Iris's diary

traits de caractère / Iris n’est pas une femme loquace, elle n’aime pas s’épandre. Avare en mots, ceux-ci sont toujours placés dans leur sens juste pour duper son monde. La belle est travaillée par son individualité, pouvoir agir selon son propre libre-arbitre représente l’échappée belle depuis les prémices de l’enfance. Iris a été contrainte tôt de s’affirmer dans une famille où elle était reléguée au stade de parasite, les vieux reflexes subsistent toujours. La femme aux cheveux d’ébène a conservé les traits de l’enfant turbulente qu’elle était autrefois dans tout l’ombrage et la distance qu’elle met entre le monde et elle.  Iris se protège en ne laissant pas paraître sa sensibilité. Sardonique et inquiétante à souhait de prime abord, on s’y casserait le bec rien qu’à essayer de la provoquer. Iris a sa fierté et aime s’affirmer quand il le faut, même si pour cela il faut faire ployer l’auditoire par usage de force ; la fin justifie toujours les moyens à ses yeux.

Ce qu’Iris demande, souvent elle l’obtient. La dame est tenace et inflexible, son charisme étant mis à profit pour satisfaire ses intérêts. Elle est dotée d’un esprit vif et altruiste à l’égal de son impétuosité naturelle. La trentaine a sonné comme l’âge de raison pour elle, mais si ses colères se font plus rares elles n’ont pas perdu de leur intensité. Celle qui plus jeune se jetait toujours à cœur perdu dans ce qu’elle entreprenait a appris la mesure. Elle est néanmoins dominée par ses penchants et ses démons refoulés, ceux qui l’empêchent de dormir la nuit. Une âme lunatique empreinte de mélancolie.

Iris est néanmoins une femme de principe qui est sensible à d’autres causes prouvant une humanité finalement présente sous toute cette apathie feinte. C’est toute la dualité de celle qui promise sans doutes à bien d’autres fins, avait fini écorchée par la vie.

Iris Jones voit le jour un matin d’automne dans un hôpital modeste du Queens quelques minutes après que son frère Clayton ait poussé ses premiers cris geignards. Ils seront rejoints six ans plus tard par leur cadette Stella venue compléter le tableau de la brave famille moyenne américaine qu’ils représentaient à eux tous. Le couple Jones est installé dans le Queens depuis quelques années. Assez de temps pour y monter une affaire de prêt sur gage qui marchait suffisamment afin de permettre à la famille de vivre correctement. Le père s’occupait des expertises et de la majorité des affaires directes alors que son épouse était dévolue à la paperasserie. La famille était sous l’égide paternelle, qui sous des airs de bienveillance et une stature de bon père de famille en société cachait un homme inflexible prompt à garder l’ascendant sur les choses de manière impérieuse. Qui ne dit mot consent signifiait-il parfois d’un ton léger, bien qu’évidemment cela soit plus facile lorsqu’on musèle l’opposition.

Iris devient une fillette douce et réservée. On lui accordait une personnalité lunaire, pour être rêveuse à l’école et passablement solitaire le reste du temps. Si elle entretient une relation plutôt fusionnelle avec sa sœur cadette, les rapports sont plus électriques entre Clayton et elle. Les jumeaux étaient des antithèses, entre le garçon extraverti et turbulent qui se figure à la discrétion de sa sœur. Il est devenu le protégé de son père, adoré de lui dès sa naissance. Eren Jones avait toujours rêvé d’avoir un fils, et maintenant que c’était le cas il l’appelait l’ainé en héritier naturel qu’il se projetait pour l’avenir. Pour ses filles ou sa femme, l’homme avait moins d’égards et c’est cela même qui eut raison de son mariage. Un matin au petit-déjeuner la table est dressée, mais il n’y a personne pour l’animer. Si la mère avait laissé une lettre à chacun de ses enfants, la femme lassée et orgueilleuse s’était évaporée sans une explication auprès de son ex époux éconduit. Le chapitre est confus et irréel aux yeux de la fratrie ; Iris se souvient n’avoir pas compris un traitre mot de la lettre maternelle, il avait fallu s’y reprendre à plusieurs fois. Et si les mots se répandaient d’affection et d’amour, les promesses de revenir voir ses enfants furent légères, car on ne revit plus Amanda Jones à New York depuis ce jour.

L’absence de la mère eu comme effet de libérer les parts d’ombre jusqu’ici contenues, la famille Jones commença à se déchirer. Le père anéanti ployant l’échine sous l’humiliation avait commencé à noyer ses problèmes dans des bars miteux alors que sa progéniture se débrouillait sans lui. Iris a seize ans bien que dans les faits elle a été forcée de grandir plus vite et plus brutalement. La brune jongle entre le lycée et quelques heures par jour dans le commerce familial afin de palier à la désuétude de son père occupé à quelques ivrogneries. Iris a toujours aimé cet endroit, apprenant beaucoup des objets et jolies choses en passant des heures à les contempler. Autrefois elle le faisait avec sa mère, aujourd’hui seule.

