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 [Flashback : 2013] : Universe and U - (Isko)

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Message Sujet: [Flashback : 2013] : Universe and U - (Isko)   [Flashback : 2013] : Universe and U - (Isko) Empty Lun 7 Jan - 19:50

@Isabella Kingston & Inko Shedir



Four Seasons Hotel, Miami, 20 Mai 2013

Un an. Voilà déjà un an que la vanité personnifiée, avait achevé avec une facilité et une précocité insolentes ses études. Briguant au passage haut la main et très largement le statut de major de sa promotion. Au risque de passer pour un croulant, plus proche du début que de la fin et cherchant à revivre son âge d’or, le fringuant et tout fraîchement auréolé médecin légiste jurerait que c’était hier encore, qu’il réalisait cet accomplissement. Et quel accomplissement ! Le plus jeune étudiant à l’est du Mississippi à décrocher un double doctorat, depuis l’astrophysicienne Marta Wheeler en mille neuf-cent soixante-dix sept. De quoi ravir la mère du petit homme, qui se congratulait pour avoir dispensé à son fils prodige, une éducation plutôt stricte alliée à un apport en tendresse parcellaire et soumis à restriction. Il se revoyait lever la main droite et prêter devant ses pairs, dans une fierté de lion trônant au sommet de la chaîne alimentaire, le serment d’Hippocrate. Chaque instant de cette journée demeurait fidèlement poinçonné, à l’intérieur de sa petite tête bien faîte d’hédoniste ne se refusant aucun plaisir. Y compris ceux pour lesquels il donnerait cher, afin qu’ils soient à jamais excommuniés de sa mémoire, ou mieux encore, qu’ils n’aient jamais eu lieu.

Tout particulièrement lorsque le doyen de Columbia le pria, en sa qualité de meilleur étudiant de la Faculté de Médecine, de bien vouloir venir se poster derrière le pupitre sur l’estrade surélevée, afin de prononcer son discours de fin d’année, comme l’exigeait la tradition. Seul face à un si vaste auditoire. Ses notes froissées entre ses mains tremblantes. La gorge sèche et nouée. Le stress matérialisait en une boule au creux de son estomac. Les jambes flageolantes et cotonneuses. La sueur naissant sur son front et ruisselant sur son visage, dont la douce teinte caramel revêtait ici un aspect cadavérique. D’une voix frêle et étranglée, Inko bafouilla laborieusement quelques phrases, de ce qui devait être un rapide préambule. La soudaine baisse de son acuité visuelle et les tout aussi subits étourdissements, le rendirent incapable de déchiffrer ses propres écrits. Quelques insoutenables secondes passées à tourmenter et maltraiter prononciation et syntaxe, puis le brun aux lèvres replètes descendit en toute hâte de l’estrade, avant que son agoraphobie ne lui fasse rendre l’âme sur scène à la manière de Molière quatre-cent ans auparavant. Tel un lévrier prenant le départ de la course de Mullingar, le jeune homme d’ordinaire pourvu d’un aplomb et d’une confiance en lui prodigieuse, se rua vers la sortie de l’imposant auditorium de l’Université phare de la Ivy League.

Dehors, l’air redevenue respirable revigora ses poumons. Un miraculé rescapé in extremis de la noyade, devait très certainement éprouver, à deux ou trois choses près, la même sensation d’incroyable et salvatrice délivrance. Les membres de l’équipe d’athlétisme n’eurent qu’à bien se tenir, puisqu’en trente secondes montre en main, la version plus sèche et indienne d’Usain Bolt traversa l’étendu et copurchic campus de l’usine façonnant les grands noms de demain. Les cimes de l’élitiste tour d’ivoire abandonnées, le barbu s’étant rasé de près pour l’occasion, déambula au hasard ici-bas. Dans les artères de la Grosse Pomme, secouées par une frénétique et incessante agitation urbaine. Le polymathe du vingt-et-unième siècle ralentit petit à petit la cadence, et finit par s’immobiliser hors d’haleine devant une ruelle sinueuse. Son étroitesse et sa tortuosité, lui firent penser au jéjunum de l’intestin grêle qu’il avait été amené à observer plus d’une fois, au cours des nombreuses autopsies qu’il réalisa sous la houlette de son mentor, auprès duquel il apprit toutes les subtilités du métier de coroner et travailla à l’élaboration de sa thèse. Ce boyau sans issue devant lequel le métis, qui se remettait encore difficilement de la perte de son premier amour, s’immobilisa, donnait sur l’arrière d’un bar très prisé par les étudiants désireux de décompresser et relâcher un peu la pression le week-end.

Une main prenant appui sur l’arête saillante et glacée d’un mur de ciment, sa jumelle plaquée contre l’abdomen ; l’homme ayant la rigueur d’un Ambroise Paré et l’imagination d’un Arthur Rimbaud, se plia en deux et vomit tripes et boyaux au pied d’une benne à ordures oxydée par endroits, tant la peur et la panique venaient de l’étreindre si fort. L’association de l’acide gastrique et de la bile enflamma son œsophage, et encombra ses grands yeux noirs empreints constamment d’une note de malice et de tristesse mêlée. Très vite, le surdoué les essuya d’un revers de sa large main tannée. Le brun au complexe de supériorité exacerbé ôta sans plus attendre la toge noire, que revêtaient les diplômés recevant leur précieux sésame, la mit au rebut, et referma le couvercle de la pièce de mobilier urbain dans un geste et un cri rageur. Groggy et passablement déphasé, il musarda lentement durant quelques minutes. L’œil hagard, et la démarche stone d’un camé ou d’un boxeur sonné, ses enjambées s’allongèrent et il se remit à courir tel un dératé. Les poings serrés à s’en meurtrir les paumes jusqu’au sang, le souffle court, bruyant et haletant. Les jambes du grand amateur de littérature américaine du début du vingtième avalèrent des mètres de grandes avenues, rues parallèles et espaces verts.

Il n’y avait qu’un seul endroit où il voulait être à cet instant précis. Qu’importe le temps et l’effort que ce voyage éperdu nécessitait, l’homme à la large ligne d’épaules se devait de s’y rendre. Et il y arriva, non sans avoir frôlé à plusieurs reprises la mort, en traversant la route au feu rouge ou en dehors des passages piétons. Soixante et onzième Avenue. Quatorzième lampadaire. Trottoir de droite. Là où une partie de son âme de doux rêveur périt il y a dix-neuf ans de cela. Là où naquit une vocation bien singulière. L’endroit où appa le quitta pour un ailleurs, qu’il espérait de tout cœur être merveilleux. Le théâtre où se joua le drame de sa vie. Un Mandir à ciel ouvert, où du haut de ses cinq ans, il recueillit par un funeste jour de Février, le dernier râle de son père baignant dans son propre sang. Au milieu d’un paysage d’apocalypse fait de carcasses de taule froissée, d’éclats de verre éparpillés, d’asphalte verglacée et d’odeurs de caoutchouc brûlé. A bout de force et de nerf, Inko trébucha et manqua de s’étaler de tout son long sur le bitume crasseux, s’il ne s’était pas rattrapé de justesse au réverbère qu’il enlaça tel un koala se cramponnant fermement à son arbre d’eucalyptus. Las et vidé, tant émotionnellement que physiquement, le puits de science au QI affolant les compteurs se laissa choir à genoux sur le macadam.

Véritablement à bout, il ploya le chef et se désagrégea en torrents de larmes durant de longues minutes qui défièrent l’éternité. C’était ici qu’il devait être en ce moment même. A l’endroit où l’âme de son père quitta son enveloppe charnelle. Le petit Raja était venu trouver du réconfort auprès de son héros. Exactement comme jadis. Quand il faisait un cauchemar ou que l’orage grondait dehors. Le garçonnet venait alors tout tremblotant et en pleurs dans la chambre parentale. Maman râlait, affirmant qu’il était désormais un grand garçon et qu’il n’avait plus à venir dans leur lit. Alors papa se levait, portait son plus inestimable trésor, et le serrait tout contre lui en caressant tendrement l’arrière de son petit crâne, tout en lui murmurant mille-et-une paroles rassurantes. Les escaliers descendus, Monsieur Amritaj s’installait dans le rocking-chair du salon, collait l’oreille de sa plus grande fierté sur son cœur et lui racontait de merveilleuses histoires et légendes sur l’Inde et ses dieux fascinants. Tout en se balançant et berçant son fils unique, qui séchait ses derniers sanglots à l’aide de quelques reniflements. Il n’existait aucun endroit au monde où l’enfant hypersensible ne se sentait plus en sécurité et invulnérable, que blotti dans la chaleur et les bras puissants débordant d’amour de son appa.

