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 rancunes (louve)

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Message Sujet: rancunes (louve)   rancunes (louve) Empty Sam 19 Jan - 19:12

Il cogite, Raf, la clope au bec, la capuche vissée sur son bonnet comme une invitation au froid à aller se faire foutre. Il a la neige en horreur, abhorre les cristaux glacés tombant des cieux de ses opales dédaigneuses alors qu’il laisse tomber la cancéreuse sur l’asphalte congelée pour remettre les mains dans les poches de sa veste. Le sac de sport accroché à son épaule, promesse d’un entraînement acharné à vider ses poumons noirs et sa rage carmin sur un sac de frappe, à l’instar du mur de son appartement qui lui a trop longtemps brisé les phalanges. C’est la première fois que l’voyou retourne dans son club de boxe depuis son incarcération, il y a un peu plus de trois ans, et ça l’emmerde d’avance à l’idée de sentir les regards juges posés sur lui. Mais t’as tué un type Raf, tu mérites bien pire que des œillades accusatrices. Pour lui, c’est déjà suffisant d’être hanté par un monstre à chaque fois qu’il pose les yeux sur un miroir, à chaque cauchemars qui maudissent ses nuits profondément noires. Et à chaque foutues fois qu’il essaye de chasser le fantôme dans l’ombre de ses pensées, il lui revient toujours en pleine gueule, deux fois plus fort. C’est peut-être pour ça qu’il n’aime plus l’hiver, s’imagine encore le cadavre hoquetant dans la poudreuse blanche, laissé pour mort sur un parking miteux du quartier où il vivait avec ses frangins et une mère aujourd’hui brisée. Alors oui, Raf. Tu mérites bien pire.

Le colombien pousse la porte du club, les opales flirtant avec la nouvelle déco et le matériel en bien meilleur état qu’à l’époque. Faut croire qu’il s’est fait du fric à force de charbonner, le patron. Raf marque un temps d’arrêt dans sa marche, le palpitant qui s’arrête et les pensées qui bourdonnent alors qu’un boulet immatériel s’immisce dans le creux de sa gorge. Il aurait pu la reconnaître entre mille, Nika. Louve. Sa louve. Et qu’est-ce qu’elle est belle putain, qu’est-ce qu’elle est douce, putain. Le voyou glisse une paume le long de son visage durci par l’incompréhension, comme s’il pensait avoir rêvé, mais elle est bien là, à quelques mètres, la rage dans la peau, jusqu’à l’âme. Comme avant. Il voudrait aller la voir, lui rappeler toutes ces choses lorsqu’ils étaient gosses, lui faire voir toutes ces choses qu’il a jamais eu le temps de lui montrer. Mais il peut pas, il veut pas. Au-delà de cette force invisible qui l’empêche d’y aller, il sait qu’elle l’a oublié, qu’elle pense plus à lui. Et elle non plus, tu la mérites pas. Raf n’essaye même pas d’interpeller d’autres têtes connues, les vieux potes du quartier, le boss qu’il salue d’un coup d’oeil discret et pas très aimable alors qu’il s’enfonce dans les vestiaires pour enfiler sa tenue. Il cogite dans les méandres de ses souvenirs, laissant ses fringues dans le casier au profit d’un short de sport et d’un tee-shirt à l’effigie de sa marque de sport favorite, enroule ses poings en feu dans une bande de protection pour pas s’niquer l’ossature et les poignets, puis marche avec préhension vers la sortie du vestiaire. Le voyou fait pas attention, bouscule quelqu’un d’un coup d’épaule sans vraiment s’en soucier et continue son ascension vers le sac de frappe. Les yeux fixés sur la nana à quelques mètres et les phalanges qui s’écorchent furieusement contre le cuir usé. Il a la rage à l’âme, le coeur en feu d’une absence qui fût très longtemps douloureuse. Et il peut pas croire qu’elle soit de retour, qu’elle ait ce foutu regain de vie, comme une bouffée d’air frais trop oubliée lorsqu’ils se fréquentaient. Elle ressemble tellement à Ava, c’est perturbant, c’est douloureux. Raf ferme les yeux, secoue la tête pour s’enlever les traits de la disparue et esquinte à nouveau ses poings furieux dans le fracas du cuir et de son souffle saccadé. Il a la haine. De longues minutes passent, peut-être bien une heure, le temps qu’il se rende compte que ses phalanges lui font mal. Il relève la tête, assez vite pour voir le fantôme retourner au vestiaire. Il a eu le temps de savourer la remise en question pénible, les regrets et la rancune. Assez que pour abandonner le sac au profit de Louve.

