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Message Sujet: the other side. (eden)   the other side. (eden) Empty Ven 12 Avr - 17:40

2010 - Rickers Island, Otis Bantum Correctional Center.
418 ème jour.
c'est la même routine.
le réveil en fanfare. les corps qui se bousculent. la douche glacée au milieu d'hommes aux corps ingrats. la bouillie comme petit déjeuner de champion. une heure de course autour d'un terrain de basket, en t-shirt sous le vent hivernal, de quoi calmer les troupes. la séance avec le psychiatre, sous ordre de son père, des cachets qu'il n'avalera jamais. le groupe de parole, pour ceux qui ne savent pas gérer leurs émotions et frappent pour se sentir mieux. les rires et les blagues douteuses autour d'un déjeuner, tout aussi douteux. puis, le quartier libre, une heure parfois deux qu'ismaël passe allongé sur le lit dans sa cellule. les pieds dans le vide et les yeux fixant un plafond aux fissures historiques. ses doigts redessinent les traces de griffures sur le mur, il se demande chaque jour, qui se tenait là avant lui, était-il fou comme lui ? était-ce un meurtrier ? un violeur ? un simple arnaqueur ? combien de temps est-il resté enfermé ? est-il encore ici aujourd'hui ? tout les jours ils se posent les mêmes questions, et s'invente le visage de son co-détenu imaginaire. tout les jours, pour éviter de penser, à ce qu'il se passe en dehors de ces murs. il ne veut plus imaginer la vie. sartier, quelqu'un, pour toi. le brun sort de sa rêverie, seul son visage se redresse pour fixer le mâton. j'attends personne. ce n'est pas le jour des visites, le planning est fait des semaines à l'avance. j't'ai pas demandé ton avis, j't'ai dit qu'il y a quelqu'un, pour toi. alors tu bouges ton cul, j'ai pas qu'ça à foutre. il a pas le temps de se lever qu'on le force déjà à se mettre sur ses jambes, il grimace refuse qu'on le touche et avance dans le couloir suivi de prêt. c'qui ? qu'il ose demander, un regard en coin pour l'homme qui l'escorte, j'ai une tronche à être au courant. l'amabilité leur fait défaut, il ne cherche pas plus loin. on l'abandonne dans le parloir après lui avoir indiqué d'un coup de menton une des tables du milieux. il reste debout un moment, il regarde autour de lui, les détenus ont le sourire, y'a des pères de familles qui rient avec des gosses d'à peine trois ans, des maris qui tentent de s'rabibocher avec leur moitié. les visiteurs ont tous l'habitude de ce genre d'endroit, il pense ça ismaël parce qu'il est persuadé de les avoir tous déjà vue au moins une fois. mais elle, la gamine qui est censée attendre pour lui, il ne l'a jamais vu. pas une seule fois. c'est vêtu de sa plus belle tenue orange qu'il s'approche, de son pied il pousse la chaise métallique, juste assez pour pouvoir se glisser dessus. c'est de son regard imperturbable qu'il la sonde, d'ses cheveux blonds à ses lèvres bombées. il retient pas son sourire en coin, le corps comme réchauffé de voir une présence féminine autre que sa famille. il garde ses mains sous la table, les deux ancrées à ses genoux puis ils ouvre la bouche, un sourcil haussé. tu t'es trompé, non ? on se connait pas toi et moi. pourquoi t'es là ? ... fallait que tu donnes un nom au hasard, c'est tombé sur moi ? il se demande si elle n'est pas envoyé ici par son père, si elle n'est pas journaliste bien qu'elle lui parraisse trop jeune pour faire partie du métier. c'est la curiosité qui le gagne.
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Message Sujet: Re: the other side. (eden)   the other side. (eden) Empty Ven 19 Avr - 0:06


((flashback, deux-mille-dix))

