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 bullet / roméo

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Message Sujet: bullet / roméo   bullet / roméo Empty Ven 8 Mar - 15:46

Toujours un Henrik au sourire hypocrite, un air fier pour étirer ses traits et un costume luxueux pour étaler sa richesse. Toujours les mêmes conversations à vomir et le ton trop aimable pour que ce soit vrai. Une flûte de champagne à la main, Henrik écoute un collaborateur de son père s'extasier sur ce dernier, glissant une de ses nombreuses qualités entre chacune de ses gorgées. Un soupir agacé est à la frontière de ses lèvres. Il ne connaît que trop bien son paternel et si cela ne tenait qu'à lui, il enverrait balader les apparences et énumérerait chacun de ses défauts qui lui vient à l'esprit. Au lieu de cela, Henrik ne laisse paraître aucune irritation, acquiesçant à l'entièreté des louanges sortant de la bouche de son interlocuteur. Les mensonges véhiculés entre les bourgeois new-yorkais sont une source de revenus, une certitude de se remplir davantage les poches. Dans cette demeure aux allures de manoir, tout le monde le sait, Henrik y compris. Son verre terminé, il profite de ce fait pour s'éclipser, prétextant avoir soif et devoir à contre cœur quitter la conversation pour aller chercher une autre flûte. Se glissant entre les corps et échangeant quelques rapides salutations avec certains des invités, Henrik se retrouve finalement à l'extérieur, l'air frais venant agréablement caressé son visage brûlant. Il s'installe sur les marches de marbre noir, plaçant une cigarette entre ses lèvres et l'allumant avec aise. Une taffe lui suffit pour calmer ses nerfs et détendre ses muscles. Il attendait ça depuis le début de la soirée – ça et un bon verre de whisky en rentrant. Le silence de la nuit, seulement ponctué des voix agaçantes des invités à l'intérieur, sonne comme un soulagement à ses oreilles. C'est étrange la sensation de paix que ça lui fait ressentir, lui qui se retrouve taclé à terre par ses propres démons à chaque fois qu'il est seul. C'est étrange, mais Henrik est loin de s'en plaindre, appréciant ce petit temps de répit, la nicotine effaçant toute trace de nervosité dans son organisme. Plusieurs minutes s'écoulent et les cigarettes s’additionnent sous la pleine Lune. Henrik attend d'être rappelé par son père – qui l'a poussé à venir en répétant que ce serait le bon endroit pour se trouver des clients, de ne pas avoir d'autre choix que retourner dans la foule pour se lever. Et lorsqu'il entend la porte s'ouvrir à quelques mètres de lui, ainsi que le bruit des pas sur le marbre, il attend d'entendre la voix de son paternel résonner dans la nuit. Cependant, après plusieurs secondes, elle ne vient toujours pas, le faisant froncer les sourcils. Henrik tourne la tête, posant son regard sur des chaussures en cuir noir, remontant sur un costume tout aussi sombre et terminant par s'arrêter sur un visage familier – visage tout de même loin de porter les traits du paternel Hoenikker. – Saint-Clair, qu'il dit d'un accent à faire grincer les dents de la France entière. Ce patronyme est loin d'être dégueulasse et pourtant, gamin, Henrik ne pouvait s'empêcher de ricaner à son entente. Il se retourne finalement, ne s’embarrassant d'un de ses sourires typiquement hypocrites. Roméo ne l'a jamais fait sourire, si ce n'est moqueusement, et Henrik n'a jamais été assez sympathique pour arracher ne serait-ce qu'un minuscule rictus à ce dernier. Ses doigts s'emparent une nouvelle fois de son paquet, bien en sécurité dans une des poches de son pantalon de costume, et le tendent à Roméo. Son regard reste planté vers l'horizon qui, à plusieurs mètres, n'est rien d'autre qu'une obscurité sans limite. Une cigarette ? Comme un drapeau blanc agité en plein milieu d'un terrain dévasté par la guerre.
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Message Sujet: Re: bullet / roméo   bullet / roméo Empty Dim 7 Avr - 16:44

Tu l’observes longuement, la voiture garée de l’autre côté de la rue. Une voiture noire, des vitres teintées à l’arrière, un chauffeur à la place du conducteur. Forcement qu’elle est là pour toi, évidemment. Et tu le sais très bien puisque ton père t’a envoyé un message le matin même. « N’oublie pas le gala de charité ce soir, nous comptons sur toi. André », oui, parce que papa ne signe même plus papa, comme si on pouvait pirater vos téléphones et que le monde entier apprenne que tu es son fils. Comme s’il ne le savait pas déjà. Tu sais bien que tu n’es pas vraiment le portrait typique de ce que ton père aurait aimé comme fils, tu le sais bien. Et tu t’les pourtant mille fois jurées de ne plus jamais répondre à ses demandes, de ne plus jamais porté ce masque de petit garçon parfait qu’il aime tant. Et puis tu recommences. Encore et encore, et encore, inlassablement tu recommences toujours par accepter, lui dire oui, faire bonne figure. Toujours faire bonne figure. Tu t’es juré de ne pas aller à ce gala de charité, pourtant tu sais que tu y serais ce soir. Et tu reste planté-la, dans le hall du petit immeuble qui abrite ton loft, la clope au bec, te foutant de l’interdiction de fumer, le costume Armani parfaitement ajusté. Tu soupires, ajuste tes manches, la montre qui brille à ton poignet, balance le mégot sur le trottoir quand tu sors enfin, traverse la rue pour rejoindre la voiture.