S’il venait d’être ordonné médecin, l’homme à la somptueuse et soyeuse chevelure de jais estimait qu’il le devait essentiellement à son défunt père, et que de toutes les personnes qui lui fut donné de connaître jusqu’à présent, il était de loin celui avec lequel il souhaitait le plus vivement partager ce succès. Toujours échoué là où le voyage de son paternel prit fin, et convaincu de ne pas correspondre à l’image du fils qu’il rêvait d’avoir, le natif d’Hyderabad pria en son for intérieur afin que son modèle soit tout de même un peu fier de lui depuis l’au-delà. Cela faisait un an. Un an qu’il répondait au nom de Docteur Shedir. Un an que l’orgueilleux légiste bombait le torse et que son égo ne souffrant d’aucun complexe, enflait toujours un peu plus à chaque fois qu’une occurrence de ce titre, venait flatter ses éminentes oreilles. L’expérimenté coroner aux portes de la retraite œuvrant au sein de la Police Scientifique, et auprès duquel le touche à tout forgea ses premières armes, lui lâchait de plus en plus la bride. Lorsqu’une consœur exerçant à l’Hôpital de Flushing entra en congé maternité, le sage aux tempes grisonnantes poussa l’élève qu’il avait formé à se mettre sur les rangs, afin d’assurer le remplacement et occuper le poste laissé momentanément vacant.

Selon lui, il était grand temps de catapulter le chouchou de ces dames, et de quelques messieurs aussi, dans le grand bain afin d’admirer comment il se débrouillait sans brassard, et voir s’il était en mesure de faire honneur à son sobriquet de « Mozart de la Médecine ». Les gardes s’enchaînaient et les cadavres allaient et venaient, entre ses mains dotées d’une dextérité n’ayant rien à envier à celle des chirurgiens travaillant aux étages du dessus. Examens des viscères, sérologies, détections des causes de la mort et rédactions des rapports d’autopsie, rythmaient sa kyrielle d’heures de gardes. Ses états de service exemplaires et menés à bien dans une rigueur paramilitaire, lui valurent même les félicitations du directeur de l’hôpital, à l’occasion de l’évaluation annuelle de compétences des membres du personnel. Parfois, il arrivait que le pygmalion de l’homme, qui mettait à profit le temps où il n’incisait pas les chairs à la rédaction d’intrigues policières sur toile de fond d’érotisme, qu’il se risquerait peut-être un jour à envoyer à une maison d’édition, vienne solliciter son aide dans des affaires d’homicides complexes et de grande ampleur comprenant plusieurs victimes. Autant dire que l’amoureux des sciences et des lettres n’avait pas de quoi chômer.

Hormis sa vie sociale et son intégration auprès de ses collègues dans son nouvel environnement de travail, qui demeuraient toujours aussi laborieuses, Inko semblait baigner dans une période rose. Chose qui ne manquait d’ailleurs pas de le tracasser quelque peu. Mis à par les diamants, rien n’était éternel. Tôt ou tard, la roue finirait fatalement par tourner. Comme disait son papa : « Ce que main donne ; l’autre reprend. ». Et ça, le prétentiard à la plastique avantageuse le savait mieux que quiconque. Les contes de fée ne se concluaient pas toujours, par un dénouement et un épilogue heureux. Il était des fois où cela finissait mal. Dans certaines histoires, les valeureux princes n’étaient rien d’autre que des imposteurs et des lâches, laissant à leurs tristes sorts les âmes en détresses les appelant au secours. Le médecin était loin d’être un allergique au bonheur, simplement … il aimerait juste être prévenu à l’avance cette fois-ci, lorsque le charme se rompra et que le désenchantement poindra à l’horizon. Histoire de ne plus jamais connaître les tourments et les souffrances, qui le hantèrent au cours de son enfance et son adolescence. Néanmoins, et aussi incroyable cela puisse-t-il paraître, le grand névrosé qu’il était semblait être comblé par la tournure que prenait actuellement sa vie.

Tout les indicateurs, sans exception, étaient au vert. Terminés les conneries, les excès nocifs, les comportements borderline, néfastes et autodestructeurs. Même sa vie amoureuse, connue pour être un perpétuelle défilé d’histoires sans lendemain et de coups d’un soir, était sujet à un certain équilibre ainsi qu’une stabilité, qui ravissait pleinement celui qui il y a quelques mois encore, passait pour un cavaleur invétéré. Qu’elles lui paraissaient loin désormais, toutes ces nuits en discothèque passées à draguer, selon son humeur, des Miladys ou des Galants qu’il ramenait chez lui, pour consommer joyeusement jusqu’au petit jour. Sans parler de toutes les fois où le dragueur compulsif trop excité, passa outre le facteur intimité, pour prendre bestialement et de façon trash ses partenaires kleenex ayant le moins froid aux yeux, dans les toilettes d’un night-club. S’en était également fini de tout cela. Depuis maintenant près de sept mois, le phraseur au physique affûté grâce à de nombreuses heures allouées à la pratique des arts martiaux ou à soulever de la fonte, entretenait une relation suivie avec l’une des plus extraordinaires femmes lui eut été donné de voir. Mais ce n’était pas tout. Il y avait un fait plus incroyable encore, que de savoir le noceur couchant comme on éternue assagi.

La demoiselle avec laquelle il partageait son quotidien, parvenait à le supporter lui et son foutu caractère. Ce qui n’était franchement pas une mince affaire. Pas un jour ne passait sans que le disséqueur de tissus humains ne se demande, ce qu’une femme aussi exceptionnelle pouvait bien trouver à un homme torturé comme lui. Pourquoi perdait-elle son temps avec un mec aussi détestable et horripilant que lui ? Par moments, il en arrivait à se dire qu’elle n’était pas réelle. Qu’il ne la méritait pas. Qu’elle était bien trop parfaite pour lui. Un ange. C’était un ange descendu des cieux. Telle une apparition mystique, elle était entrée dans sa vie, l’enveloppant dans toute sa lumière. Calmant son âme agitée. Apaisant ses tourments. Envoûtant ses sens et son palpitant souffreteux. Cet être mirifique avait bien voulu de lui. Elle lui avait fait une petite place dans son cœur. L’avait choisi. Lui et tout son package de complexité, qui en aurait rebuté plus d’une. Ses manies et ses bizarreries. Ses névroses et ses phobies. Et son sentiment d’insécurité affective permanent, qui le poussait à rechercher encore et encore, des preuves et témoignages d’amour et de tendresse. Une ravissante, exquise, charmante, pulpeuse et plantureuse brune au teint olivâtre et aux yeux de velours.

Isabella. Elle s’appelait Isabella. Tout chez elle l’enchantait. Ses orbes hématites dans lesquels il aimerait tant pouvoir se noyer pour une éternité. Sa bouche mutine dont il ne se lassait jamais de goûter la saveur. Tantôt voracement, tantôt subtilement. Sans tour, détour ni atour. Toute la nuit, tout le jour. Toujours avec elle. Son petit nez effronté, fripon et espiègle qui s’amusait à le tenter, l’attirer et le taquiner. Sa peau satinée qu’il couvrait et inondait de caresses et de baisers. Son long cou de cygne aliter et la majesté de son front haut, sur lesquels ses lippes se posaient tel une abeille butinant le pollen d’une fleur. Son éclatant sourire onirique pour lequel il serait prêt à se damner, et qui avait l’art et la manière pour balayer tout ses soucis et ses tracas. Ses courbes rondes qui le faisaient fondre, et qu’il pourrait dessiner les yeux fermés, tant ses mains enfiévrées les avaient arpentées. Petite fille candide et ingénue sous les premiers rayons de l’aube chassant la rosée matinale. Femme sensuelle, volontaire et de tempérament quand dansait le crépuscule, annonciateur de l’imminente venue de l’astre Sélène. La force et l’assurance qui le tiraient chaque fois un peu plus vers le haut, quand la tentation de se laisser couler s’insinuait dans ses veines. Le réconfort maternel qui l’enserrait et le rassurait, lorsque ses vieux démons d’outre-tombe revenaient s’acharner sur lui.

