Welcome Home - Arya&Nick

tell me things you never said out loud

Here I'm calling
In the hope that you'll see me

Nikolaï parvient à lui faire penser à autre chose. Il parvient à lui faire baisser les armes, du moins un tout petit peu. Assez pour qu’ils puissent tous les deux discuter. Presque comme avant. Presque, parce que même s’ils sont plutôt à l’aise, même si la conversation se déroule naturellement, il y a toujours ce froid entre eux. Cette absence de plusieurs années sur laquelle ils n’ont jamais eu l’occasion de s’expliquer. En réalité, Arya n’est pas certaine de pouvoir y arriver un jour. Elle s’est tellement renfermée derrière sa carapace qu’elle en est par la même occasion devenue beaucoup plus pudique sur ses sentiments. C’est une manière de se protéger. Une manière de préserver ce qui reste de son petit cœur bien trop habitué à être délaissé. Arya laisse alors échapper un petit rire en entendant les paroles de son oncle, elle ne répond pas pour autant mais cela lui fait plaisir de l’entendre lui dire cela. Elle n’est pas certaine de mériter être appelée « princesse », mais s’il la voit toujours comme cela, du moins pour le moment, c’est plutôt bon signe pour leur relation. Et puis finalement, sa vie à lui aussi est plus que bouleversée en ce moment. Il divorce avec Claire. Après des années de mariage. Arya ne veut pas insister, elle ne veut pas lui faire parler de cela pour le moment. C’est peut-être trop tôt, ils viennent tout juste de se retrouver. Et puis la conversation dévie sur Cassey, sur sa mère, et c’est bien plus délicat soudainement. J’aurai préféré qu’elle fasse les choses autrement. Non, elle aurait préféré que sa mère ne parte pas. Tout simplement. Elle aurait préféré qu’elle ne fasse pas passer son travail avant elle. Que leur relation redevienne ce qu’elle était avant. Mais ce n’est pas possible. Elle l’a envoyé ici. Et au final, Arya réalise que Nikolaï est vraiment heureux qu’elle soit là, lui. Acquiesçant ensuite à ses paroles, elle esquisse un petit sourire en disant. Oui, avec plaisir. Tôt ou tard, elle devra visiter cette ville qui maintenant est la sienne. Et Nikolaï a pris sa journée pour elle, alors autant en profiter.  

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Est-ce qu’elle en veut à sa mère, Arya ? Bien évidemment. Les relations entre elles sont compliquées, c’est le cas depuis des années. Les choses sont même de pires en pires. Mais jamais elle n’a imaginé qu’elle puisse la rejeter de cette façon. Elle est sa fille, bon sang. Peu importe la difficulté de la situation, sa mère n’est pas censée laisser tomber. Elle n’est pas censée la laisser tomber. Et pourtant c’est ce qu’elle fait, elle l’envoie vivre à des kilomètres d’elle, elle l’envoie vivre chez son oncle alors qu’elle sait pertinemment qu’elle ne pourra pas la revoir facilement avant un moment. Et au fond d’elle, cela lui brise le cœur, à Arya. Mais elle a cette souffrance qu’elle transforme en colère pour mieux se protéger. Pour mieux cacher qu’elle a mal. D’autant plus qu’Arya sait très bien ce que sa mère a derrière la tête. Elle l’envoie également chez Nikolaï pour qu’il la surveille, pour qu’il joue au mauvais flic avec elle s’il faut la recadrer. Seulement s’il si risque, il n’imagine pas à quel point les problèmes d’Arya sont beaucoup plus profond qu’il ne l’imagine. Et puis qu’est-ce qu’il en a à faire, après tout ? Cela fait des années qu’ils ne se sont pas revus. Et quoi qu’il en dise, c’est lui qui s’est éloigné. C’est lui qui a brisé la belle relation qu’ils avaient construits toutes les deux, et la belle relation qui aurait pu encore évoluer et se solidifier avec le temps. Elle esquisse simplement un petit sourire à ses premières paroles. Evidemment qu’elle a changé, cela fait trois ans qu’elle grandit loin de lui. Mais Arya le regarde surprise, en entendant qu’il a prit sa journée pour être avec elle. Il a l’air vraiment heureux de la voir, beaucoup plus qu’elle ne l’aurait imaginé. C’est vrai ? Tu as pris ta journée ? Cela lui fait plaisir. Evidemment. Son petit cœur abîmé se réchauffe. Mais elle ne veut se faire de fausses idées. Elle ne veut pas se faire de fausses joies. Se dirigeant vers les bagages, Arya laisse son oncle attraper sa valise et puis elle entend sa question. On peut aller manger quelque chose oui ! Même si elle sait qu’elle risque de le vomir à un moment où à un autre, même si elle sait qu’une crise de boulimie peut la prendre, ce sera l’occasion de discuter un peu avec lui. De peut-être crever l’abcès. Je te suis alors. Elle suit Nikolaï jusqu’à sa voiture, cela lui fait tellement bizarre d’être ici. Elle ne réalise pas, Arya.

