Pilaz | Our souls dance for them.

Le manteau noir et étoilé est arrivé dans le Queens. Cette couverture lugubre et majestueuse à la fois te donne toujours un tas d’émotion. Cette période n’est jamais la meilleure pour toi. Le cœur en vrac, la tête ailleurs, sans doute dans les étoiles, leurs étoilent. Tu penses, tu rêves et les démons t’envahissent, car ils sont là. Ta petite sœur et ton père. Plus tu penses, plus tu pleurs. Des émotions bien trop présente déchirant tes entrailles sans te laisser une chance de maitriser l’abondance de sentiments que tu percevais à la seconde. Beaucoup trop pour ton frêle être, ton âme est sans doute aux abonnés absents, tout comme ton cœur qui émietté à de trop nombreux endroits. Chaque regard se déposant sur des lieux, des endroits beaucoup trop empreint de notre amour, de notre vie ensemble. La vie de famille brisé depuis des années, mais toi tu n’y arrives pas, les autres non plus, mais tu es sans doute concentrée sur toi, à penser. À pleurer. Et à combattre, encore et encore. Dehors, tes opales sont appelées par les lumières  artificielles de la ville, des yeux agressées, mais la lueur des étoiles et de sa complice la lune ne dévoilant qu’un bout de sa face te fond du bien. Moins de peine, plus de gaieté, tu laisses un peu l’âme du Queens te faire survoler tes instants douloureux. La petite brise passant contre ta joue, te laissant si bien que tu en oublierais presque ce que tu faisais si tard dans la nuit dehors. Vingt-trois heures et un rendez-vous. Un besoin de te poser, d’écouter dans cet endroit lugubre et froid la danse des feuilles et d’être rassuré par la présence de Pilar.

Une amie sans doute étrange, une rencontre qui va avec. Mais une personne qui doit être la gardienne de tes peines, de tes regrets et de tes maux. Un échange qui est le vôtre, vos maux se laissent aller avec vous. Alors, tu as hâte de la retrouver, mais aussi de te poser, de voir ces pierres, te rappeler que c’est vrai. Ils ne sont plus là. Six ans. Mais tu n’as jamais pu leur dire adieu réellement, n’ayant pas eu le pouvoir de te déplacer, de savoir même ce qui se tramait dans ta vie. Tu étais juste inerte, silencieuse et glaciale. Tu ne pouvais pas savoir que tu étais en plein deuil en étant plongé dans ce coma pendant ces quelques mois. Tu ne pouvais pas imaginer que le monde avancer après t’avoir délaissé sur le coin de la route dans une bulle où tu étais intouchable, là où le monde fou et dangereux t’entourant était tout bonnement en train de vivre ,telle une fusée, changeant des recoins inimaginables de ta vie. Des morts, des changements et des silences pesant. Trop pour toi. Beaucoup trop. Tu n’étais qu’un bébé de dix-sept ans, jolie petite poupée qui n’aurait jamais imaginé cela, passer noël seul dans un lit, alors que deux personnes étaient partis rejoindre les étoiles, te laissant, vous laissant.

Le cœur un peu lourd, tu finis par arriver dans l’allée D de cet endroit, naissance des peines de bien trop e gens, endroit à la fois doux pour le recueillement , mais aussi haïssable pour toute cette douleur qu’il fait monter chez les gens. Les souvenirs t’assaillent, assommant ton envie de sourire, tu es là, inerte fixant l’allée, l’allée où se tiennent les trois tombes et ça te laisse des nœuds au ventre, bien trop. Un crissement retentit derrière toi et tu vois la jolie blonde, lui adressant un sourire, tu t’approches d’elle avec l’élégance innée d’une ballerine, les pieds tendus et les opales cherchant le contact avec elle. «   Salut toi !  »  Toujours un peu de peine dans ton cœur, dans ta voix, mais tu souris essayant de chasser tout ça. Tu aurais envie de la voir toujours bien Pilar, de la voir heureuse cette petite. Tu l’aimes beaucoup, peut être que tu y vois ta sœur, tu imagines souvent cette dernière dans les jeunes femmes que tu croises, sa sensibilité, son rire … tout. Puis tu cherches le héros, un héros qui n’hésite pas, car les hommes de nos jours ne sont pas aussi héroïques que ton père. «   J’ai prévu le chocolat chaud et le plaid.  »  Survivre à la peine et au froid, c’est important.

