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 pink clouding therapy (romy)

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Message Sujet: pink clouding therapy (romy)    pink clouding therapy (romy)  Empty Jeu 24 Jan - 0:04

((flashback, deux-mille-quinze))

broyer du noir, ce n'est pas qu'une simple expression. au sens littéral, c'est être allongé sur son matelas et penser qu'il s'agit de son lit de mort. eden, elle a beau fermer les yeux et tenter de s'endormir, que les tons sombres grésillent sous ses paupières. il y a des renvois de souvenirs qui l'électrisent. le procès. charles. ismaël. la bouteille de vodka qui vole en éclat. le morceau de verre qu'elle a utilisé pour s'entailler les veines. sa chair frémit. des spasmes lui parcourent les jambes. la bougie noire qui s'éteint. le reflet de ses cernes devant le miroir. le jour de l'enterrement. ismaël. charles. ses doigts se contractent. des frissons lui courent l'échine. ses lèvres se froissent. une crampe lui prend le cœur. "putain d'bordel de merde." elle grogne, la mâchoire serrée, elle peste à haute voix en se foutant de réveiller la junkie qui dort à côté. "non mais t'as vu l'heure? rendors-toi, la dingue !" marmonne la patiente dans un demi-sommeil. eden sent la rage remuer sous sa peau, du diaphragme à la trachée. "ferme-là jenkins." crache-t-elle, autoritaire. ses mains empoignent les draps, les tirent, étirent, déforment, détirent. son lit grince affligé par ses mouvements jugés trop brusques. tourmentée, eden finit par se lever. elle crache au visage de morphée et, en quittant la pièce, elle prend un plaisir infantile à ouvrir la porte dans son extrême histoire de faire rentrer la lumière brute du couloir sans filtre en plein dans leur chambre. "t'es qu'une emmerdeuse eden." "ouais, et j't'emmerde pétasse." eden claque la porte derrière elle, le majeur encore levé. munie de son paquet de clopes dans la paume, briquet entre les doigts, elle déambule pieds nus le long de l'allée. les cheveux longs ébouriffés qui lui tombent jusqu'au bas du dos, sa chemise blanche en coton à peine sous les fesses, le visage pâle, les yeux si sombres, l'énergie vagabonde. son cœur bat à folle allure, tandis que ses pas la guide vers la porte de secours qui donne sur le jardin. mais à l'angle du couloir, elle se fait interpeller par le surveillant de nuit. "mademoiselle, vous n'êtes pas autorisés à quitter vos chambres en pleine nuit sauf en cas d'urgence. vous êtes en centre de désintoxication." la camée se retourne, mimant un air de surprise sur son visage de manière caustique. "non, sérieusement ? je pensais que c'était une colonie de vacances !" elle ravale son sourire ironique, plantant ses iris dans celles de l'agent. "eh vous savez, c'est pas parce qu'on est soit disant malades que vous devez nous parler comme à des cons. on est pas à l'asile, j'ai pas alzheimer, alors arrêtez de me rappeler sans arrêt où j'me trouve. ça va me rendre encore plus dingue!" extériorise-t-elle en levant les yeux au ciel, replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. "vous allez m'faire quoi, m'ligoter au lit pour m'empêcher d'me lever la nuit ?" elle provoque, courbant légèrement ses lèvres, alors qu'elle obtient à la fois l'attention, l'incompréhension et le silence de son interlocuteur. "bah allez-y. pendant qu'vous allez chercher les menottes moi j'vais prendre l'air !" elle tourne les talons, poussant enfin la porte qui la mène jusqu'à l'extérieur. elle dévale les escaliers de fer pendant que le vent lui glisse sur les jambes, part s'asseoir sur un banc du jardin cloîtré et  inspire un grand coup. elle en avait besoin, de sentir la fraîcheur de la nuit contre ses joues. de sentir que la vie continue, en dehors du bâtiment à huis clos qui la retient prisonnière depuis bientôt trois jours. son premier réflexe tend à s'allumer une cigarette, et alors qu'elle inspire sa première taffe en regardant au loin, elle discerne l'ombre d'une silhouette assiégée en face d'elle. "c'est quelqu'un ?" elle demande, spontanément, alors que ses sourcils se froncent et qu'elle repose son briquet sur le banc. "tu peux répondre, j'vais pas te manger. j'suis pas folle, c'est promis. on a juste cru que je l'étais parce qu'apparemment, c'est pas normal de s'enfiler une demi bouteille de vodka par jour..." elle amorce, l'air amusé, même si ce qu'elle dit est on ne peut plus vrai. elle est là parce qu'elle boit trop, eden. et, comme beaucoup des autres connards de ce monde, elle a finit par croire que l'alcool était une solution.
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Message Sujet: Re: pink clouding therapy (romy)    pink clouding therapy (romy)  Empty Jeu 24 Jan - 17:27

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((flashback, deux-mille-quinze))

