make an effort, not an excuse. (almen)

Ce soir, Carmen joue à domicile. Sa soirée, son quartier, son invitée. Elle a convié Alma à se joindre à elle quelques heures plus tôt - bien que convié ne soit probablement pas le terme le plus exact, son texto ressemblant davantage à une convocation qu'à une réelle proposition -. Mais le jour n'était pas arrivé où Alma refuserait une soirée, qui plus est dans un bar à l'ambiance plus qu'effervescente. La brune n'attend pas que sa compatriote de soirée arrive au bar pour aller se chercher un verre, s'exposant une fois de plus dans une tenue outrageusement courte, sa jupe noire et son décolleté plongeant laissant peu -vraiment peu- place à l'imagination. Elle s'occupe à partager ses regards entre un barman pas dégueu et les silhouettes viriles qui dépassent de la foule. Le bar est blindé. Les conversations sont fortes, les effluves de bières puissantes et les éclats de rires francs. De quoi titiller l'enthousiasme d'une Carmen qui s'enivre déjà d'une gorgée de gin tonic à travers sa paille. Ah, te voilà. Tu m'as presque fait attendre. qu'elle trouve utile de faire remarquer quand la sulfureuse Alma s'installe finalement à ses côtés. Elle n'a en vérité pas tant attendu que ça, mais elle ne manquait jamais une occasion de se donner de l'attention. Elle est belle, Alma. Ca en brûle presque les yeux, et Carmen est certaine de ne pas être la seule à l'avoir remarqué. Elle aurait peut-être éprouvé une pointe de jalousie si elle n'avait pas su qu'aucun homme ne trouvait grâce à ses yeux. Pas de concurrence en vue, de quoi calmer l'agressivité qui sommeillait doucement en elle. Mais y avait-il jamais eu une quelconque concurrence avec Alma, de toute façon ? A l'heure actuelle, Alma était bien incapable d'effrayer qui que ce soit tant son désir de séduction était au point mort. A part ça, t'as investi dans une ceinture de chasteté ou t'as enfin l'intention de te bouger ? Nouvelle gorgée de gin tonic et haussement de sourcils de la brune, bien décidée à ne pas laisser son acolyte au simple rang de spectatrice ce soir.

Oui, la voilà, et c'est pas trop tôt. La patience n'était pas la principale vertue de Carmen, quand bien même elle était prête à faire quelques maigres concessions pour Alma. Mais devoir l'entendre rejeter toutes les cibles potentielles qu'elle était prête à lui mettre sous le nez n'en faisait définitivement pas partie. L'attaque est facile et la brune ne s'en offusque pas : oui, Carmen ne se faisait pas prier pour finir dans des draps inconnus. Mais le jour n'était pas arrivé où elle verrait un quelconque problème à ses habitudes. Pardon, je ne savais pas qu'avoir des standards consistait à fantasmer en vain sur la même paire de seins italiens pendant des mois. La remarque claque avant qu'elle ne s'offre une gorgée de gin en récompense de sa désagréable provocation. Le nom de Toni est volontairement gardé silencieux : Carmen se contente de lancer quelques gouttes d'huile sur le feu plutôt que d'y balancer un litre et de toute laisser s'embraser. Son regard glisse vers Alma à qui elle adresse un haussement de sourcils curieux dans l'attente d'une excuse digne de ce nom. Elle doute cependant qu'elle parvienne à en trouver et préfère ainsi s'exposer à de possibles représailles : en bref, rien qu'elle n'ait copieusement mérité. Un top deux suffira, je n'ai pas l'intention d'essuyer plus d'un refus. réplique-t-elle avec un sourire taquin, en sachant que le refus de la cible en question n'aurait pu s'expliquer, dans son esprit, que par un manque d'attirance pur et simple envers la gent féminine. Quant à savoir si le barman fait partie de ce top, Carmen préfère garder le silence, consciente de la paire d'yeux et d'oreilles du concerné qui traîne avidement vers elles. Dévoiler pleinement son jeu ne faisait pas partie de ses habitudes ; elle ne lancerait les hostilités que quand elle en aurait envie, et pas parce qu'un quelconque bonhomme avait décidé de tenter sa chance sur un malentendu. Elle se contente donc de répondre par un sourire complice, replongeant dans son verre afin de garder le mystère entier pour le barman. Ce dernier se garde d'ailleurs bien de se montrer discret quand il glisse ses prunelles avec avidité dans le décolleté d'Alma. Rien de très classe, c'était certain. Mais suffisant pour lui inspirer quelques idées. Tu veux que je lui demande s'il a une soeur ? s'enquit-elle en toute innocence, incapable d'abandonner son idée de caser Alma pour la soirée, même avec l'hypothétique famille du barman. Ou une mère ? qu'elle ajoute dans un rictus moqueur, prête à tout pour donner à Alma un regain d'intérêt. Elle se lance ainsi dans la tradition la plus veille au monde : jouer la provoc pour la faire enfin agir.