Inko en était convaincu, elle faisait de lui un homme meilleur au jour le jour. A l’ombre de sa brune, le gamin immature et irresponsable qu’il était, grandissait, s’épanouissait et devenait plus fort. Ce fut au mois de Novembre dernier qu’ils se rencontrèrent, à l’hôpital où exerçait le légiste ayant pris ses fonctions depuis environ un semestre. En l’absence d’une vie sociale à laquelle il pouvait se consacrer, l’arrogant homme basané enchaînait les heures de gardes et vivait quasiment à demeure, dans les catacombes de la morgue. Comme la veille, l’avant-veille et le jour précédant, le forçât de travail s’était endormi à son bureau. La sonnerie sur-aiguë de son bipeur l’arracha à l’onctuosité du sommeil. Dans un grognement sourd, l’ours mal léché se redressa, retira le feuillet faisant l’état des lieux du foie de Monsieur Hartman, qu’un filet de bave séché fit adhérer contre sa joue pileuse, et s’étira en grimaçant et maugréant. Un haut de cœur, qu’il tenta tant bien que mal de contenir et réprimer, l’empoigna. D’un revers de la main, l’orphelin de père éloigna le verre de whisky à moitié vide et les mégots écrasés dans le cendrier en céramique à moitié plein. La lumière s’immisçant par le soupirail, laissé entr’ouvert pour essayer d’éradiquer un tant soit peu l’odeur désagréable du tabac froid, lui apprit qu’il ne devait pas être loin de midi.

Incommodé par la pestilence d’une fragrance nauséabonde, le docteur renifla tel un chien truffier afin de trouver la source de cette puanteur. Une main devant la bouche, il souffla sur sa paume et s’empressa de la plaquer sur son nez dans le but de mieux sentir. L’odeur venait bel et bien de là. De son haleine fétide, qui à elle seule aurait pu réveiller tout les morts, reposant dans les casiers réfrigérés de la pièce d’à côté. Aussitôt, le beau minois du palyboy médical fut déformé par une moue traduisant un profond et vif dégoût, alors qu’il s’empara du petit appareil accroché à un passant de son jean pour voir ce qu’on lui voulait. Aucun nom. Juste une localisation. Pavillon A. Là où se trouvait l’accueil, le bureau des admissions et des sorties ainsi que les urgences engorgées vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Courroucé de ne pas avoir plus d’information, l’indo-américain renâcla et pesta avant de se lever dans une nonchalance faramineuse. Après une escale par la case toilettes pour vider sa vessie pleine à craquer et se laver les mains avec un zèle de chirurgien s’apprêtant à opérer, le plus jeune docteur pratiquant au sein de l’hôpital regagna le rez-de-chaussée. Le teint cireux, les cheveux en pagaille et par endroits poisseux, les yeux cernés, explosés, injectés de sang et les poings enfouis dans les poches de sa blouse immaculée ; l’homme coutumier des incartades et faisant parler les cadavres, traîna des pieds dans toute une succession de couloirs aseptisés.

En chemin, il répondit aux salutations des infirmières, internes et aides soignantes, en hochant la tête ou marmonnant un « hmm » entre ses dents vissées. Arrivé là où l’on avait théoriquement besoin de lui, aucun confrère ne vint lui sauter dessus, pour lui dire que Monsieur Untel ou Madame Machine venait de rendre l’âme sans raison apparente. Dans de tels cas, une autopsie était toujours demandée. Pour connaître les causes de la mort, bien évidemment. Mais aussi et surtout, pour écarter l’hypothèse d’une erreur médicale et faire en sorte que l’hôpital ait de quoi se défendre, si d’aventure la famille venait à intenter un procès. Sceptique, le troglodyte passant ses journées à la morgue en sous-sol s’apprêta à faire demi-tour. Néanmoins, et afin d’avoir la conscience tranquille, l’homme à la barbe négligée et semblable à un enchevêtrement de ronces folles, se mit en quête d’un ou une collègue. Sans se donner la peine de frapper, il entra dans une salle de consultation. Ce fut ainsi qu’il rencontra Isabella pour la première fois. La working-girl hyperactive et courant aux quatre coins de New-York, s’était malencontreusement foulée la cheville en glissant sur une plaque de verglas. Heureusement, plus de peur que de mal. Une semaine de repos associée à quelques anti-inflammatoires, et cette blessure ne fut bientôt plus qu’un lointain souvenir.

Troublé et passablement subjugué, l’ami des figures de rhétorique se perdit, un peu trop longtemps, dans la contemplation de la demoiselle aux yeux charbonneux. S’éclaircissant la voix dans une élégance toute relative, il s’excusa pour son irruption inopportune et demanda à la résidente en troisième année, si à tout hasard elle savait qui requérait les services de la morgue. Tel le fer attiré par un aimant, les yeux vitreux et accusant encore énormément de fatigue du doctorant suivant une spécialisation supplémentaire en Immunologie, revinrent se poser sur le visage aux traits d’une harmonie et d’une finesse somptueuses, de la patiente assise sur le bord de la table d’examen. Inko écouta d’une oreille discrète et d’un air absent la rétorque de la chirurgienne en devenir. Puis, après un nouveau silence anormalement long, le crack en matière de médecine légale remercia l’aspirante docteur et quitta la pièce en refermant la porte derrière lui. Adossé contre le rectangle de bois, l’œil du fieffé séducteur se mit à frétiller et un sourire un brin simplet étira ses lèvres charnues. En quatrième vitesse, il fonça alors vers les toilettes pour homme les plus proches. Du mieux qu’il put, et avec les moyens du bord, le métis débraillé ressemblant à un épouvantail à moineaux, s’affaira dès lors à retrouver une apparence décente et présentable.

De l’eau sur le visage pour décimer les impuretés de l’épiderme en surface. Ses larges doigts faisant office de peigne de fortune, et s’évertuant à mettre un semblant d’ordre dans son indisciplinée et épaisse tignasse brune. Les mains métamorphosées en fers à repasser faisant des allers-retours sur son torse, dans le but de défroisser l’étoffe sa chemise bleue ciel. Conscient qu’il pouvait difficilement faire mieux, le rouleur de mécaniques quitta les lieux d’aisance, lorsque le résultat que lui renvoya le miroir au-dessus de la vasque le convainquit à minimum. L’esthète se complaisant dans la transgression des interdits, dilapida les quelques cents dormant au fond de ses poches en gobelets d’expresso et friandises à la teneur en sucre vertigineuse. Faute d’avoir sur lui quelques pastilles à la menthe ou chewing-gums à la chlorophylle, le fana des effets de manche espérait que l’arôme de l’arabica et des bonbons acidulés, parviendrait à masquer et camoufler son haleine de fauve. Il alla même jusqu’à procéder à un bain de bouche et quelques gargarismes, à l’aide de petites gorgées de l’amer liquide noirâtre. Cependant, l’hypersensible cachant sa vraie nature derrière une armure de condescendance s’interrompit, lorsqu’il remarqua que visiteurs et membres du personnel soignant le regardèrent avec des soucoupes à la place des yeux, comme s’il était un extraterrestre dont le vaisseau se serait crashé sur la Terre.

Accoudé sur le dessus de l’immense îlot en forme de « U », derrière lequel s’affolait un essaim de secrétaires qui pour certaines le dévoraient littéralement des yeux, l’homme encore vaguement dans le cirage guetta, avec la préméditation d’un prédateur s’apprêtant à fondre sur sa proie, la sortie de la belle inconnue qui armée de sa simple présence était parvenue à amplement le troubler. Ce pour quoi on l’avait bipé ? Cela pouvait bien attendre. Après tout, ce n’était pas comme s’il y avait urgence et que la vie du malheureux était en sursis. Les minutes lui semblèrent affreusement distendues. Finalement, la sculpturale brune quitta la salle de consultation en reboutonnant son duffle coat. Ni une, ni deux, le Docteur avide de conquête et en maîtrisant toutes les petites subtilités, aborda l’infortunée en lui faisant l’honneur de son plus beau sourire de cover boy. A nouveau, il la pria de bien vouloir l’excuser pour être entré de manière quelque peu cavalière tout à l’heure. Même s’il connaissait déjà la réponse, il poursuivit en s’inquiétant de savoir si elle n’avait rien de trop grave. Fort de cette entrée en matière plutôt fructueuse, le méridionale se jeta à l’eau et embraya en tentant une approche. Quelle ne fut pas sa surprise, lorsque la jeune femme emmitouflée bien au chaud dans son épais vêtement marine, effectua de concert la même démarche.

