beating heart of stone --/ galar.

Journée paisible. Pas grand-chose à faire, à part se lever tard. Répondre à quelques courriels, retourner quelques appels. Errer en maîtresse des lieux, dans cet appartement qui n'est pourtant pas le sien. Trop l'habitude de s'y aventurer, depuis quelques années. De s'y perdre, de s'y prélasser. D'y sourire, d'y gémir. D'y crier — tempête ou plaisir. L'habitude que Gaspar soit là. Mais cette fois, il ne l'est pas. Il est parti pour un rendez-vous ou deux en la laissant seule, sachant qu'elle serait sûrement partie lorsqu'il reviendrait. Et que si elle restait, ce serait pour lui promettre la suite d'une soirée que le temps n'avait que trop vite abrégée, la veille au soir.

Calme. Posée. Un livre en main, les jambes repliées sur le canapé. Les yeux qui parcourent les mots avec une aisance accoutumée. Elle parvient à se concentrer, malgré l'attente pointue du retour de Gaspar. Malgré la petite amertume au fond de la gorge, à la simple pensée de la lettre posée sur le comptoir de la cuisine. Et lorsque la clé du Hoenikker tourne finalement dans la serrure, que la porte s'ouvre, elle relève à peine les yeux. Le laisse progresser, se délester de son manteau, de ses chaussures. Lui jetant finalement un regard rapide pour le sonder. Une seconde, une deuxième. Rabaissant les yeux vers son livre. « There's a letter for you on the counter. » Elle tourne la page calmement. « Your neighbor brought it earlier. » Puis, elle relève finalement les prunelles vers lui. Perçante. Bien loin d'être souriante. Essayant, pourtant, de balayer l'évidence de ce que la petite manigance lui faisait. « She looked disappointed not to see you. » Are you disappointed too ?

Finalement, elle referma le livre. Le reposa sur la table basse, une fois le marque-page glissé à l'intérieur. Se relevant pour se diriger vers la cuisine, et remplir à nouveau le verre d'eau qu'elle avait sorti un peu plus tôt. Attrapant au passage la lettre qu'elle avait mentionnée, avant de s'approcher de Gaspar pour la lui tendre. Prenant une gorgée d'eau, avant de se détourner et de repartir vers le canapé. « How was your day ? » Polie. Sincère. Après tout, qu'importe. Il faisait bien ce qu'il voulait. Lorgnait bien sur qui il voulait. Ce n'était pas comme s'il lui devait quoi que ce soit — n'est-ce pas ?

PAR MARS / @GASPAR HOENIKKER

dialogues :

@gala Kovač

La journée a été longue. Debout depuis trop longtemps, à devoir gérer le monde depuis trop longtemps. Le soupir qui passe ses lèvres alors qu’il fait claquer la porte derrière lui. Les souliers cirés sur le plancher, le costume dont il a hâte de se débarrasser. Il gérait toutes sortes de client, Gaspar, mais les hommes de finances étaient ceux qui l’exaspérait le plus. Avares, en ne voyant que le profit dans tout, incapables de faire des compromis. Un conflit d’intérêt dans une compagnie bancaire, ça n’annoncait jamais rien de bon, et sans surprise il s’était fait chier pendant une heure à essayer de négocier avec des gens qui avaient la tête dans le derrière. Mais il était doué, Gaspar, toujours doué pour ce genre de choses, et il avait réussi à percer. Quelques autres rencontres et ça serait réglé. Comme ça l’est toujours. Il salue le concierge d’un signe de tête, en appuyant sur le bouton de l’ascenseur. Lunettes de soleil rangées dans son col, et le téléphone qu’il fait tourner dans ses poches. Hâte de pouvoir rentrer, de retrouver Gala, et de passer une soirée tranquille. Pas de soucis à se faire, pas de tête à se casser. Un bon repas, de la bonne compagnie. Tout simplement.