eden, seize ans. une poitrine qui lui en fait paraître vingt-et-un mais un trou béant qui y réside. seize ans, et l'adolescence tuée, émiettée en mille morceaux d'affliction. seize ans, et la mentalité plus poussée que celle d'une quarantenaire, pire, plus creusée encore que celle d'un spectre. seize ans, les rêves à l'oubli, l'avenir incertain, les hantises cauchemardesques, les tentations au suicide et la passion destructive. seize ans, et le myocarde qui ne sert désastreusement plus que d'organe. seize ans, et la mort déjà en elle. quinze ans hier, seize aujourd'hui. si les filles de son âge préfèrent fêter leur anniversaire avec des cupcakes à la vanille glacés, des bougies à souffler et des cadeaux à déballer, eden attendait impatiemment le jour de sa naissance pour obtenir un droit de visite. quatre-cent-dix-huitième jour de taule pour le meurtrier, et elle aurait rêvé le rencontrer depuis le premier. lui, ismaël sartier. le déclaré coupable du meurtre de charles marshall, son charles. s'il s'était déjà permis de prendre la vie d'un innocent cette nuit-là, il avait en plus de ça condamné la jeune orpheline à perpétuité. au même moment où on lui avait retiré son premier amour, on l'avait incarcérée elle dans le chaos du drame pour toujours. "nom, prénom, âge, adresse ? déposez vos papiers d'identité sur le bureau." elle relève ses opales bleues dans celle du professionnel, confortablement assiégé dans son fauteuil. eden fait preuve d'un sérieux déstabilisant, d'une confiance absolue et d'une ambition sans faille. elle répond en confirmant son nom, son prénom, son âge et son adresse. comme si on ne lui avait jamais volé son identité. "bien. veuillez retirer vos vêtements et vous séparer de tout objet métallique ou susceptibles d'être dangereux. une fois le portique de sécurité passé, ma collègue procédera à une fouille." elle n'hoche qu'une seule fois de la tête, l'air entendu. après s'être exécutée et avoir obéit aux ordres, eden se retrouve avec sa carte de visite, qu'elle apprécie d'un sourire à peine dessiné dans le coin de ses lèvres, quasiment invisible mais particulièrement invincible.
seule la table du milieu est vide. c'est une belle invitation. la blonde s'en empare sans une once d'hésitation et part s'y installer, roulant définitivement bien des hanches, perchée sur ses escarpins sombres. elle porte un jean slim noir lui épouse parfaitement ses formes déjà présentes qui ont déjà arrondi son corps, un tee-shirt plus clair en coton, au décolleté plongeant et aux détails transparents. elle a songé ce matin en s'apprêtant, que le sexy chic accueillerait à ravir ses seize ans. les jambes croisées, elle sent son pied se cogner contre la chaise d'en face tous les trois temps. t'es là, charles ? t'es avec moi ? c'est pour toi, que je le fais. c'est pour toi, que je suis là. je vais te venger mon amour, je te le promets. la haine surpasse la peur sans effort. ses mouvements nerveux se calment. s'arrêtent. et puis, c'est le souffle qui se coupe quand il s'avance jusqu'à elle. yeux dans les yeux. leurs âmes en miroir. c'est quelque chose qui ne s'explique pas. eden, à cet instant, elle a l'impression qu'on lui déchire les ailes, puis de revenir sur terre. cette planète qui abrite les humains. les humains, dont elle fait partie. "tu t'es trompé, non ?" incapable de répondre d'un sourire aussi vite, eden se redresse, ramenant ses jambes d'avantage sous sa chaise, toujours croisées. "je donne l'impression de m'être trompée ?" elle rétorque tout en arquant un sourcil, l'air tellement assuré. ses lèvres se sont pincées tandis que son regard incarne la sensualité. c'est ce qu'elle a prévu, eden. jouer de ses charmes. parce que, bien trop tôt, elle a appris la faiblesse des hommes. et encore plus face aux femmes. "pourquoi t'es là ?" enfin, elle étire un sourire fermé, délié. crois-moi, tu ne veux vraiment pas la réponse à cette question. si seulement tu savais pourquoi j'étais là.. mais sois serein, je ne te laisserai jamais le découvrir. "fallait que tu donnes un nom au hasard, c'est tombé sur moi ?" elle humecte ses lèvres, penchant attentivement et discrètement la tête sur le côté. "c'est presque ça. j'ai demandé à rencontrer le pire prisonnier du mois, et c'est tombé sur toi." elle feint un sourire aux allures sacrément honnêtes et malicieuses à la fois. "tu devrais être content, t'aurais pu tomber sur une nonne ou une mère de famille." elle rit cette fois, dévoilant ses dents, ses rimes aériennes et son insouciance impénétrable. elle s'en fiche, que certains aient tourné la tête pour la juger. si on lui garantissait qu'elle plaise au prisonnier, elle pourrait devenir la risée du monde entier. la gamine se redresse, capturant le condamné des yeux, parce que pour l'instant, c'est la seule chose qu'elle peut lui embrasser. elle balance ses cheveux d'un côté, le regard enchanteur. "j'm'appelle eden. et si tu veux bien m'revoir, j'rendrai ta vie un peu moins ennuyante."
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Message Sujet: Re: the other side. (eden)   the other side. (eden) Empty Sam 20 Avr - 11:37