Adossée à un arbre en plein milieu du jardin, la nuit tombée, les étoiles scintillantes, la lune brillante. Tes mains tâtent le sol et empoignent des bouts d’herbes par ci par là, tu t’emmerdes. Mais faut en vouloir qu’à toi, Romy. T’es venue de ton plein gré, ici, il y a une petite semaine de cela. C’est de ta faute, pas de la sienne. Ou c’est aussi un peu de la sienne, tu sais plus. Tu te rappelles seulement d’une soirée tranquille à son appartement, à baiser pour une énième fois, sans réel attachement, simplement pour le plaisir. Parce qu’avec l’alcool coulant dans tes veines, tu ne peux t’attacher à personne. Ni aimer. Même pas lui, mais ça l’arrange. C’est ça qu’il veut, tout comme toi. Juste un coup comme ça, parfois, pour s’amuser. Pas penser au futur, ni aux autres. Rien qu’à deux corps l’un contre l’autre, des cigarettes et des bouteilles jonchées sur la moquette. Quand il fait noir, les rideaux fermés, c’est calme et apaisant. Comme cette soirée. T’es là car tu as été trop conne de penser qu’une erreur ne pouvait pas arriver, pas avec vous deux. Deux déchets survivant comme ils le pouvaient. Y a que l’alcool qui te console, mais dans cet établissement, tu peux rien boire. T’as plus le droit, tu te l'interdit. Tu sens des coups tel des couteaux acérés dans ton ventre et tu grimaces, une fois de plus. Ca peut pas déjà être le gamin ou la gamine, c’est trop tôt. C’est ton esprit qu’il te le fait croire, qui te prépare. T’es là pour cet oeuf à l’intérieur de toi. Pour le sauver. Tu peux pas le laisser crever comme certaines le font, même si c’était pas prévu, même si l’autre personne n’est pas d’accord et pourrais te frapper pour ça, tu peux pas. Ici, t’es protégée, en quelques sortes. Vous l’êtes tous les deux.
Tu te perds dans tes pensées, réfléchissant, si c’était vraiment une bonne idée. T’as tellement envie de te prendre un verre que ça t'empêche de penser correctement. Des tambours dans ta tête, dans ton ventre, ton coeur accéléré par la douleur de l’absence. D’amour inexistant. L’abandon, tu connais. Même ton petit frère vient de se casser loin d’ici, te laissant seule avec tes problèmes, pas prêt à avoir un neveu ou une nièce. Un neveu, oui, tu vois bien un petit garçon, blond comme ses parents. Même s’il en connaîtra qu’un seul. Toi. L’autre t’a aussi abandonné. Lâche, qu’il était. T’avais essayé d’oublier tout ça avec des boissons, une bouteille, deux, une cigarette, deux, ou trois, tu sais plus.
Tu sais juste que t’es là, assise dans l’herbe, dans l’ombre, à l’écart de tout ces fous avec qui tu partages un toit pour un temps indéterminé. T’entends des bruits proches, tu reconnais le son du briquet qui s’allume, un éclat de flamme qui allume une mèche. Puis une voix, féminine. c'est quelqu'un ? qu’elle dit, l’inconnue.  Tu vois rien, t’as pas envie de répondre, pas envie de parler.
Juste envie de crever. Juste quelques secondes. De paix.
Mais elle continue. tu peux répondre, j'vais pas te manger. j'suis pas folle, c'est promis. on a juste cru que je l'étais parce qu'apparemment, c'est pas normal de s'enfiler une demi bouteille de vodka par jour... tu laisses échapper un rire, si c’était juste pour une demi bouteille qu’elle se pensait folle, alors t’étais quoi, Romy ? T’étais quoi ? A part une meuf enceinte célibataire ? Une soeur sans famille ? Un coeur à la dérive ? Une dépressive et alcoolique ? A demi-bipolaire quand ça t’arrives. Une bombe à retardement qui demande qu’à exploser à la face de quelqu’un. Du monde.
Maintenant qu’elle t’a vu, tu peux plus rien faire. Tu te relèves, oubliant ce semblant de silence que t’avais. Appelée par l’odeur de la fumée. L’envie. Tu t’approches et t’assois à côté de la fille. Elancée, belle, quoique un peu amochée, tout comme toi. En dehors de cet endroit, elle pourrait te plaire. Mais t’as pas les idées claires, et c’est pas le moment pour commencer à te coltiner une nouvelle personne. A souffrir. T’en as assez. Tu te permets de prendre une cigarette de son paquet et de l’allumer avec son briquet, comme si tout était normal, comme si t'avais le droit. Comme si t’étais pas là pour arrêter tes conneries. Que c’était juste un cauchemar et que t’allais te réveiller, normale, sans enfant, dans les bras de celui qui t'avait repoussé. Une demi bouteille c’est pas grand chose pour une folle, je t'assure ! Que tu lances, toi qui t’en enfilais bien plus par jour, de toutes sortes. Et ça faisait presque une semaine que t’avais rien bu, t’allais craquer. Tenter l’impossible, encore.
Dans la nuit, vos silhouettes sont floues. Mais on peut très bien voir les cernes sous tes yeux, tes cheveux blonds coulant sur tes épaules. Le gardien t’a emmerdé, j’imagine. Il veut juste garder le paysage pour lui tout seul, quel con.. tu craches de la fumée vers le ciel, observant la lune au dessus de toi. Elle est toujours là, elle, quoique tu fasses. Tu sors tous les soirs depuis le début, ne supportant pas de dormir avec tout ce monde à l’intérieur. J’suis là depuis une semaine à les supporter. Tous ces gens. Peut-être que tu ferais bien de devenir docile, pour ton bien.
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Message Sujet: Re: pink clouding therapy (romy)    pink clouding therapy (romy)  Empty Jeu 7 Fév - 0:40