Et elle est là, quand il passe finalement la porte. Elle ne fait aucun bruit mais il le sait. Prend le temps de se débarrasser de ses souliers, le veston à moitié enlevé quand elle entre dans son champ de vision. Livre en main, regard discret, calme. Il va pour la saluer, mais elle est plus rapide. « There’s a letter for you on the counter. Your neighbour brought it earlier. » Il ralentit soudainement son mouvement, pinçant légèrement des lèvres. Oh. Soutenant tout de même le regard de Gala, percevant le manque de sourire. « She looked disappointed not to see you. » Et finalement, une moue qui se tire sur ses lèvres. Détaché, tout de même, de cette histoire qui s’était conclue le matin même à ses yeux. « Did she ? » Et il croit percevoir un certain agacement, chez Gala, qui parvient à le surprendre. Après tout, il pensait bien que tout était clair, entre eux.

Elle lui glisse la lettre entre les mains, et il y jette un coup d’oeil. Relève les yeux vers elle, mais elle est déjà repartie. Comme un écran de fumée. « How was your day ? » Il hausse les épaules, se laissant à moitié retomber contre le comptoir de la cuisine. Agitant la lettre entre ses mains, embêté par la situation, ne sachant pas trop par quel bout la prendre. Gala, qui parvenait toujours à emmêler les pièces du puzzle pour lui. Il balance l’enveloppe dans un coin. Il s’en fout bien, de son contenu, après tout. « Fine. Yours ? » Il détache les boutons de sa chemise, retourne dans le salon pour la rejoindre. « You all right ? » Qu’il demande, cravate entre les mains, chemise ouverte, à moitié tourné vers la chambre pour pouvoir se changer. « Sorry you had to deal with that. It’s just a stupid thing. » Qu’il dit, les mots prudents, en haussant légèrement les épaules.

dialogues:

☽☾

Ça n'a pas l'air de le préoccuper, Gaspar. Et Gala ne comprend même pas pourquoi son coeur à elle en est irrité. Rien de nouveau, après tout. Gaspar avait l'habitude des amantes, tout comme elle n'avait jamais perdu la tendance à aller voir ailleurs. Une entente qui fonctionnait si bien, et depuis si longtemps. Pourquoi ça changerait maintenant ?

Elle ne sait pas. Ne comprend pas. Soupire, avant de plonger le nez dans son verre d'eau pour en prendre quelques longues gorgées. Le poser sur la table basse, en revenant s'asseoir sur le canapé. « Fine. Yours ? » « All right. » Elle n'a rien à ajouter. Ne fait guère que lever les yeux vers lui, lorsqu'il passe dans le salon en déboutonnant sa chemise. Le détaillant, un instant — sans aucun regard insistant. « You all right ? » « Yes. » Elle ne comprend pas la question, et elle sent qu'il n'a pas terminé. Laisse glisser, le temps qu'il se tourne lentement vers la chambre pour continuer de se déshabiller. Cravate entre les mains, chemise désormais complètement ouverte. Rien qu'elle n'ait pas déjà vu — et rien pour lui rendre l'esprit plus léger, à cet instant donné. Un coude qu'elle visse sur l'accoudoir du canapé. Ses jambes ramenées sur le côté, ses yeux ne lâchant pas Gaspar qui s'éloigne, à quelques pas de là. « Sorry you had to deal with that. It’s just a stupid thing. » Il est prudent. Hausse les épaules pour appuyer l'idée. Et Gala n'est pas stupide. Gala voit bien qu'il marche sur des oeufs — et sait, alors, que sa réaction était peut-être trop sèche. Trop injustifiée. On n'a jamais été comme ça. Pourquoi ça commencerait ? « It's ok. » You're free to flirt with whoever you want to. « It's a fine move. » Pas besoin d'être rassurée. L'indépendance et la fierté pour l'animer, alors qu'elle reprend en main son livre. Lecture plus difficile à poursuivre — mais elle ne veut pas laisser la présence de Gaspar la perturber. « And she's cute. » Fin de la conversation. Le trait habilement posé, alors qu'elle rouvrait son ouvrage à la page. Elle aurait pu voir la chambre, d'où elle était. Aurait pu l'observer se changer. Pour le plaisir des yeux, au moins. Mais elle n'en avait pas envie. Pas maintenant. Pas alors que les seuls regards qu'elle arrivait à lui servir étaient perçants. It's nothing. She's nothing.

So why does it suddenly matter ?

