« Regarde-moi pas comme ça, je sortirai pas avec toi ce soir, j'ai déjà une soirée de prévu. » Ella hausse nonchalamment les épaules et sort un paquet de cigarettes de son sac. Les yeux ronds, tu n'attends pas qu'elle en sorte une pour lui piquer cette dernière acquisition. « C'est quoi ça ? J'croyais que t'aimais pas fumer ! » Nouvel haussement d'épaules et une tentative pour le récupérer qui échoue lamentablement. « T'as plus de langue ?! Oh, Ella, tu peux me dire ce qui te prends ?! » Tu comprends pas et son mutisme commence sérieusement à t'énerver. « Relax, tout va bien. » Abasourdie par sa réponse complètement à côté de la plaque, tu lui confisques son paquet et le fourre de colère dans ta poche. « Très bien, ben dans ce cas-là, ça, c'est à moi. » Tu la défies d'oser ne serait-ce que protester. « T'es sur les nerfs ce soir ma biche, tu devrais venir avec moi, tu seras bien détendue après. » Je m'inquiète, nuance. Un sourire en coin sur les lèvres, elle se lève, te faisant un clin d’œil. L'allusion est plus que parlante mais t'es pas d'humeur à entrer dans son petit jeu. « Bonne soirée Ella. » Fais attention. Elle quitte ton appartement avec une petite moue. « Tu le regretteras ! » Je pense pas. Et puis tu te retrouves enfin seule. Bizarre, elle n'a pas insisté plus que ça pour que tu l'accompagnes, ça ne te plaît pas. Mais ce soir, c'est LE grand soir pour Alexis et tu ne le louperas pour rien au monde. Alors tu vas te préparer, tenant à faire honneur à toute l'énergie qu'il a dû déployer pour organiser cette soirée. (la tenue ici) Enfin prête, tu te dépêches de rejoindre le Uber qui t'attends en bas de chez toi. Tu cherches ton téléphone pour regarder l'heure lorsque tes doigts rencontrent le paquet de clopes d'Ella. Tu baisses les yeux, pensive mais tu n'as pas le temps de t'interroger plus que tu es déjà arrivée. Tu payes ton taxi et descends sans plus de cérémonie. Tu t'avances vers le club d'Alexis lorsque tu croises un animal que tu n'aurais jamais pensé voir par ici. « Qu'est-ce que... » Tu ne finis pas ta phrase qu'un videur se poste devant toi pour t'accueillir. Il fait bien deux tailles de plus que toi mais il te reconnaît rapidement et se pousse pour te laisser entrer avec les compliments de la maison. C'est pas la première fois que tu viens ici, loin de là. La décoration est à la hauteur d'Alexis : grandiose, classe et plutôt marrante. Un magicien, des ballons dans la piscine et du champagne en veux-tu en voilà. Il y a un peu de monde déjà alors tu cherches du regard ton confident, ton meilleur ami d'enfance, ton ange gardien. Il représente énormément de choses à tes yeux et il est très important pour toi. Lorsque qu'enfin, tu discernes sa silhouette, tu accélères le pas pour le serrer dans tes bras. Tu arrives derrière lui et plaque délicatement tes mains sur ses yeux. « Surprise beau gosse. » Bon, t'aurais pas dû parler, il t'a déjà reconnu c'est sûr. Tu le relâches doucement. « C'est magnifique Alexis, sincèrement. Je suis scotchée. » Tu repenses soudainement à l'animal que t'as croisé dehors. « Par contre, j'ai vu une autruche dans la rue, c'est normal... ? » Un sourire amusé étire tes lèvres, t'es presque persuadée que c'est une erreur, tu sais qu'il les déteste.
