will i be missed | ziggy

traits de caractère /

{ Don’t forget me } La peur de l’inconnu et de l’oubli qui la ronge, sûrement causé par ses parents qui l’ont abandonné à sa naissance essayant de passer la frontière mexicaine pour entrer aux Etats-Unis, il y a vingt deux ans. Un périple qui aura coûté la vie à cette femme enceinte qui  a donné naissance à son bébé avant de rendre son dernier souffle. Malheureusement, toute cette histoire, cet héritage familial, la belle n’en a aucune connaissance. Pensant seulement que ses parents de sang l’ont laissé au bord de la route, trop lâches pour s’occuper d’une gamine. Ça a été un peu le cas de son père, qui n’a pas supporté la perte de sa femme et qui souhaitait une meilleure vie pour son nouveau né : une famille unie et aimante. Alors depuis toute petite, Isabelle n’a jamais aimé être loin de son cocon trop longtemps, éloignée de ses proches, effrayée parce ce que pouvait être la vie, là où elle n’avait jamais mis les pieds. Elle n’a jamais été trop avenante avec les inconnus presque trop méfiante, évitant de leur parler dans les rues sombres de la grande pomme, ne sortant pas seule la plupart du temps. Et puis, que deviendra elle quand elle ne sera plus vivante ? L’oubliera-t-on ? Que laissera-t-elle de son futil passage sur terre ? Des traces ? Les mêmes traces invisibles que celles de ses parents dont elle ne connait rien. Ses pensées écrites sur son journal, tous les jours, au cas où elle parte un jour tout à coup, elle aura au moins laisser des écrits de sa vie. Une vie sur des milliards, que cela pouvait-il bien faire ? { Close to the family tree } Ziggy et sa famille adoptive ont toujours été soudés comme les cinqs doigt de la main. Les parents Adkins et puis les deux grand frères. Elle est la petite dernière, celle qui a eu le droit au plus d’amour certainement, de tous les côtés. La plus mignonne. Celle dont on pardonnait les bêtises si facilement. Ses pleurs pouvaient faire regretter n’importe qui des paroles trop vites lancées en colère. Encore aujourd’hui. Comment regarder cette poupée de porcelaine essuyer ses larmes sans ne rien dire ? Ou ne rien faire ? Trop compliqué car elle paraît tellement douce et tendre. { Stronger than expected } Effrontée qui n’a pas peur de prendre les devants, de dire les choses sans passer par quatre chemins, qui tient tête à n’importe qui - qui ne soit pas plus fort qu’elle, caractère bien trempé, chiante sur les bords quand elle n’a pas ce qu’elle souhaite. Adepte des sensations fortes, des manèges à hauteur. Le vertige elle ne connaît pas ça, plus elle prend de la hauteur, mieux elle se porte. Comme si le ciel l’appelait pour prendre place dans les nuages, tel un trône. { Smells like roses to me } Elle a un amour inconditionnel pour les roses, surtout rouges, toujours extrêmement heureuse quand quelqu’un lui en offre, quitte à s’en acheter elle-même. Symbole de l’amour, du bonheur, de la famille, de l’amitié, de la féminité. Elle aurait été fleuriste dans une autre vie. { Illusion of a life } Apeurée, elle a imaginé trop de rêves qui ne se réaliseront jamais depuis toute petite, tout de même, elle ne perd pas espoir, pensant que dieu a un destin tout tracé pour elle. Un destin qui l’emmènera là où il faut. Des rêves de paillettes envolés avec le temps. A fait de la danse, du chant et du piano, a rêvé de devenir une star. A fini par faire des études de vente et de commerce international, secteur plus sûr d’après les Adkins. S’imaginait dans les cabarets et les comédies musicales les plus grandioses. Bercée par des illusions des contes de fées, croyant au prince charmant, mais ne tombant que sur des imposteurs. L’un après l’autre, c’est toujours pareil. La princesse n’aura jamais de répit. Son âme sœur croisera-t-il un jour son chemin ? { My heart is yours } Cœur sur la main, aide son prochain, bénévole dans plusieurs associations, toujours là pour laisser des pièces aux gens qui en demandent. Triste de voir le monde s’effondrer sous ses pas. Toujours prête à rendre service, quitte à se mettre en danger parfois, en retard sur le loyer après avoir prêté des sous à un ami, en retard au travail après avoir déposé une copine à un rendez-vous. La bonne samaritaine, qui n’a pas grand chose en retour, mais qui s’en fiche. { Diamonds are a girl’s best friend } Passionnée de mode depuis très longtemps, Isabelle est même capable de mettre tout son argent dans un simple sac de marque. Son travail en bijouterie lui permet de côtoyer les plus beaux diamants du monde et les bagues de mariage qu’elle rêverait d’avoir. Egalement fan de jazz (notamment de Frank Sinatra), Ziggy écoute toujours un vieux CD chez elle, ou chante sous la douche des chansons de Marilyn Monroe. Pas forcément dans l’ère du temps, mais indémodable d’après elle et d’autres fanatiques de ce style. { Lost & found } Cherche secrètement des infos sur ses réels parents (mère décédée, père évaporé) sans n’avoir jamais rien trouvé depuis. Les Adkins ne savent pas grand chose non plus, l’ayant adoptée dans un hôpital qui l’avait recueilli, quelqu’un avait laissé ce beau bébé brun dans la salle d’attente, seule. L’homme n’ayant jamais été retrouvé par la police, il fallait l’avouer, ça n’avait pas été leur top priorité. Elle se posait tant de question, même si elle était très reconnaissante envers sa merveilleuse famille. Mais, parfois, le soir en rêvassant, elle se demandait quel était son vrai nom ? Le visage de sa mère ? Avait-elle des cousins, sœurs ? Et tant d’autres que peuvent bien imaginer tous les enfants adoptés de la planète.