Avec sa gueule de bagnard croisé à un fugitif en cavale, Inko était convaincu qu’il se prendrait un râteau magistral, qu’elle le rembarrerait ou s’enfuirait en prenant ses jambes à son cou. Il se souvint qu’ils rirent tout deux de la situation. Il se souvint aussi de la douce sonorité de son rire de gamine, réveillant son petit cœur bardé d’estafilades et qui se mit à faire des claquettes dans sa poitrine. Leurs numéros échangés, la belle aux pommettes rehaussées par une touche de blush quitta le centre hospitalier, non sans enjoindre instamment l’homme en blouse blanche à l’appeler dans un somptueux sourire à la fois joueur et charmeur. Chose que le damoiseau fit deux jours plus tard. Le pouce caressant le point du « i » du Isa, inscrit en dessous du numéro de téléphone sur la papier dans sa main, l’expert en anthropologie invita celle qui n’avait pas quitté ses pensées au cours des dernières quarante-huit heures à prendre un café. Ils se retrouvèrent donc le lendemain dans un établissement, dont il laissa à la voix flûtée ravissant ses oreilles le soin du choix. Une attitude digne d’un vrai gentleman, qu’il savait être lorsqu’il voulait bien s’en donner la peine. Quelques heures passées à discuter, apprendre à se connaître et plaisanter. S’en suivit par la suite une promenade dans un Central Park paré d’un blanc manteau. Accompagnée par une dégustation de quelques churros, achetés auprès d’un vendeur tenant un stand de confiseries, pour tenter de se réchauffer un petit peu.

Puis, il y eut une autre balade sous le froid et timide soleil de Décembre. Cette fois-ci le long des baies du Queens. Ce fut au cours de cette troisième entrevue, que le Docteur Shedir osa passer un bras autour des petites épaules bien rondes d’Isabella. Vint ensuite ce dîner dans ce restaurant qui ouvrait tout juste ses portes, du côté de la portion la plus axée sur l’artistique du Queens. Une soirée qu’ils conclurent par l’échange de leur tout premier baiser, sous le porche de l’immeuble où vivait Mademoiselle Cooper. Aujourd’hui encore, le coroner se souvenait parfaitement des papillons qui virevoltèrent dans son ventre et des loopings que firent son palpitant, quand leurs lèvres se scellèrent pour la toute première fois. Il y eut également ce week-end dans les Hamptons, durant lequel ils s’offrirent l’un à l’autre et ne firent plus qu’un. La suite se fit en douceur. Petit à petit, Izzie, comme il l’appelait tendrement, commença à s’installer chez lui. Quiconque pénétrait dans l’appontement exposée sud et sous les combles du barbu au brushing implacable, pouvait très facilement y deviner la présence d’une femme. Talons aiguilles et ballerines dansaient avec mocassins et baskets, sur le meuble à chaussures dans l’entrée. De la lingerie féminine prit ses quartiers, dans un des tiroirs de la commode de la chambre à coucher.

Robes légères, jeans moulants et petits hauts gagnèrent du terrain dans la penderie, sur les chemises, pantalons et autres blazers. Une deuxième brosse à dents et une myriade de produits de beauté fleurirent dans la salle de bain, à la manière d’une farandole de champignons sortant de terre par une après-midi automnale pluvieuse. D’après les critères des réseaux sociaux, qu’il abhorrait au summum, tout ceci équivalait à un « en couple ». Oui, aussi ahurissant cela pouvait-il paraître, le Dom Juan frénétique filait le parfait amour. Mieux encore, il était heureux et tout simplement aux anges. Cela se voyait et s’en ressentait également dans son comportement. Lui qui d’ordinaire était si renfrogné, morose et aigri, rayonnait de bonheur. Il se montrait plus avenant avec ses semblables. Chantonnait d’un air guilleret. Faisait considérablement moins preuve de susceptibilité, de prétention et arrivait même à accepter la critique. L’homme de science doté d’une forte fibre littéraire était tout simplement amoureux. Et cela semblait se voir comme le nez au milieu de la figure, puisqu’un jour où il se rendit à l’épicerie familiale pour donner un coup de main à sa mère, cette dernière lui demanda : « Et elle s’appelle comment ? ». Le fils eut beau essayé de jouer les innocents ne voyant pas de quoi il était question, celle qui le mit au monde, et le connaissait mieux que personne, ne fut pas dupe et ne marcha pas du tout dans la combine.

Intrigué, l’homme à la peau mâte interrogea celle qui avait rétrogradé au second rang des femmes de sa vie, pour savoir ce qui lui faisait dire qu’il voyait actuellement quelqu’un. Du tac au tac, son aînée lui rétorqua que : « Tu n’arrêtes pas de regarder ton portable en souriant comme un idiot de façon niaise ». Touché, coulé. Un an. Voilà déjà un an qu’il tripatouillait les viscères. Un an qu’il n’avait pas pris le moindre congé. Sa hiérarchie dut d’ailleurs presque l’obliger à prendre des vacances. Ce qu’il finit par faire, mais de très mauvaises grâces. Soucieux et désireux de faire plaisir à sa Bella, l’écureuil économe tapa dans ses économies afin de leur offrir dix jours de vacances à Miami. La basse saison était en effet le meilleur moment de l’année, pour une escapade du côté de la métropole de Floride. En plein été, entre la canicule et les débordements des étudiants s’adonnant au Spring Break ; la ville chantée par Will Smith prenait des allures d’antichambre de l’enfer. Un soir à table, celui qui n’était pas spécialement jouasse de ne plus travailler décida de faire la surprise à son aimée en lui bandant les yeux. Lorsqu’elle vit le billet d’avion ceint d’un petit ruban, la responsable en communication resta tout d’abord interdite. Quand elle réalisa, un gigantesque sourire lui mangea tout le bas du visage.

Sa surprise et sa joie se manifestèrent oralement par des « Je n’y crois pas ! », « Ce n’est pas vrai ! » et autres « Mais tu es fou ! ». Tout bonnement au septième ciel, la détentrice des yeux les plus envoûtants que n’ait jamais vu le médecin adorant s’écouter parler, sauta littéralement au cou de ce dernier et l’embrassa dans une intense fougue mixée à une vive excitation. Un petit détour par la chambre repoussa l’heure du dîner, qu’il fallut d’ailleurs faire réchauffer. Une fois encore, tout semblait parfait. Le seul petit bémol résidait dans le fait de devoir faire monter un amaxophobe au dernier degré dans un avion. Heureusement, l’ingénieux Inko pensa à tout. Grâce à un savant calcul d’apothicaire, réalisé de tête en à peine dix secondes, il prit juste ce qu’il fallut de somnifères avant le décollage. Ces pilules, qui croupissaient depuis des mois au fond de son armoire à pharmacie, étaient quelques reliquats de sa vie dissolue et décousue d’avant. Avant qu’il ne rencontre Isabella. Depuis bientôt sept mois, l’écorché vif s’était extirpé de sa spirale autodestructrice, et n’avait plus touché à un seul narcotique. Seulement ici, ce fut un cas de force majeur. Ainsi, il dormit donc comme une masse durant tout le trajet. Sans doute fut-ce une méthode un tantinet radicale, mais c’était de loin la seule solution pour que le binationaux ne soit pas en proie à une violente crise de panique, qui l’aurait fait hurler à la mort.

Le monstre d’orgueil trouva néanmoins une adorable façon, de demeurer malgré tout aux côtés de celle qui avait réussi l’exploit de le tempérer et le rendre fidèle en amour. Avant de boucler leurs valises, le spécialiste en médecine légale s’était permis de discrètement interchangé le CD du livre audio de l’auteur préféré de sa petite amie, qu’il lui avait offert une semaine auparavant, contre un autre enregistré en secret où il narrait l’histoire. Dans l’introduction, il lui exposait brièvement ce qu’il avait fait et les raisons qui le poussèrent à agir ainsi. Au passage, le brun à la carrure athlétique fit preuve d’autodérision, en ironisant sur le fait qu’il était encore plus toqué et phobique que Monk, et qu’elle ferait mieux de le quitter en vitesse avant qu’il ne déteigne sur elle et ne la contamine. Entre deux chapitres lus en veillant à bien mettre le ton, afin que sa dulcinée ait l’impression d’être plongée au cœur de l’action, l’écrivain en herbe prit la liberté d’intercaler quelques mots et déclarations amour, qu’il peinait à conter à sa muse en temps normal. De son cru pour certains, empruntés à d’illustres auteurs de jadis pour d’autres. Un exemple parmi tant d’autres d’attendrissante attention, que naguère il trouvait mièvre, et que la fougueuse belle gueule indienne accordait dorénavant à son oxygène l’ayant sauvé de l’asphyxie, sans même réfléchir une seule seconde.

