tw : guerre, drogue, pensées de mort, langage vulgaire, overdosetext from basilepapa était pas sérieux, en disant que t'es bon que pour l'armée.
il avait juste trop bu
(comme d'habitude)
réfléchis-y, ok ? je te dis pas que c'est une mauvaise décision, juste que tu devrais pas la prendre en fonction de luic'était facile, d'être le fils modèle. de ne jamais être la cible du patriarche exigeant. de ne pas craindre de voir pleuvoir ses insultes après le verre de trop. de pouvoir se payer le luxe d'aller jouer les pacificateurs, et de danser sur le manche d'une hache de guerre prête à être déterrée.
enfin, c'est ce que cillian s'est toujours dit.
parce que le fils modèle, c'était basile, et pas lui.
cillian c'était l'impulsif, le trop sensible, la tête de con ; les émotions dépeintes au pourpre sur les joues pour un oui, pour un non ; plus prompt aux gueulantes qu'à la réflexion. pas très adapté, pour leurs parents pontes du droit. pas très adapté à leur monde bien trop froid.
trois jours après, il s'engageait à l'armée. pour toutes les mauvaises raisons.
pour prouver que c'était bel et bien lui, le plus con.
text from basileje t'ai vu à south ozone, t'aurais pu dire que t'étais rentrétext to basile
à quoi bon ? t'aurais voulu prendre un verre ?
peut-être ça, ouais
tu vas passer toutes tes perms chez les putes et à te shooter alors ? ouais, précisément, t'imagines pas le bien que ça fait
je crèverai là-bas de toute façon, autant profiter ici
du sang sur les mains. de la poudre blanche comme neige. brûlent les narines, et l'oubli le calcine. quand il était arrivé à l'armée, on avait eu tôt fait de le qualifier de gueule d'ange ; au fil des semaines, des traits tirés et des yeux cernés, il avait fait mentir le sobriquet. de l'ange ne restaient que les ailes désossées. des errances new-yorkaises de plus en plus floues, la paranoïa bien ancrée sous la peau – arrête de sursauter au moindre bruit cillian, arrête de chercher ta mitraillette, j'te jure tout le monde ne veut pas ta tête – et les étreintes mécaniques noient la chaleur des premiers émois. deux semaines à se perdre pour occulter les six derniers – et les six prochains – mois.
et recommencer.
machine à tuer, machine à survivre.
t'es un connard cillian
je comprends que tu les détestes eux
mais moi, à part exister, qu'est-ce que je t'ai fait ?laisse tomber.
(quelques minutes plus tard)
on s'en parle à ma prochaine perm
prends soin de toi
à force de regarder derrière son épaule, il en avait oublié de regarder devant. ou peut-être qu'il avait fermé l'œil un instant.
un cri,
une explosion,
et puis lui, hurlant à pleins poumons. il se demandera, plus tard, si ce n'est pas sa propre voix qui lui a percé le tympan ; s'il ne s'est pas laminé la peau en se frottant dans le sable comme un forcené, mordu au sang par des flammes chimériques ; et il saura qu'il ne fait que se raconter des histoires, plutôt que de reconnaître la réalité.
maman, j'ai peur
basile, j'suis désolé
papa... tu vois, j'ai fini par crever pour toi
lits et murs blancs, bips réguliers des machines, bien-aimée morphine.
les draps brûlent sa peau, et il gueule comme le cerf agonisant, priant pour la mise à mort en se débattant de ceux qui pourraient enfin la lui donner – douleur si réelle entre deux délires fiévreux, deux seringues de saints anesthésiants.
et on l'a recraché au monde. dos brûlé, tympan percé, conscience esseulée. une renaissance au goût d'abandon ; un phœnix résigné.
libérons la bête, laissons-la se calciner.
je suis désolé d'avoir débarqué comme ça hier
et d'être parti
je savais pas où aller mais j'ai pas assumé ce matin, j'avais honte
c'est pas grave, t'en fais pas
qu'est-ce que t'avais au visage ?