PAR MARS / @GASPAR HOENIKKER

dialogues :

@gala Kovač

Quelque chose n’était pas comme d’habitude. Il ne savait pas quoi exactement, Gaspar, mais il le sentait tout de même. Quelque chose dans sa manière d’avoir abordé la question, à Gala, même dans sa manière de se tenir là. Assise sur le canapé, la chevelure en cascades autour de son visage. Belle, comme à son habitude. Mais y’a quelque chose dans son regard qui montre que tout n’est peut-être pas fine comme elle l’a dit, sans pour autant être dramatique. Gala n’était pas du genre à faire des scènes, ou même à jouer à ce genre de jeu. C’était pour ça qu’ils s’entendaient aussi bien, et que leur histoire fonctionnait depuis aussi longtemps - pas de faux semblants. Juste de l’honnêteté, là où il devait en avoir. Mais cette fois, Gaspar ressent le besoin d’être prudent. De rester sur ses gardes, et de ne pas aborder tout ça avec la même nonchalance que d’habitude. Pourtant, qu’est-ce qui a changé ?

« It’s ok. » Elle insiste, pourtant. Gaspar tire une légère moue, les lèvres qui veulent tirer vers un sourire. Mais les prochains mots lui dérobent l’envie. « It’s a fine move. » La langue qui a envie de claquer, contre le palais. À ne pas comprendre ce qui se trame dans la tête de celle qu’il connaît si bien - et à qui il veut tant plaire, à quelque part. « And she’s cute. » Pourtant, elle ne semble pas vouloir s’attarder. Son livre repris entre ses mains, alors que Gaspar abandonne l’idée d’aller se changer, pour l’instant. Un soupir qui passe ses lèvres, sans pourtant être exaspéré. Juste un peu confus, de ce qui soudainement a changé. Du vent qui a tourné, à cause d’un stratagème stupide pour les beaux yeux de la voisine. Alors il s’approche, se laisse retomber dans le canapé aux côtés de Gala. Son odeur pas loin. Il tourne la tête vers elle, bras étalés de chaque côté de lui. Le regard paisible, et le sourire doux. « Cute, sure. » Qu’il laisse tomber. La petite complicité qui fait courber ses lèvres, avec l’éclat de malice dans le regard. « Bit dumb, though. I’m sure you noticed. » Il la connaît, Gala, après tout. Sait qu’elle n’a pas besoin d’être rassurée. Mais dans ses mots, y’a le non-dit, qu’il espère qu’elle entend. She’s cute. But she’s not you. « C’mon, babe. » Qu’il lui souffle, glissant le bout de ses doigts dans sa tignasse brune. Son odeur qui le berce, après la journée trop longue. « What’s going on in that head of yours ? » Tell me. You know you can.

dialogues:

☽☾

Il était supposé s'en aller. Partir se changer, et lui foutre la paix. La laisser retourner à son livre, et à ce calme qu'elle était supposée garder en tout temps, à ses côtés. Trois ans pour s'exercer. Trois ans pour laisser toutes les interventions extérieures couler, et prétendre que rien ne l'atteignait jamais. Et c'était peut-être le cas, jusqu'à un certain point. Gaspar menait sa vie. Elle la sienne. Elle aimait la manière dont ils savaient se retrouver à mi-chemin, sans jamais se poser de questions sur ce qu'il y avait à chaque bout. Accepter, sans rechigner. C'était comme ça que ça s'était toujours passé. Comme ça qu'ils s'entendaient.

Et le soupir bien que léger de Gaspar l'irrite plus qu'elle ne l'aurait voulu. Elle tente de replonger dans son livre, attendant avec impatience le moment où il disparaîtrait pour se changer. Le moment où la pression pourrait retomber. T'as pas lieu de te comporter comme ça. Pas lieu de te poser ces questions-là. Ce qu'il fait de son temps libre, ça ne te regarde pas. Pas plus que ce qu'il fait de son –

« Cute, sure. » Et elle le voit sourire, du coin de l'oeil. Refuse de lâcher son livre du regard. Tu m'auras pas, Hoenikker. Pas comme ça. Étalé là, ses bras, étendus sur le dossier du canapé. L'un passant derrière elle, trop près d'elle. Chemise ouverte, cravate défaite. À quoi tu penses que tu joues, hein ? « Bit dumb, though. I’m sure you noticed. » Et cette fois, elle soupire. Relève le regard de son livre, sans pour autant le refermer. Les yeux roulant dans leurs orbites, sous la petite tentative de gagner sa sympathie. You fuckin' know me, don't you ? Mais ça l'exaspère. De sentir qu'il se glisse sous sa peau aussi facilement. Capable de lui dire ce qu'elle a pensé. Ce qu'elle ressent. Capable d'avoir raison.