Lui qui fut un temps raillait et se moquait ouvertement, des petits couples d’amoureux dégoulinant d’amour et donnant dans le gnian-gnian, ne valait désormais guère mieux qu’eux. Preuve en était qu’il ne fallait décidément jamais dire jamais, et que les absolus, dans les rapports humains tout du moins, n’existaient pas. Les deux new-yorkais en goguette, roucoulant comme des pigeons au plus fort de la saison des amours, virent et firent une bonne partie de tout ce qui faisait le charme de la ville magique, comme on la surnommait. Tout ce pour quoi des milliers de touristes affluaient en abondance chaque année des quatre coins du monde, en espérant de tout cœur que ce qu’ils découvriraient soit à la hauteur du rêve que leur avait vendu une attractive brochure au format A4 pliée en trois volets. Il y eut la visite du fameux Parc National des Everglades, à bord d’un frêle esquif à moteur. Car curieusement, de tout les moyens de locomotion au service de l’être humain, le bateau était certainement le seul et unique que Monsieur Muscles pouvait emprunter, sans être mort de peur, trembler comme une feuille, crier à s’en péter les artères ou rester prostré durant de longues heures. Fait d’autant plus remarquable, quand on sait que ce grand angoissé avait vu Titanic, et que cela n’avait en rien ébranlé la foi et le sentiment de sûreté qu’il pouvait avoir en ces vaisseaux fendant les flots.

Assise sur un de ses genoux, un bras enroulé autour de sa nuque et offrant à l’homme bigrement amouraché d’elle son plus beau profil ; Isabella mitraillait et fabriquait des souvenirs des paysages, de la faune et de la flore défilant sous leurs yeux, à l’aide du portable vissé dans sa main libre. Les jambes écartées, pour que sa douce et tendre ait tout à loisir d’étendre les siennes, le diplômé en médecine forensique passa ses bras puissants autour de la taille gainée de la demoiselle et plaqua le verrou formé par ses mains jointes, sur sa hanche voluptueuse et son muscle fessier latéral. Parfois, il indiquait la présence d’un élément ayant échappé à l’œil émerveillé de son hétaïre de l’amour, et qui pouvait potentiellement valoir le coup d’être immortalisé. Même si le docteur ne sauvant aucune vie ne profita pas tellement de la beauté de l’écrin sauvage qui les entourait, puisqu’il passa la majeure partie de la traversée à pétrir de baisers l’épaule, le creux du cou et à mordiller langoureusement le lob de l’oreille de la femme opiniâtre et se donnant les moyens pour avoir ce qu’elle voulait. Le Casanova hindou savait pertinemment, que ce petit stimuli avait le chic d’émoustiller celle pour qui il s’employait au quotidien, à déployer des trésors d’affection, d’amour et de tendresse.    

Qui disait séjour à Miami, disait forcément petit crochet du côté de la American Airlines Arena, pour s’époumoner et acclamer les héros locaux, alias les membres de l’équipe des Miami Heat. Bien qu’aucun des tourteaux ne raffolait particulièrement du basket ball, ils passèrent quoi qu’il en soit une agréable soirée, au sein du bouillonnement et de l’exultation populaire régnant dans cette salle omnisports. Izzie aurait probablement encore plus apprécié cette soirée, si elle n’eût à renauder et bouder à cause de son bourreau des cœurs de petit ami, qui admira avec un peu trop de concupiscence et lubricité à son goût, les cheerleaders secouant, entre autre, leurs pom-poms durant le repos des joueurs aux vestiaires entre chaque tiers temps. Cependant, quand fut venu l’heure du Kiss Cam Challenge et que l’homme à la peau cuivrée lui prouva, sous les yeux de vingt-mille spectateurs massaient dans l’aréna, combien il était fou d’elle en capturant passionnément ses lèvres glossées lorsqu’ils apparurent sur l’écran géant ; toute la vexation de femme aux prunelles goudronneuses se volatilisa aussi vite qu’elle ne prit la mouche un peu plus tôt. A la demande de la brune qui souhaitait faire exactement comme dans les films et séries télévisées qui bercèrent son enfance, ils remontèrent main dans la main en rollers, sous les lumières du sunset, la mythique promenade d’Ocean Drive.

Une petite vadrouille idyllique, qui fut marquée par une chute granguignolesque et digne des plus grands bêtisiers d’Inko, qui parvint à réaliser l’exploit de se prendre son pied gauche dans son pied droit. Cette mésaventure eut au moins le mérite de faire rire aux éclats la solaire et majestueuse Lady skatant avec autant de talent qu’une derby girl. L’infortuné quant à lui fut nettement moins hilare, mais réussit quand même à sourire de sa maladresse du bout des lèvres par la suite. La matinée d’hier fut placée sous le signe de la culture avec la visite du MoCA, situé dans la partie septentrionale de la ville. L’acronyme pour Museum of Contempory Art. Après s’être nourris l’esprit et le corps, l’après-midi fut dédiée au farniente et au bronzage sur la célèbre plage de South Beach. Lovant ses formes contre le flanc du médecin à l’âme d’artiste, Bella s’amusa à déverser quelques grains de sable blanc dans les sillons délimitant ses abdominaux proéminents. Ses doigts prestes et agiles gambadèrent sur l’épiderme praliné, et chauffé par les rayons que dardait Hélios, du torse aiguisé du m’as-tu-vu qui livrait un âpre combat intérieur pour dissimuler son émoi. Notamment lorsque la main délicate le flagornant, passait et repassait dangereusement près de son bas-ventre.

L’ancien libertin dut attendre d’avoir regagné le confinement douillet de leur paradisiaque chambre d’hôtel en fin d’après-midi, pour enfin laisser libre cours au brasier d’excitation qu’il couvait en lui depuis de longues heures. Un brasier que la demoiselle prit un malin plaisir à attiser un peu plus tôt, en jouant avec lui à la manière d’un chaton avec une pelote de laine. Quelques polissonneries échangées sous la douche, alors qu’ils étaient censés se préparer pour aller au restaurant, manquèrent de les mettre en retard. Ayant à cœur de faire découvrir à Isabella une facette de sa personnalité qu’elle n’avait pas encore la chance de connaître, le médecin qui se voyait déjà en auteur de best-sellers adulé, l’emmena dîner dans un établissement gastronomique huppé et assez coté, situé sur le toit d’un gigantesque gratte-ciel. Une vue imprenable sur toute la ville, l’océan azur ondoyant et scintillant de mille feux sous la lueur du soleil couchant, les cieux crépusculaires irradiant et se drapant d’orangé. Là encore, c’était un exemple typique des simagrées romantiques qui lui flanquaient la nausée, mais qu’il tint malgré tout à partager avec celle qui mettait sens dessus-dessous son petit cœur balafré, pour lui prouver qu’il savait aussi être beau prince et faire les choses en grand. Repus et légèrement étourdis par les bulles du champagne et les vapeurs du vin, le couple s’adonna ensuite à une petite marche digestive nocturne sur Lincoln Road.

Comble de chance, le ciel fut dégagé et une pléthore de diamants habilla le baldaquin céleste. La reine de la nuit trônait également dans toute sa splendeur et illuminait les ténèbres de son éclatant et glacial halo de lumière. Assis, le dos appuyé contre l’imposant tronc d’un palmier. Sa douce allongée dans l’herbe fraîche, la tête reposant sur son giron aux quadriceps fermes, le métis laissa alors vagabonder ses doigts dans sa souple chevelure sombre. Tour à tour, il désigna du bout de l’index quelques étoiles dans le ciel et lui narra deux où trois choses, qu’il avait vu dans ses quelques cours d’astronomie et dont il se souvenait encore. Malheureusement, et n’ayant guère fait preuve de beaucoup d’assiduité dans cette matière, le Docteur Shedir épuisa très vite toutes ses connaissances sur les astres. Alors, il broda et raconta dès lors quelques histoires et légendes de la mythologie hindoue, qu’il tenait de son défunt papa. Le tout en illustrant ses propos par la désignation aléatoire de telle ou telle constellation, qu’il rebaptisa pour les besoins de ses récits. Mais ce soir, les plus belles étoiles se trouvaient sous son nez et brillaient au fond des yeux d’Isabella. Ce matin, le deux fois Docteur se réveilla avec une sensation d’engourdissement dans le bras. Ce dernier était nouait autour de la taille de la divine endormie, à la tête nichée contre le creux de son épaule et la main immobile sur son muscle pectoral.

