nombreux sont ceux (nadja)

tu ne sais pas comment ta vie a pu partir dans tous les sens, ni quand. tu avais tout pour être heureuse, un homme que tu aimais passionnément, un travail que tu faisais tous les jours avec le sourire aux lèvres. et depuis quelques années, une petite fille que tu adores. enfant non désiré, mais enfant aimé tout de même. peut-être bien que c’est la routine qui a finit par s’installer, et qui a finalement eu raison de ton couple avec andrás. la grossesse, puis les nuits infinies, à s’occuper d’une troisième personne qui faisait de vous une famille, et non plus un couple. une vie dédiée désormais à l’éducation de cette fille aux boucles blondes, à l’apprentissage de la vie. apprendre à être de bons parents, partagée sa vie avec un enfant. ne plus faire votre vie comme vous le désiriez, toujours attentifs aux besoins de votre progéniture.

oui, peut être bien que c’est ça qui a fait que vous aviez fini par vous perdre, par ne plus qu’être de simples colocataires, avec andrás. tu l’avais pourtant tant aimé, il avait fait de toi celle que tu étais aujourd’hui. homme rencontré tôt, sans doute trop tôt. homme avec qui tu voulais faire ta vie, toute ta vie. andrás, avec qui tu pensais mourir, tout partager, jusqu’à la fin. il avait été là pour toi, accueillant la blonde des balkans avec amour et passion. tout ça avait été beau, pendant de longues années. mais tout avait finalement fini par se tasser. l’ennui remplaçant bien vite la passion. la peine de voir une histoire d’amour se tasser de cette façon, un amour s'effilochant petit à petit pour n’être plus qu’une trace infime. l’amour ne se construisant plus qu’autour d’un rapport conjugal par mois. parfois même pas. la tristesse qui avait fini par te pousser à aller voir ailleurs. mari trop absent, mari qui comblait son absence par les plus beaux des bijoux. et toi, vaniteuse, qui acceptait tout ça sans broncher.

mais voilà. les bijoux ne remplacent pas la chaleur humaine, les bijoux, aussi luxueux soient-ils, ne remplacent pas l’amour, les câlins, ou les moments de tendresse. alors oui, tu as terminé par fauter. par aller voir ailleurs. une soirée dans un bar, qui termine dans les bras d’un autre homme que ton mari. jamais tu n’avais goûté à l’infidélité, avant ça. jamais tu n’avais pensé à le tromper, andrás. mais ça avait fini par arriver, et surtout, par se répéter. encore et encore. et jon, il avait pris de plus en plus de place dans ta vie. et jon, il avait terminé par te retourner le cerveau. toi, trop aveuglée par le fait de plaire, de retrouver un semblant de vie amoureuse, toi qui voyait les années défiler et qui avait peur de vieillir seule. jon, il a terminé par te convaincre de commettre l’impardonnable. médicaments échangés, andrás que tu as vu s’effondrer sous tes yeux. andrás que tu as voulu tuer, à qui tu as voulu prendre la vie, pour récupérer la fortune qu’il avait accumulée. mais la dose était trop petite. la dose n’a pas tué andrás. aujourd’hui, tu regrettes. mais tu n’assumes absolument pas. mensonges sur mensonges. même si tu sais que tu courais à ta perte, car andrás, il savait. il savait que la femme de sa vie avait tenté de le tuer.