C’est aussi chiant que dans tes souvenirs, des costumes et des robes de soirées, des parures de bijoux, des grosses voitures, des montres à plusieurs billets. Comme d’habitude. Ton père te prend par l’épaule, comme si vous étiez les meilleurs amis du monde, comme si vous cultiviez une vraie relation père-fils. Foutaise. Tu sers un paquet de main, une centaine peut-être, tu sais pas peut-être plus, envoient des faux sourires à qui veut bien les voir, à qui voudrait bien encore s’intéresser à toi. Il n’y a plus que ton père qui fait semblant de croire encore en toi, de croire encore que tu changeras, que tu lui succéderas quand le moment sera venue. Tu profites d’un instant d’inattention, d'une conversation trop animée entre ton père et l’un de ses collaborateurs pour t’éclipser, un mouvement d’épaule, un pas assuré et te voilà sortie de la foule. Tu t’éloignes encore un peu, rejoignant la terrasse baignée par la nuit noire. Tu t’avances un peu, observe la silhouette un peu plus loin, dans un costume aussi parfait que le tien. Silhouette qui se retourne enfin, prononce ton nom tout en l’écorchant, mais tu lui en veux pas, ce n'est pas si simple à prononcer pour des cerveaux si diminués. Oui parce que ce type-là, qui ne sait pas dire ton nom, tu le connais bien, trop bien surement. Tu connais ses moqueries et ses petits sourires narquois, son air satisfait quand les autres riaient de toi, quand il te poussait, et prenait plaisir à te martyriser. De vieux souvenirs, si lointains et enfouis depuis si longtemps, remontant à la surface en une fraction de seconde. Tu t’attends à ce qu’il sorte une saloperie, reprennent les hostilités, pourtant il n’en est rien, il avance vers toi une cigarette offerte en offrande. Un pardon. Tu hésites, un cours moment, l’attrape finalement. « Merci... », tu chuchotes, allume la clope dans un cliquètement de briquet. « Chouette costume », tu donnes un coup de tête vers lui, approche un peu de la balustrade. « Toi aussi on t’a déguisé pour faire bonne figure ? », peut-être pas, peut-être qu’il aime cette vie-là, peut-être qu’il est le fiston qui rend fier son père, celui que tu n’as jamais su devenir, que tu ne deviendras jamais.
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Message Sujet: Re: bullet / roméo   bullet / roméo Empty Ven 19 Avr - 14:03

Qui verrait Roméo Saint-Clair et Henrik Hoenikker ensemble, cigarettes entre les lèvres et regards perdus dans l’immensité de la nuit, se dirait que le silence entre eux est aussi paisible que leur amitié invisible. Il n'y a pourtant entre eux qu'une vieille tension, que de la rancœur et des regrets qui se mêlent dans l'obscurité. Lorsque Henrik propose une cigarette à Roméo, il ne s'attend pas à ce qu'il l'accepte et encore à entendre des remerciements sortir de sa bouche. Je t'ai fait vivre un Enfer. J'ai écorché ton cœur de gamin, laissé des traces indélébiles de mon passage dans ton esprit que je n'ai jamais hésité à malmener. Une cigarette n'est rien contre ce que je t'ai volé. La vie d'Henrik est pleine de remords étouffés, mais Roméo est peut-être celui qu'il regrette le plus d'avoir blessé. Dans le fond, il n'a jamais rien eu contre lui. Il s'est seulement acharné sur la proie la plus facile pour prétendre au titre de roi de la cour de récré. Mais l'enfant est devenu homme et il comprend aujourd'hui que ce qu'il lui a fait était cruel. Les gamins peuvent parfois être les êtres les plus impitoyables, ne se rendant pas compte des conséquences de leurs actions. Et Henrik n'était pas bien différent, lui qui était rongé par une rage bouillonnante avant même de pouvoir le comprendre et essayer de se battre contre elle. – Chouette costume. La voix de Roméo le ramène à lui, l'obligeant à retourner son attention sur lui avec des sourcils froncés. Il lui faut quelques secondes pour se rendre compte que ce dernier s'est adressé à lui. L'hongrois lâche un rire maussade qui vient briser la tranquillité de la nuit noire. – Merci, qu'il le remercie avec un haussement d'épaules. Son costume ressemble à tous les autres, foncé et formel à en étouffer. Henrik ne s'en plaint pas, trop habitué à en porter pour se sentir mal, mais il ne cachera pas préférer ceux dans lesquels il peut bouger convenablement. – Toi aussi on t’a déguisé pour faire bonne figure ? La question le surprend un instant, l'intérêt soudain que lui porte Roméo le laissant perplexe. Il accepte pourtant d'attraper la perche qu'il lui tend. Un rictus amusé s'étire furtivement sur ses lèvres, ne reste qu'une nanoseconde pour disparaître dans le néant. – Déguisé, j'dirais pas. Henrik s'est certes plié aux exigences de son père, mais est loin de l'avoir laissé choisir ce qu'il porterait. Mais j'te cacherais pas que j'aimerais être partout sauf ici. C'était une connerie de venir avec son père, de se forcer à écouter les autres bourgeois déblatérer des conneries sans broncher. Des contrats, Henrik peut en trouver partout où il le souhaite et ils le savent tous les deux. Et à t'entendre, c'est pareil pour toi. Après tout, ils ne sont peut-être si différents l'un de l'autre. Il tire une nouvelle fois sur sa cigarette en détournant le regard, ses opales essayant de dessiner les arbres qui sont cachés par l'obscurité, certains d'entre eux ne se révélant qu'à moitié avec les lumières de la demeure. C'est une surprise de te voir ici, en tout cas. J'pensais avoir fait le tour des invités, avec toutes les mains que j'ai serré, mais faut croire que je m'étais trompé. Henrik se rend compte en parlant qu'il n'a jamais échangé autant de mots avec Roméo. Et il se surprend lui-même à apprécier ce moment.

