don't play with fire they said (zeus)

Tu finis de taper le rapport et t'envoies le tout à la compagnie, poussant un soupir de satisfaction. T'as enfin fini ce truc qui te faisait chier ! Travaillant en free-lance, tu travailles pas mal chez toi pour une nouvelle personne à chaque fois, ça te plait d'être libre, de ne pas être enfermé dans un bureau, seulement tu dois avouer que ça a aussi ses mauvais côtés. Travailler chez soi ça demande énormément de volonté et de courage parce que tu te laisses facilement distraire par tes consoles, ta télé, ton ordinateur sur lequel tu bosses. Tu dois lutter contre la flemme, réussir à imposer une limite entre ton chez toi et le boulot, mais à force t'as pris l'habitude. T'éteins ton ordi pour t'arrêter un peu, tu t'étires et tu t'aperçois sur ton portable qu'il est déjà tard. Merde, tu sais que Zeus va pas tarder à arriver ! Tu te tapes le front avec ta main, parce que tu te sens idiot d'avoir oublié de préparer à manger. Tant pis, tu commanderas chinois ou une pizza et ça ira très bien. Tu files quand même te changer, t'enfiles quelque chose d'assez simple mais un peu plus beau que ton jogging et ton t-shirt avec le logo de Batman. Une fois prêt, t'envoies un sms à ton beau blond pour savoir s'il arrive bientôt, mais t'as pas de réponses même après plusieurs minutes. Il doit sûrement être sur la route, c'est ce que tu te dis. Tu l'attends, t'en profites pour mettre un peu la musique.

Tu rigoles tandis que la première chanson qui  passe c'est Joe Cocker, ça te rappelle de sacrés souvenirs, vos aveux, vos débuts où vous faisiez n'importe quoi. Trop vite, trop pressés. Heureusement depuis vous avez pris le temps et même si t'es allé trop vite avec lui, si tu lui a avoué ton amour trop tôt, il te l'a rendu. D'un côté t'as pas peur de la vitesse, tu penses vraiment que c'est l'homme de ta vie. Ton premier copain, c'était... Une très mauvaise expérience. T'as eu Johnny aussi, mais tu peux pas le considérer comme tel. Et puis t'as eu Shady, avec lui c'était tendre, doux et t'aimais te sentir autant protégé, autant aimé. Seulement, ça n'aurait pas marché. Non seulement à cause de son métier, mais aussi parce que vous vous ressembliez peut-être trop au final. T'avais besoin de quelqu'un qui t'opposes, qui te complètes, comme Zeus le fait. Lui aussi pourtant est pompier, mais ça ne t'a pas gêné, pas comme avec Shady. Parce que t'as pas vécu la même chose, parce que t'as l'impression qu'il lui arrivera jamais rien. C'est sur cette pensée que t'entends sonner. Ni une, ni deux, tu te dépêches d'aller à la porte pour ouvrir à ton Dieu qui a peut-être le pouvoir de te faire grimper aux rideaux, mais pas de traverser les portes.

T'ouvres la porte, un grand sourire sur les lèvres et tu déchantes bien vite. Tu t'attendais à voir Zeus comme d'habitude, qui se serait fait beau, qui te sourit en retour, qui aurait l'air impatient. Mais tu le vois en piteux étant, tu vois des traces noires sur son visage et sûrement ailleurs, tu vois du sang aussi et ça t'inquiètes. T'as l'impression qu'on joue avec toi, avec tes souvenirs, avec tes peurs. Toi qui le croyait invincible, tu le vois mal en point. T'as une impression de déjà vu, mais les rôles sont inversés. Cela dit tu sais que lui ne s'est pas fait frappé, tu reconnais ces marques, tu les as déjà vu auparavant. Une peur que t'avais contrôlée remonte soudain à la surface et tu restes un peu bloqué en te souvenant du dos brûlé de Shady, de ta peur de le perdre. « Zeus... » T'essaies de reprendre tes esprits, de te concentrer sur celui qui est face à toi. Tu te pousses pour le laisser rentrer, tu fermes la porte après lui et tu te jettes sur lui pour l'observer, pou regarder où il est blessé, ce qu'il a, si ce n'est pas trop grave. « Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ? Est-ce que ça va ? » Ta peur te fout la paix pour le moment parce que t'es plus inquiet pour lui que t'as peur, mais tu sais qu'elle reviendra à la charge à la première occasion. Tu passes une main dans ses cheveux, tu attrapes sa main avec l'autre, tu le regardes dans les yeux comme pour comprendre. « Dis-moi que tu n'as rien de grave ! Va t'asseoir, je reviens. » Tu files vite chercher de quoi le soigner à la salle de bain, c'est à toi de jouer l'infirmier cette fois. Tu reviens avec ta trousse de soin et tu t'agenouilles devant lui, tu le regardes, tu veux comprendre.

Quelle journée éreintante pour Zeus qui respirait à peine, encore perturbé par tous les événements de l'après midi qui s'étaient enchaînés. Il avait additionné tant de fatigue et de douleur qui ne l'empêchait toutefois pas de garder sa concentration, aider ses coéquipiers qui en avaient besoin. Il lançait la sangle avec ferveur, acheminait le long tuyau jusqu'à l'incendie qui se propageait dans un immeuble sur la 6th Avenue.

Une heure, deux heures... Zeus ne comptait plus le temps depuis cette arrivée devant l'immeuble, ravagé par les flammes à l'avant dernier étage. L'accès était difficile, l'air suffoquant. Un collègue sur l'échelle appelle à l'aide. Plusieurs sont à l'intérieur, ont besoin d'aide. Zeus, libre, prend quatre à quatre les escaliers de l'échelle qui manque de vaciller. Le temps lui est compté, il arrive à l'étage concerné et saute par dessus le rebord de la fenêtre. Les éclats de verre par terre, l'air irrespirable, il est averti par ses collègues. « Zeus, par là! Ramène toi y'a une famille! VITE! ». Le blondinet s'exécute. La famille est dans la chambre à coucher de la fille d'un couple, Zeus les regarde et leur fait signe d'approcher tout doucement. La petite fille est blessée, il l'attrape pour la porter dans ses bras. Il ouvre la voie. Soudain, BOUM! La lampe de chevet et la boule de neige de la petite fille éclatent sous l'effet de la chaleur. Les débris se plantent dans la combinaison et dans la panique, Zeus empêche la petite fille de se sauver, la rattrape... et tombe sur un meuble à moitié dévoré par les flammes. Il hurle de douleur, brûlant. Un bout de bois lui écorche l'avant bras. Il essaie de se concentrer, garder son sang froid. Il prend la fuite, tend la petite fille à son collègue de l'extérieur et les parents suivent. Il redescend l'échelle, difficilement. Il est assisté pour les premiers soins. Il est brûlé dans le dos , sur le bras droit. Il a des coupures et son avant bras saigne. Conséquence du bout de bois et de quelques débris qui ont transpercé la combinaison. Il a envie de gueuler, de dire merde. Il a hâte que tout cela se finisse. Souain, il voit l'heure. Merde, c'était tard. Nell devait être impatient. Il se lève immédiatement. « Attends Zeus! Reviens ! J'ai pas fini! » lui exhorte le médecin. Il répond au tac au tac . « Pas le temps! Merci pour tout! »

