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 éloigne-nous d'ici / jo.

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Message Sujet: éloigne-nous d'ici / jo.   éloigne-nous d'ici / jo. Empty Ven 5 Avr - 2:50


@jo gutierrez
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La musique lui remplit la tête. Les écouteurs dans les oreilles, et la tête qui dodeline avec le rythme. Ses pas qui foulent le bitume, et la nuque réchauffé par le soleil qui brille. Une belle journée, faut l’avouer, même si l’astre décline lentement mais sûrement à l’horizon. Elle essaie de se changer les idées, Zekia. De ne pas penser à ce qui lui assaille les pensées, au léger vertige qui lui prend aux tripes quand elle se mets à songer à tout le reste. Les travaux à rendre, et cette horrible impression d’être suivie. Elle sait qu’elle a rien à craindre, pas à cette heure de la journée, mais elle n’aime pas avoir cette sensation sur la nuque. Quelques jours que ça dure, sans qu’elle sache trop comment le gérer. Les pensées qui se fracassent, et le besoin de se reposer un peu. De trouver son père, de lui en parler, de savoir quoi faire. C’est sûrement rien - probablement rien. Mais elle a besoin de son père, qu’il lui donne un baiser sur le front, qu’il lui dise, ça va aller, princesse. Ça et tout le reste. Un coup d’oeil furtif jeté par-dessus son épaule, alors qu’elle arrive tout près de chez son père. La musique qui joue à plein régime dans ses oreilles, pour lui changer les idées, et Zekia déverrouille la porte pour se glisser à l’intérieur. Sécurité. Le soupir qui passe ses lèvres, alors qu’elle tire sur ses écouteurs pour se libérer les oreilles. Y’a pas grand bruit, on dirait que y’a pas grand monde. Jetant sa veste sur le crochet le plus proche, elle traverse le hall en direction des bruits qu’elle entend.

Elle s’attend à y trouver son père, mais c’est Jo qui est là. Jo et ses cheveux attachés, occupée en cuisine. Et Zekia ressent une pointe de déception, à ne pas trouver son père là. À moins qu’il dorme, il semble bien être absent. Pas surprenant, dans le fond, il est souvent occupé ailleurs. Mais elle aurait bien eu besoin de lui, là. Elle se dirige vers le frigo, Zekia, et ouvre la porte en offrant un sourire à Jo. Rien de trop éclatant. Juste le minimum, pour la saluer. « Hey. » La bouteille de jus d’orange attrapée, c’est une tasse propre qu’elle attrape par la suite. La remplit, avec un petit soupir. « Mon père est pas là ? » Bouteille rangée, elle s’accoude au comptoir de la cuisine. Regard levé vers Jo. Belle Jo. Sauvage Jo. Zekia aurait jamais pensé qu’elle serait dans le coin depuis aussi longtemps. Mais ça commence à durer. À trop durer pour penser qu’elle va juste disparaître comme les autres. « Tu prépares quoi ? » Elle désigne les préparatifs de Jo, sur le comptoir. Besoin de se changer les idées.
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Message Sujet: Re: éloigne-nous d'ici / jo.   éloigne-nous d'ici / jo. Empty Dim 14 Avr - 16:43