Sourire extatique aux lèvres, celui qui deviendra par la suite un célèbre et subversif auteur enfouit son nez dans les cheveux embaumant l’iris et la violette de sa chère et tendre, puis embrassa amoureusement le sommet de son crâne, avant de libérer son avant-bras et rouler à l’extérieur du lit, en prenant grand soin de ne pas la réveiller. Un homme travaillant au service d’étage porta dans la suite un chariot avec de quoi petit-déjeuner pour six. Muni d’un plateau monté sur pieds, Inko s’activa pour préparer de quoi ravir les papilles d’Izzie, avec mille-et-une douceurs qu’elle appréciait. Un bol de café noir bien chaud. Un grand verre de jus pressé avec de vraies oranges de Floride. Un assortiment de viennoiseries. Quelques toasts dorés. Marmelade aux agrumes, confitures aux fruits rouges et beurre. L’amoureux éperdu arrangea la rose dans le soliflore, puis regagna la chambre pour offrir à la Belle au bois dormant un petit bed and breakfast. Bien que cela pouvait faire psychopathes ou tueur en série, il s’octroya le luxe de la contempler dormir durant une poignée de secondes. La brune s’était rapprochée de l’oreiller de Monsieur et son bras s’étalait sur la place laissée vacante. Comme si inconsciemment elle le cherchait. Lui. Son corps. Son odeur. Sa chaleur.

« Miss Cooper … ? Room Service ! Avec option servi au lit par petit ami très très sexy, ne portant rien sous son peignoir et pouvant en un clin d’œil l’ôter sur commande. Tout cela, sans avoir à débourser un traître cent de supplément. Alors … elle n’est pas belle la vie ? », déclara-t-il d’une voix rieuse et sur un ton à la fois badin et vaniteux, tout en déposant le plateau sur le lit. Assis sur le bord du matelas, le médecin à la haute opinion de lui-même vint cueillir les perles de rosée matinale, en butinant le bouton de rose labiale de l’unique fleur s’épanouissant dans le jardin de son cœur. Quand il se recula, il sentit une légère succion essayant de maintenir captive sa lèvre inférieure. Lorsqu’il rouvrit ses grands yeux d’onyx, il crut déceler dans ceux de son Iseut une pointe de frustration et insatisfaction, qu’il mit sur le compte du fait que le baiser qu’il lui décerna fut selon elle bien trop furtif et rapide. Son sourire d’idiot niais, dixit sa mère, fit une courte apparition avant qu’il ne se décida à donner un second assaut. Plus profond et langoureux. Une main posée sur la fournaise au creux de ses reins, l’autre caressant paresseusement sa nuque fine et la naissance de sa coiffure d’ébène soyeuse. Celle-ci sinua sur sa jugulaire et se mit à serpenter le long de sa gorge.

Avec une force qu’il puisa il ne sait où, le plus new-yorkais des indiens parvint à réfréner l’envie pourtant irrépressible, d’allonger son alpha et son oméga sur le lit afin de se lancer dans un corps à corps effréné, duquel ils ressortiraient tout deux occis et à bout de souffle. A contrecœur, il mit un terme à ce baiser enflammé en le faisant mélodieusement sonner. Le médecin exerçant sur des patients à qui il ne pouvait guère arriver grand-chose, fit remarquer dans un petit rictus malicieux et en donnant davantage de stabilité au plateau brinquebalant, qu’il serait pour une fois sage de ne pas faire de bêtises. Dans la foulée, il prit son oreiller et le positionna à la verticale avec celui de la brune, dans le but de lui offrir un dossier plus confortable que le dessus du sommier en bois du lit. Tandis qu’Isabella s’installa afin de savourer le repas, dit le plus important de la journée, l’homme l’ayant dans la peau versa le contenu de la cafetière à piston dans le bol translucide. Les volutes de fumée aux arômes amers taquinèrent subtilement ses narines. Cette odeur qui plaisait tout particulièrement au barbu, fit naître une timide esquisse sur ses lèvres un brin boursouflées. Ca, c’était du vrai et bon café. Rien à voir avec l’infâme dérivé de pétrole que proposaient les machines à l’hôpital.

En sept mois d’une passion dévorante, Inko avait remarqué, qu’aussi merveilleuse puisse-t-elle être, sa Bella n’était guère franchement du matin. Ainsi, il la laissa donc émerger tranquillement et à son rythme durant quelques minutes, dans un silence monacale. « Est-ce que cette courte nuit fut tout de même marquée par un sommeil réparateur ? », se risqua-t-il à demander, en faisant pour une fois preuve d’un semblant de sérieux, par peur d’avoir à essuyer l’éventuelle mauvaise humeur du matin, de la femme au fort caractère dont il s’était entiché. A l’instar de ses quelques défauts, cela faisait partie de cette foultitude de petites choses et imperfections qu’il adorait chez elle, et pour lesquelles il l’aimait à s’en taillader les veines. Tel un hussard malappris, il trempa la pulpe de son index dans le petit bocal contenant une appétissante confiture de myrtilles. A deux doigts de se pourlécher les babines, il croisa le regard de tourmaline de sa dulcinée qui lui disait en silence : « Non mais vraiment, quel âge tu as ?! ». Dans un petit sourire badin en coin et un haussement joueur des sourcils, il toucha et tacha de violet la pointe de son petit nez futé. Et il rit. De bon cœur et comme un grand gamin. Devant cette femme qu’il ne trouvait jamais plus belle qu’au naturel. Sans artifice. Sans fard. C’était ainsi qu’il l’aimait. Dans son essence la plus pure. Elle qui était la substantifique moelle de la beauté. Le nord qui donnait enfin un sens à la boussole anarchique de sa vie.                                                                                                                                                      
(c) DΛNDELION
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Message Sujet: Re: [Flashback : 2013] : Universe and U - (Isko)   [Flashback : 2013] : Universe and U - (Isko) Empty Dim 13 Jan - 14:35

♛ 'Cause we were just kids when we fell in love.
I found a love for me Darling just dive right in And follow my lead Well I found a girl beautiful and sweet I never knew you were the someone waiting for me 'Cause we were just kids when we fell in love Not knowing what it was I will not give you up this time But darling, just kiss me slow, your heart is all I own And in your eyes you're holding mine Baby, I'm dancing in the dark with you between my arms Barefoot on the grass, listening to our favorite song When you said you looked a mess, I whispered underneath my breath But you heard it, darling, you look perfect tonight…