Il prend sa voiture, conduit à toute vitesse. Ce n'est pas prudent, certes mais il est impatient. Si pressé de retrouver son bien aimé après ce travail si fatiguant. Après bien une quinzaine de minutes, à zigzaguer et prit des raccourcis, il se gare devant l'immeuble. Il a toujours hâte de le retrouver, un vrai gamin. Il sonne à la porte. Nell ouvre, un grand sourire qui s'efface aussitôt. C'est là que Zeus réalise. Il n'a pas fait sa toilette, il a même pas vu sa gueule en plus, il est trop préoccupé par ses envies. Là,maintenant. « Nell... comme j'suis content d'te voir... » . Il est un peu essoufflé, il ne tient pas vraiment debout non plus, pris d'un soudain coup de barre. Il va reprendre ses esprits mais il veut surtout rassurer son amoureux qui a l'air anxieux. Il lui tape dans le dos. « Oh, ça va? On dirait que t'as vu Bloody Mary en personne! Ca va ne t'en fais pas ! » Il entre, Nell le prépare et lui dit de s'asseoir. Il obéit mais il n'a clairement pas envie de se faire soigner maintenant. Tout ce qu'il veut, c'est Nell et ses baisers. Il ne comprend pas ce qu'il fait. Il lui lance de loin. « Mais ne te fais pas du souci voyons! J'ai pas la peste c'est rien! On m'a déjà rafistolé ». Il se lève pour se regarder dans le miroir du salon. C'est vrai qu'il avait une sale tête. Alors qu'il entend les pas de Nell qui revient, il lui adresse, sur un ton calme mais assez rieur. « Mec, t'inquiète oublions ça ! J'veux qu'on s'éclate, on a la soirée pour bien profiter! ». Il veut lui montrer que ce n'est pas la peine de s'en faire, que c'est Hulk et qu'il survit à tout.

Le voir dans cet état te ravive des souvenirs douloureux. Tu te souviens que certes, les pompiers te font un effet immense, ça a toujours été le cas, mais tu te souviens aussi que dans la vérité un pompier risque sa vie constamment. Tu te souviens comme t'as failli perdre Shady, comme il s'en était sorti de justesse et que t'as pas pu continuer à cause de ça, parce que t'avais trop peur de le perdre. Aujourd'hui, tu vois Zeus couvert de suie et de sang et t'as l'impression de revivre la me^me scène encore, pourtant tu veux pas avoir à lui dire adieu, tu veux pas te séparer de lui. Tu connais pas l'étendu des dégâts, tu le sauras pas tant qu'il est habillé, mais tu te doutes bien qu'il n'a pas simplement eu un peu trop chaud. T'imagines bien qu'il y a eu des complications, qu'il a été blessé, qu'il aurait pu mourir. Cette pensée te serre le cœur, te fait mal. S'il venait à mourir, t'es pas sûr d'être capable de t'en relever, pas avec lui. T'es quelqu'un de mature, de réfléchi, mais tes sentiments prendraient le dessus et tu pourrais pas les faire taire. Alors tu t'inquiètes, tu paniques, mais pas lui, pas du tout. T'es surpris, sur le cul, qu'il te parle comme si de rien n'était, comme si tout allait bien. Peut-être qu'il y est habitué, mais toi c'est la première fois que tu le vois aussi mal. Toi t'as peur. T'es pas un héros comme lui, comme eux.

Tu sais pas s'il essaie de te rassurer, s'il joue au dur ou s'il est sincère. Tu sais pas quoi en penser, avec ta trousse de soin dans la main. T'es sur le cul, clairement, tu le regardes avec la bouche entrouverte, ne sachant pas comment réagir alors que t'es presque sûr qu'il est en train de perdre du sang. Tu te doutes bien que des médecins sont là pour les soigner, mais t'as l'impression qu'il a mal fait son boulot ou alors, c'est Zeus qui s'est cru indestructible. Toi aussi tu veux t'éclater, profiter, mais tu peux pas, pas comme ça, t'as besoin d'être rassuré, t'as besoin de lui faire part de tes peurs. Tu poses ta trousse de soin, tu commences à voir un peu rouge alors que c'est lui le blessé, mais c'est plus fort que toi. C'est la peur qui titille ta colère. « Mais tu t'es vu ?! » Ton ton est assez clair pour lui faire comprendre que t'es pas d'accord avec lui, que tu peux pas juste profiter tant qu'il sera pas soigné. « Bordel Zeus on dirait que tu viens de sortir d'un immeuble en flamme ! Enfin, c'est sûrement le cas, mais j'veux dire... Regarde-toi ! T'as l'air mal en point, j'vois même du sang et je suis sûr qu'y a pire encore sous tes vêtements. » T'aimerais retrouver ses lèvres, ses bras, mais tu demandes juste à ce qu'il se laisse faire, à ce qu'il te laisse prendre soin de lui.

« P'tain mais... On dirait que t'as failli crever ! J'suis terrifié là, de te voir comme ça, et toi tu me sors que tout va bien ? » T'essaies de souffler, de te calmer, parce que tu sais que ça arrangera rien. Tu le connais, tu sais qu'il ne réagira pas à ta colère par le calme lui. Tu t'avances vers lui, tu poses une main sur sa joue et tu l'observes comme pour t'assurer qu'il va bien, qu'il n'essaie pas de se la jouer. Tes yeux fixent les siens, t'essaies de lire à l'intérieur. « Comment j'suis censé réagir en te voyant comme ça moi Zeus ? J'veux pas te perdre... » Tu finis par l'embrasser, t'attrapes ses lèvres qui t'ont manqué, mais tu ne te serres pas contre lui, t'as peur de lui faire mal. Tu finis par quitter ses lèvres à regret et tu baisses les yeux comme pour essayer de voir s'il n'a pas d'autres soucis. « Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ? T'aurais pu... T'aurais pu mourir ! » Tant pis pour ses blessures, tu te blottis contre son torse pour le garder contre toi, en sécurité, là où les flammes ne pourront pas l'avoir. Tu veux le sentir comme pour être sûr qu'il est bien là, que tu ne rêves pas. « Raconte-moi tout et laisse moi jeter un œil à tes blessures, s'il te plait. Celui qui t'a rafistolé n'en a même pas fait la moitié ! » Tu l'incites à aller sur le fauteuil, tu l'incites à se déshabiller pour te laisser voir l'étendu des dégâts. T'essaies de pas lui montrer encore à quel point t'as peur, à quel point les souvenirs avec Shady reviennent te hanter.

