes prêt à n’importe quoi pour bosser ?  »  Forcément t’as déjà bien des idées dans ta tête de job, des jobs de merde qui serviront surtout à juger si tu peux lui faire un minimum confiance. À lui de te le dire et de le te prouver maintenant.