« C’mon, babe. » Et il ne s'arrête pas, le serpent. Glisse ses doigts dans ses cheveux, en profitant de la proximité de leurs corps. Caresse douce, qui la fait à nouveau soupirer, mais dont elle n'a pas le coeur de se retirer. Après la journée passée seule, la présence du Hoenikker était plus la bienvenue qu'elle ne l'aurait espérée. Et elle se détestait, d'en avoir ainsi besoin. Se détestait, de se sentir aussi bien à ses côtés. Aussi comprise. Aussi entourée. Se haïssait, d'ainsi ressentir une jalousie qui n'avait pourtant pas lieu d'exister. « What’s going on in that head of yours ? »

Lentement, elle tourne le nez vers lui. Lèvres pincées, les prunelles d'acier pour s'enfoncer dans celles de celui qui, elle le sait, ne s'en retrouvera nullement ébranlé. « What do you want me to say ? » Répondre à une question par une autre — trop classique. Elle sait qu'il ne se laissera pas avoir, s'en moque. On n'est plus dans une de tes négociations. « She's kinda dumb, yeah. » Sa voix n'est pas froide, pourtant. Elle referme son livre sur ses genoux. Le garde entre ses mains. Ne tirant nullement sa tête d'entre ses doigts. Et ne l'observant qu'à peine, malgré le torse qu'il laisse volontairement entrevoir et son maigre espoir que, peut-être, elle s'en trouvera adoucie. « But you can hit on whoever you want, honey. » Un léger sourire, aussi doux et innocent que celui qu'il lui avait donné auparavant. « Really. » Elle sait que ça sonne faux, mais la fierté est trop grande pour l'avouer. T'es jalouse, et tu détestes l'idée qu'elle soit passée dans ce lit où tu trouvais un sommeil trop lourd et trop reposant, depuis quelque temps. « Why would I mind ? » Lueur étrange, au fond de l'oeil. Sourire retombé. L'odeur de sa présence pour la perturber. La chaleur pour la rassurer, autant que la retourner. Tell me, Gaspar ? Why would I ?

You know me, Gaspar. So tell me.

Why do I ?

PAR MARS / @GASPAR HOENIKKER

dialogues :

@gala Kovač

Il la connaît, Gala. Il la connaît un peu trop bien, après trois ans à se côtoyer. Pas vraiment un couple officiel, mais pas des amis non plus. Un rythme de vie qu’il aimait, qui se collait bien à ses habitudes. Gala ne lui demandait pas d’être autre chose que ce qu’il était, et c’était pareil de son côté. Pas besoin de se casser la tête à faire semblant, ou à prétendre que leur relation était autre chose que ce que c’était. Juste du simple. C’était ça qui plaisait à Gaspar, de pouvoir rentrer le soir et qu’elle soit là, ou qu’elle n’y soit pas, de profiter de sa présence, de sourire et de rigoler de la journée, sans avoir à se préoccuper du lendemain. Mais ce soir c’était différent, quelque chose la chiffonnait et il savait bien comment l’agaçer un peu. Fin manipulateur - mais ses techniques ne fonctionnaient pas sur Gala. À son plus grand plaisir, au Hoenikker - ça serait bien trop facile, sinon.

Elle lève les yeux au ciel, mais elle ne bouge pas. Aussi comfortable que lui, installée là sur le canapé, où il se rappelait l’avoir fait soupirer de trop nombreuses fois. L’éclat dans son regard à repenser à tout ça, alors que les bouts de ses doigts s’attardent dans la tignasse épaisse, évitant les petits noeuds avec agilité, et la peau de la nuque qu’il effleure au passage. Magnétique, Gala, à lui faire oublier le reste. Mais cette fois, il fallait discuter, fallait rester concentré. Mais il est d’humeur un peu joueuse, ce soir, la malice dans la langue et sur le bout des lèvres. Allez, qu’il lui souffle à l’oreille. Elle est personne. Et toi, t’es tout.