Même pas mal, le regard rieur et défiant toute douleur, Zeus se croit inévitablement intouchable. Tel le père des indestructibles, il n'imagine pas une lame le transpercer, une flamme le réduire en cendres, un couteau le poignarder. Il a trop vu de situations impossibles, touché la mort de très près pour y croire. Il ignore si ce courage relève de la maturité ou de la folie, si il est cupide ou simplement investi par ce qu'il fait. Il ne veut pas que Nell s'en fasse, ce lion au coeur tendre qui arrive maintenant avec la trousse de soin. Il sourit, essayant de le couper et de le rassurer encore une fois. Bordel, il en faisait trop, il était dans la démesure. On aurait dit un événement de grande ampleur, alors que Zeus s'était déjà retrouvé dans un piteux état. La vérité, il refusait de se plaindre, réfuter même l'idée d'avoir mal... surtout depuis la mort de son jeune frère. Ça avait eu un déclic énorme sur son ressenti, le poussant à être plus fort, dur comme un roc. Que rien ne l'atteigne. Brûlé,écorché, sonné, il était pourtant émerveillé de retrouver son bien aimé. Rien ne pourrait le combler davantage, lui qui rêvait simplement d'une bonne pizza et de galipettes endiablées. Il fixe Nell, lui dit, nonchalant : « Nell... Putain mais Nell... Cesse donc de te ronger les sangs comme ça, c'est mauvais pour la tension tu sais? Pire que le sel... ». Il lui lance un clin d'oeil, compte lui poser une main sur l'épaule. Pourtant, Nell reprend de plus belle, l'afflige de son comportement si négligeant. Il ne supporte pas Zeus, que Nell lui dise tout ça. Il veut qu'il réalise que c'est son métier, qu'il est comme ça et qu'il ne changera pas. Que c'est de son honneur qu'il parle et que la mort peut en être le dénouement final. Il veut que Nell l'accepte, qu'il ne le sermonne pas plus. Alors, Zeus veut lui dire deux mots. Juste le recadrer. Il lui dit qu'il ne veut pas le perdre, s'empare de ses lèvres comme pour ne plus jamais le laisser, pour ne pas le quitter. Zeus y répond avec joie, sérénité : c'était le plus beau moment de sa journée. Il lui caresse les cheveux, regrette lorsque leur baiser se termine. Il aurait voulu qu'il dure plus longtemps, qu'il soit le début de leur soirée. Mais non, Nell en remet une couche. Il lui demande de s'assoir , inspecte ses blessures en critiquant le médecin.

L'air grognon, Zeus reconnaît qu'il n'est pas d'humeur à passer au scanner, même si c'est pour être soigné par Dr Mamour. Il a juste pas envie d'épiloguer dessus. Ses blessures lui font mal mais il veut occulter tout cela. Savourer l'instant présent et ne pas le conforter dans ce rôle d'infirmier. Indirectement, il ne veut pas revivre leurs retrouvailles peinées, quelques semaines auparavant. Celles où Nell s'est fait tabasser, celles où il était ensanglanté et qu'il l'a soigné. Non, c'est trop douloureux et c'est pas pour Zeus. Son positivisme le lui interdisait, tout bonnement, d'être larmoyant. De gémir, si c'est pour autre chose que du plaisir. Il obéit toutefois à son compagnon, s'assoit mais reste nonchalant, insolent. « Bon, c'est bien parce que tu le demandes, tu n'as qu'à voir si tu penses y faire quelque chose mais ça partira mon beau, ne t'en fais pas! »

Il sent que ses muscles se contractent au toucher de Nell, ses sens sont en éveil et il a carrément d'autres idées en tête que celles médicales auxquelles pense le brun. En plus, il est contrarié. Terriblement contrarié par la remarque de Nell, celle qu'il aurait pu mourir, qu'il ne veut pas le perdre. Il le croit si stupide pour ne pas savoir tout ça? Comment pouvait t-il se rabaisser à de telles considérations alors qu'ils avaient traversé bien pire ces derniers temps? Entre son passage à tabac et Johnny,ils avaient été malmenés, troublés,éprouvés. Et maintenant, pour de simples dommages collatéraux, il lui faisait la morale.

Nell le soignait et Zeus essayait de rester tranquille. Pile électrique légendaire, il était clair qu'il ne tiendrait pas longtemps. Il parvient à le laisser faire mais son esprit, lui, ne connaît pas de répit. Il veut qu'il arrête de s'en faire, qu'ils oublient tout ça. Il lui dit, sur un ton un peu sec, asseyant son déterminisme. « Moi, j'veux pas qu'on parle de ça. C'est mon travail,ça arrive et ça fait partie du game. Comme James Bond quand il est en mission! ». Mais cette fois, il ne sourit pas. Il le dit comme une défiance à l'égard de Nell, comme pour lui prouver qu'il a tord de se préoccuper pour si peu. C'est son métier et il continuera de l'exercer jusqu'au bout. Quoiqu'il en coûte.

Il sent bien que son compagnon est anxieux mais aussi pensif. Il semble hanté par quelque chose, la situation lui rappelant sûrement quelque chose. Le cerveau jaloux de Zeus se met à travailler et il se rappelle de Shady. Ce mec, pompier aussi que Zeus a déjà croisé. Beau gosse doux, élégant, tendre. Il serre les poings, gêné que Nell fasse le rapprochement. De là émerge l'idée que le geek pense à son ex. Le sang de Zeus ne fait qu'un tour. « Parce que ton ex tu le soignais beaucoup aussi? Il se désapait souvent j'imagine... Tu penses à lui c'est ça??!! » . Il chasse sa main, s'éloigne brusquement de lui et se lève. Il lui tourne le dos, compte s'allumer une cigarette. Il ne sait plus si il en a dans son sac, il a juste envie de baisser sa tension artérielle. Il est énervé, une colère titanesque s'empare de lui.

Tu comprends pas son comportement, tu comprends pas pourquoi il réagit comme ça, pourquoi il se braque alors tout ce que tu veux c'est son bien, c'est qu'il soit en bonne santé. Lui a fait la même chose pour toi il y a plusieurs jours quand t'es arrivé blessé et tu n'en as pas fait toute une histoire alors pourquoi ? Pourquoi il refusait ton aide comme ça ? Est-ce qu'il était trop fier ? T'avais l'impression de découvrir une nouvelle facette de lui, une qui ne te plaisait pas beaucoup. T'aimais qu'il ait sa fierté, qu'il minimise les dégâts, mais pas qu'il te repousse pour ça. Tu te rendais pas compte que t'insultais sa fierté de pompier tout simplement, tu te rendais pas compte que tu pouvais pas comprendre ce que pensait un héros toi qui essayait d'en être le plus loin possible. Alors tu t'acharnais et t'avais l'impression d'avoir gagné quand il daigna finalement s'installer pour te laisser l'examiner. Tu sais pas trop si t'aurais dû au final parce que tu découvres ses blessures, tu découvres plus de sang et t'aimes pas ça du tout. Tu dois reconnaître que même s'il a fait du mauvais boulot, ou plutôt un boulot bâclé, le médecin s'est assez bien occupé de lui.