C’est toujours la même rengaine, douloureuse et amère. C’est complexe d’être l’une des personnes qui restent, qui survit sans l’autre, on ne sait jamais comment c’est, si ils sont là où non. Toi tu ne veux pas être sure qu’ils soient là, peur que ce qui se passe sans eux ne leur plaise pas. Peur qu’ils te trouvent changé, qu’il ne trouve plus à la hauteur. Une pression invisible qui se complait à te coller à la peau, cherchant à te rendre meilleur, oubliant que tu dois vivre ta vie. Les années passent, mais cela ne change pas le fait que ça n’aide pas à survivre avec moins de douleur. Elle te manque, il te manque ton héros. Ta petite sœur n’a rien vécu quand elle a été arraché à ce monde, la question est toujours la même, pourquoi pas toi ? Pourquoi eux ? Pourquoi ce n’est pas une autre histoire, t’aurais pu être voulu être égoïste et ne plus être. Peut-être qu’ils en souffrent encore et cette idée-là te déchire les entrailles, réduit à néant le peu de bonheur que tu pourrais avoir. L’automne étant là, rapprochant l’une des fêtes préféré de ta sœur, tu ne peux pas louper et ne pas penser à elle. Halloween, récolter les bonbons, elles jurant qu’elle le fera le plus tard possible, mais elle n’a pas pu le faire, on lui a brisé son espoir, sa vie ruinant une famille. La violence des morts trop brusque c’est que les vivants ne parviennent pas à oublier, ils avancent avec douleur, parfois elle se calme pour toujours revenir de manière abrupte. La casquette vissée sur la tête, tu es dans le cimetière, au même endroit que d’habitude, toujours l’endroit où tu vas quand tu as besoin de calme ou solitude, mais parfois tu le partages l’endroit avec Pilar. Elle a vécu la perte de son frère que tu avais croisé un jour quand tu étais en pleur sur la tombe de ta petite sœur. Pilar est comme la douceur de cet endroit, elle rassure et sa présence est appréciée de temps à autre. C’est douloureux, ce pincement au cœur quand tu vois la jeune femme déposer les fleurs sur la tombe de son petit frère, c’était comme te voir toi faire la même chose sur les tombes de ton père et ta sœur. Tu te demandes parfois comment tu te sentirais en ayant été à leur enterrement, tu as bien trop de question en tête de ce style pour toujours en sortir indemne. Tu y laisses toujours un bout de ton âme, souffrant clairement de leur absence, de pas avoir eu droit à tes adieux, d’avoir été allongé au chaud dans une chambre d’hôpital, loin d’imaginer que toute ta vie s’écrouler, que ton monde basculé dans une chose que tu ne pourrais maitriser à ton réveille. Installée, tu laisses Pilar avoir son temps, le temps que toi tu as eu avant son arrivée, tu tentes d’observer ailleurs que dans la direction de la jeune femme. C’est un moment intime, beaucoup trop pour que tu y joues les voyeurs, même si parfois tes opales se frottent à tout ça. « On me l’a jamais dit, alors merci ! » Tu souris alors qu’elle vient de dire que tu es géniale suite au fait d’avoir prévu de quoi se réchauffer, car être assise dans ce cimetière en période de chaleur n’est rien, mais en période de froide c’est tout le contraire. On se retrouve glacé, beaucoup trop pour ne pas laisser la déprime prendre possession de nos êtres. « Une trentaine de minutes, pas plus ! » Que tu avoues à ton jeune amie, le sourire aux lèvres, mais tu laisses tes opales flirter avec toutes ces pierres tombales, c’est le cœur lourd maintenant qui te fait monter la pression. « Elle adorait Halloween. » Les choses sortent naturellement, sans prévenir, sans prévoir ce qui sera dit ou non, tout passe dans vos cervelles et tout en sort quand il le faut, au moment qui vous va.