Son regard se tourne vers lui et il est là pour l’accueillir, le petit sourire pas trop éclairé non plus, juste là pour qu’il montrer qu’il avait des bonnes intentions. « What do you want me to say ? » Sauf qu’elle frappe, Gala, elle frappe et elle claque et c’est solide, c’est dur, c’est contrôlé. « She’s kinda dumb, yeah. » Elle referme son livre et Gaspar essaie de cacher sa satisfaction, toute son attention tourné vers lui à présent et il ne peut pas cacher qu’il aime ça. « But you can hit on whoever you want, honey. Really. » Son oeil tique, y’a quelque chose dans le coin de sa voix qui indique que c’est peut-être pas aussi facile, et que laisser filer tout ça pourrait être une erreur qu’il va regretter. Mais c’est pas censé être comme ça entre nous. N’est-ce pas ? « Why would I mind ? » Et il en profite, pour se tourner vers elle un peu plus. Approfondir la caresse sur sa nuque, pour glisser ses doigts sur sa peau. Douce, tiède. Réconfortante.

« Fine. » Qu’il déclare finalement, le regard posé sur elle. Franc, enveloppant. Direct. Ne la quitte pas des yeux, pas une seconde. « You win. I won’t insist. » Et il se penche vers elle, son nez qui vient glisser contre son épaule. Puis, sur sa mâchoire. Sa joue. Son oreille. Le souffle chaud contre la peau, et le corps animé par le désir de l’avoir plus près. « But maybe… Just maybe… » Baiser déposé là, dans le creux du cou. Juste histoire de dire. « You’re a little jealous. » Le visage reculé, juste un peu, pour pouvoir plonger son regard dans le sien. Toujours le sourire aux lèvres. « It’s fine. I get jealous too. Happens. Nothing wrong about that. » Épaules haussées, alors que sa main vient cueillir son visage. Cheveux fous repoussés. « Sometimes I just want you all to myself. » Son regard qui la happe. L’attrape. Lui souffle, look at me. Il veut qu’elle ne regarde que lui. Que lui. « But it doesn’t change anything. Right ? » Toujours calme, Gaspar. Jamais ébranlé, pas en surface du moins.

dialogues:

☽☾

« Fine. You win. I won’t insist. » Mais il a ce regard qui persiste. Droit, perçant. Rentrant dans celui de Gala sans la moindre pincette — et elle ne le lâche pas. Refusant de se laisser dominer par cette paire d'yeux qu'elle avait pour habitude de combattre sans rechigner. Pas la moindre chance pour que Gaspar l'emporte. Pas aujourd'hui, pas demain — ni jamais. Surtout pas alors qu'elle se retrouvait soudainement avec quelque chose à lui prouver, sans rien avoir demandé à ce sujet.

Mais finalement, il se détourne le premier. Pour s'approcher. Glisser son nez sur son épaule, remonter le long de son visage. Et elle a beau tenter de décaler la tête pour lui échapper, il est trop près. Et la conviction, elle, trop peu affirmée. « But maybe… Just maybe… » Baiser déposé dans son cou. Elle frissonne, ses épaules se relâchent — ses paupières se ferment, pour une fraction de seconde. « Stop that. » Mais il ne l'écoute pas. Enchaîne presque trop vite, presque trop malicieusement. « You’re a little jealous. »

Jealous. L'idée qu'elle exècre. L'idée qui lui fait serrer les dents, et sortir son cou de sous les lèvres du Hoenikker. Il retire sa tête, lui aussi. Recule de quelques centimètres pour revenir prendre le regard de la vipère, alors qu'elle se tourne vers lui sans lui sourire le moindrement du monde. « I said stop. » Mais il ne sait pas s'arrêter. Ne sait que se défendre. La taquiner. Se reposer sur leurs trois années communes, pour s'en permettre plus que n'importe qui d'autre ne le faisait. Foutu Hoenikker. « It’s fine. I get jealous too. Happens. Nothing wrong about that. » Et ça l'enrage, Gala. Autant que ça la fait valser de l'intérieur, quand il envoie sa main lui cueillir le visage. Repousser des cheveux dont elle n'a pas vraiment pris la peine de s'occuper, depuis le début de la journée. « Sometimes I just want you all to myself. » Et cette fois, elle soupire. Lève les yeux au ciel, le laissant poursuivre son numéro. Elle sent ses yeux sur elle. Sent le besoin qu'il a de croiser les regards. De lui rappeler, d'un simple coup d'oeil, la position de sécurité dans laquelle elle se trouve. Et elle finit par obtempérer. Lui rendre ses yeux d'un noir plus franc encore qu'à l'accoutumée. I don't want to play. « But it doesn’t change anything. Right ? »

Right ?