▼▲▼

Four Seasons Hotel, Miami, 20 Mai 2013


Les yeux posés avec tendresse sur le visage aux allures helléniques de son bel Indien, Isabella le contemple sans pouvoir s’en lasser. Il est beau, Inko, il est tellement beau. Elle lui dit, parfois, elle le complimente de temps à autre, mais jamais autant que les mots ne lui traversent l’esprit. Peut-être parce qu’elle sait qu’il ne cesserait plus de s’en vanter, peut-être parce qu’il en a déjà beaucoup trop conscience, son séducteur de petit-ami. Pour autant, derrière cette allure assurée qui paraît presque pour de l’arrogance aux yeux de tous, la jeune femme a bien conscience qu’il cache une sensibilité bien plus forte qu’il ne veut bien le montrer. Ce n’est sans doute pas flagrant au premier regard, sans doute que non. Mais il lui a suffi de quelques jours, quelques semaines peut-être, pour comprendre à quel point Inko Shedir est un homme complexe. A quel point il doute de lui, parfois, quand il pose ce regard de velours sur elle, et qu’il semble se demander pourquoi elle est . Pourquoi elle est encore auprès de lui. Il n’a pas conscience de toutes les qualités qu’il renferme, pas plus qu’il n’imagine tout le bien qu’il lui fait, à elle. Pour l’une des premières fois de sa vie, elle a l’impression d’être avec un homme qui la comprend, un homme qui l’aime et qu’elle aime, elle aussi, avec un tel naturel. Elle l’aime, oui, et plus fou encore pour la trop névrosée Isabella, elle aime celle qu’elle est à ses côtés, celle qu’elle est pour lui. Il lui apprend qu’elle peut être aimée, elle aussi, aimée pour de vrai. Il lui offre, surtout, l’un des plus beaux cadeaux que l’on puisse offrir à quelqu’un. Il lui donne l’occasion d’apprendre à faire ce qu’elle n’a encore jamais pu faire… S’aimer, elle, pour la première fois de sa vie. Alors elle ne cesse pas, pas un instant, de tenter de lui renvoyer la pareille. Elle voudrait tant, qu’un jour, il se rende compte de la valeur qu’il a, Inko. Pas seulement celle d’un médecin exceptionnellement jeune et doué, pas non plus celle d’un charmeur au physique irrésistible, mais sa valeur, la sienne, à lui. Uniquement à lui. C’est ce qu’elle s’évertue à faire, au quotidien, lui montrer ce qu’il est, à travers son regard à elle. Loin d’être l’ange qu’il voit parfois en elle, la Latina bien plus torturée qu’elle n’en a l’air sait parfaitement ce qu’il ressent à chaque fois qu’il se contemple un peu trop longuement dans son miroir. Et c’est peut-être bien pour cette raison, aussi, que loin de se contenter de le complimenter au sujet de son apparence physique, si avantageuse soit-elle, l’aînée des Cooper préfère lui prouver à quel point il compte pour elle. Sûrement, aussi, parce qu’elle est loin de faire des compliments si facilement. C’est l’une des nombreuses choses qui font qu’elle se sent si bien lorsqu’elle est à ses côtés. Il est tout aussi pudique qu’elle sur ses sentiments mais, en même temps, il semble tout autant qu’elle avoir besoin de son affection. Comme elle, le beau brun est bien davantage du genre à lui démontrer son amour, plutôt qu’à le confier avec de grands discours. C’est ce qui explique qu’elle soit si à l’aise avec lui. Il ne l’a pas brusquée, pas une seule fois, jamais. En cela, il se différencie de tous les hommes qu’elle a pu connaître, ceux qui ont pu lui reprocher d’être renfermée, trop mystérieuse, trop… Elle. Il est patient, peut-être parce qu’au fond de lui, l’amour et ses dérives lui font tout aussi peur qu’à elle. Et pourtant, s’il a le sentiment d’être un homme meilleur grâce à elle, la jeune femme a le sentiment réciproque, celui de devenir meilleure, elle aussi, lorsqu’elle est à ses côtés.

Elle l’observe toujours, elle admire inlassablement les traits magnifiés de son visage, à la fois si carré mais si doux. Il paraît si apaisé à cet instant, Inko. C’est pour cette raison qu’elle aime tant le regarder, la nuit, alors qu’il ne s’en doute pas le moins du monde. Elle parvient à déceler la tendresse sur son faciès, elle parvient à le voir plus apaisé, plus paisible qu’il ne l’est jamais lorsqu’il garde les yeux ouverts. Car c’est là quelque chose qu’elle a vite remarqué chez le jeune médecin. Il a cet aspect écorché, plus sombre que la plupart des gens, cet air qu’elle a elle aussi dans les mêmes yeux ébène que les siens.  Il lui ressemble beaucoup, bien plus qu’elle ne l’aurait cru les premières secondes de leur rencontre. C’était il y a plusieurs mois déjà, sept pour être tout à fait exact. Sept mois qu’ils vivent la parfaite idylle tous les deux. Et elle s’en souvient encore comme si c’était hier seulement. Elle était assise au bord de cette table d’examen, profondément ennuyée d’interrompre sa journée de travail à cause d’une vulgaire chute. Il y avait cette jeune femme qui s’occupait de soigner sa plaie, interne il lui semble, ou peut-être qu’elle avait eu son diplôme tout récemment. Peu importe, elle l’a oubliée en vérité, dès l’instant où cet homme est arrivé. Il paraissait à la fois confus et confiant. Perdu parce qu’il n’avait vraisemblablement aucune idée des raisons de sa venue à cet étage mais assuré néanmoins dans chacun de ses gestes, chacun de ses mots. C’est ce paradoxe qui a tout de suite frappé la jeune commerciale de vingt-six ans. Cela, et le regard de cet homme mystérieux qui débarquait de nulle part. Il ne l’a pas lâchée, pas une seconde. Elle a presque été déçue quand, finalement, il est reparti aussi vite qu’il est arrivé, non sans présenter ses excuses au passage. Mais, à sa sortie, il était là, contre toute attente. Aujourd’hui encore, Isabella ignore ce qui l’a poussée à entrer dans le jeu de charme du séducteur. Son assurance a tout de suite su capter son attention. Mais il y avait aussi cet aspect négligé transformé subitement, par le plus grand des mystères, en une allure bien plus présentable. Comme si, en quelques secondes, il pouvait devenir un autre. Comme si, il suffisait finalement de lui laisser une chance, pour voir toutes les belles surprises qu’il avait à offrir. Elle aimait, déjà, l’idée qu’il puisse renfermer bien d’autres choses en lui que ce qu’il semblait bien vouloir dévoiler. Et puis, il y avait ce regard aussi, sombre et prenant, derrière les petits sourires charmeurs. Ce regard, il a su l’envoûter avec une facilité déconcertante. Encore aujourd’hui, c’est ce qu’il fait à chaque fois que ses prunelles se plongent trop longuement dans les siennes. Il l’a faite tomber sous son charme, Inko.

Elle n’avait pas le temps pour une histoire d’amour. Elle débutait tout juste une carrière qui, encore aujourd’hui, est loin d’être arrivée au bout de ses ambitions. Et elle avait le cœur encore meurtri, surtout, depuis le décès de son petit frère moins de deux années plus tôt seulement. Elle n’était pas capable d’offrir à quelqu’un son cœur, pas si vite. Mais ses sentiments ont évolué, ils ont pris une telle ampleur, plus qu’elle n’aurait jamais pu le soupçonner. Parce qu’en vérité, elle le sait à présent, la Latina se trompait. Il était arrivé dans sa vie au meilleur moment. Il était arrivé au moment où elle se sentait le plus seule. Privée de Jim, éloignée des autres membres de sa famille, elle commençait dangereusement à se couper du monde extérieur et de toute vie sociale, quand il est apparu dans sa vie. Il ne le sait peut-être pas, Inko, mais il l’a sauvée. Il l’a sauvée de sa solitude, il l’a sauvée d’elle-même. Il lui a donné la chance de croire en l’amour alors qu’elle s’y était déjà essayée, et qu’elle en avait conclu, fatalement, que ce n’était pas pour elle. Et, peu à peu, il a pris une place immense dans son existence. Une place, aussi, de plus en plus grande, dans son cœur encore meurtri. Au fil des mois, il lui a fait redécouvrir le bonheur, celui d’être avec quelqu’un, lorsque l’on a été seul trop longtemps. Elle s’est attachée à ces moments de magie, des plus complices aux plus romantiques. Des plus joueurs aux plus sincères. Jusqu’à cet instant, quelques jours plus tôt, où il lui a fait découvrir les deux précieux billets d’avion, ornés d’un joli ruban décoratif, dont la destination était impossible à manquer. Miami. Ce sont leurs premières vacances, ensemble, en amoureux. Les premières vacances qu’elle passe avec un homme, d’ailleurs. L’euphorie du jour de départ n’a pas cessé, pas un seul instant. La New-Yorkaise effrénée qui a tant de mal à s’arrêter le fait avec une facilité incroyable. C’est certainement plus facile lorsqu’elle est aussi bien accompagnée. Elle a la sensation de vivre ces quelques jours sur un petit nuage aux allures paradisiaques. Chaque journée qu’ils passent à explorer les lieux les plus incontournables comme les merveilles les plus enfouies de la ville au soleil de feu lui paraît idyllique. Elle ne saurait dire quelle visite elle a préféré, quel endroit l’a fait le plus rêver. Celle du Parc national des Everglades a été incontestablement l’un des moments les plus inoubliables, tout comme celle du Museum of Contempory Art l’un des plus passionnants pour celle qui n’est encore qu’une novice dans un art dont elle n’est encore qu’aux prémisses. Puis, naturellement, il y a toutes ces nuits qu’ils passent dans les bras l’un de l’autre, à s’enlacer et s’unir inlassablement, à ne faire qu’un comme s’ils ne voulaient plus jamais se séparer. Et, en réalité, ce qu’elle a préféré plus que tout, c’est sans aucun doute cette sensation. Celle d’être en permanence auprès de l’homme qu’elle aime. Sentir sa chaleur le matin à côté d’elle dans le lit, déjeuner en tête à tête avec lui en le dévorant des yeux – quand elle ne finit pas par céder à l’envie d’aller trouver sa place préférée sur ses genoux. Savourer ses baisers et frissonner sous ses assauts à chaque fois qu’il n’est pas censé l’embrasser. Jamais, elle ne s’est sentie aussi proche de lui que durant cette semaine de rêve. C’est très probablement pour cette raison que la belle brune au cœur bien plus vulnérable qu’il n’y paraît commence déjà à redouter l’instant où ils devront repartir. Retourner à leurs vies, certes bien remplies, mais qui impliquent également que chacun retourne à son appartement alors qu’elle a pris désormais l’habitude de tout vivre à ses côtés. Mais elle ne veut pas s’obscurcir l’esprit de ces trop sombres pensées. Elle veut pouvoir savourer encore ces instants magiques que son amour de petit-ami lui offre. Sur cette idée, elle se penche avec délicatesse près de son visage pour déposer un tendre baiser sur le coin de ses lèvres. Elle se blottit tout aussi discrètement dans ses bras alors que, dans un réflexe inconscient mais des plus adorables, Inko l’enlace immédiatement contre lui. Il ne lui suffit guère plus de quelques fractions de secondes pour tomber dans le sommeil à son tour. Un sommeil profond, paisible et réparateur… Mais bien trop bref.