T'essuies les plaies, tu les bandes, tu te fiches qu'il soit pas content parce que toi t'es soulagé de pouvoir t'occuper de lui, ça te fait plaisir aussi de pouvoir prendre soin de lui. S'il encourt un danger là dehors, alors c'est ton rôle d'être là pour réparer les dégâts qu'on lui a fait. Toi t'es Oracle après tout, tu restes toujours derrière, tu donnes les infos dans l'oreillettes et tu joues aux infirmiers. T'es sûr qu'il aurait accepté si t'avais mis une tenue d'infirmier sexy, quoique pas sûr que ça existe pour homme. En tout cas il aurait dit oui si t'y avais mis les formes, mais t'étais pas d'humeur là toute de suite, t'avais trop peur pour lui, pour toi, pour vous. T'es un peu vexé par son ton, même si tu le comprends, si tu peux imaginer. « Désolé, mais on est obligés d'en parler quand je te vois venir vers moi en sang, je ne peux pas juste faire comme si de rien n'était. » T'essaies pas d'être chiant, t'essaies pas de jouer au con, t'exposes juste les faits. T'es touché aussi par son boulot là, à l'instant et tu le seras s'il meurt, s'il finit broyé par les flammes.

Tu remarques pas ses poings qui se serrent, tu comprends pas quand il s'emporte, qu'il te repousse après t'avoir parlé de Shady. Tu le regardes s'éloigner, tu le vois de dos et tu sais pas si t'as fait une connerie. Tu serais touché, dans une autre situation, de le voir jaloux. T'aurais aimé le taquiner là-dessus, l'embrasser parce que tu te sens important pour lui. Mais là, tu peux pas, parce que ça n'a aucun sens, parce que c'est idiot. Bien sûr que ça te rappelle ce que t'as vécu avec lui, mais tu sais faire la différence entre lui et Zeus. Tu fronces les sourcils, tu balances les pansements que t'as dans la main et tu te relèves à ton tour. « T'es ridicule là Zeus ! » Tu t'avances vers lui, mais tu gardes une distance, croisant tes bras contre ton torse. Oui c'est la même peur de perdre Shady qui s'est éveillée en toi en le voyant comme ça, mais tu ne les compares pas pour autant. Si ? « Ça n'a rien à voir ! Je m'inquiète pour toi c'est tout, je m'inquiète pour ton état. Oui j'ai vécu ça avec Shady, oui je le soignais, mais c'est du passé ! Cela dit j'ai failli le perdre quand on était ensemble, il a failli mourir dans un incendie et je... Je n'ai pas pu supporter ça, la peur de le perdre. Toi c'est différent, je n'ai pas envie de te quitter pour cette raison, je n'ai pas envie de te quitter tout court. Je t'ai déjà dit que t'étais spécial, tu ne me crois pas quand je le dis ? »

Tu t'avances encore un peu et tu te colles contre son dos, posant tes mains sur ses épaules comme pour le calmer. « Il n'est pas question de lui, mais de toi, de nous. J'ai... Je sais ce que c'est ton boulot, je l'admire même ! Tu sauves des vies, tu te mets en danger pour les autres c'est admirable. Mais qu'est-ce qu'il se passe si un jour on m'apprends que le feu t'a emporté ? Je ne te demande pas de quitter ton boulot, je... J'ai peur c'est tout... J'ai juré de ne pas me remettre avec un pompier, aussi sexy soit-il, mais t'es ma kryptonite, t'es mon précieux et j'ai pas pu résister... » Non, tu ne lui demanderais jamais de changer de boulot, mais alors qu'est-ce que tu veux ? Même toi tu le sais pas vraiment, tu sais pourtant qu'il ne peut pas t'offrir d'assurance, qu'il ne peut pas te promettre que rien ne lui arrivera jamais. T'aimerais pouvoir voir dans le futur juste une fois, t'aimerais admirer votre couple uni, ton Zeus toujours entier. Ou au moins en vie. Tu poses ta tête contre son dos, t'essayes de calmer les choses alors que t'es pas sûr d'y arriver. « J'aimerais tellement te protéger, pouvoir te créer un champ de force comme Violette dans les Indesructibles, mais je suis pas plus utile qu'Edna au final... » Tu te rends pas compte qu'il déteint sur toi, que tu lâches tes références comme il a l'habitude d'en faire. Tu t’éloignes de lui et tu ranges ta trousse, comme pour lui montrer un peu de ta confiance, pour lui prouver que tu crois en lui. « Et ne t'en fais pas pour Shady, tu sais bien que c'est fini entre nous, si j'échange des sms avec lui parfois c'est juste par amitié. » Oups. Tu te rends compte de ta boulette et tu lèves aussitôt les yeux vers lui, paniqué, alors que tu viens de te griller tout seul. T'aurais dû attendre un meilleur moment pour lui dire que t'étais toujours en contact avec ton ex, même si c'était réellement par amitié parce que dans ton cœur il n'y avait que le blond aux yeux bleus. Mais là, tu sens que tu vas déclencher la colère du Dieu et tu crains sa foudre.

La moutarde monte au nez de Zeus qui sent les narines le brûler, le rythme cardiaque s'accélérer. C'est dingue, lui qui avait su garder son sang froid dans un bâtiment en flammes, voilà qu'il ne parvenait pas à rester calme dans ce contexte pourtant si serein. Il avait son homme, se faisait dorloter et soigner et malgré ça, la colère en lui grondait. Quand bien même il aurait pu prétendre le contraire, cela se voyait clairement sur son visage : il détestait l'idée que Nell parle de son ex et y pense. Certes, il avait avancé le sujet, c'était le serpent qui se mordait la queue. Il espérait que le jeune homme n'y revienne pas dessus mais c'était peine perdue. Nell était un homme droit, sincère et il allait répondre à la question sans langue de bois, avec des gants tout de même. Il avait cette élégance dans la parole, comme si il réglait les conflits en enfilant des gants de soie. Il n'aimait pas hausser le ton, sauf si cela était nécessaire. Tout le contraire de Zeus qui partait au quart de tour aussi vite qu'un début de course sur Mario Kart. Son sang coagulant, ses blessures multiples, n'enrayaient en rien sa détermination , sa colère. Il se morfondra plus tard dans ses excuses. Nell était un infirmier exemplaire mais il ne pouvait pas le lui faire remarquer. Pas maintenant qu'il était fâché.