eden, psychopathe. comme la légende du pédophile qui attire les enfants avec des bonbons. elle, se présente aux autres en jurant qu'elle est normale. parce qu'elle a peut-être, quoi, des cernes plus creusées et une gueule un petit peu plus cassée qu'eux? c'n'est rien ça. que d'l'apparence. c'est vite dissimulé. puis d'ailleurs, heureusement qu'elle est belle, eden. sinon, elle ne serait sûrement plus qu'une épave, plus qu'une souillure, plus qu'une fille sale, salie par le deuil. si elle devait ressembler à ce qui lui charbonne l'intérieur, elle ne serait plus qu'une fumée de cheminée. plus qu'une écume polluée. plus qu'une ombre déstructurée. au premier abord, les autres ne voient pas, comme elle est sombre eden, comme elle est tragique. comme il n'y a que la mort qui la fait vivre. comme son esprit est mal tourné, comme ses pensées sont profondément chaotiques et comme ses idées toujours graves. ce sont des vérités qui échappent. alors, on lui fait confiance, à eden, parce qu'on a toujours l'impression qu'elle porte le paradis en elle.
elle arrache un rire à l'inconnue du banc d'en face et la regarde s'avancer jusqu'à elle, un sourire dans le coin des lèvres. elle la laisse s'asseoir à côté et lui piquer une clope, son feu aussi. elle pense qu'elle n'a qu'la gueule pour fumer. ça la fait sourire discrètement, parce qu'elle prévoit déjà d'en faire une alliée dans le camp des patients. eden ne détaille pas trop la blonde, savoir qu'elle est mignonne et rebelle lui suffit. alors elle se contente de porter son regard au loin, crachant sa fumée dans un soupir. elle rêverait de se barrer d'ici. par plaisir de braver, encore. pour se détourner des conseils des autres et cracher sur la compassion qu'on a pu lui prouver en la traînant ici. puis, à la fois, elle s'y sent bien, dans cet asile. dans ce refuge aux âmes solitaires, entourée de personnes aussi perdues, abîmées et sûrement aussi incurables qu'elle. la presque inconnue se risque à lui assurer qu'elle n'est pas si folle que ça. eden, elle fait semblant d'y croire, riant léger. "bon ça va alors, j'ai d'la marge avant de sombrer !" elle fait croire. parce qu'elle est la première à le savoir, qu'elle est foutue. ce n'est pas tant qu'une demi-bouteille de vodka par jour, un pochon de weed par soirée, deux-trois taz en club ou un paquet de clopes par instant vécu. elle est alcoolique, eden. mais ce n'est rien, comparé à la personne qu'elle est devenue. non, parce qu'eden, elle est bien plus malade que ça. elle est plongée dans un putain de coma. elle a la conscience altérée par les invitations surprises de la faucheuse, la mort cérébrale, les sentiments cancérigènes, la douleur paralysée. la désintox, ce n'est pas qu'une question de litres d'alcool ou de grammes de beuh. pour elle, c'est surtout une question de mesure. un calcul pour l'aider à s'en sortir vivante.
la blonde semble ouverte à la discussion. elle parle du gardien de nuit. "ouais c'est vrai, il est con." renchérit eden en acquiesçant faiblement de la tête. "mais il est facile, aussi. c'est pas compliqué de le faire taire. j'pense qu'il peut m'être utile, durant mes petites vacances dans le coin." ses dents se plantent dans ses lèvres qui cachent un sourire amusé. puis rapidement, elle tire une nouvelle taffe. "c'est l'enfer, hein ? j'signe ma troisième nuit ici." troisième nuit d'insomnie. la première, elle l'a passée dans une sorte de salon commun à écrire dans son journal de bord. la seconde, elle a volé quatre cuillères de crème glacée à un alcoolique qui cambriolait la cuisine pour combler sa dépendance. "et dire qu'il y a moins d'une semaine, j'dansais devant les caissons avec six grammes dans l'sang." soupire-t-elle dans un rire, alors qu'elle laisse tomber sa tête en arrière tout en crachant sa fumée vers le ciel. "tu sais d'quoi j'ai envie?" elle tourne sa tête vers la blonde. "d'une putain de teq paf." un nouveau rire court lui échappe, alors qu'ses yeux se relèvent vers les étoiles. "et à y être, il m'faudrait bien un plan cul aussi. puis allez, de quoi regarder titanic, un bocal rempli de blagues carambar, une petite plage dans l'coin là-bas et un genre de fiole poussiéreuse où y'a écrit "bois-moi" dessus." elle inspire une nouvelle taffe, tournant sa tête avec abandon vers la patiente. "j'm'appelle eden. et toi?"
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