Un baiser au coin des lèvres et D'Shaun disparaît. Marek embrasse Jo sur le front, lui murmure un je ferais attention à lui avant que sa silhouette s'efface à son tour. La demeure est bientôt vide de toute autre présence, le silence se propageant entre ses murs. Le myocarde de Jo se contracte, ses yeux posés sur la porte close et ses pensées fixées sur le souvenir d'un visage ensanglanté, d'un nez cassé et de jointures défoncées. Cinq années à vivre sous le même toit que D'Shaun, à accepter ses départs précipités et supporter ses retours rougis par le sang. Cinq années et Jo ne s'y habitue pas, la peur toujours trop présente au fin fond de ses entrailles. Elle savait dans quoi elle s'embarquait. Elle a su dès le premier instant, ses opales ancrées dans celles d'un inconnu aux traits torturés. Nombreuses sont les fois où Jo a hésité à partir, ses vêtements et ceux de sa fille roulés en boule dans un sac de voyage, mais elle n'en a jamais été capable. Elle sait, Jo. Elle a toujours su et même si c'est dur, ils savent tous les deux qu'elle restera jusqu'à ce que la mort les sépare et bien au delà encore. Deux petites minutes s'écoulent avant qu'elle ne se décide à s'éloigner de l'entrée, ses pas la menant à la chambre de leur fille. C'est délicatement qu'elle ouvre la porte et sur la pointe des pieds qu'elle s'avance vers le corps endormi. Elle est belle, sa Zahra. Elle est belle dans son innocence et sa naïveté d'enfant. Jo souhaiterait que cela ne change jamais, que Zahra reste intouchée par la violence du monde de son père, mais elle est aussi consciente que c'est impossible. Son cœur se serre davantage à cette simple pensée, une boule d'angoisse se nichant au creux de son estomac. Elle tend une main à sa joue pour la caresser doucement, tandis que son regard tendre se balade sur chaque parcelle visible de son visage ensommeillé. Après avoir posé un baiser plume sur son front, Jo repart avec autant de discrétion que possible. La porte refermée, elle est de nouveau seule sous un toit qui l'étoufferait presque.
Ses pensées vagabondent jusqu'à ce qu'elles reviennent à D'Shaun, Marek et la raison de leur disparition soudaine. Ils ne lui ont rien dit, se contentant de lui sortir les mêmes mots stupides qui lui font grincer des dents. Dans son inquiétude, elle s'autorise à espérer que Moïse et Kenn ne sont pas de la partie, tout en sachant pertinemment qu'il y a de grandes chances qu'ils se soient fait embarquer. Jo leur envoie un message à tous les deux, croisant les doigts pour qu'ils lui répondent rapidement et la rassurent. Elle attend, s'impatiente, se lève, se rassoit, fait claquer ses ongles contre la table, se relève, fait les cent pas. Finalement, c'est dans la cuisine qu'elle trouve refuge, abandonnant son téléphone sur la table à manger. Jo se concentre sur sa tâche jusqu'à en oublier son angoisse. C'est à peine si elle entend qu'on entre, se rend seulement compte qu'elle n'est plus seule lorsque la silhouette de Zekia se dessine dans au coin de son œil. Elle se retourne pour lui faire face avec un sourire, ses mains posés sur le comptoir derrière elle. – Hey. La voix de Zekia est plus faible que la normale et Jo le remarque facilement. Elle fronce les sourcils, mais s’abstient de faire un commentaire sur la fragilité de son ton. Elle ne veut pas qu'à peine arrivée, sa belle-fille se braque et se referme complètement. – Salut, qu'elle répond doucement, un léger rictus toujours étiré sur ses lèvres. Jo l'observe sans rien dire, tapotant ses doigts contre le comptoir sans savoir quoi faire d'autre. Regardant Zekia s'approcher, elle décide finalement de se retourner pour se remettre au travail. – Mon père est pas là ? La métissée secoue la tête, ses dents attrapant sa lèvre inférieure par réflexe. Il ne suffit que d'une question pour que l'anxiété retrouve sa place et retourne l'estomac de Jo. Elle se retient de se précipiter sur son portable qu'elle avait oublié jusqu'à maintenant. – Il est parti avec Marek il y a une ou deux heures. Ou peut-être plus. Elle ne sait pas très bien, Jo. Qu'ils soient partis il y a une, deux, quatre, dix heures ne change rien à son inquiétude grandissante. Je n'ai pas signé pour ça. Et finalement, si. D'Shaun lui laisse la porte ouverte et pourtant, elle ne part pas. Elle reste malgré les blessures intérieures qui se multiplient et l'angoisse continuelle. – Tu prépares quoi ? La question de Zekia la sort de ses pensées, lui faisant réaliser qu'elle a mis de la sauce tomate à côté. Jo attrape le sopalin à sa droite et nettoie rapidement ses bêtises. – Lasagnes végétariennes. Elle laisse un nouveau sourire faiblard illuminer son visage fatigué. Zahra adore. Ton père aussi, d'ailleurs. Pause. Tu veux m'aider ?


@zekia james
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Message Sujet: Re: éloigne-nous d'ici / jo.   éloigne-nous d'ici / jo. Empty Sam 20 Avr - 0:07