Il s'approche, dos à elle, le cœur dans la gorge alors que sa voix glaciale perfore le silence. ”Qu’est-ce que tu fous ici.” Elle a pas le droit. ”C’est mon club.” … qu’il n’a plus fréquenté depuis près de trois ans. Et il ne peut se donner la permission d’être le seul à poser les pieds ici. Il peut pas empêcher Louve de revenir. ”Et tu te pavanes ici en m’ignorant. J’existe plus ? J’ai déjà existé ?” Si ça se trouve, elle l’avait même pas vu. Mais la colère délie sa langue bourrée de vices et de conneries. Il aurait presque envie de la voir souffrir, sa louve. Raf abat son poing contre le casier, à seulement quelques centimètres du visage fantôme de l’oubliée. ”Barre toi, Nika. Remets plus les pieds ici.” L’colombien prend appui sur son poing collé au casier pour s’éloigner d’elle, échouant ses mains bandées le long de sa nuque, tétanisé par la colère, les regrets qui veulent pas sortir, le coeur en vrac et l’âme bancale. ”J’me suis forcé à t’oublier pendant tout ce temps. Putain.”, en vain.
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Message Sujet: Re: rancunes (louve)   rancunes (louve) Empty Sam 19 Jan - 23:36

Un combat dans deux jours. Un combat et la patience de Blaise qui s'effrite. Louve n'a pas le droit de perdre. Plus le droit à l'erreur non plus. Sûrement qu'il lui brisera les deux bras, Blaise, avant de la jeter dans un caniveau. Ses mots se cognent dans sa boîte crânienne. Si tu merdes, Louve, c'est terminé, qu'il lui a dit. Alors elle frappe, Louve. Elle frappe jusqu'à ne plus sentir ses mains, ses bras, son corps entier. Elle frappe à s'en bousiller les phalanges. Elle imagine son adversaire devant elle et cogne, cogne, cogne. Encore et encore. Il n'y a rien de plus important que ses poings sur ce foutu sac de cuir. Louve se croit sur ce ring improvisé, entourée d'une foule gueularde et de billets qui volent de mains en mains. Elle imagine le vent sur son visage qui vient refroidir son corps brûlant. Les voix dans la salle sont remplacées par un silence macabre, brisé seulement par le bruit de sa respiration saccadée et de son sang qui pulse dans ses oreilles. Si elle perd, elle sait que Blaise fera tout, absolument tout pour qu'elle ne puisse plus jamais monter sur un ring. Elle devrait être effrayée, Louve, mais elle a juste la rage. La rage de vaincre. La rage de lui montrer qu'elle est toujours la Louve à qui il a donné une chance il y a six ans. Elle va gagner et Blaise sera putain de fier d'elle. C'est ce qu'elle se répète, les poings s'abattant sur le punching ball. Et au fond, elle sait que son mentor pense la même chose. Parce que Louve, c'est sa fierté. Sa louve sauvage, indomptée et féroce. Elle ne le décevra pas. Pas cette fois. Ça tourne en boucle dans son esprit, lui fait oublier la douleur dans tous ses muscles. Louve perd la notion du temps. Les minutes s’additionnent, se multiplient. Une heure devient deux, peut-être trois. Ce n'est que lorsqu'elle sent qu'un geste de plus pourrait la foutre à terre qu'elle décide d'arrêter. Ses jambes tremblantes la portent faiblement jusqu'au vestiaire.