Elle le fixe. Lèvres pincées, l'envie de soupirer plus prégnante que jamais. Lui faire ravaler son petit sourire. Ravaler l'envie de jouer. Et pourtant, elle sait que chaque minute de fierté qu'elle conserve alimente l'hypothèse de la jalousie. Ça ne lui plait pas. Elle n'en veut pas. Entre eux, c'est pas comme ça.

« Right. » Cette fois, elle n'essaie pas de fuir. Les yeux toujours plantés dans les siens, sa voix plus basse et son corps jouant de la proximité qu'il a instaurée. Dans son immobilité et sa froideur, elle le toise. « Would be boring, if it did. » Et elle lève la main, lentement. Au lieu d'une caresse, elle attrape pourtant son menton. Ses doigts qui rentrent dans les joues de Gaspar, son visage qui s'approche du sien sans lui permettre de l'atteindre. « But what if I'm bored already ? » Et c'est murmuré avec presque trop de glace au fond de la voix. Sec. Pesé. What if ? « D'you have any idea how to deal with that, honey ? » L'agressivité à peine dissimulée. Et pourtant, au travers des mots, le jeu transparaît. Léger. Incertain. Teinté d'une once de vérité qu'elle n'aurait su expliquer. Son visage s'approchant encore du sien, mais empêchant celui de Gaspar de briser la distance les séparant. Les ongles qu'elle ne laissait jamais trop pousser, mais qui rentreraient tout de même suffisamment dans ses joues s'ils s'obstinaient. Tell me, Gaspar.

What are you gonna do about it ?

PAR MARS / @GASPAR HOENIKKER

dialogues :

@gala Kovač

Stop that. La langue qui claque, et le regard de Gala qui refroidit au fil des secondes. I said stop. Alors il arrête. La patience de Gaspar qui s’effrite, doucement, sûrement. Il aime jouer, il aime pas se prendre des regards comme ça. Pas alors qu’il a les bonnes intentions, pour une fois, pas alors qu’il essaie juste de lui faire comprendre que c’est rien. Pourquoi il doit s’expliquer, déjà, ça lui échappe. Des années que ça dure, leur entente, et ça a jamais du être compliqué. Et autant qu’il aime les défis, Gaspar, il veut pas de compliqué dans sa vie personnelle. Ça l’est déjà assez le reste du temps. Pas avec toi, Gala.Mais faut croire que le vent a tourné et ça commence à l’agaçer. La journée dans les muscles et juste l’envie de se détendre. Pas devoir reprendre les armes une fois le seuil de l’appart passé.

Mais ça s’accumule. Les soupirs. Les regards levés au ciel. Les yeux noirs. Et la patience de Gaspar se fracasse. Son envie de jouer aussi. Le regard qui durcit, lui aussi, alors qu’elle s’acharne à lui rendre la vie compliquée. Tu veux quoi, au juste, Gala ? Pas d’humeur pour les énigmes ce soir.