2010 - Rickers Island, Otis Bantum Correctional Center.
418 ème jour.
je donne l'impression de m'être trompée ? t'as l'air tout droit sortie d'un magasine, d'ces magasines pour mecs en manque, sauf que t'es un peu trop habillée. bien qu'il passe sa question sous silence, il n'en reste pas moins amusé ismaël, ne se defaisant pas de son sourire alors qu'il l’inonde une nouvelle fois de questions légitimes. c'est qu'il est pas habitué aux nouveautés le gamin sartier, que depuis un an et un mois les seules personnes ayant passé le sas n'étaient qu'une mère éplorée sous xanax, une soeur hystérique, et quelques amitiés de longues dates. c'est presque ça. j'ai demandé à rencontrer le pire prisonnier du mois, et c'est tombé sur toi. tu devrais être content, t'aurais pu tomber sur une nonne ou une mère de famille. c'est le rire de la blonde qui ravive la flamme au fond de ses yeux, c'est son rire qui l'oblige à dévoiler un peu plus ses dents et ses mains viennent dès lors se poser sur le froid de la table. il n'a de cesse de l'observer, avec une minutie qui dépasse l'entendement. essayant de s'approprier les contours de ses traits, s'attarde à peine sur les vêtements qu'elle porte, un peu trop sur le décolleté et la poitrine qu'il ne dissimule pas avant de remonter à ses iris. quel chance, en effet. qu'il affirme, s'enfonçant contre le dossier de sa chaise. j'm'appelle eden. et si tu veux bien m'revoir, j'rendrai ta vie un peu moins ennuyante. peut-être que tu sors d'une d'ces séries pour adolescents, là où les meufs dans ton genre ne s’intéresse qu'aux mauvais garçons. il apprécie l'aplomb dont elle fait preuve, il apprécie le parfum qui se dégage de ses cheveux à chaque fois qu'elle les invite à changer de position, il apprécie ce qui se forme au creux de son bide. il n'est rien d'autre qu'un affamé, enchainé de force. eden, qu'il répète une première fois, t'as le même goût que le paradis ? eden, une deuxième fois, comme s'il voulait se rappeler de son nom, comme s'il cherchait dans ses souvenirs. pourquoi ? il baisse le regard ismaël, quelques secondes, ses doigts sans ongles griffent la surface de la table, le bruit se fait désagréable, il relève le visage vers elle. pourquoi j'voudrais te revoir ? ... et qui a dit que ma vie était ennuyante. son sourire s'est fait la malle, c'est qu'il veut en apprendre plus. qu'il n'a jamais été du genre à dire oui à la première demande. il n'est rien de plus qu'un enfant capricieux cherchant à être stimulé de toutes les façons possibles et imaginables. le sourire en coin qu'il lui offre n'est qu'un appel supplémentaire, dis m'en plus. pourquoi moi ? pourquoi aujourd'hui ? à ton âge, on a pas d'plus belles choses à faire ? qu'il balance en haussant les épaules, la défiant d'ses yeux trop clairs. t'as quel âge au juste ? j'arrive pas à m'faire une idée, y'a ton visage de poupée qui dénote avec le reste. il sait que le temps est compté ismaël, qu'il devrait peut-être pas joué avec le sablier. mais à l'intérieur, y'a quelque chose qui lui certifie qu'elle partira pas de son plein gré.



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Message Sujet: Re: the other side. (eden)   the other side. (eden) Empty Jeu 25 Avr - 18:01


((flashback, deux-mille-dix))