La nuit est relativement courte. Si courte que, au petit matin, elle ne sent pas le corps du bel Indien qui s’éloigne avec l’agilité d’un chat. Pas plus qu’elle ne l’entend s’échapper de leur chambre pour se lancer dans la préparation d’une surprise de plus pour les beaux yeux de sa petite-amie. Ce n’est que lorsqu’elle entend brusquement un voix grave et sexy qu’elle reconnaîtrait entre tous interrompre ce doux silence dans lequel elle est plongée que la belle endormie sort, tout doucement, des bras de Morphée. Ses paupières luttent encore de brèves secondes mais c’est sans compter sur l’enthousiasme et l’énergie dont sait faire preuve Inko  dès le matin, alors même qu’il n’a pas tant dormi plus qu’elle, finalement. Les yeux d’Isabella finissent tant bien que mal par s’ouvrir pour qu’elle puisse ne rien louper de la belle scène qu’il lui offre. Elle le contemple, encore mal réveillée, mais déjà avec cette tendre lueur dans les yeux. Et elle se dit combien elle l’aime. Il a été si parfait durant ce séjour, plus encore qu’il ne l’est habituellement avec elle. Il avait toujours une attention pour elle. De l’enregistrement audio qu’il a tendrement préparé pour lui en faire la surprise jusqu’à ce dîner délicieux dans l’un des restaurants les plus incroyables qu’elle a pu découvrir. Voilà que, à présent, il lui offre un petit-déjeuner au lit, nouvel instant de perfection dans un séjour qui n’a cessé de l’émerveiller. Gourmande par nature, elle jette un bref coup d’œil au plateau déposé sur le bord du lit. Il y a tout pour ravir ses papilles et, même, une belle rose pour orner le plateau et lui donner la dernière touche romantique dont il avait besoin. Mais, gourmande, elle l’est surtout de lui parce qu’elle n’attend pas un instant de plus pour se redresser et prolonger le doux baiser qu’il lui offre. Un baiser bien trop court aux yeux de la jeune insatiable dont il est l’unique responsable. Elle tente néanmoins de s’emparer de ces lèvres qui l’obnubilent et l’obsèdent mais il s’éloigne beaucoup trop vite. Son regard s’assombrit à peine d’un élan de frustration alors qu’elle lui offre l’une de ces petites moues enfantines dont elle a le secret. – Tu me promets une option sexy mais tu t’éloignes avant même de commencer… proteste-t-elle, légèrement capricieuse, enfantine. Elle retrouve ce côté femme-enfant avec lui plus qu’avec n’importe qui. Comme s’il lui permettait de renouer avec elle-même. Mais elle n’a toujours pas le baiser qu’elle attend avec tant d’impatience. Mais elle n’a guère besoin de patienter longtemps  parce que, sourire en coin sur les lèvres, le beau métisse se décide à capturer les siennes dans un deuxième baiser, bien plus intense, bien plus langoureux que le premier. La chaleur déjà naissante qui s’empare de son bas-ventre, elle lui répond avec la même fièvre, avec cette envie qu’il ne sait que trop bien éveiller en elle. Comme elle sent ses doigts glisser le long de sa peau frissonnante, la main de la jeune femme part s’échouer dans ces cheveux courts et soyeux, comme pour s’assurer qu’il reste auprès d’elle cette fois. Mais le souffle qui commence à lui manquer a raison d’eux. Cette fois, alors qu’il se recule à nouveau, elle lui offre son plus beau sourire, conquise.

C’est avec une sagesse rare que les deux tourtereaux parviennent à se détacher l’un de l’autre. Il vaut mieux, en effet, pour tous les deux qu’ils ne perdent pas plus de temps à retrouver le corps chaleureux de leur bien-aimé. Auquel cas, ils ne pourront plus quitter la chambre de la journée, exactement comme c’est arrivé le lendemain de leur arrivée. Puis, elle ne veut pas gâcher le petit-déjeuner beaucoup trop parfait qui leur est offert. Les yeux posés sur son Indien préféré, Isa le contemple, lui, alors qu’il positionne avec beaucoup d’attention son oreiller pour mieux la mettre à l’aise. C’est ce genre de petits détails, qui semblent lui paraître si anodins, qui la font littéralement craquer pour lui. Pour cet homme qui se dit pourtant si peu fait pour les aspects romantiques d’une quelconque histoire d’amour, il a envers elle des attentions que personne n’a eu avant lui. – Tu es un ange, tu le sais, au moins ? commente-t-elle sans réfléchir, comme si les mots lui échappaient malgré elle. Mais, c’est vrai, il a tout d’un ange avec elle. Même si, elle s’en doute déjà, jamais, il ne sera d’accord. Pour autant, s’il n’est peut-être pas tout à fait un ange, il est réellement merveilleux avec elle. Elle n’a jamais eu autant d’étoiles dans les yeux que depuis qu’il est dans sa vie, Bella. Alors qu’elle s’installe confortablement, elle voit déjà son preux serviteur lui préparer une tasse de café noir. Elle le remercie d’un joli sourire pour prendre, sans attendre une seconde, une gorgée de la boisson aux vertus miraculeuses avant qu’il ne lui demande comment s’est déroulée sa nuit.  D’un signe de la tête, l’aînée des Cooper acquiesce mais elle n’a guère le temps de lui répondre verbalement qu’elle le voit tremper le doigts dans l’un des bocaux à confiture pour… Le lécher ? Elle ne dit rien, mais il a tout l’air de comprendre tout de suite les pensées dépitées de sa belle. Non embarrassé pour autant,  il s’empresse au contraire de venir tacher le bout de son nez d’un peu de confiture. C’est malin. – Je me demandais si tu avais huit ans, mais en réalité, ce serait plutôt quatre. lâche-t-elle sans pitié pour le gamin qu’elle a choisi d’appeler petit-ami. Mais comment pourrait-elle lui en vouloir alors qu’il paraît si insouciant… Si heureux tout bonnement. Il laisse même échapper ce rire enfantin, celui qui lui réchauffe le cœur autant qu’il lui donne envie de le couvrir de baisers. Trop faible qu’elle est, Isa. Ce bout de confiture toujours sur le nez, elle lui sourit amoureusement sans s’en rendre compte. – Tu as de la chance que je t’aime bien, toi. ajoute-t-elle, en insistant sur le « bien » comme pour le taquiner, et le provoquer un petit peu. Car non, elle ne l’aime pas seulement bien, assurément que non. Elle aime cet homme et tout ce qu’il est depuis sept mois maintenant.

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