Sensation étranges de ne pas voir ce reflet de toi dans la pureté du miroir qui te fait face. Cette sensation de t’être perdue de l’autre côté un peu comme Alice au pays des Merveilles sauf que ton monde n’avait rien de merveilleux ces derniers temps. Tu t’étais laissé prendre aux pièges de ton propre cœur perdue entre deux eaux. Les deux lui qui te faisais perdre la tête. Tu pensais hors de toi-même aux points que la jeune femme que tu étais semblait différente. Différence imperceptible pour un œil inconnu et pourtant la vision aguerrie d’un proche pourrait sentir la tourmente incompréhensible de ton être. Tu t’étais laissé avoir par toi-même et tu en étais la seule et unique responsable. Resté dans le fin fond du confortable de ton lit avec un bon bol de glace caramel et un film à l’eau de rose vue et revue. Là, dans ton chez toi à vidé une boite de mouchoir en tissue à te laisser par les crises nocturne de Cosimo à chercher le courage pour aller le confronter. Là, à penser aux vents répété que te mettais Mahé. A t’enfoncer éternellement dans ce cycle infernale du syndrome du cœur brisé. Voilà ce que tu lui trouvais à la fille qui te regardait dans le miroir, tu lui trouvais une stupidité à vouloir lui en mettre des gifles. Ne pas venir à la soirée d’Alexis revenait à te vendre. A tirer la sonnette d’alarme pour tes frères. Tu ne leurs laisserait pas l’occasion de t’avoir. Alors tu t’étais battue contre toi-même. Enfilée cette ROBE de marque bordeaux aussi sombre que le ko de tes sentiments. T’avais coiffer cette chevelure et maquillé se visage à donner le change à qui voudrais bien acheté se sourire qui fendais le pulpe de tes lèvres. Pour une fois, c’étais toi qui avais tout fait pour éviter le soldat pour te faire la belle sans encombre. Tu avais ravalé ton égoïsme pour ton frère en tentant de te convaincre que cette soirée te ferait du bien. Tu fuyais la petite voix en toi qui te criais qu’affronter tes proches ne serait pas aussi simple que tu semblais te faire croire à toi-même. Tu serais vite fixé alors que la voiture se gare devant le club, alors que tu en sors pour ne pas tarder à t’engouffrer dans le lieu magnifiquement décoré pour l’occasion. La perfection des Hamilton qui ne laisse rien à côté. Out es pensé dans les moindres détails et tu y retrouves bien là ton frère. Finalement cette soirée ne serais pas si horrible que ça te perd tu as pensé alors que tu te fends un petit passage dans la foule pour finir par trouver l’homme de la soirée déjà en charmante compagnie. Eclats dans tes yeux et sourires irrésistible planté sur ta bouche tu t’approches vers les deux « La soirée peu vraiment commencer la star est là !! » Lances-tu pour annoncer ta présence claquant une bise à Opale avant de prendre ton frère dans tes bras et de déposé un baisé sur sa joue non sans laissé une trace de ton rouge à lèvres. « C’est parfait Hamilton, je n’en attendais pas moins… on boit quoi par ici ?! » Dis-tu en te décollant de lui pour lui redonner possession de son espace vitale. Il est vrai qu’un petit remontant ne te ferait pas de mal même si tu te garderais bien de le dire ouvertement. Tu voulais te détendre ce soir pas à avoir à te coltiner la protection de ton frère ou quiconque auras-t-il chargé de garder un œil sur toi.
Difficile d'oublier qu'il y avait une soirée ce soir. Une soirée vraiment importante pour ton meilleur ami. Non, tu ne pouvais pas louper celle-là puis il te l’avait assez rappelé le morveux, quelle idée de vivre avec lui ? Ça c’était l’effet Brad sur toi. Non, tu ne continuais pas du tout de taquiner Lexi avec Brad. Non, ce n’est pas ton style. Tu es une fille posée, complétement calme. Ouai, enfin ça dépend fort souvent des personnes que tu peux croises, comme quand tu croises Rose. Non, n’y a pas qu’elle. Style Denzel aussi. Ouai, lui aussi tu as fini par essayer de t’en débarrasser, mais c’est compliqué vu que tu le croises à chaque coin de ta vie tel un putain de mollusque bien décidé à te coller la moule. Sérieux. T’aimerais bien pouvoir l’oublier pour de bon, ne pas te faire du mal encore et encore. Repenser à cette famille que tu as touchée du bout des doigts. Mais ce soir, tu t’es jurée de rire, peu importe ce qui se passera, car tu feras tout, toujours pour lui. C’est un peu la moitié de ton cœur, la moitié de ta vie, ton meilleur ami. Il sait tout, même le plus moche de ta personne, une seconde famille, ta famille. Enfin, tu venais d’enfiler ta robe rouge longue, une jolie fente laissait entrevoir les courbes de tes jambes jusqu’au haut de ta cuisse. Des talons agrémentant le tout, tu avais fini par délaisser tes cheveux en liberté, légèrement bouclé, ces derniers ayant repoussé depuis ta dernière folie capillaire, les boucles faisaient plus jolies