coup après coup. (cassandre)

Il était des journées dans la vie de Cassandre qui n’avaient aucun sens. Elle ne savait pas pourquoi elle se levait, pourquoi elle continuait à aller à l’hôpital sous les ordres d’un homme aux désirs incohérents. Ce jour-ci en faisait partie. Elle n’avait eu aucune autorisation, pas même celle de s’occuper des blessures les plus superficielles. La jeune femme était en pleine remise en question. Devait-elle supporter de perdre son temps, ainsi, à attendre un miracle qui n’arrivera jamais ? Ou bien prendre les choses en main, et continuer à faire ce qu’elle fait le mieux, adoucir les douleurs de ses patients ? L’heure était à la réflexion. Plus elle réfléchissait, plus elle pensait que ses rêves de devenir chirurgienne n’étaient que des chimères, tout juste de quoi nourrir quelques fantasmes infondés. Les années passaient, et la belle se sentait vieillir. Ce n’était pas une histoire physique, ayant toujours la même énergie que durant sa jeunesse, ni une histoire de mort. Simplement, les portes se fermaient peu à peu face à elle. Bientôt, elle serait trop vieille pour certaines choses. Et, ce sera à ce moment précis qu’il sera trop tard. La décision devait donc se prendre dans les mois à venir, elle ne devait se tromper en aucun cas.
Tout en faisant cette pérégrination mentale, Cassie marchait afin de rentrer à son domicile. Elle avait dû passer par son cabinet de chiropracteur afin de récupérer les dossiers de quelques clients à étudier. Elle devait les rencontrer le lendemain, et aimait connaître ses clients avant de les examiner pour la première fois. Méticuleuse. Pointilleuse.  La tête ailleurs pourtant en cette soirée, assez pour passer à côté d’une personne dans le besoin sans lui venir en aide. Etrange venant de la jeune femme qui avait pour mot d’ordre d’aider son prochain coûte que coûte. Ce n’est qu’en entendant un bruit de froissement, de feuillage, que Cassie remarque l’homme allongé sur le trottoir. Il fait nuit, Cassie est seule. Peu rassurée, elle marche à pas lent vers la silhouette, se demandant s’il était conscient ou non. Elle arrive enfin à sa hauteur, son sac bien serré contre sa poitrine en cas de stratagème pour l’agresser et lui voler ses effets personnels. Elle n’avait rien de bien précieux, mais voulait sauvegarder les informations de ses clients, personne n’avait à savoir ce qui les faisait aller jusqu’à elle. Elle s’approche un peu plus de l’inconnu, et s’accroupie à ses côtés en s’armant d’une moue dubitative. « Monsieur ? » Elle n’est pas très sûre d’elle, mais ne fait pas marche arrière, le reconnaissant sous la lumière du réverbère. Elle hoquette presque de surprise, sourcils froncés. « Andrea, c’est toi ? » Plissant les yeux afin de mieux distinguer son visage, elle finit par en avoir la certitude et relâche la pression. Aucun danger ne l’attend. Se penchant un peu plus sur lui, affolée de le trouver ainsi, elle pose une main sur le front de son ex-mari, et l’autre dans son cou afin de prendre son pouls. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Elle se doutait qu’il avait dû faire des conneries, mais lesquelles ? Un règlement de compte ? Enlevant la main de son cou, elle le place sur son dos afin de l’aider à se redresser, ayant du mal à savoir s’il est totalement conscient ou non. Elle essaie pourtant de le maintenir assis, toujours aussi inquiète de le voir ainsi.
Elle essaie de ne pas montrer ses faiblesses, de garder un visage impassible.
L’indifférence.