peace in the midst of the storm (celian)

feuilleter de vieux magazines, trier des papiers qu'elle ne comprenait pas, regarder des photos entassées et se remémorer un tas de souvenirs... c'était devenu le quotidien d'aspen. surtout ces derniers mois, surtout depuis que maman était partie. sans qu'elle n'ait rien vu venir. le choc avait été rude, les larmes avaient longtemps été contenues avant de descendre en rafales, de celles contre lesquelles elle ne pouvait rien. elle avait dû encaisser bien plus de chagrin que la moyenne des gens sur cette planète alors qu'elle avait encore la vie devant elle. les épreuves avaient déjà été trop nombreuses pour un être si fragile et si innocent. pourtant livrée à elle-même depuis bien des années, depuis le décès de papa, elle se sentait aujourd'hui encore plus abandonnée dans ce vaste monde. elle n'avait plus personne autour d'elle aspen. papa n'avait pas survécu à l'attentat qui la faisait encore cauchemarder certaines nuits, et maman n'avait pas su résister à l'appel du paradis, bien plus attirant qu'une existence ici-bas, séparée de celui qu'elle aimait. on ne lui avait pas demandé son avis à aspen, elle n'avait pas eu le choix. elle avait dû se relever malgré les coups, et c'était peut-être dans les petits boulots qu'elle avait enchainé qu'elle avait trouvé l'échappatoire idéale. comme un moyen facile de ne plus penser à ce qu'elle vivait, à ce qu'on lui imposait. bien sûr, elle avait vécu des expériences plus agréables que d'autres, la vie était ainsi faite. mais dans l'ensemble, elle était fière de tout ce qu'elle avait accompli. parce qu'elle avait appris de toutes ces opportunités, ses décisions, de tous ceux qui avaient été ses collègues plus ou moins longtemps, de ces différentes manières de travailler. tous ces détours pour arriver à l'endroit exact qui lui convenait l'avaient forgés, avaient fait d'elle celle qu'elle était maintenant. ses lèvres s'étirent en un fin sourire alors qu'elle tourne les pages d'un vieil album photos. ses yeux tombent sur des images la représentant plus jeune, entourée de papa, de maman ou bien même des deux. ça lui serre le coeur autant que ça la remplit de bonheur. la confusion des sentiments, elle vit avec depuis bien longtemps déjà. depuis que maman a mis à mal sa plus belle histoire, en s'appuyant sur un mensonge. elle avait dû mal à lui pardonner, sans savoir non plus comment faire pour réellement lui en vouloir alors qu'elle l'avait perdu il n'y avait même pas un an. qu'est-ce qu'elle aurait aimé l'avoir devant elle pour lui demander pourquoi. parce que c'était la seule réponse qui l'intéressait. elle ne comprenait pas qu'on puisse faire voler en éclat le bonheur de son enfant par pur égoïsme, ça la dépassait totalement. elle continue encore une bonne demie-heure à constituer des piles dont elle ne sait pas encore exactement ce qu'elle fera et elle choisit de se remettre du baume au coeur en allant voir quelqu'un qu'il lui restait, et elle savait s'en montrer reconnaissante. leur relation était plutôt spéciale puisqu'elle avait connu celian dans le cadre de son travail. elle avait été à ses côtés quelques temps, pour se rendre utile et ramener un peu de sous à la maison. et par la force des choses, à force de se côtoyer, leurs langues s'étaient déliées, surtout de son côté à elle d'ailleurs. son cv complet ainsi que les épreuves ayant jalonné sa vie furent exposées comme pour entreprendre une prétendue thérapie dont elle ne savait rien. mais cela l'avait aidé à panser des maux bien trop à vif. c'est sans doute pour ça qu'elle retourne toujours entre ces murs avec le même entrain. elle salue les personnes qu'elle croise, certaines connaissances, certains inconnus, et elle se dirige droit vers le bureau de monsieur ward. elle toque deux coups avant de s'annoncer de sa voix. le renfort est là ! j'sais pas si on souffre de la période de noël chez vous. elle hausse les épaules, elle ne sait pas si comme dans les boutiques, le monde devient fou en période de fêtes de fin d'année. elle n'a pas vécu cette étape délicate quand elle parcourait encore dans ces locaux tous les jours. passant finalement la porte, elle vient s'installer sur la chaise juste en face de celian, affichant un vrai sourire sur ses lèvres. sinon, on peut simplement partager un café. j'suis pas compliquée. décidément pas. elle cherchait tout juste à passer un petit moment avec lui parce que ça lui faisait toujours du bien, mais elle ne tenait pas à le déranger non plus, ni à perturber un quelconque programme ou emploi du temps qu'il aurait pré-établi. elle s'adaptera aspen, dans l'intérêt de son interlocuteur.