que mouton. À toi les plaisir et le droit de ne pas user de ton fer à lisser. Tu étais fin prête, pas en retard, pour une fois. Toi qui te laissais vivre, tu avais tout fait pour être à l’heure. Car c’est pour lui. Pas de moto pour toi, non pour une fois tu vas monter dans une voiture, t’as jamais aimé ça, mais tu te laisses conduire, tu ne veux pas arriver en habit de motard à la soirée qu’organise Lexi. Une fois dans le taxi, tu regardes le rideau de nuit qui est venir vous cueillir, les opales se perdant dans les milles-et-un astres décidée à briller dans le firmament. Tu t’y perds à tel point que tu ne vois même pas que tu es arrivée. Le sourire venant éblouir ton visage, tu sors de la voiture après avoir payé le chauffeur. Une jambe après l’autre. Tu admires toujours le lieu en souriant, puis très vite tu te retrouves dans les entrailles de la boite. Tu ourles tes lèvres plongeant tes opales dans cette foule dense, déjà beaucoup de monde au rendez-vous, ne manquez plus qu’à le trouver. Puis tu le repères. Tu avances, laissent toujours tes yeux faire une chorégraphie se déposant presque sur chaque être présent à la soirée. Tu flirtes avec les courbes, tu te délectes de l’ambiance avant d’arriver au roi de la soirée. « Voilà le plus beau et les seconde et troisième plus belles ! » Tu taquines les filles qui sont déjà avec Alexis, sa sœur et une autre fille que tu as bien croisé un nombre de fois incalculable. Tu poses tes lèvres sur ton meilleur ami et tu le prends dans tes bras. « Alors, tu nous réserves quoi mon petit ? » Tu laisses tes opales se glisser dans les siennes avant d’entendre parler de boisson. « Je suis d’accord que nous propose l’endroit à boire ? » Que tu commences à demander, alors que tu vois les petites fourmis de ton meilleur ami se donner à fond pour faire plaisir à tous les clients présents pour cette grande soirée.
Digne d’elle-même. Rose n’avait pas vraiment réfléchi ce soir-là, toujours trop fonceuse, elle ne pesait pas vraiment le pour et le contre, c’était plus facile comme ça. Quand Emeraude avait parlé de la soirée qu’Alexis préparait au club, fière de son frère, la brune s’était imaginée tout ce que son ex avait pu mettre en place. Elle les connaissait par cœur, lui, son exigence et son perfectionnisme. Depuis leur dernière rencontre plutôt houleuse, mais toutefois positive dans le sens où ils avaient pu se dire les choses, parfois maladroitement, avec colère et tristesse, mais elles étaient sorties, Rose se sentait plus légère, enfin elle avait lâché ce qui lui compressait ce cœur qui lui avait appartenu à lui si longtemps. Ils ne s’étaient pas revus, et bien que le malaise serait probablement présent, elle avait envie de passer, voir un peu ce qu‘il avait fait de ce club qui avait à lui-seul représenter une bonne partie des motifs d’absence d’Alexis à la fin... Naïvement, elle avait besoin de s’amuser un peu et d’oublier toutes leurs tensions, elle avait envie de retomber un peu en arrière et de profiter tout simplement. Elle savait bien qu'Emy y serait, c’était même elle qui lui avait parlé de cette soirée, sûrement qu’elle y croiserait Opale également, de quoi passer un bon moment. Sans le moindre doute, elle enfila sa robe noire, teinta ses lèvres d’un rose poudré, puis enfila ses escarpins préférés, ceux-là même qu’Alexis lui avait offerts pour son anniversaire un an plus tôt. Elle grimpa quelques instants plus tard dans sa voiture, et se pointa à la fête une dizaine de minutes ensuite.
A l’intérieur, tout était splendide, et Rose ne put s’empêcher d’esquisser un petit sourire. Il n’avait pas changé, au moins pas à ce niveau-là... Tout était pensé au millimètre, et les gens s’étaient donné le mot, l’ambiance était au rendez-vous. L’animatrice avança parmi les invités, cherchant quelques têtes connues, saluant quelques personnes de loin. C’est là qu’elle les aperçut, tous, accoudés au bar. Emeraude d’abord, sa petite princesse, toujours plus belle de jour en jour... Elle grandissait trop vite, elle était juste canon. Opale, sa douceur, cette force partagée... Et Tehani, pour elle, pas de mot, pas même un regard. Et puis derrière le comptoir, il était là lui aussi, ce sourire qu’elle ne pourrait jamais oublier sur son visage. Il trinquait avec eux, alors Rose s’avança aussi et vint poser son bras sur l’épaule de la mini Hamilton. “Est-ce qu’il en reste assez pour un cinquième verre ?” lança-t-elle d’un air amusé à son ex. Elle voulait vraiment essayer de passer à autre chose et enterrer les rancoeurs, alors quoi de mieux qu’un petit sourire et des yeux de biche pour démarrer ? Elle en profita pour embrasser ses deux amies avant de s’asseoir du côté opposé de Tehani. “C’est vraiment magnifique ici !” s’ébahit-elle en admirant la décoration.