Un énième jour de travail comme les autres, toujours le même train-train habituel, métro-boulot-dodo, son café allongé acheté et bu sur le chemin pour lui donner des forces, voilà la longue journée qui se prépare, Ziggy se conditionne mentalement pour préparer les réponses aux questions qui reviennent toujours à un moment ou un autre, concernant le prix des bijoux, leur provenance, s’il s’agissait d’or ou d’argent. La bijouterie dans laquelle elle travaillait depuis maintenant un an était assez renommée dans le quartier, ce n’était pas la meilleure, mais des habitués venaient souvent pour voir les nouveautés. Des hommes pas très doués en la matière demandaient des conseils pour les bagues, des futurs mariages certainement. Des femmes venaient repérer le plus beau spécimen qu’elles pourraient orner autour de leur cou ou à leurs doigts. Tant de personnes différentes passaient les portes de la boutique, d’ailleurs très bien décorée, simple et moderne, dans les tons blancs, gris. Une bonne ambiance. Des compliments qui fusent parfois en douce, son charme ne passant pas inaperçu, même si la demoiselle n’en avait pas forcément conscience. Puis, les chagrins d’amour allaient déjà en va et vient donc ce n’était même pas la peine de répondre aux flirts des clients. Pas besoin de se rajouter des problèmes.
Pour l’aider, tous les jours, il y avait deux autres vendeurs, parfois un seul, ça tournait très souvent. Ils étaient trois à travailler ici, en plus du patron et des travaux administratifs et financiers. Pendant les heures creuses, les discussions prenaient leur place, parlant de tout et de rien, de la vie de chacun. Ils étaient presque devenus de bons amis.
La journée fila aussi vite que l’éclair, il y avait eu tellement de clients qu’Isabelle n’avait pas vu le temps passer et n’avait pas pris beaucoup de temps de pause, elle était exténuée et avait hâte de rentrer chez elle. Dix huit heures passées, les néons de l’avenue en plein Manhattan commençaient à s’éclairer, laissant place à la sombre et fraîche nuit qui se préparait. Le chemin du retour serait calme, mais elle ne serait pas tranquille. Elle ne l’était jamais de toute façon, toujours à imaginer les pires scénarios.

Pourtant, ce soir, elle n’avait pas imaginé celui-là. Cela ne lui avait même pas traversé l’esprit qu’une chose pareille puisse se produire.