Il se retourna, lui lançant un regard rapide et grinçant des dents. Il n'avait pas envie de paraître gamin, de se sentir comme un jaloux maladif. Il savait que cette discussion tournait au drame autour de deux aspects : son métier et son ex, Shady. Dans les deux cas,il ne lâcherait pas l'affaire, à moins d'arriver au point de non retour. Comme on dit , « tant que tu ne vois pas le grizzli, ça ne sert à rien de charger ton fusil » . Il poussait les limites au delà, essayant de mener à bien cette conversation. Exit l'apéro et les cacahuètes, ils étaient plutôt à couteaux tirés. « Si tu arrêtais de réfléchir autant aussi... Pourquoi tu ne peux pas juste profiter qu'on soit là, tous les deux? Pourquoi tu veux toujours compliquer les choses! ». Il soupire. Bien sûr qu'il veut être avec lui, qu'il l'aime et qu'il tient plus que tout à leur amour. Mais, mais il ne le comprend pas. Un dialogue de sourds récurrent qui survient entre eux, trop souvent. Ils ne savent pas comment faire mais Nell semble perdre patience. Il se lève, Zeus pense qu'il va aussi s'énerver. Il lui dit que c'est différent, qu'il est spécial pour lui. Il aimerait le croire, il veut se laisser attendrir...Au fond, il admire son amoureux qui est si doux, si affectueux, si attentionné. Il se rend bien compte que sa réaction est disproportionnée. Son instinct le guide, comme un enfant qui prouverait qu'il existe, crier pour se faire entendre.

Les bras autour de son torse, le dos collé au sien, les gestes de Nell sont une torture pour Zeus qui rumine. Il sait que c'est beau, il voudrait prolonger cette étreinte mais ça serait contre sa nature, contraire à ses réflexes. Il dit tout bas, d'une voix calme mais encore affectée. « Il ne faut pas avoir peur Nell... Je sais ce que je fais, tu dois me faire confiance! Tu, tu dois savoir que je ferai toujours attention, encore plus si cela peut te rassurer... ». Il ne dit pas souvent des promesses alors ça a le don de le calmer, de retarder la cocotte qui explose. Il a envie de stopper cette fièvre un instant. Il prend ses mains, les serre dans les siennes. Quand il dit l'admirer, quand il parle de leur couple...Il fond littéralement. Il est si touché qu'il oublierait tout le reste. Il sent presque les larmes le gagner. Il se retourne, compte l'embrasser, il veut s'excuser et le couvrir de baisers quand soudain... Cette phrase de Nell sur Shady.

Zeus fait un pas de recul, interloqué. Il ne réalise pas tout de suite. Il baisse la tête, se répète les mots de Shady dans sa tête. Non, non ce n'est pas possible. Il avait tout fait pour soulager ses maux, le soigner et contenir sa colère, son incompréhension mais là,c'était trop. Le vase débordait. Il le pointa de l'index , sa jalousie emportant tout discernement. Il était furieux de savoir qu'il parlait encore avec Shady, surtout en sachant ce qu'il avait été pour lui. Car oui, avoir son meilleur ami à ce moment là avait été l'occasion pour Nell de raconter ses aventures avec le pompier. Et ça, Zeus s'en rappelait. Il lui lança un regard noir, en marmonnant : « Alors comme ça, tu parles toujours avec lui?!! Tu lui envoies souvent des coeurs aussi?! ». Il s'emporte, rien ne peut l'arrêter. Il donne un coup de pied dans le vent, essayant de se calmer mais toute son énergie explose. « JE SAIS tout Nell! Je sais comme il a COMPTÉ pour toi! Je me rappelle comme tu l'adorais , comme tu... TU... ». Sa voix se perd, il s'approche de la table basse et veut tout foutre par terre. Tout foutre en l'air.

T'as envie de rire ou de le frapper. C'est toi qui compliques les choses ? Ok tu réfléchis un peu trop, mais c'est lui qui s'emporte pour rien, c'est lui qui refuse de te laisser le soigner et de passer à autre chose, c'est lui qui n'accepte pas tes peurs alors que toi t'as rassuré les siennes. Là, tu lui en veux un peu d'être aussi égoïste, de ne voir qu'une partie des choses, mais t'essayes malgré tout de calmer la situation, d'essaye de pas t'emporter parce que de vous deux t'es le calme et que si toi tu te laisses aller, tu sais que ça va mal finir. Chaque fois qu'il y a eu embrouilles, ça s'est mal fini. Cela dit, tu constates qu'il y a toujours eu une partie de jambe en l'air divine après coup. Est-ce que c'est ça le secret du beau blond ? Se dépenser au lit pour laisser s'échapper toute sa colère ? Tu tiens peut-être un truc là. Mais c'est pas le moment de penser à tout ça, là t'essayes de calmer les choses et t'as l'impression d'y arriver, t'as l'impression qu'il se détend contre ton corps, tu sens ses épaules se relaxer sous le contact de tes mains et t'es fier de toi, d'arriver à le calmer. Parce que malgré sa colère, tu restes toujours sa kryptonite à lui.

T'as envie de lui faire confiance, t'aimerais passer à autre chose simplement, mais tu te souviens la douleur que t'as éprouvé en pensant avoir perdu Shady et tu sais que pour lui, ça sera pire encore. Comme si une partie de toi s'en allait. T'es touché qu'il te promette de faire plus attention, qu'il pense à toi et les choses semblent se calmer avant ta boulette. Tu le vois te lancer des éclairs, tu le vois furieux et tu te retiens très fort de ne pas lever les yeux au ciel face à sa remarque idiote. Il est idiot, parce qu'il est jaloux tu le sais, n'empêche que ce qu'il dit n'a pas de sens. Tu vois sa colère prendre forme dans son pied, tu sais qu'il ne te ferait jamais de mal, qu'il est juste trop impulsif pour savoir comment gérer cette colère. T'as mal parce que tu sens qu'il a mal, tu t'en veux d'avoir balancé ça comme ça. Bien sûr qu'il le connait, qu'il connait ce que vous avez vécu, il a été l'un de ceux à qui t'as tout raconté. Il sait à quel point tu l'aimais, t'étais dingue de lui, il sait comme t'étais heureux pendant que vous étiez ensembles et il sait à quel point t'as eu mal quand vous vous êtes quittés. C'est sûrement le désavantage d'être des amis de longue date après tout.