« Right. Would be boring, if it did. » Il lui rend son regard, franc, inébranlable. Mais l’éclat a disparu. Avalé par le noir de ses yeux, étincelle éteinte du bout du talon. Pas envie de jouer ? Très bien. Moi non plus. Elle lui attrape le menton, lui serre les joues. Les ongles qui piquent la peau. Gaspar ne tressaille pas. Reste là. Sait apprécier ce genre de petit jeu, quand l’atmosphère est autre. Cette fois, il fait trop froid pour que ce soit joueur. C’est juste une question de contrôle, et un contrôle qu’il a jamais eu envie de négocier. « But what if I’m bored already ? D’you have any idea how to deal with that, honey ? » Ça l’agace. Ça l’énerve. De se ramener chez lui après le boulot, et de devoir gérer les soudaines crises de jalousie. Il lui attrape le poignet, serre ses doigts autour. Plus fort qu’elle. Retire sa main, d’un geste. Sans lui faire mal, mais en lui faisant comprendre qu’elle était mieux de ne pas se battre. « Bored ? » L’amertume. Bored. Relâche son poignet, et s’éloigne. Se redresse. « I’m not in the mood to play mind games. I play those all day. » Hausse les épaules, et la regarde. De toute sa hauteur, cravate toujours froissée dans son poing. Pas vraiment en colère. Juste de la lassitude dans les traits, et une certaine déception. On aurait pu s’amuser, pourtant. « And I’m in no hurry to get my balls cut off. » L’indice d’un sourire, tout de même. Peut-être un peu amer, tout de même. Le soupir au bord des lèvres. Ça devient toujours compliqué avec les femmes, il semblerait. Que ça prenne deux semaines, ou trois ans. « I need to change. » Les pas qui traînent jusqu’à la chambre. Chemise enlevée, ceinture retirée. Les jeans et le t-shirt qui remplacent les vêtements, et l’envie de foutre le camp. D’aller prendre une bière, de se vider la tête. Pourquoi y’a fallu que ça devienne compliqué tout d’un coup, Gala ?

C’était bien, c’qu’on avait, pourtant.
Qu’est-ce qui a changé ?

dialogues:

☽☾

Cette fois, c'en est trop. Pour Gaspar, pour Gala. C'en est trop, et elle a achevé le peu de patience que lui avait laissé la journée. Il lui attrape le poignet, et il serre. Fort. L'inconfort est là, mais pas la douleur. Il dégage la main, et elle le laisse faire. Incapable de résister. Pas la force nécessaire à l'en empêcher. Elle ne peut que serrer les dents. Regarder le vent tourner. Le jeu cesser. Et récolter ce qu'elle a semé. « Bored ? » Il relâche finalement son poignet, se redresse. « I’m not in the mood to play mind games. I play those all day. » Et Gala reste là. Livre fermée sur les genoux, l'inconfort dans son poignet se dissipant peu à peu. Elle y porte son autre main. Dents serrées, les yeux ayant désormais quitté la silhouette usée de Gaspar. Il est déçu. Ne veut pas de ça. Pas d'elle comme ça. Pas là. « And I’m in no hurry to get my balls cut off. » Et ça l'agresse, Gala. Ça l'agresse de se sentir ainsi reléguée au statut de la petite amie jalouse. De la petite amie tout court. Ça la remue de l'intérieur, de se rendre compte qu'elle a cherché l'amertume et l'indifférence. Qu'elle s'était mis dans le mood et dans les conditions pour ça. Que maintenant, elle en payait le prix — et réalisait alors seulement qu'elle n'en avait pas envie. « I need to change. » Et sans demander son reste, il s'en va.

Part vers la chambre, la laisse là. En proie à ses pensées, à sa colère, et à l'amère déception de l'avoir ainsi cherché. Patience qu'elle avait usée, à coups de regards noirs et de mots acerbes. Karma. Karma. C'est qu'un putain de karma. Elle ne bouge pas, Gala. La tempête au fond de la tête, et l'envie de balancer le livre à l'autre bout de l'appartement. De laisser Gaspar là, de claquer la porte et de le laisser profiter seul du reste de sa soirée. Pourquoi ? Pourquoi ?

Pourquoi il a fallu que ça t'obsède comme ça ?

Levée. Le ridicule collé au palais, et elle ne peut plus le tolérer. Le livre qu'elle a laissé tomber sur la table basse. Les pas silencieux pour la guider jusqu'à la chambre. Il a enfilé un jean, un t-shirt. Et elle se plante dans l'encadrement de la porte, alors qu'il termine de s'habiller. Peut presque en voir le nuage noir au-dessus de sa tête, et l'envie de foutre le camp d'ici. De la laisser, dans une solitude méritée. Et elle oscille, Gala. Oscille dans ses envies. Entre la volonté de le regarder partir, et de l'imiter. Celle de s'excuser. D'essayer de rattraper la soirée, et d'en profiter. Et celle de poursuivre la colère. Poursuivre le combat. Poursuivre l'échauffourée, jusqu'à ce qu'ils ne laissent finalement leurs deux énergies se mêler pour exploser.