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Il l’attendait avec impatience, il avait même vraiment hâte de la revoir. Et oui, elle est surprise, Arya. Elle est tellement habituée à être délaissée, qu’elle ne pensait pas qu’il serait si heureux de la voir. En réalité, elle pensait plutôt qu’elle serait un fardeau pour lui. Mais c’est toujours de cette façon que les choses commencent. On s’intéresse à elle, au début, parce qu’elle est du genre à attirer le regard, Arya. C’est le genre de fille qui se démarque, le genre de fille qu’on remarque. Mais finalement, ils finissent tous par l’abandonner, chacun leur tour. Et Nikolaï a été un des premiers à le faire. Et peut-être un de ceux qui l’a le plus blessé. Ils étaient tellement proches, avant. Il a toujours été comme un père pour elle. Ils se voyaient plusieurs fois par semaines, lorsqu’Arya avait besoin d’un homme, c’est vers lui qu’elle se tournait. C’était lui qui la protégeait, lui qui veillait sur elle et qui prenait soin d’elle lorsque sa mère n’était pas là pour le faire. Mais il est parti vivre tellement loin d’elle, et plutôt que de lui dire à quel point cela l’a fait souffrir, elle s’est comme toujours cachée derrière sa carapace. Et bien je pensais que ma mère ne t’avais pas vraiment laissé le choix en réalité. Je ne pensais pas que tu serais si content de me voir. Affirme-t-elle un petit sourire aux lèvres. Après tout si même sa propre mère ne veut plus d’elle, pourquoi est-ce que lui le voudrait ? Il a continué sa vie, durant toutes ces années. Il a continué sa vie sans elle. Montant dans la voiture de son oncle, Arya acquiesce à ses paroles. Oui, j’aime toujours. Ca ne m’empêchera pas d’entretenir ma ligne quand même. Elle rit. Elle rit parce qu’elle sait mieux que quiconque camoufler son mal-être. Cela fait deux mois maintenant qu’elle parvient à cacher qu’elle est boulimique. Et peu importe ce qu’elle mange de toute manière, elle finira par le vomir plus tard dans la journée. Alors que Nikolaï commence à rouler, Arya regarde par la fenêtre. Elle a le cœur serré, dans cette ville qu’elle ne connait pas. Et les paroles de son oncle ne la réconfortent pas vraiment. J’espère… Los Angeles c’est chez moi, ici ça a l’air tellement différent. Elle coupe les ponts avec tout ce qu’était sa vie depuis dix-neuf ans. Et c’est difficile à encaisser, très difficile. Arya secoue la tête lorsqu’elle entend Nikolaï lui parler de sa mère, et elle répond immédiatement. Non. J’imagine qu’elle t’appellera toi, ce soir. Elle n’a aucune envie de lui parler. Aucune envie de l’entendre. Si sa mère espère que les choses s’arrangent entre elles, elle doit venir ici. Venir à New-York. Cette ville dans laquelle elle l’a exilé.

