see you again (wickie)

tu sors de ton appartement, en frissonnant. merde, t'es clairement pas habillée pour cette température. m'enfin bon, c'est pas en sortant avec une doudoune, un legging de sport et des uggs que tu vas remplir ton portefeuille ce soir. donc va falloir se contenter de ta longue veste noire, de ta robe rouge ultra-courte et de tes escarpins assortis. serre un peu les fesses, et ne commence pas à faire la fine bouche. et puis apparemment, le froid a ses bienfaits, non ? t'as lu sur un de ces sites pour ménagères à la con que ça éliminait les graisses. et ça, ça ne va pas te faire de mal. tu gambades à travers les rues, qui commencent peu à peu à se vider. alors tu rejoins "ton" lieu habituel. une petite rue beaucoup moins fréquentée que le reste du quartier. tu t'assieds sur un banc, et sort une cigarette que tu allumes, tout en regardant le parc qui s'étend en face de toi. c'est fou ce que ces espaces de jeu pour enfants te rendent nostalgiques. plutôt ironique si tu penses à ce que tu viens faire ici aujourd'hui. qui aurait cru que tu finirait là ? souvent, tu repenses à cette enfance un peu particulière, ce foyer toxique que tu as choisi de quitter il y a déjà plusieurs années. enfin, selon zola, l’hérédité a ses lois, comme la pesanteur. et si tu suis le cheminement de pensée de ce frenchie, pas étonnant que tu finisses sur le trottoir à une heure du matin. comment réussir à se sortir de la merde avec une mère droguée, au bord du suicide et un père alcoolique à qui on a clairement imposé ses enfants ? donc ouais, t'as choisi la solution facile. enfin, facile, c'est à démontrer. la solution de fuguer à seize ans, de se retrouver à new york toute seule, et de devoir vendre son corps pour survivre. pas d'études ou de cv à écrire, la seule chose que tu travailles, c'est tes fesses et ton maquillage waterproof. tu sors de tes pensées en entendant un son de pas se rapprocher. tu lèves la tête pour apercevoir à quelques mètres une silhouette beaucoup plus haute que toi, et clairement plus large. un client potentiel ? tu te lèves, tout en tirant une bouffée. « tu as besoin de quelque chose en particulier ? » tu murmures, tout en t'approchant de cet inconnu qui n'a encore rien dit.

@chadwick emerson  

T'avoues, t'es un peu bourré ; mais cette fois t'as une putain d'excuse. Tu t'es encore prie la tête avec ta petite amie parce qu'on ne change pas une équipe qui gagne comme on dit. Ce fut sale et méchant comme à chacune de vos disputes. Alors t'as bu pour oublier, te soulager. Combien déjà ? T'as arrêté de compter au quatrième verre, ce qui explique sans doute ton état d'ébriété avancé. T'as la tête pratiquement dans le caniveau mon gars ; t'as le cerveau retourné et l'estomac en vrac. T'as envie de gerber. « Putain ... » c'est le cas de le dire. Sans vraiment le voir, t'as atterri dans le quartier des dames qui ' travaillent tard le soir '. Les putes oui, appelons un chat, un chat pardi. T'façon tu peux tout te permettre toi, t'es défoncé ce soir. Tu te redresses, apparemment la gerbe n'est pas pour maintenant. Tu t'allumes une clope, recraches doucement la fumée. Qu'est-ce que tu fous putain sans manteau, ni rien ? T'en sais rien. Le froid te mord doucement la peau, et ça te fait du bien. Tu te sens vivant là, au milieu de nul part, tout seul comme un con. Les problèmes qui te pourrissent se dissipent, au point que t'es persuadé qu'avec deux ou trois verres en plus, tu les aurais oublié ne serait-ce qu'un instant. T'aurais voulu te mettre une bonne murge, de celles qui te ravagent la cervelle pendant deux semaines ; mais l'argent n'a pas suivi. Un alcoolique en devenir arrêté par quelques billets verts, quelle ironie. T'es dans un état tel que tu te fous de ta gueule, oui, oui. Tu finis par avancer, tu ne sais pas vraiment où tu marches. De toute manière, t'as pas envie de rentrer. Tu n'as plus la force de te bouffer la gueule avec Sutton. Peut-être pour un prochain round, qui sait ? Tu passes devant une fille, une pute elle aussi, au vu de ses habits. C'est bien trop court tout ça, bien trop révélateur ; si bien qu'il te serait facile de deviner à quoi elle pourrait ressembler sans sou-tif, ni culotte. « Tu as besoin de quelque chose en particulier ? » Tu ne l'aurais sans doute pas regardé si elle ne t'avait pas parlé. Tu te retournes, pose un regard plus intrigué que lubrique sur la brune. C'est vrai, elle est belle. Jolies hanches, belles jambes. Agréable visage, mais … Des yeux qui te mettent mal à l'aise. Des yeux qui ne te sont pas inconnu, t'as les mêmes qu'elle. Putain, c'est quoi ce bordel ? Un étrange sentiment se déverse dans tes veines, ce tatouage que t'as fait juste pour elle te brûle soudainement la peau. Tu ne peux pas détacher ton regard de cette fille qui fait le trottoir, et prise d'une force mystique, ta main se pose sur sa joue. Des souvenirs remontent dans ton esprit, des souvenirs qui te font horriblement mal au point que ça t'arrache une larme. Tu penses à Lily. Ta Lily. « Je … Je dois gerber. » Tu t'éloignes, tu t'appuies sur la première chose que tu trouves, et tu vides ton estomac. Non, ta Lily n'est pas une pute.

@lily emerson