Tu t'avances vers lui, la main en avant, comme pour l'empêcher de balancer ta table et ce qui s'y trouve par terre parce que tu tiens à tes affaires mine de rien. « Zeus, calme-toi s'il te plait ! C'est pas... » Tu soupires, tu sais pas comment tu vas te sortir de cette merde. Tout est clair pour toi, chacun à sa place. Ton ex a la sienne, Zeus a la sienne et il n'y a pas de zones floues. Non, Shady et toi c'est fini depuis un moment, mais vous êtes restés en bons termes sauf que t'es pas sûr qu'il le comprenne lui, Zeus. Il n'a connu que des aventures, toi tu t'attachais. Forcément c'est différent. « Ok, oui il a compté Zeus ! Bien sûr qu'il a compté, on était ensemble ! Je l'ai aimé je ne peux pas le nier et même si ça peut te faire mal, tu dois comprendre que j'ai un passé moi aussi, j'ai eu des histoires. Tu crois pas que moi je pourrais pas être jaloux de tous ces gens que tu t'es tapé ? » Ok, tu sais que c'est clairement différent, parce que justement lui n'était pas attaché et qu'ils ne leur parlent plus, enfin tu crois. Mais t'essayes de te défendre comme tu peux. Tu te masses l'arrête du nez, pour t'empêcher d'exploser toi aussi parce que t'as besoin d'être calme pour lui expliquer. « Shady et moi, on est toujours en bons termes, on s'entend bien, mais ça ne va pas plus loin je te le promets ! C'est fini avec lui, depuis longtemps. Bien sûr tu m'as vu l'aimer, le désirer, le pleurer, mais aujourd'hui tout ça c'est pour toi. C'est pour toi que je pleure, c'est toi que je désire, c'est toi que j'aime Zeus. »

Tu souris, tendrement, parce que tes paroles sont sincères. « Si je ne t'en ai pas parlé, c'est parce que je n'en ai pas vu l'intérêt. Pour moi les choses sont claires, le seul que je veux c'est toi. » Tu sais pas si t'es convainquant, tu sais pas s'il te croira, si sa jalousie saura résonner alors tu soupires, tu cherches comment faire pour qu'il te croit. Tu sais que l'embrasser maintenant est une mauvaise idée alors t'évites. « Tu veux une preuve ? Lui je l'ai quitté quand il est revenu brûlé et blessé, je l'ai quitté parce que je ne voulais pas perdre celui avec qui j'étais. Toi, tu pourrais revenir à la limite de la mort, tu pourrais perdre un bras ou une jambe, je ne pourrais pas te quitter, jamais. Je ne supporterais pas de te perdre, peu importe la façon. » Encore une fois, t'es sincère. Mais ça t'empêche pas d'avoir peur pour lui, de vouloir être sûr qu'il revienne chaque jour sain et sauf. « T'as tout vu quand on était amis, t'as été le premier à m'encourager et me soutenir, mais aujourd'hui Zeus c'est toi mon copain, ça signifie bien quelque chose, non ? » T'essaies de t'approcher un peu de lui, d'attraper ses mains doucement avec les tiennes. « Mais j'aurais dû t'en parler, te le dire autrement c'est vrai, je suis désolé pour ça. Je ne pensais juste pas... Je ne l'imaginais pas du tout menaçant notre couple, ce que je ressens pour toi alors je n'y ai jamais pensé. » Tu poses une de tes mains sur sa joue, comme pour le forcer à te regarder dans les yeux et t'espères qu'il se sera calmé, qu'il aura compris. « Maintenant, si toi t'es en contact avec une ex, c'est le moment de tout avouer ! » Tu ris un peu, t'essayes de détendre l'atmosphère comme tu peux, mais t'es pas aussi doué que lui.

Nell lève la main, comme pour contenir encore un peu plus Zeus et son impulsivité légendaire. Tout foutre par terre n'était pas la meilleure des solutions et le jeune blond était arrêté in extremis par son amoureux qui voyait cet excès d'un mauvais oeil. Il fallait faire attention, ne pas se laisser dominer par le doute, la jalousie. Zeus inspirait profondément, tentant lui aussi de se calmer doucement. La bêtise lui faisait tourner la tête et il voyait flou. Il aurait pu se ressaisir. Entendre Nell prononcer son prénom le calme un instant. Il trouve cela tellement touchant, il sait que Nell est l'homme idéal. Il a beau lui avoir caché des choses, il se rend bien compte qu'il est le problème dans l'histoire. La contrariété ne l'a pas quitté, il dit en reprenant son souffle, dans une respiration saccadée ,: « Nell, putain Nell, mais ça me rend dingue... TU me rends dingue! ». Certes, cela pouvait être un compliment aussi mais là, c'était davantage pour appuyer comme la situation lui échappait. Il ressentait des tas de choses qu'il n'aurait presque jamais soupçonné. Il n'avait pas été dans une relation de couple, il ignorait tous les ressentis possible : le manque, la tendresse, l'incompréhension, la jalousie... Il ne connaissait que l'envie, lui. Cette sensation de pouvoir tout toucher, tout avoir. Voilà à quoi il avait toujours aspiré et voir Nell autant s'attacher à lui lui faisait plaisir autant qu'il lui faisait peur. Il avait peur que ça aille trop vite, qu'il le regrette, que la peur de le perdre soit trop forte. Quand bien même il le rassurait, peut être que cela ne serait jamais assez.

Le beau brun répond que Shady a compté, qu'il l'a aimé. Zeus s'y attendait,certes, mais cela lui fait mal. Parce qu'il ne comprend pas finalement, il ne saisit pas comment est ce possible de tenir à quelqu'un et de ne pas se donner totalement, comment garder en lien une personne qu'on a autant aimé sans que la flamme ne se ravive. À sa remarque, Zeus répond au tac au tac, avec un sourire narquois.  « Non mais grosse blague quoi! J'me suis pas tapé tout Tinder non plus! Puis j'vois même pas une comparaison possible! Eux je les chéris pas comme toi!  » Lui aussi semble mal prendre la situation, Zeus le voit se calmer comme il le peut. L'un comme l'autre , il se défende selon leurs principes et le ressenti revient les guetter. Ils auront beau ne pas être d'accord, leurs corps s'appelaient toujours. Zeus refuse de le regarder, il forme un poing avec sa main droite qu'il vient percuter dans la paume de sa main gauche. Une sorte de réflexe anti stress, sûrement. La colère s'amenuise mais le doute lui, continue d'occuper le terrain. C'est pire que les prolongations au foot, c'est comme une nouvelle période dans le jeu, dont le temps est indéterminé. Zeus était comme l'orage. Sa colère ne durait jamais très longtemps mais elle était vive, percutante. Nell devait s'accrocher pour ne pas se prendre tout dans la figure. Maintenant, il était plus craintif que furaxe. Ce qui ne l'empêcha pas de lui lancer une pique auparavant. Une dernière. «  Moi je ne reparle pas à mes exs non... de toute façon avec moi ça dure deux semaines, j'suis pas un nounours en guimauve moi! J'suis comme un paquet de granola, j'menvole aussi vite qu'on me déballe... ». Il continue dans ses métaphores, il sait qu'il n'a pas de l'expérience et que c'est cela qui le dessert face à Nell. Le mec parfait, le petit ami attentif, l'homme calme. Tout son contraire et c'est peut être aussi que c'est pour ca qu'il l'aime.