elle avait cruellement besoin de se réconcilier avec les vivants aspen. des proches, elle en avait perdu, plus qu'elle n'aurait dû et surtout bien trop tôt, mais c'était là le cours de la vie. et cette dernière faisait ce qu'elle voulait des pauvres êtres qui la traversaient. si elle n'oubliait pas pour autant ceux qu'elle avait aimé et qui n'étaient plus, elle devait profiter de ceux qui étaient encore là pour ne pas avoir à regretter plus tard de s'être fait avoir, deux fois. c'est même d'ailleurs précisément dans cette optique qu'après s'être rappelé de jolis souvenirs, elle se met en route pour le siège de l'entreprise de celian. il n'était pas de son sang mais il faisait partie de ces gens qu'elle estimait beaucoup. il avait partagé une période de sa vie, et au quotidien, elle avait appris un tas de choses à son contact. il lui avait offert une expérience sur le terrain au même titre que tous les autres postes qu'elle avait pu occuper. de plus, il avait l'avantage d'être toujours dans son sillage aujourd'hui. elle s'annonce avec originalité aspen, elle est prête à aider parce qu'elle a aimé participer à l'époque et elle était prête à renouveler l'expérience si il était en galère. après tout, ça sert à ça les amis, non ? elle n'a absolument aucune du rythme des tâches à abattre en ce moment mais elle est décidée à mettre la main à la patte. ou alors, elle avoue qu'elle ne serait pas capable de refuser un petit café en tête-à-tête aussi. il n'y a jamais rien de mieux qu'un moment loin du bureau, dans une atmosphère chaleureuse, niché au creux de sujets de discussions divers et variés. le minimalisme il n’y a que ça de vrai. un hochement de tête à cette réponse, ils étaient une fois de plus sur la même longueur d'ondes. c'était sans doute pour ça que le feeling était immédiatement passé entre ces deux-là. n'attendant même pas une invitation qui viendrait à coup sûr, elle s'approche et s'installe face à lui, dans l'attente de ce qui suivra, de ce qu'il décidera. je prendrais bien volontiers un bain de café si ça pouvait me rendre toutes mes fonctions cognitives optimal. elle fronce les sourcils, comme si quelqu'un ou quelque chose ne lui laissait que peu de répit, trop peu de temps pour se retrouver.  j'peux te demander ce qui te prend autant la tête ? pas intrusive pour un sou, elle prendra ce qu'il lui donnera et n'insistera pas outre mesure. un ami sait respecter la limite de sécurité pour ne pas gêner son complice. et ce fait, elle n'avait bien compris aspen. les américains, les démonstrations et noël, c’est sacré. je ne savais pas que c’était autant. si tu n’as rien de prévu ce soir, tu peux m’accompagner à une fête qu’un client organise. la voilà la réponse à sa question. les clients semblaient donc se relayer à tour de bras et lui apporter une couche de travail supplémentaire juste avant l'effervescence des fêtes de fin d'année. en un sens, elles représentaient aussi une période fructueuse pour toute entreprise d'événementiel qui se respectait. c'était le moment de donner un bon coup de collier, quitte à prendre quelques temps de pause quand la folie serait passée. elle attrape l'invitation qu'il lui tend et la déchiffre déjà d'un oeil intéressé. ça a l'air un peu pompeux ton truc, non ? elle dit en l'interrogeant du regard. il était le mieux placé pour connaître et parler du client en question. mais j'ai bien envie de voir ce qu'on fait à ce genre de réception. c'était un monde encore inconnu pour elle et il n'était jamais trop tard pour apprendre de toutes les opportunités qui pouvaient se présenter sur notre chemin. tu y vas parce que ce sont des clients particuliers ou uniquement pour te faire des contacts ? dans ce genre de domaine, il fallait toujours se faire un carnet d'adresses et le meilleur moyen était sans conteste d'assister à tout type de célébrations et de buffets. mais il fallait également savoir que certain client quatre étoiles avaient tous les droits et pour ne pas flinguer son entreprise, il était obligatoire de répondre présents à toutes leurs invitations. ce pourquoi elle voulait savoir ce qui en retournait aspen, pour au moins savoir comment elle allait devoir se comporter ce soir. après tout, elle n'avait rien de mieux à faire et ça la changerait un peu de décor. on va prendre le café en dehors des bureaux. ce n'est plus une question, c'est une affirmation qui n'appelle aucun autre argument. une bise plus tard, elle se relevait dans l'optique de quitter les lieux vers d'autres horizons en terrain moins miné. par chance, elle avait repéré un café au coin de la rue, et celian le savait sûrement aussi. alors leur conversation aurait bien le loisir de se poursuivre en chemin. tu fais quelque chose pour les fêtes ? c'était un sujet récurrent ces derniers temps parce que c'était la période. elle n'avait plus de famille pour les partager avec elle aspen, mais lui avait encore le choix.