@Roméo Saint-Clair
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Message Sujet: Re: bullet / roméo   bullet / roméo Empty Sam 15 Juin - 12:25

Sera-tu toujours, toute ta vie, celui que ton père aime traîner partout ? un fier petit chien que l’on sort quand cela nous arrange, que l’on aime montrer aux bonnes occasions. certainement pas dans les moments où cela pourrait briser votre réputation, certainement pas en demandant l’avis à votre cher clébard. c’est tout ce que tu’es pour lui. un truc dérangeant qui l’emmerde plus qu’autre chose, qui fait naître en lui des remords, des regrets, et pourtant il fait avec. T’es là, tu seras toujours là, et il a appris à faire avec. P'pa dit que t’es injuste. quand tu lui dis qu’il t’aime pas, qu’il t’utilise seulement, se sert de toi pour montrer au monde entier qu’il est un bon père. P'pa dit que t’es injuste, et il a sans doute raison. c’est vrai que t’es injuste. P'pa doit t’aimer au fond. assez sans doute, pour te payer des costumes à plusieurs billets.

t’en a marre de faire la représentation entre les invités, t’éclipse sur la terrasse dès que tu le peux, la clope déjà allumer au coin de la bouche. c’est un Henrik que tu retrouve-la, agitant un drapeau blanc entre vous. T'a jamais pu le blairer Henrik. ou bien c’est toi qu’il ne pouvait pas blairer, t'en sait rien. peut-être les deux au fond. tu t’approches de la balustrade, Henrik n'est pas déguisé, Henrik a choisi sa tenue. pas comme toi. il n'est pas heureux d’être ici. comme toi. peut-être qu’au fond vous êtes les mêmes, Henrik et toi, plus semblable que tu ne le pensais. tu hausse les épaules à sa remarque, un regard sur le ciel qui s’étend devant toi, les quelques étages plus bas. tu pourrais enjamber la balustrade, un pied, puis deux. puis plus rien. t’élancer dans le vide et attendre la chute. Qu'est-ce que ça te fera ? est ce que tu seras mort avant de toucher le sol ? une sorte de crise cardiaque, ou un truc du style ? ou bien est-ce que tu cesseras de vivre à l’instant ou ton cerveau éclatera comme une pastèque sur le bitume. tu sors de tes pensées quand ces paroles résonnent en toi, dans ton crâne trop embrouillé, en manque de liqueur. “ouais on a dû se croiser”, tu te redresses, un soupire, te tourne vers lui après avoir pris une nouvelle bouffée de tabac. “ou alors tu m’as raté, faut dire que mon père prend beaucoup de place”, tu parles pas d’une place physique, pas d’un corps encombrant mais plutôt d’une personnalité, un charisme que tu ne peux nier. mais un charisme encombrant, qui te brois à chaque fois, t’enterre un peu plus à chaque soirée. “pourquoi t’es là si t’en a pas envie ?”, toi qui imaginais Henrik Hoenikker comme un gars capable de dire non, de faire que ce qui lui chante. un gars différent de toi, pas sous l’emprise d’un père trop encombrant, d’un nom trop envahissant.


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