« No more mind games. » C'est pas agressif, malgré les bras qu'elle garde croisés sur sa poitrine. Elle hausse un sourcil. Laisse la voix devenir plus douce encore, alors qu'elle poursuit. « Maybe I was jealous. » La lueur au fond de l'oeil. Neutralité dans de la voix. Les yeux qui ne relâchent pas Gaspar. « Maybe I still am. » Elle décroise ses bras. Se redresse légèrement. Morceau de fierté arraché bon gré mal gré, pour rejoindre les cartes que leur relation avait toujours nécessité d'abattre. « But I don't like that t-shirt. » Soupire. Hausse les épaules. « Take it off. » And take off those jeans too, while you're at it.

PAR MARS / @GASPAR HOENIKKER

dialogues :

@gala Kovač

L’appartement est retombé dans le silence. Juste ses mouvements furtifs et ses légers soupirs pour troubler la quiétude. Pas ce qu’il avait prévu pour sa soirée - il avait voulu se détendre, relaxer après la longue journée, profiter de la présence de Gala. Que ce ne soit pas compliqué, juste passer un peu de temps ensemble, profiter de l’intimité de l’appartement. Mais ça ne s’était pas passé comme ça, et Gaspar était déçu. Amer, aussi, de la tournure que la conversation avait pris. C’était bien la première fois que ça leur arrivait, à lui et Gala. La première fois que les sous-entendus deviennent un peu trop bordeline, et que les piques soient un peu plus cruelles. Cette fois, y’a quelque chose qui est pas passé. Et Gaspar n’a pas compris quand le vent a tourné. Peut-être qu’il s’était mis le doigt dans l’oeil. Peut-être qu’au fond, y’avait pas de simplicité dans les choses. Que tout, absolument tout, devenait inévitablement compliqué.

Il sait qu’elle est là. Posée sur le seuil de la porte de la chambre, à le regarder. Gaspar, lui, continue ses affaires. Continue d’enfiler les vêtements propres, plus confortables. L’envie de prendre l’air, de sortir dans l’effervescence de la ville. Oublier les cartes emmêlées, et la légère envie d’être brusque. Une grande bouffée d’air, voilà de quoi il avait besoin. Et un verre, aussi. Il ne dit rien, ne reprend pas la conversation. Il a dit ce qu’il avait à dire, et il a franchement pas envie de se battre. Pas maintenant. « No more mind games. » Qu’elle lâche finalement. Il lui lance un regard furtif, d’où il est. Bras croisés, l’air fermée, mais la voix adoucie. « Maybe I was jealous. Maybe I still am. » Il soutient son regard, tout de même. Pas du genre à se défiler, ou à vouloir éviter. Pas un lâche. Et à quelque part, une partie de lui a envie de continuer à discuter. À confronter tout ça, à essayer de comprendre un peu mieux. Mais quelque chose l’irrite, Gaspar. « But I don’t like that t-shirt. » Il arque un sourcil, alors qu’elle hausse les épaules. « Take it off. »

Ça serait facile, de retomber dans le jeu.
De mettre de côté tout ce qui s’est dit, pour revenir aux habitudes.
Rassurantes. Tentantes.

Mais quelque chose s’est effrité. Gaspar n’a plus envie. Le moment est passé, et l’énergie de jouer aussi. Le besoin d’un peu de distance, le temps de digérer tout ça. Il l’observe, un instant. Belle Gala. Envoûtante Gala. Mais c’est trop amer dans le fond de sa gorge. Quelque chose s’est brisé. « Too bad. » Qu’il dit, haussant les épaules. « It’s one of my favorites. » Et il avance, Gaspar. Passe à côté d’elle. S’arrête, juste là. La main qui se lève, doucement. Mouvement furtif, pour lui effleurer le menton. La joue. Petite Gala. « Hm. » Murmure échangé. Pas vraiment besoin de parler. Tu comprends. Tu me comprends. Tu l’as toujours fait. Puis, le pas tranquille, et le visage toujours calme. Pas énervé. Enfile ses chaussures, à nouveau. Attrape ses clés. « Don’t wait up. » Qu’il lui dit calmement. Tu peux dormir ici, si tu veux. T’es toujours la bienvenue.

Mais moi, j’ai besoin d’un peu d’air.

dialogues: