come break me down. (ryn)

01/ Issus des colonies allemandes, les Salinger étaient établis en Pennsylvanie, à Philadelphie. Plusieurs générations plus tard, c'était toujours le cas. Y en a qui ont bougé un peu dans le pays, plus au sud, mais le père de Ryn était toujours là, lui. Un ouvrier, quelqu'un de simple, qui a rencontré une vendeuse polonaise dans un magasin. C'était une histoire simple, et c'est de celle-ci que Ryn est née, moins d'un an après leur rencontre.  02/ Pourtant, ça allait trop vite pour la polonaise... Elle a pris ses jambes à son cou, quelques jours après la naissance de la petite. À compter de ce moment, ça n'a toujours été que Ryn et son père. Une relation fusionnelle, presque amicale parfois, avec toute la protection qu'un père donne à sa fille ; tous deux partageaient la peine d'avoir été laissés. Il était son meilleur ami, celui à qui elle se confiait. Ils avaient décidé ensemble de quitter Philadelphie pour la banlieue de New York. Ils avaient leurs habitudes : la séance du cinéma du vendredi soir, le tour hebdomadaire chez un vieux disquaire, les balades en forêt du dimanche matin, les repas préparés ensemble... Ils ne se disputaient jamais, trop soudés pour ça. Il lui a donné l'amour de deux parents à lui seul, a tout fait pour elle, mais certains souvenirs sont flous... 03/ Mais, elle se souvient du sang sur ses mains, de son père dans ses bras. Elle se souvient du sifflement de la balle qui l'a tué. Pourtant, les balles avaient plu, ce jour-là. Une tuerie de masse, tellement traumatisante que Ryn, elle a oublié trop de choses, de ce jour-là. Et ça la hante, terriblement. Ses cauchemars agitent encore son sommeil, ses cris fendent encore le silence de la nuit. Depuis, elle ne fait que survivre, difficilement, entre insomnies et terribles cauchemars quand elle trouve enfin le sommeil. 04/ Elle a changé, la brune. Elle craint les armes à feu, désire plus que tout que leur port soit plus contrôlé qu'il ne l'est actuellement. Elle évite même de regarder les informations, quand il s'agit de tueries de masse ou d'attentats, tant ça lui est insupportable. Elle n'en parle pas non plus, évite tout ce qui s'en rapproche de près ou de loin. Elle se protégeait, et se protège encore comme elle le peut. Parce qu'elle s'est retrouvée livrée à elle-même, quand elle a perdu son père, qu'elle n'avait plus personne. 05/ A compter de ce moment, elle a bougé, pour New York même. Situation précaire, elle a essayé de s'en sortir, de survivre parce qu'elle n'avait pas d'autre choix. D'abord, un job dans un club de strip-tease, pour payer son loyer. Serveuse, d'abord... Puis danseuse parce qu'elle avait fait l'erreur de se laisser convaincre par le patron qui voyait du potentiel en elle, en son corps svelte et en ses grands yeux surlignés de noir. Aujourd'hui encore, c'est ce qu'elle fait. Elle est passée par des clubs plus ou moins recommandables, où on ne faisait pas toujours attention à elle. Au Dollhouse, elle se sent pourtant en sécurité, depuis un peu moins de quatre ans. Qui plus est, elle est reconnue, là-bas. Les clients l'adorent, certaines filles l'envient. Là-bas, elle est dans la lumière ; on la désire, on la séduit mais elle ne cède jamais. Elle reste parce qu'elle s'y sent belle, inaccessible et protégée. Elle se déshabille, c'est tout. Elle refuse toutes les autres propositions, se faisant alors respecter, peu importe le prix qu'un client est prêt à mettre. La nuit, c'est un personnage qu'elle incarne, devenant alors un fantasme. 06/ Sentimentalement, Ryn a à peu près tout connu sauf le vrai bonheur. Elle a eu des relations, des histoires assez courtes en général... Avec des hommes, et des femmes, mais souvent avec des gens qui n'étaient pas plus stables qu'elle, qui ne la tiraient pas vers le haut comme elle en aurait sûrement besoin. Elle sait que ces relations sont mauvaises pour elle, alors elle tente de fuir toute forme d'attachement, même si parfois, elle se retrouve prise au piège, connaissant parfois la violence. Elle s'est faite à l'idée qu'elle ne connaîtra probablement toujours que des relations destructrices... A son image, en somme. 07/ Parce qu'elle se fout en l'air, qu'elle fait des excès et teste ses limites, encore et encore. Elle joue avec le feu, avec les extrêmes sous toutes leurs formes. Cigarette sur cigarette, trop d'alcool, sports extrêmes... Elle a un peu tout essayé, comme pour réveiller son cœur trop souvent malmené. 08/ Maintenant, elle a appris à répliquer, si elle se retrouve confrontée à la violence. Elle a fait en sorte de s'initier à des sports de combat, self-defense et boxe principalement. Ça lui fait du bien, la rassure et l'aide à évacuer, à se débarrasser de ses démons. 09/ Elle s'accroche aux souvenirs qui lui restent de son père, même s'ils ne sont pas forcément précis. Quelques photographies, de moments qui ne lui reviennent pas. Y a beaucoup d'éléments qui lui manquent, tellement qu'elle est perdue, Ryn. Qu'elle craint d'avoir inventé des souvenirs qui n'ont peut-être jamais existé. Le pire, c'est que depuis, elle est incapable de pleurer. Sûrement trop morte à l'intérieur. 10/ Elle n'a plus de famille proche, alors elle tient d'autant plus à ses amis, les considère justement comme sa famille. Elle les surprotège, parfois, montre les griffes rien qu'à l'idée qu'on puisse leur faire du mal. Tenant à eux plus qu'à quiconque, elle se montre présente quoi qu'il arrive, et généreuse. D'ailleurs, au Dollhouse, elle a pris pour habitude de faire assez attention aux nouvelles filles, avec une réelle sincérité. Pas question de coups bas ou d'esprit de compétition. Elles ont toutes leurs raisons d'être là, après tout. 11/ Si elle vit principalement la nuit et dort une partie de la journée, elle tente d'avoir le rythme de madame tout le monde parfois. Pour cette raison, et aussi pour gagner encore mieux sa vie, elle travaille quelques jours par semaine à la bibliothèque. Ça lui plaît, et ça lui permet de côtoyer des personnes différentes de celles qui fréquentent le Dollhouse. Puis, elle aime l'environnement calme de la bibliothèque, s'y sent bien même si elle ne connaît pas grand chose à la littérature. Elle essaye pourtant de s'y mettre un peu, histoire de s'évader.