Non, t'es pas facteur, ni même coursier. Mais pour les beaux yeux de ta chica, tu t'es exécutée. Un bon petit soldat comblant tous les désirs de sa majesté. Putain qu'cette fille t'a rendue docile. Au départ d'cette histoire t'étais qu'une simple guest star, un cameo improvisé. Et franchement, ça t'aurait suffi d'rester à l'écart, profane à l'intrigue principale. Mais Nika t'a commissionnée pour ce scénario, ce rôle de messager pour l'quel t'avais même pas auditionné. Et toi, sans ciller, t'as accepté. L'truc c'est qu'y a des choses que t'avais pas vu v'nir. Même elle n'les avait pas anticipés. En fait, sans boule de cristal, personne n'aurait pu imaginer la tournure qu'allait prendre cette soirée. Et tout ça à cause d'une misérable missive. Foutu bout de papier aussi léger qu'une enclume. C'est d'ailleurs étonnant que l'poids n'ait pas affecté ta dégaine. En apparence, c'est avec conviction et assurance que t'es arrivée ici. La marche d'un soldat aguerri. Mais derrière cette bravade, ta volonté, elle, est fébrile. Et c'pas d'tes habitudes. Tu devrais t'en foutre et passer outre. Mais tu n'peux pas, ton flegme légendaire t'as abandonné, comme à chaque fois qu'il est question d'ta chica.
En temps normal, l'colis aurait dû être livré, et toi t'aurais d'jà dû déserter. Sauf que ce soir t'es plantée là, indécise. Tu l'toises, lui et sa compagnie – que des nanas dont la beauté rivalise avec celle, photoshoppée, des magazines – et tu t'demandes c'qui les lie. En les regardant t'as envie de t'imaginer des trucs. Des trucs qui pourraient justifier et motiver tes actions, d'sorte que ta culpabilité et tes doutes t'foutent la paix. Mouais. De tout'façons, fabulations ou vérité, ça n'changerait rien au dénouement : une poupée peinée. Ta poupée ! Et ça, c'pas acceptable. Du coup, tu continues ton observation. Tu guettes, désespérément, l'apparition divine d'une solution. Tu la cherches dans leurs expressions. Obstinée, tu la guettes dans leurs mouvements. Tu d'viens captivée, limite hypnotisée. Hypnotisée au point d'ne plus voir qu'eux. Inconsciemment ton regard se porte sur les cocktails que monsieur distribue. La gorge soudainement très sèche, tu déglutis péniblement. Pfff, non ! Tu t'refuses d't'y rabaisser, tu t'refuses même d'y penser. Non, toi t'es pas d'ceux qui ont besoin d'composer avec l'alcool pour s'passer d'inhibitions. Pas besoins d'tequila ou d'vodka pour porter tes couilles (métaphoriques soient-elles). P'tain t'es soi-disant partisane du vit'fait bien fait, alors pourquoi autant de réticence ? Après tout, ça t'fait une belle jambe que Nika l'apprécie ou l'trouve simplement sexy. Un de perdu et quinze mille à ses pieds. Et puis, c'pas non plus l'amour d'sa vie. Si ?! Dans tous les cas, c'pas tes oignons. Toi, t'as ton but à atteindre alors « fais pas ta pute ». Petit murmure d'mots doux énoncés pour t'encourager et, ça a son effet, enfin, tu t'décides à bouger. Tu t'faufiles aussi discrètement que possible dans la zone exclusive que t'imagines être l'carré vip. Ton look boots à clous et jean troué clash à peine avec le glamour d'leur robes de soirée. A peine. Une fois à leur niveau, tu cesses de tergiverser et tu plonges direct, tête la première. « ... hmm. Monsieur Hamilton ? » tss, pauvre fille, tu fais pitié.