Dans d'autres circonstances, la tête vide et les oreilles non bourdonnantes, Louve aurait entendu les pas derrière elle la rattraper. Dans d'autres circonstances, elle se serait déjà retournée, plaquant l'inconnu(e) contre un mur avant qu'il ou elle n'ait le temps de faire quoique ce soit. – Qu’est-ce que tu fous ici. C’est mon club. Son corps fatigué se fige à l'entente de la voix derrière son dos. Cette voix, elle bloque sa respiration. Cette voix, elle arrête son cœur de battre. Louve ne se retourne pas, paralysée par le poids de son passé et de ce fantôme qui revient la hanter. Il n'est pas là, Louve. Il ne peut pas être là. Il est en taule, rappelle toi. Et tu te pavanes ici en m’ignorant. J’existe plus ? J’ai déjà existé ? Louve compte jusqu'à dix une fois en anglais, une seconde en français, une troisième en russe. Ça n'a pas de sens. Il ne peut pas être là. La boxeuse prend une longue inspiration avant de se retourner, lentement, si lentement que ça en est douloureux. Et lorsque son regard se pose sur ce visage qu'elle connaît trop bien, aussi bien que le sien, il y a tout qui lui retombe sur la gueule. Il y a les regrets, le manque, la rancune, la tristesse, la rage, la douleur. Il y a toutes ces années que les médicaments lui ont volées et celles passées loin de lui, bien trop loin pour que ce soit supportable. Il y a le vide qu'il a laissé au fond de sa poitrine et les moments à espérer qu'il revienne. Qu'il attrape sa main et l'emporte loin. Qu'il la prenne dans ses bras et lui dise que tout va bien. Il y a toutes ces choses qu'elle voudrait lui dire, toutes ses excuses et ses mots d'amour. Il y a tout ça. Tout ça qui bouillonne. Tout ça qui reste enfoui alors que sa bouche s'ouvre, que les mots sont là, juste à la frontière de ses lèvres, mais qu'elle est incapable de laisser s'échapper.
Le poing de Raf s'écrase contre le casier sur lequel, inconsciemment, elle s'est reposée. Louve ferme les yeux, la lèvre inférieure aussi tremblante que ses jambes. – Barre toi, Nika. Remets plus les pieds ici. Nika. Elle était sa Louve, pourtant. Elle était sa Louve bien avant d'être la Louve que le reste du monde connaît. Entendre le prénom qui lui a été collé à la naissance sortir de ses lèvres est comme un coup de poignard en plein cœur. J’me suis forcé à t’oublier pendant tout ce temps. Putain. Ses yeux se remplissent de ces foutues larmes détestées et détestables. Tout à coup, Louve a l'impression d'être petite. Petite, fragile et faible. Elle a envie de vomir, envie de disparaître aussi. – Raf... Ça sort à peine. Et qu'est-ce que ça fait mal, bordel. Raphael, qu'elle susurre. Tant d'années passées à éviter ce prénom et toutes ses connotations. Tant d'années à ravaler ces syllabes maudites. Le corps de Louve repose toujours contre le casier et elle ne sait pas. Elle ne sait pas si elle peut faire un pas sans tomber. Pourtant, elle voudrait tuer la distance entre elle et Raf. Elle voudrait le prendre dans ses bras et le serrer jusqu'à l'asphyxie. Elle voudrait oublier les jours, les semaines, les mois, les années passés loin de lui. Je t'ai jamais oublié. Ça s'échappe de ses lippes ébranlées alors que ses iris évitent de rencontrer ceux de son âme sœur. J'ai jamais pu. Elle ne sait pas si elle l'a un jour voulu. Parce que bordel, Raf, c'est une partie de sa vie. C'est la plus belle partie de son existence, de son être, et l'oublier, ça aurait été comme s'oublier elle-même - comme le perdre a été semblable à perdre son âme. Louve relève finalement ses iris vers les siens. Laisse moi me changer et je me casse. Je reviendrais plus. Sa voix est tremblotante et son cœur, lui, est piétiné, brisé en mille morceaux.
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