Les mains de Nell viennent le toucher mais il s'en écarte encore. C'est si beau ce qu'il lui dit, il pense ne pas le mériter. Il pense que c'est lui le souci, qu'il n'aurait peut être pas dû dire oui. Il sait qu'il en a besoin. De son geek, de son amoureux, de son meilleur ami. Il ne peut plus vivre sans mais son insouciance lui fait craindre le pire. Il n'est pas si sérieux que lui, il ne voit pas le danger de ses interventions et il a surtout peur de faire mal à ce seul homme qu'il n'a jamais aimé. Alors il regarde par terre, dit d'une voix basse, en tapant dans ses mains pour enlever sa gêne. « Nell, Nell tu es un gars parfait tu le sais ça ? J'en connais qui paieraient une fortune pour avoir ton amour... ». Il sourit, content de lui avoir dit toute l'admiration pour lui. Il s'avance vers lui, gardant toujours une distance de rigueur car il ne veut pas lui faire une feinte, ni un pont. Il veut qu'il le comprenne. « Comment pourrais-je te quitter? Qui me ferait un strip tease sinon? Qui me ferait rire ? Et qui me ferait kiffer? ».

Il le regarde intensément, traduisant son amour mais aussi ses craintes, infondées? Il tremble, plus que lors de son intervention. « J'suis pas comme toi Nell... J'arrive pas à être si sérieux, si prévenant... J'ai l'impression d'abuser , de créer des barrières... Je veux seulement qu'on soit bien toi et moi... ». Il le regarde, timidement. Il a peur qu'il ne comprenne rien, qu'il lui reproche son indécision. Il veut seulement encore le regarder et l'embrasser et qu'il lui apprenne tout ce qu'il sait.

La colère de Zeus, sa foudre, tu l'avais déjà affronté bien sûr en tant qu'ami de toujours, mais jamais de la sorte. Tu n'avais jamais affronté ce genre de colère parce qu'entre amis c'était différent. T'as toujours su qu'il était plus vif et impulsif que toi, toi t'es pas du genre à t'emporter beaucoup. Cela dit, quand ça arrive vraiment, alors personnes n'est à l'abri et t'es content que Zeus ait pas encore aperçu cette facette de toi. Du moins, pas en tant que petit-ami. Tu fais face comme tu peux, tu luttes contre la tempête avec tout le calme que t'as en toi et t'espères que ça marchera, t'espères que tu sauras le calmer et lui faire entendre raison. Tu sais qu'il a pas tort, tu sais que c'est toi le fautif dans l'histoire parce que tu critiques sa fierté, tu lui caches des choses, mais à aucun moment t'as voulu lui faire de mal. C'est juste toi qui a mal, qui a peur et ça te fait faire des conneries. Comme chez tout le monde. Bordel ce que t'aimerais revenir dans le passé pour corriger tes fautes, ce que t'aimerais te dire qu'il ne reviendra jamais en morceaux. Mais tu peux pas, c'est plus fort que toi, à la place tu devras apprendre à vivre avec au mieux, tu devras vaincre tes peurs en lui accordant ta confiance.

Tu hausses un sourcil quand il te compare à un nounours en guimauve parce que t'as l'impression que c'est un peu un reproche, mais tu te retiens de préciser que ce nounours à la guimauve il adore croquer dedans ces derniers temps. Non, tu le laisses se calmer petit à petit, tu vois que la colère baisse à mesure que tu t'expliques, que tu lui parles et tu passes du reproche au compliment de sa part. T'es soulagé, rassuré, t'as juste pas envie de faire une autre boulette, mais tu vois rien qui pourrait encore plus le contrarier que tout ça. « Comme quoi, même le nounours à la guimauve on y devient accro. » Tu peux pas t'empêcher de le taquiner, mais t'es surtout gêné par ses compliments, gêné chaque fois qu'il t'idéalise parce que tu sais toi que t'es loin d'être parfait, que t'es loin d'être comme il te décrit pourtant ça te fait un bien fou. Pourtant, t'aimes quand il te complimente, sans en profiter trop évidemment. Tu veux lui rendre la pareil, mais tu le sens vulnérable alors tu le laisses se confier, exprimer ses peurs et tu souris quand tu te rends compte à quel point de vous deux, c'est lui qui se complique. « Non, t'es clairement pas comme moi. » Tu t'avances encore un peu comme pour réduire cette barrière qu'il met entre vous.

« Toi t'es drôle, t'es vif, toujours à bouger dans tous les sens, à enchaîner les idées et les sentiments. Toi t'es naturel, tellement honnête parce qu'innocent quelque part... C'est bien parce que tu n'es pas moi que je t'aime. » Tu l'embrasses, tu dévores ses lèvres, mais t'en gardes un peu pour après. « C'est moi qui ait abusé cette fois Zeus, j'suis désolé. Je sais que je devrais pas parler de ton métier comme ça, mais j'ai cette... Peur... » Tu soupires, contre toi pas contre lui. « T'es encore un bébé en relations, mon p'tit bébé Groot, mais moi j'suis un bébé pour le reste. Tu te rends pas compte à quel point j'envie ton insouciance, ton naturel, ta façon bien à toi de toujours faire sourire les autres. C'est moi qui suis chanceux et tu t'en rends même pas compte. Les gens ont toujours de la retenue d'habitude, toi tu dis ce que tu penses, t'arrêtes pas de me dire que tu me kiffes, que tu me trouves génial sans aucun filtre et j'adore ça. » Tu serais pas capable d'être comme lui, vous êtes trop différents et c'est justement ce qui te plait. Il te compense là où toi t'as des manques et inversement. C'est pour ça que tu ressens autant de choses pour lui.