c'est le coup de foudre. l'amour en moins. ça frappe si fort que ça en vient à enluminer l'hypogée de ses espoirs enténébrés. les éclairs fusent en elle, s'abattant grièvement sur chacun de ses organes - se permettant de les réveiller. un. par. un. dans un être où ne résidait plus qu'un climat lugubre, l'éclat d'un cyclone tend à instaurer un reconditionnement chaotique. c'est lui. l'ouragan. celui qui fait s'entrechoquer ses muscles tendus, celui qui fait pleuvoir des averses en trombe au ravage d'un regard, celui qui multiplie les rafales et fait gronder ses tempes, celui qui maçonne une tornade sentimentale. et au crépuscule de ses seize ans, elle n'est pas aussi imperméable que ce qu'elle ne le voudrait, eden. sors-moi de là, charles, ou j'vais crever noyée dans le déluge de ses opales. quand ismaël sartier s'assiège face à elle avec autant d'insouciance et d'indifférence, la gamine se sent balbutier de l'intérieur. les battements de son cœur se taisent le temps d'un instant, puis deviennent sourds mais bougonnent lourdement. son aplomb de la veille défaillit aujourd'hui. hier encore, elle relisait pour la cent-soixante-dix-huitième fois les deux-cent-trente-deux pages de son carnet. ses yeux parcouraient les photos imprimées de l’assassin, sa tête entourée d'un cercle de couleur vive sur certaines, ses yeux pigmentés de noir sur d'autres. elle décodait chaque inscription, chaque note, chaque citation qu'elle avait pu y écrire depuis le jour du procès. les plans, les théorèmes, les hypothèses, les discours proprement préparés, sans faille aucune. elle relisait, relisait, relisait. jusqu'à ne plus penser qu'au mal qu'il lui avait fait. et qu'à l'enfer qu'elle comptait lui faire subir. il était plus facile, du fond de son lit, de lui cracher au visage et de l'insulter de tous les noms. et aux alentours de minuit, encouragée par sa planche de ouija, les encouragements illusionnés de son premier amour et sa rancœur profonde, il n'y avait pas de place pour le désarroi. seulement, elle avait peut-être sous-estimé le charisme prédominent de sa cible. j'te le promets, charles. j'te laisserai jamais tomber. tu vis en moi, et on va se venger. ensemble. elle inspire un grand coup, discrètement, chassant ses pensées défectueuses. elle n'a qu'à penser au cadavre reposant à la morgue, à ses paupières closes et son teint lactescent. et le souvenir lui suffit à retrouver le cran pour s'imposer dans la vie du meurtrier. "quel chance, en effet." il lui sourit. il la regarde. à maintes reprises, elle le sent réceptif et ouvert à sa présence. elle a piqué sa curiosité, son attention. et à ce moment, eden se jure qu'elle ne le laissera plus jamais l'oublier. alors elle se présente, manquant d'ajouter qu'elle compte bien à la fois devenir son bourreau, mais aussi son plus grand fantasme. manquant d'ajouter qu'elle est sa promesse de fin de vie, et que c'est à travers son regard à elle qu'il fermera les siens pour toujours. "eden" elle hoche lentement de la tête, une seule fois, seulement dans l'ambition de confirmer son identité. "eden" il répète. un sourire en coin naît sur ses lèvres, ne t'en fais pas, mon prénom deviendra bien vite ton seul alphabet. "pourquoi ?" le regard du prisonnier s'abaisse, ses ongles contre la table provoquent un grincement oppressant. eden se redresse, les sourcils faiblement froncés, l’entièreté de son attention portée sur lui. "pourquoi j'voudrais te revoir ? ... et qui a dit que ma vie était ennuyante." comme rassurée, la blonde souffle un rire léger, rapidement attrapé par les conversations des autres visiteurs. elle passe la langue sur ses lèvres, les yeux enjoués. "je sais pas, j'imagine qu'il n'y a pas de quoi sauter au plafond quand on vit dans un 10m², sauf pour se pendre." elle s'accoude de son bras gauche sur la table, sa tempe reposant sur ses doigts. "après je sous-estime pas, hein. je peux comprendre que tu prennes ton pied au moment des douches glacées, que tu frétilles d'impatience à douter qu'on puisse te libérer une place pour une heure à la salle de sport, et je peux comprendre aussi que tu sois plein d'adrénaline au moment de la balade, juste avant de savoir si, oui ou non, tu vas devoir sucer le maton pour ta clope de la journée." elle pince ses lèvres, dissimulant un sourire amusé. "mais j'dois me tromper, ta vie est sûrement pleine de rebondissements ici." la gamine envoie valser ses cheveux de l'autre côté, alors qu'elle vient juste de se redresser, le regard toujours accroché à celui du taulard, le dos maintenant bien appuyé dans sa chaise. "à ton âge, on a pas d'plus belles choses à faire ?" elle sourit bruyamment, presque vexée qu'il remarque son jeune âge. "à la base, j'avais envoyé un casting au parc de disneyland, mais ils ont dû juger que je n'avais pas les allures d'une princesse." elle hausse les épaules, la moue faussement déçue qui lui habille ses lèvres maquillées d'un rouge-à-lèvre nude. "alors j'ai fini dans cette association." oublie mon âge, tu sais, c'est toi qui a tué mes rêves aux contes de fées. "bon. je suis pas du genre à faire de la charité, mais je pense qu'il y a des causes qui en valent la peine." son regard s'ouvre d'avantage, elle en sourit. "je sais pas encore si t'en fait partie, mais je suis prête à le vérifier. je te propose pas grand-chose, ismaël, seulement un peu de ma compagnie et d'quoi faire t'oublier quelques fois où tu t'trouves. mais ça, c'est toi qui vois, parce que je te garantis que j'vais pas foutre un genoux par terre pour te supplier d'me revoir. si ça ne t'intéresse pas, tu laisses ta place à quelqu'un d'autre, t'inquiète pas, tu feras un heureux."
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Message Sujet: Re: the other side. (eden)   the other side. (eden) Empty Sam 27 Avr - 11:20