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La réponse de Nikolaï ne se fait pas attendre, en quelques secondes seulement, il lui affirme qu’il est réellement heureux de la revoir. Qu’elle n’est pas un boulet que sa mère lui a jeté, mais qu’il est bien réellement content de l’avoir avec lui. Et il est vrai qu’Arya ne s’attendait pas à une telle réaction de sa part. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il soit… Comme avant. Parce que c’est ce qu’il est, en réalité. Il se comporte avec elle exactement de la même manière qu’il le faisait quelques années auparavant, avant qu’il ne parte. Mais pourtant, elle, elle est vraiment loin d’être la même. Elle est beaucoup plus sombre qu’elle l’était à l’époque. Elle a beaucoup plus de problèmes, beaucoup plus de tares, qu’il découvrira bien assez tôt. Dans un petit sourire, elle répond simplement. C’est vraiment gentil à toi. Je suis contente de te revoir aussi. Elle n’en dit pas plus. Elle n’en dit pas plus parce qu’elle est extrêmement pudique sur ce qu’elle ressent, maintenant, Arya. C’est aussi une des choses qui ont changé chez elle. A force d’être sans cesse abandonnée, elle a appris à ne plus rien donner, à ne plus faire confiance, à ne plus croire aux belles paroles. Arya se contente d’esquisser un nouveau sourire à ses paroles aux sujets de la nourriture. Elle ne répond pas, elle ne préfère pas. Elle fait comme si de rien était pour mieux cacher qu’il y a bien un problème, à ce niveau-là. Mais c’est un problème qu’elle préfère garder pour elle, qu’elle n’est pas prête à dévoiler, à qui que ce soit. Et comment va Claire ? Arya a toujours beaucoup apprécié Claire. Elle la considérait réellement comme sa tante, jusqu’à ce qu’elle parte, elle aussi, avec Nikolaï. En réalité, elle leur en a voulu à tous les deux. Au sujet de sa mère, la jolie blonde se montre beaucoup plus dure. Mais ce n’est qu’une apparence, une carapace, parce qu’en réalité sa mère lui manque déjà. Elle n’aurait jamais cru ressentir cela, après tout, elles ne faisaient que se disputer, toutes les deux. Elles n’ont fait que se déchirer. Mais pourtant c’est le cas. Elle lui manque. Je ne pense pas, non. Si elle m’a envoyé chez toi c’est pour être tranquille. Et puis, je n’ai aucune envie de lui parler. Mensonge, encore un mensonge. Et cette foutue fierté qui la pousse à se faire du mal à elle-même plutôt que d’avouer ce qui pourtant crève les yeux.  

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« Princesse ». Elle se souvient encore du temps où son oncle l’appelait toujours ainsi. Sa tante, aussi. Et puis il y a eu son petit-ami, lui aussi l’a souvent appelé comme cela, ce qui lui rappelait chaque fois Nikolaï. Peut-être que c’est ce qu’elle dégage, un côté princier, avec son élégance et son adorable petit minois. C’est le rôle qu’elle a toujours eu au sein de sa famille, c’est le rôle qu’elle a toujours avec tout le monde, tout du moins au début. Parce que cela ne dure jamais vraiment. La petite princesse est finalement toujours abandonnée. Alors petit à petit, elle est devenue bien différente, bien différente de la princesse qu’elle était. Aujourd’hui, elle est surtout une princesse déchue. Mais entendre son oncle lui dire toutes ces choses ne la laisse pas insensible. Derrière cette carapace de cœur de pierre, son cœur est toujours là, il bat toujours. Faiblement, mais il bat. Mais Nikolaï a toujours énormément compté pour elle, il a toujours eu une place à part, et même si elle lui en veut terriblement, elle ne peut pas oublier tout ce qu’ils sont vécus tous les deux durant des années. Il faudra juste un peu de temps pour qu’il regagne son cœur, et beaucoup, beaucoup de courage. Mais que la petite blonde est bien loin d’être une jeune femme qui ait se tenir tranquille. Très bien. Je t’autorise à m’appeler comme cela, mais c’est vraiment parce que c’est toi.  Dit-elle en riant. Au fond, Nikolaï va vite se rendre compte qu’Arya n’est plus la princesse qu’elle était. Est-ce que cela lui fait peur ? Pas vraiment, elle est habituée à être rejetée maintenant, ce n’est pas un ultime rejet qui la tuera. Du moins, c’est ce dont elle essaie de se convaincre. Mais au fond, ce que pense Nikolaï d’elle aura toujours de l’importance. Tout comme ce que pense sa mère. Elle essaie simplement de s’en détacher pour ne pas souffrir encore une fois. Mais rapidement, Nikolaï lui avoue qu’il n’est plus avec Claire, qu’ils vont divorcer. Une nouvelle qui surprend Arya au plus haut point. Elle n’était pas au courant, tout comme sa mère certainement. Quoi ? Je l’ignorais, je suis désolée. Elle est surprise, évidemment. Elle s’imaginait déjà vivre avec Claire et lui. Mais finalement, ils ne seront que tous les deux. Et elle n’a pas franchement l’impression que Nikolaï ait envie de lui en parler. Après toutes ces années sans se voir, c’est bien normal. Alors elle laisse courir, ils auront bien le temps d’en parler plus posément une fois prochaine. Comme elle n’a absolument pas envie de parler de sa mère. La plaie est encore bien loin d’être refermée. En m’envoyant à des kilomètres ? J’en doute fort. Mais ce n’est pas grave. Je me suis faites à cette idée. Faux. Totalement faux. Son cœur se serre alors même qu’elle prononce ces mots. On ne se fait jamais à l’idée que notre mère ne veut plus de nous. Elle n’a que dix-neuf ans, Arya, elle est encore tellement jeune. Et elle a la sensation que personne au monde ne veut réellement d’elle.