Clayton quant à lui se retranche dans sa vie de petite frappe en devenir, suivi par un troupeau de sous-fifres avec qui il se déplace en bande. Les aller-retours au poste de police pour de petits délits étaient monnaie courante, les éclats de voix entre Iris et lui aussi. Les faveurs du père malade et aigri allaient toujours à son fils, défendant l’indéfendable et fermant les yeux sur le reste. Les tensions sont plus palpables que jamais entre le père Jones et Iris, devenue la cible de ses colères lorsqu’il était ivre. Il n’a jamais levé la main sur elle, mais Iris s’est résignée à quitter le foyer bien des fois à la faveur de la nuit pour échapper à cette ambiance toxique.

L’issue de la belle se matérialise à la fin de ses études de premier cycle alors qu’elle obtient une bourse pour l’université d’Austin. Iris prend donc son envolée et quitte le foyer familial, laissant seulement à contre cœur sa sœur cadette demeurant à New-York. Elles se voient rarement au cours des années qui passent, Iris n’ayant pas même remis les pieds en ville à la mort de son père. Il a légué la boutique de prêt sur gages à son frère, elle lui laisse ces ruines avec un pincement au cœur mais sans amertume. De son coté c’est un nouveau souffle et Iris a l’impression de commencer réellement sa vie à partir de ce point précis. La brune s’est lancée dans des études d’histoire de l’art, couplées à des compléments d’économie et décide de s’installer à Chicago à la fin de son cursus.

Iris trouve un poste dans une agence d’expertise d’œuvres d’art et de ventes aux enchères, elle s’établit dans cette nouvelle ville qui ouvre un chapitre de plus vers son émancipation. La belle y fera la connaissance d’un certain Seth Baldwin, officier de police de son état et figure de désir dès les premiers sourires échangés à l’autre bout du bar le soir de leur rencontre. Ils débutèrent une romance passionnée et volcanique entre amour transcendant et choc des tempéraments. Les disputes étaient aussi virulentes que les réconciliations, le couple finit par emménager ensemble au bout de quelques mois. Seth était son repère, le phare dans la tempête comme lorsqu’un amour brûlant vous transcende tout entier. Ils se marient après un an et demi d’idylle tendre.

Mais la relation finit par se dégrader. L’homme aimant et tendrement possessif des débuts s’était transformé en une personnalité jalouse et violente dont les ombrages devenaient progressivement incontrôlables. Lorsqu’il était en colère, ses traits se déformaient à tel point qu’elle avait l’impression de voir son père. Et il y eut un soir où la situation dérailla. Après une énième accusation de tromperie occasionnant une dispute Iris avait commencé à faire ses affaires, excédée de ce cinéma. Et le coup était parti. Seth l’avait frappé à la tempe, la faisant tomber au sol violemment. La scène était restée suspendue dans le temps avant que la femme ne se relève silencieusement et ne s’écarte sans un mot. Elle n’avait pas versé une larme de prime abord, résignée à dormir sous le même toit que celui qu’elle toisait désormais comme un étranger, si ce n’est un prédateur.

Le lendemain Iris était allée à l’office de police afin de relater les faits, les démarches sont longues à aboutir. L’officier Baldwin est un homme respecté dans le milieu, et la plainte de sa femme peine à prendre forme pour qu’elle soit prise au sérieux. Iris finit néanmoins par obtenir une injonction contre lui. Cette dernière a entamé une procédure de divorce et entreprend de déménager. L’homme la poursuit, bardant son téléphone de messages tantôt implorants tantôt menaçants jusqu’à se décider à lui rendre une visite malvenue. Se voyant refuser l’entrée la colère le prend et Seth défonce la porte. Il la rouera de coups avant de la laisser inerte au sol. C’est la concierge qui découvre la dame alertée par le raffut et la fait transporter à l’hôpital.

Iris s’en sort avec deux côtes cassées, des ecchymoses et autres tuméfactions. Elle tait l’incident, consciente que le système ne pourra pas la protéger, préférant changer à nouveau de lieu et se faire discrète. A compter du jour de sa sortie d’hôpital elle prit néanmoins conscience du besoin de se défendre. Elle commence à pratiquer l’aïkido, son entrainement lui permettant aujourd’hui de pouvoir maitriser un gabarit moyen. Elle passe également son permis d’arme et porte tout le temps sur elle un revolver, seulement au cas où. La peur la tenaille, l’angoisse sourde d’être vulnérable face à la volonté d’un bourreau. La jeune femme a pris l’habitude de fumer de la marijuana le soir pour se détendre l’esprit et vaincre ses insomnies, Iris visite également souvent l’église de son quartier. Elle n’est pas croyante, mais la belle trouve la paix entre les murs épais du cloitre.

Iris restera encore deux ans à Chicago, avant de remettre les pieds à New-York récemment. C’est un appel affolé de sa sœur un matin qui la ramène sur ses terres originelles : Clayton a disparu depuis deux jours et personne ne sait où il est. Iris est donc fraichement débarquée en ville depuis quelques semaines, reprenant les affaires familiales. Le Jones Pawn Shop est une ruine qui existe toujours néanmoins, fait assez édifiant. Mais Iris découvre que son frère a trempé dans bien des affaires louches, laissant la famille criblée de dettes... La belle mène donc son enquête de son côté pour le retrouver, et essaye de redorer le blason Jones. Se réconcilier avec sa sœur Stella est une priorité absolue, la cadette étant rancunière auprès de son ainée pour l’avoir abandonné ici. Entres souvenirs et nouveau départ, c’est un retour aux sources pour celle qui ne s’épanche pas sur les raisons de sa présence, préférant mener ses affaires seules.