@jo gutierrez
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Elle le nuage au-dessus de la tête, Zekia. Ça lui arrive pas souvent, il faut le dire. Pas du genre à s’arrêter suffisamment longtemps pour se laisser écraser, et généralement y’a toujours quelqu’un pour l’aider à se relever. Entourée, si bien entourée, toujours une main à attraper pour ne pas sombrer. Elle se réfugie dans tout ce qu’elle peut, Zekia, auprès de ceux qu’elle côtoie tous les jours, son père, Moïse, Kenn, tout ceux-là, elle serait rien sans leur soutien et parfois ça lui fait peur de les imaginer disparaître. Sans doute que y’a un peu de cette peur de les perdre qui s’imisce dans son désir d’intégrer le gang, juste pour sentir qu’elle a une prise sur tout ça, et qu’elle ne sera pas simple spectatrice si jamais le château de cartes devait s’écrouler. On la rassure, Zekia, on la protège et on l’enveloppe, mais peut-être que ça la rend pas tout à fait prête à affronter le monde extérieur. Peut-être que ça fera en sorte que la chute sera plus violente. Les jours où ça la rattrape, c’est un peu étrange, et ça lui fait peur, dans le creux de l’estomac. Alors elle est heureuse de savoir qu’elle ne sera pas seule à la maison, que y’a Jo, même si ce n’est pas toujours simple entre elles, sa présence rassure étrangement Zekia à cet instant. Car elle sait que Jo a les épaules assez solides pour la rattraper, si jamais elle en vient à tomber. « Salut. » Sa voix est douce, et fait du bien à Zekia, même si elle semble y déceler un calme qui cache autre chose, mais elle est pas si douée pour deviner tout ça, Zekia. « Il est parti avec Marek il y a une ou deux heures. » Elle acquiesce, la princesse, trempant ses lèvres dans le jus d’orange. Ce dernier rafraîchit sa gorge et déjà elle se sent un peu mieux, mais peut-être que c’est juste le fait d’être rentrée et de ne plus être toute seule avec ses pensées. Zekia, elle ne s’inquiète pas de savoir son père parti, elle a cette foi inébranlable en lui qui est encore celle d’une gamine, à s’imaginer le patriarche invincible à toutes les attaques. D’Shaun il ne peut que ressortir vainqueur de ses combats, pour Zekia c’est évident. Son père, personne ne peut le toucher. Désilusionnée, peut-être. Mais ça lui épargne des heures à s’inquiéter.

Ce n’est pas la même pour Jo, cependant. Jo, c’est une mère, c’est une lionne, elle veille et elle guette. À quelque part, Zekia aime qu’elle s’inquiète pour son père, ça prouve son amour et son dévouement pour lui, et elle ne peut pas demander plus pour la compagne à son père adoré. « Lasagnes végétariennes. Zahra adore. Ton père aussi, d’ailleurs. » Zekia s’approche doucement, observant les casseroles et inhalant l’odeur de la sauce tomate. « Ça a l’air délicieux. » Elle se rappelait vaguement y avoir déjà goûté, elle ne sait plus. La mémoire un peu brouillée par le cafard. « Tu veux m’aider ? » Elle relève les yeux vers Jo, pour observer ses traits quelques instants. Elle semble un peu fatiguée, mais y’a toujours cet éclat dans le regard pour témoigner de sa résilience. Elle est impressionnante, Jo, et elle est puissante. Zekia observe un instant ses traits, ses yeux chocolats et les quelques taches de rousseur qui parsèment son nez, on pourrait presque partager du sang à les observer. Elle hésite, Zekia, parce qu’une partie d’elle a envie de s’écrouler sur son lit et de dormir quelques heures, mais elle n’a pas trop envie de retourner dans la solitude et la solidité de Jo lui fait du bien. « D’accord. Je veux bien. » Le sourire qui se glisse finalement sur ses lèvres, alors qu’elle s’illumine déjà un peu plus, Zekia. Le regard qui glisse sur le comptoir, elle repère des légumes qui attendent d’être coupés. Planche et couteau attrapés, elle s’adosse pour commencer le boulot. « Zahra est en train de faire la sieste ? » Qu’elle demande, le visage poupon de la princesse qui se dessine dans sa tête. « La chance. Parfois j’me dis que j’aimerais bien redevenir bébé, à pouvoir dormir toute la journée. » Elle rigole doucement, ce n’est qu’une blague bien sûr, et pourtant c’est un peu vrai. Le soupir doux, alors que la lame traverse le piment, qui se découpe doucement en morceaux. « T’en fais pas pour mon père. Il est avec Marek, y’a rien qui peut lui arriver. » Elle sait que ce n’est que la signature de la fille à son père, désilusionnée, qu’on rassure trop souvent avec des sourires, et à qui on a inculqué des promesses impossibles à tenir. Mais elle le croit, Zekia, quand son père l’embrasse sur le front et lui dit, jamais rien peut m’arriver. Puis elle se racle un peu la gorge, Zekia, et relève les yeux vers Jo. « Dis, ça t’es déjà arrivé de te faire suivre ? Genre, dans la rue ? » Qu’elle lui demande. Ça sort trop de nulle part, c’est une question ridicule, mais elle a besoin de demander. D’en parler, et à défaut d’avoir son père, y’aura Jo.
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