« Si ça peut te rassurer, malgré nos disputes et nos mésaventures, je préfère ce que j'ai avec toi que ce que j'ai vécu avant. » Tu souris, amusé avant de l'embrasser encore, de te coller à lui et de l'entourer de tes bras. Et tu t'approches de son oreille pour susurrer. « Et au risque de me répéter, t'es le meilleur coup que j'ai eu. » Pour lui c'était peut-être rien, t'en avais connu que trois des hommes au lit, mais pour toi ça signifiait beaucoup. Tu rigoles un peu et tu écartes ton visage pour le regarder dans les yeux. Zeus qui semble si fort, si insouciant te montre cette vulnérabilité et ces peurs qui le possèdent. T'es touché, t'es séduis. « Et ta jalousie a un petit côté mignon je dois l'avouer, voire même sexy. » Tu déposes un dernier baiser sur ses lèvres et tu vas chercher ton téléphone pour vous commander des pizzas. Mais avant même de composer le numéro, tu te tournes vers lui, ton téléphone en main. « Shady n'est plus qu'un ami pour moi, une vieille connaissance avec qui j'ai partagé des choses, mais si ça te blesse vraiment alors je le supprimerais de mes contacts. Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? » T'es honnête comme il l'est avec toi, t'essayes de le tester un peu aussi à ta façon, si lui te demande toute ta confiance pour son boulot alors t'es en droit de faire pareil pour tes relations. Tu sais qu'il est novice dans tout ça, mais quelque part tu te dis que c'est un bon moyen de lui apprendre.

Et soudain, tout s'éclaire. Un don tombé du ciel que Nell a, celui d'être le plus doué pour calmer la tempête. Il a beau être aussi énervé que lui sur l'instant, vouloir sûrement lui rentrer dans le lard également, il arrive à tempérer, à l'apaiser et à tout redorer. Cette soirée, la première qu'ils passent depuis un moment s'annonçait sous les meilleures auspices. Trois prises de bec plus tard, le beau brun était celui qui lui disait encore qu'il l'aimait. Qu'il le complimentait, le rassurait et lui disait que tout était possible. Quelque part, il était cette figure aimante et protectrice que Zeus pouvait chérir et idéaliser à volonté. En soi, il l'admirait pour ce qu'il était mais aussi l'effet qu'il lui faisait. Ce n'était pas juste la Tour Eiffel qui se montrait sous le pantalon, non. Ce n'était pas seulement le carrousel qui tournait à une vitesse folle. Il l'impressionnait pour l'effet qu'il avait sur lui. Le cheval furieux qui devenait aussi doux qu'un agneau. Le lionceau qui écoutait plus sage que lui, plus aimant aussi. C'était ça, aussi. Zeus avait une crainte, Nell l'effaçait d'un revers de la main, en coup de maître et lui promettant son amour de plus belle. Dieu sait qu'il y aurait d'autres obstacles sur leur route, d'autres embûches mais Nell avait cet espoir communicatif que tout leur serait possible tant qu'ils étaient ensemble. Il pourrait compter sur lui et rendre leur présent plus radieux, leur donner toutes les raisons pour aller mieux.

Il sait que l'évocation du nounours peut être mis à mal mais Zeus n'y voit en rien de la sorte. Cette confiserie est son péché mignon et il sait que Nell est son nouveau. Il sait qu'il a besoin de lui, il sait qu'il le veut encore.  « T'es plus addict que mon café du matin, si tu savais! »Il ne peut s'empêcher de rire, lui qui a si bien pris la taquinerie de son amoureux quelques instants auparavant. Il savait que Nell le connaissait par coeur, qu'il pouvait déconner avec lui et que tout s'arrangerait. C'était une chute de confiance, un quiproquo qui n'avait finalement pas lieu d'être. Ils s'entendaient toujours sur la fin, même si cette fois, ça serait encore autre chose. Zeus avait quelque chose pour Nell, quelque chose qu'il s'était empressé de garder jusque là. Quand il lui dit toutes ces merveilles, Zeus sait qu'il a encore atteint l'Olympe. Un ascenseur direct aux cieux pour celui à qui on avait seulement dit qu'il était rieur et génial au lit. C'était tout nouveau, être séduit de la sorte ne lui ressemblait pas. C'était son meilleur ami et ces nouveaux éléments étaient encore plus beaux. Il n'aurait pas mieux formulé ses mots pour le toucher en plein coeur.  « Mais tu es encore plus séducteur que Julio Iglesias, toi! Tu vas me faire virer pivoine si tu continues!   » Il n'a pas le temps de voir si Nell va rigoler car il s'empare de ses lèvres et lui délivre un baiser de dingue. Zeus est au nirvana, pas prêt de descendre de sitôt. Nell s'excuse, Zeus a encore plus envie de le prendre dans ses bras, de lui dire qu'il est un Roi. Le Roi sous la Montagne.
« Je veux tout apprendre avec toi, je veux que tu me fasses confiance autant que... moi je tiens à toi... Et je te dirai toujours ce que je pense, tu peux me croire! Pas besoin de détecteur de mensonges!  » . Il sait aussi que leurs disputes constituent  le lot de leur quotidien mais qu'elles se soldent constamment par une victoire, par un déblocage. Ils avancent à pas de géant. « Moi aussi j'avoue que nos disputes sont toujours l'occasion ensuite de bien bouffer, bien jouer et bien... enfin tu m'as compris!  » Il fait mine de se couvrir la bouche, comme un enfant ayant sorti une grossièreté. Nell l'entoure de ses bras, il ferme les yeux lorsque son amoureux lui dit son compliment favori. La petite remarque qu'il kiffe, royalement.

« Toi tu sais comment parler aux mecs...  » Il l'embrasse , lui faisant dans le même temps un long câlin. Il reste contre lui et se détachant de son étreinte, répond à sa question sur Shady. « Je... je préfère te faire confiance. Je ne veux pas que tu m'en veuilles par la suite donc, fais comme tu le sens. Essaie juste de ne pas lui donner d'espoir ni de me la faire à l'envers hein? Mais, vu comme tu es doué au lit aussi, j'suis pas prêt de me passer de toi... En plus, regarde! » Il bondit vers son portable, posé vers la table de la cuisine. De là, il lance une de ses musiques favorites, parfaites pour l'ambiance cosy et love. Il improvise quelques pas, sachant qu'il viendra par la suite se coller à Nell. Il s'exécute, vient vers lui et lui prend les mains pour l'entraîner vers lui et se coller. Il ferme les yeux, colle son front contre le sien.   « C'est pas le Caprice des Dieux, c'est plutôt le Délice des Geek!  » Il l'embrasse furtivement, lui demande de rester où il est et il court chercher un truc dans son sac.  « Allez, ferme les yeux! ». Il sort de son sac les deux cadeaux qu'il lui a apporté : le jeu d'Uncharted 4 et Read Dead Redemption 2. Bon, le second jeu est aussi un cadeau perso car Zeus adore ce jeu. De plus, il a une bouteille de vin assorti. Il les pose sur la table basse et ordonne à Nell d'ouvrir les yeux. Puis, il coupe la musique et lui lance, d'une voix assez forte.  « Il nous faut juste deux pizzas et on sera au top! »

Il espère qu'il sera content, qu'il n'aura pas peur de son initiative. C'est bien la première fois qu'il fait ce genre de choses mais il a envie de remercier et récompenser son amoureux pour sa gentillesse, sa délicatesse, sa patience et... inexorablement de sa tendresse.