je me suis battu avec un type
je t'épargne le "t'aurais dû voir sa gueule" (mais, franchement, t'aurais dû voir sa gueule)
bref
je sais plus quoi faire d'autre tu sais, pour évacuer
mais je vais aller en désintox, ça va aller
je suis désolé pour tout, vraiment
t'inquiètes
je suis là si besoinles mêmes délires, les mêmes douleurs. la fièvre, les nœuds au ventre, la sueur. les visions et la langueur. j'veux m'en sortir, j'veux être normal à nouveau, j'veux vivre –
butez-moi, j'peux pas vivre comme ça.
j'ai trouvé un boulot d'ambulancier
je sais pas trop ce que ça va donner mais ça m'occupera au moins
bien joué !
au fait, je voulais pas t'embêter avec ça quand t'étais en désintox, mais j'ai rencontré quelqu'un
je pense que c'est du sérieux
wow, tu deviens grand dis donc
je suis content pour toi
tu me diras quand tu voudras lui présenter ton terrifiant grand frère
y'a des nuits plus faciles que d'autres ; et celles où les lumières et les sirènes lui donnent envie de s'ouvrir le crâne pour réprimer l'écho. cillian tient, convaincu du bien-fondé de la mission. sauver des vies, après en avoir tant pris, ou du moins faciliter le passage de l'autre côté. plus patriotique, à son sens, en s'occupant de ses frères et sœurs du queens, parmi lesquels il aurait fini par se fondre, s'il n'était pas allé en centre.
parfois, il en reconnaît certains. des fantômes d'un passé renié et encore craint. et jamais son sang ne boue autant qu'en présence des ces regards torves qui ne le reconnaissent même pas ; alors, à chaque fois, cillian trace son chemin.
tu foutais quoi à south ozone ?
comment ça ?je t'ai vu durant ma tournée hier soir
me prends pas pour un con basile.
et la meuf avec toi, c'est une junkie aussi ? c'est elle ta copine ?
tu te drogues depuis quand alors ?
c'est bon, je prends presque rien, et elle non plus
on a essayé quelques fois c'est toutsuper
si c'est quelques fois tout va bien alors hein ? si là j'viens de voir t'auras aucun bleu dans le coude ?
arrête de dramatiser, c'est rien je te disj'ai failli faire une overdose sur ton pallier, et toi tu te fais des shoots d'héro ou j'sais pas quelle merde et tu me dis "c'est rien"
putain basile comment tu peux être con comme ça ?
c'est elle c'est ça ? elle se droguait et tu l'as suivie ?
mais bien sûr
c'est facile de la blâmer
tu t'es pas dit une seconde que ça pouvait être de ta faute, sinon ? parce que tu m'as traité comme une merde pendant des années, que t'as pensé qu'à toi ? tu crois que c'était facile pour moi, de me taper toute la pression des parents, et d'avoir jamais su ce que j'avais fait de mal, pour que tu me détestes autant ?
tu sais quoi cillian ? t'es un putain d'égoïste. ça fait des années que j'essuie tes conneries, que je suis là pour toi, que j'essaie de maintenir un lien alors que toi tu me méprises
alors va te faire foutre, j'ai pas besoin de toi de toute façon(quelques heures plus tard)
j'suis désolé
j'ai peur pour toi, j'veux pas que tu fasses les mêmes conneries que moi
faut que tu te fasses aider, si c'est grave, je serai là pour toi
t'es toujours désolé
je te l'ai dit, j'ai pas besoin de toi. jolene me suffit
voilà, j'abandonne, t'as attendu ça toute ta vie non ? c'est bon, j'ai assez donné.
prends soin de toi.arrête, viens on se calme et on s'en reparle dans quelques jours, ok ?
(vu.)(...) uc.
youngblood. ---- / 25 ans ---- / rpgiste