meet me halfway /gaberr.

err s’arrête, essoufflée. ses deux mains se posent sur ses genoux, le temps de reprendre son souffle. après une vie sans courir, la blonde vient de terminer cinq kilomètres. elle n’y aurait pas cru, elle qui n’aime pas le sport. et pourtant. avec l’palpitant réveillé, elle arrive à faire des merveilles. err va mieux. ça fait quelques jours qu’elle a repris le cours normal de sa vie. sans le croiser. c’était indispensable pour passer à autre chose. obligatoire pour ne pas retomber dans ses bras, ou sous les draps frais de son appartement. et ça a fonctionné. le temps a arrêté son cœur qui bat. le temps a essuyé les souvenirs. err s’est forcée à l’oublier. et ça a marché. ce qui reste cependant, c’est un manque dans la poitrine. comme un trou à combler. et la nuit, err ressent le besoin de le combler. par un homme, par une soirée, par une course. qu’importe, tant que ça fait gonfler sa poitrine de nouveau. une mauvaise habitude qu’elle accepte. qu’il va falloir qu’elle apprivoise. doucement, mais sûrement. err s’autorise à changer. un peu. elle s’est même promis d’en parler à quelqu’un, et c’est ce qu’elle s’apprête à faire. elle redresse la tête et passe un coup d’eau sur son visage rougi. la chaleur de la soirée brûle sa peau, brûle ses poumons. brûle le manque. err sourit, rassasiée. dure loi de la vie, lorsqu’on a goûté à quelque chose il faut toujours un temps pour l’accepter ou le retirer. mais elle s’en sortira, parce qu’elle s’en sort toujours. elle vivra de beaux moments, elle trouvera un jour une rédemption à ses maux. et à cet amour qu’elle ne sait comprendre, à son cœur qui hurle dans sa poitrine sans qu’elle ne le lui demande. son palpitant n’a jamais été plus fort que sa tête, et pourtant c’est bien l’inverse depuis quelques jours. mais ça s’en va, peu à peu. avec le temps qui passe, avec les journées moins longues. err sait qu’il ne lui reste plus que quelques semaines avant qu’il ne soit plus qu’un vague souvenir et qu’elle en oublie l’odeur et les pulsions. les prochains pas sont donc souriants, en direction d’un petit café. juste là, face au jardin vert et humide. err ne se change pas, elle n’en a pas besoin. c’est son meilleur ami qu’elle retrouve, et ça ne demande aucun effort. elle s’installe sur une petite table, commandant déjà deux cafés d’un ton agressif. err. rien de bien surprenant. ils ont l’habitude. portable sur la table, elle frappe rapidement pour annoncer qu’elle est en position et qu’il peut la rejoindre. une petite heure ensemble, à s’raconter ce qui brisent leur cœur. une petite heure dont err a besoin, et où gabe va prendre le temps d’écouter. elle se raconte le récit en boucle, depuis des lustres. elle se force à en retirer les parties les plus croustillantes, pour les oublier plus facilement. err évite les sentiments, err ne s’y perdra plus. un sourire s’affiche sur son visage lorsqu’elle le voit arriver de loin. il est élégant, bien plus qu’elle. toujours avec un air légèrement renfrogné, mais une mine rayonnante malgré tout. « salut beau gosse, » qu’elle dit, pour marquer son territoire. « j’t’ai manqué ? » et une bise claque sur sa joue, un clin d’œil en prime. err sulfureuse, gabe la rassure.