La belle brune était en train de clôturer la caisse, qui n’était pas franchement bien remplie, quand quatre hommes entrèrent brusquement dans la boutique. Au début, les premières secondes, elle n’y fit pas attention, se prépara à relever son regard vers les nouveaux clients qui se présentaient pour les accueillir comme d’habitude, d’un “Bonjour, que puis-je faire pour vous ? Vous cherchez quelque chose en particulier ?” Et oui, là, ils cherchaient bien quelque chose de spécial. C’était tout tracé. Mais elle n’eut pas le temps de poser sa question qu’elle aperçut les cagoules cachant leurs visages et surtout… leurs armes bien serrées dans leurs mains. L’un deux pointa sa collègue du bout de son pistolet, un autre la cibla elle et les deux autres approchèrent en vitesse vers la caisse, là où elle se trouvait précisément. “File nous tout ce que vous avez ici. Maintenant ou on tire sur l’autre !” Ziggy complètement pétrifiée, ne sait pas quoi faire, elle tourne son regard furtivement vers sa collègue et l’implore de lui donner un conseil mentalement. Elle pouvait tout aussi bien appuyer sur le bouton rouge de l'alarme derrière le comptoir, mais n’en eut pas le courage, craignant que quelque chose leur arrive. A toutes les deux. “Grouile toi, salope !” que l’un des assaillants cria pour la faire accélérer, elle n’avait plus le temps de réfléchir. Pas un mot ne sortit de sa bouche. Ses mains s'activaient et elle jeta les quelques billets dans leur sac prévu à cet effet.
Elle ne réalisait pas ce qu’il se passait.
Elle était en plein braquage.
Bordel, mais comment était-ce possible, pensa-t-elle. Pourquoi maintenant ? Pourquoi ici ? Tout les New Yorkais friqués savaient pertinemment que cette boutique n’avait pas beaucoup de chiffre d’affaires, ni de biens extraordinaires. Alors, pourquoi ?
Puis les secondes passèrent, les bijoux étaient fourrés dans leurs sacs, laissant les vitrines vides. Dévalisés, ils étaient. Ziggy pensa qu’elle allait perdre son job. Tout ça était de sa faute. Son ex lui faisait peut-être un mauvais coup pour l’effrayer, il en était capable. Puis, elle pensa aux caméras. Tout était enregistré. Mais comment identifier ces hommes ? Rien ne transparaissait. Ni ce qu’elle ressentait, elle restait de marbre pour ne pas avouer sa peur.
Puis, pensant que s’était terminé, elle souffla, les voyant prendre les derniers bijoux et partir. Mais non. L’un d’eux eut l’idée du siècle. Pourquoi ne pas prendre un otage ? C’est toujours plus marrant et bien sûr, ça allège sa peine… Alors pourquoi pas cette brune qui n’était pas trop mal ? Ils pouvaient très bien la défigurer un peu et lui faire regretter d’être en vie. Totalement. Pas le temps de réagir qu’elle se fit menotter, l'attirant avec eux, dans leur fourgon. Comme un trophée de plus à leur collection. Un moyen de s’en sortir, une échappatoire à la prison. Ne pouvant rien faire contre la situation qui se déroulait sous ses yeux, comme si elle ne faisait plus partie de son corps, mais observait tout ça en hauteur. Tous les détails comptaient. Les sensations. Les voix. La couleur des yeux. Les tatouages. Les marques sur leurs peaux. Leurs tailles. Leurs forces. Tout. Même une partie de la plaque d’immatriculation du fourgon, se croyant complètement dans un film policier. Quelqu’un allait la chercher. Sa famille s’inquiétera. Ses amis également. Ses colocataires se demanderaient où elle avait pu bien fuir aujourd’hui. Et puis, sa collègue serait la première à appeler les flics de la ville pour annoncer qu’un braquage venait de se produire. Il y avait des témoins, dans la rue.
Même si elle allait mourir ce soir, aussi bêtement, ils pourraient retrouver ses ignobles personnes et au moins son corps. Inanimé, mais là quand même. Elle ne serait pas oubliée.
On l’avait projeté contre les parois du fourgon, se cognant la tête au passage, ses attaches lui serraient les poignets, lui coupant pratiquement la circulation.
Les quatre braqueurs discutaient, ou du moins, se disputaient. Réfléchissant à ce qu’ils allaient faire en suite. D’elle. L’un proposa de lui tirer une balle dans la tête et de la jeter sur la route, un autre proposa de la séquestrer dans une de leurs cachettes, l’avant dernier voulait en profiter avant d’en terminer avec elle. Ziggy entendait tout cela, mais ne bronchait pas. Elle priait, les yeux fermés, en silence. Que quelqu’un me sauve. S’il vous plait. Elle regrettait de ne pas faire de sport de combat. Mais le dernier des quatre s’interposa, il souhaitait la relâcher, pour pouvoir la surveiller. En vérité, il ne pouvait pas supporter qu’on lui fasse du mal, ce n’était pas prévu dans le plan. Ils ne devaient pas ressortir avec quelqu’un, à la base. C’est lui qui s’approcha d’elle quand elle ouvrit à nouveau les yeux, attrapa son sac et le jeta à l’autre bout du fourgon, entre temps il avait attrapé ses papiers. Son téléphone. Une assurance, pour lui montrer qu’elle n’allait pas s’échapper si facilement de ce cauchemar. Ni ses proches. Qu’ils seraient toujours là, à l’épier. Isabelle avait son regard fixé sur ses pupilles bleutées, pour photographier ce souvenir, ne jamais oublier ce visage cagoulé.

Finalement, après ce qui avait semblé des heures, ils la relâchèrent à la sortie de la ville.
Elle était là, seule, pendant que les criminels s’en allaient fiers de leur coup, des milliers d’euros en poche. Et là seule chose à laquelle elle pensait, c’était qu’elle ne s’en sortirait pas aussi facilement.