2010 - Rickers Island, Otis Bantum Correctional Center.
418 ème jour.

ennuyante n'est pas le terme qu'il utiliserait. vide serait plus exacte. quatre cent dix-huit jours de néant, à l'intérieur de son être comme entre les murs de cette prison. quatre cent dix-huit jours qu'il enchaîne pourtant sans émettre la moindre plainte. je sais pas, j'imagine qu'il n'y a pas de quoi sauter au plafond quand on vit dans un 10m², sauf pour se pendre. ce n'est que pure vérité, alors quand elle s'accoude, il fait crisser la chaise sur le sol pour se rapprocher de la table, se rapprocher d'elle. ses doigts cessent leur tapotement incessant pour écouter son récit avec l'attention d'un gamin de huit ans privé d'histoire. après je sous-estime pas, hein. je peux comprendre que tu prennes ton pied au moment des douches glacées, que tu frétilles d'impatience à douter qu'on puisse te libérer une place pour une heure à la salle de sport, et je peux comprendre aussi que tu sois plein d'adrénaline au moment de la balade, juste avant de savoir si, oui ou non, tu vas devoir sucer le maton pour ta clope de la journée. mais j'dois me tromper, ta vie est sûrement pleine de rebondissements ici. il a les yeux qui brillent ismaël, d'une lueur nouvelle que personne ne lui connait -même pas lui. s'il se voyait, il dirait sans doute que c'est l'atrait de la nouveauté, si on regarde de plus près il est tout bonnement fasciné, ça chauffe dans sa poitrine. lui qui n'était familiarisé qu'aux plaintes incessantes de sa mère depuis des semaines, lui qui ne passait que la plus grande partie de ses visites à grimacer, ne peut plus empêcher ses lèvres de s'étirer. c'est neuf. sa voix est suave sans qu'il ne veuille, neuf mètres carré. puis, sucer un mec, tout le monde passe par là, au moins une fois dans sa vie non ? il demande, plaisante sur des faits qui pourraient être véridiques, t'as bien appris ta leçon eden, t'as regardé toutes les saisons de prison break avant d'venir ? à ton âge, on a pas d'plus belles choses à faire ? il remplace son questionnement intérieur par un autre, déjà impatient de sa réponse. les pieds de la chaise sont de nouveau maltraité, le voilà quasiment collé à cette fichue table, ses mains toujours à plat sur celle-ci, son regard refusant de quitter celui de la jeune femme. passionne moi, encore, s'il te plait. à la base, j'avais envoyé un casting au parc de disneyland, mais ils ont dû juger que je n'avais pas les allures d'une princesse. il rit le taulard, sincèrement, alors j'ai fini dans cette association. bon. je suis pas du genre à faire de la charité, mais je pense qu'il y a des causes qui en valent la peine. son sourcil s'arque, les associations à but non lucratif ne lui ont jamais évoqué le moindre interêt, il doutait même de leur existence jusqu'à maintenant. je sais pas encore si t'en fait partie, mais je suis prête à le vérifier. je te propose pas grand-chose, ismaël, seulement un peu de ma compagnie et d'quoi faire t'oublier quelques fois où tu t'trouves. mais ça, c'est toi qui vois, parce que je te garantis que j'vais pas foutre un genoux par terre pour te supplier d'me revoir. si ça ne t'intéresse pas, tu laisses ta place à quelqu'un d'autre, t'inquiète pas, tu feras un heureux. tout de suite il l'imagine, genoux à terre, suppliante, l'sourire en coin qui fend ses lèvres l'espace d'une seconde n'a rien de catholique. il n'a pas su lâcher les opales cristalline de la jeune femme, il s'y noie mais trouve toujours ses mots, j'préfère garder la place du mec heureux. qu'il prononce après de longues secondes de silence. on parle d'une, deux fois par semaine ? par mois ? il veut savoir, tout de suite, quand est-ce qu'il la reverra. tu penses vraiment, que t'as les moyens de m'faire oublier la cage dans laquelle je vis ? t'as des pouvoir magiques ? on va nous laisser sortir d'ici ? faire un tour dans le parc bras dessus, bras dessous ? il ricane, détourne ses iris un instant pour se focaliser sur une fenêtre grillagée. le goût de la vie lui manque, et le manque ne fait que s'accentuer avec cette foutue thérapie associative.
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