Being a grown up when you're a kid, it's not easy (Signhild)

Avec ce visage tout droit sorti d’un conte de fée, on ne supposerait pas que Signhild a eu des instants difficiles dans sa vie. On la prend pour une Cendrillon heureuse que la vie a décidé d’épargner. Parce que c’est bien plus simple de prétendre que l’on tout va bien plutôt que de montrer que l’on a souffert. C’est ce qu’elle croit cette petite poupée blonde ; c’est ce qu’elle s’efforce de penser chaque jour. Elle ne veut pas que l’on s’apitoie sur elle. Alors elle décide de jouer et de mettre une gifle à la vie ; ruiner ces plans qui la mettraient à terre. Jouer en étant douce, jouer en souriant et en aidant les autres du mieux qu’elle peut parce que ça la rassure, la berce et lui fait oublier ce qu’elle a vécu. Non, elle ne laissera personne s’apitoyer sur elle et les laissera penser que tout va bien pour elle. Pourtant, sa vie a basculé il y a huit ans de ça. Avant, tout allait bien, la vie semblait parfaite et elle le croyait d’ailleurs. Jusqu’à ce que l’on vienne sonner à sa porte. C’était un samedi et elle se rappellerait ce jour toute sa vie. Sa mère devait rentrer bientôt d’Afghanistan, c’était ce qu’on lui avait dit en tout cas et son père se préparait à la retrouver, elle aussi d’ailleurs. Alors lorsqu’elle alla ouvrir la porte, elle ne se douta pas que sa vie allait être chamboulée à jamais.

Elle était restée stoïque, avait prétendu que tout allait bien, que tout était normal. Puis lorsque les militaires étaient partis, elle avait claqué la porte, casser une bonne partie de sa chambre avant que son père ne l’arrête. Il était aussi triste qu’elle mais elle, elle était aussi en colère. A partir de ce jour-là, la relation qu’elle avait avec son père tourna au vinaigre. Il avait fini par sombre dans l’alcool tandis qu’elle tentait de s’en sortir. Elle n’était pas du genre à baisser les bras, ce n’était pas possible. Son père ne suivit pas ses conseils et elle finit donc par partir de la maison à l’âge de 18 ans sans se retourner. Elle ne pouvait plus voir son père et ses crises, ses colères lorsqu’elle cachait ou vidait les bouteilles qu’il avait acheté. Leur relation avait marqué une partie de sa vie et la destruction apportée par la mort de sa mère l’avait emmené aussi vers le fond. Elle tentait de survivre, seule et pour ça, elle devait s’exprimer. Si le violon et le piano l’aidait, elle avait besoin de plus et il sembla que se mutiler était ce qui extériorisait le plus ce qu’elle ressentait. Comme un besoin de destruction qui s’encrait en elle un peu plus chaque jour malgré son désir de s’en sortir.

Etre admise à l’université lui permis d’aller vers la lumière et de s’extirper de cette spirale infernale bien qu’elle se mutilait encore une fois arrivée à NY. Avec le temps, les choses se sont apaisées. Elle a moins l’impression qu’elle doit souffrir pour aller mieux ou presque car elle a échangé la mutilation contre la boulimie ; ce qui n’est pas vraiment mieux mais elle, elle a l’impression que ce n’est pas aussi dangereux. Elle n’a pas l’impression qu’il y a un problème à résoudre et c’est mieux comme ça. Ce n’est pas tous les jours faciles et parfois elle a tendance à replonger, lorsque c’est trop dur ou qu’une interaction lui rappelle sa vie passée. Parce que mine de rien elle est quand même sensible cette petite et un rien peut lui enfoncer la tête sous l’eau jusqu’à ce qu’elle ait le courage de la ressortir. Cependant, elle a de la chance, depuis quatre ans, elle étudie ce qu’elle aime et vit sa vie comme elle l’entend. Les claques, elle les prend de plein fouet mais elle en prend moins. Elle ne s’attache plus vraiment, à part à des amis mais jamais plus parce qu’elle ne veut pas souffrir. Elle ne veut pas avoir « la maladie d’amour » enfin c’est ce qu’elle dit. Elle attend juste la personne assez courageuse pour lui montrer les bons côtés. Elle ne l’avouera cependant jamais, trop occupée à faire de sa vie un monde meilleur au jour le jour jusqu’à ce qu’elle y croie vraiment.