never trust google calendar / kéziah

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@kéziah maynard

la sollicitation permanente, qui ne cesse jamais, qui vient de tous les côtés. la sollicitation permanente qui vous oblige à vous organiser pour ne rien rater, ne rien oublier. et fifi, qui gère sa vie à coup d’entrées d’agenda et de cases colorées pour s’y retrouver. elle fait comme tout le monde, elle change, modifie, déplace et annule. courir après le temps pour gagner du temps et éviter les contretemps. fifi, c’est comme si elle s’était mise à courir un marathon qui ne s’arrête jamais. elle enchaîne ses journées à une allure folle, son père pense que c’est elle qui est folle. il avait une philosophie bien à lui et fifi était loin d’être comme lui. écouteurs aux oreilles, elle discute de manière virulente avec son interlocuteur. ‘simon, on va réellement encore avoir cette discussion ? …’ elle sort du taxi et claque la porte. d’un pas rapide, elle évite les gens sur le trottoirs. ‘non, ça fait cinquante fois que je te le dis. ça ne fonctionne pas, j’ai vérifié et ÇA NE FONCTIONNE PAS!’ elle se dirige vers l’entrée d’un immeuble qui n’était pas très haut. il devait comporter trois étages pas plus. elle tape le code d’entrée d’un geste automatique. elle poussa la porte un peu trop lourde et monte les escaliers deux par deux pour se retrouver au dernier étage. le volume sonore de sa voix ajustée, elle finit par dire d’un ton exaspéré : ‘écoute simon, j’ai un rendez-vous donc je vais devoir te laisser… non, on n’en rediscute pas après... c’est simple je ne veux plus avoir cette discussion.’ ses doigts viennent se poser sur le bouton de ses écouteurs. elle coupe court à la discussion. elle les arrache lentement de ses oreilles et elle souffle tout en levant les yeux au ciel. simon, c’est le collègue un peu chiant. celui qui se réveille au dernier moment et qui, probablement dû au stress, vous harcèle.
et elle déteste ça, fifi.

d’un geste délicat, elle ouvre la porte et fait face à janice, la cinquantaine cheveux légèrement grisonants et secrétaire de jane, la psychologue de fifi. elle fait une drôle de tête en la voyant  ‘fifi ?’ et fifi qui se fige et fronce les sourcils. 'je n'ai pas rendez-vous aujourd'hui?' le visage de janice se détend et qui affiche à présent un sourire. ‘oui, mais ton rendez-vous était à 14h ! d’ailleurs je trouvais ça étonnant de ne pas te voir, toi qui est toujours si ponctuelle.’ fifi, ça ne la fait pas rire. elle attrape son téléphone et regarde son agenda. ‘vraiment? le rendez-vous était à 14h ?’ son pouce glisse sur écran à la recherche de la faille calendaire. cette erreur d'agenda provoque chez fifi une certaine exaspération et le début d'un léger énervement contre son téléphone, contre google calendar, contre elle-même. puis, un sentiment de gêne se joint à tout ça 'j'suis vraiment désolée, janice, je ne comprend pas ce qu'il s'est passé !' elle déteste se tromper. janice les yeux rivés sur son écran d'ordinateur essaie de trouver une solution pour caser fifi dans la journée mais elle lui explique que c'est plutôt compliqué, alors d'un ton las, fifi rétorque 'ne t'en fais pas, tant pis, ce n'est pas très grave.' et un léger sourire qui s'affiche sur son visage. 

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@Fifi Morgendorffer

Tes insomnies te font sombrer dans une certaine coutume qui te consume. T’aimes pas ça, t’aime pas grand-chose en vrai. T’aimes pas ressentir ce manque, t’aimes pas avoir toutes ces questions. T’aimes pas cette putain de voix qui te pousse à bout, qui te pousse à chercher encore et encore le meilleur de toi-même. Mais tu l’as plus que passé cette place. T’es au-dessus tout en étant en dessous. T’es faible sans le sentir. Tu te détruis en croyant te rendre meilleur. T’es éblouis par une voix, par un passé si sombre qui te rende aveugle. T’as pas envie aujourd’hui, alors t’es là silencieux, elle te parle, cherche à te faire parler, mais elle ne peut pas forcer. T’as l’esprit trop embrumé par l’absence de Ken façon. Faut pas chercher cette fille détruite en tout point te manque. Putain ça hante ton esprit, ça te torture de pas savoir où elle est comment elle va. Elle est surtout capable de tout entendre de ta bouche, sans jugement, sans rien. T’aime bien parler à Jane, mais ce n’est pas la même chose, tu ne sais rien en retour, c’est stérile dans le fond un échange avec une psychologue. C’est angoissant aussi à la fois. Tu t’en rends bien compte qu’elle ne peut pas te confier la dernière fois qu’elle a été abandonnée en famille, en amour ou autre. Ouai car c’est de ça que tout ça découle et de rien d’autre. L’abandon, le geste lâche d’un père te trouvant trop répugnant à son gout. Rien qu’à cette pensé ta le cœur en miette, en morceau.

Tu pourrais être heureux, soulagé de sa mort, mais tout au contraire. Séance fini, t’en as marre. Déjà, c’est que le début. T’es usé par cette voix, ton image n’est pas la bonne, ton talent n’est pas suffisant. Tu es inutile. Cesse de penser, cesse de l’écouter, mais c’est aussi dur à faire qu’à le vouloir. Tu sors et t’entends cette voix, un sourire éclairci tes traits de visage qui était jusqu’à l’heure fermé dans le bureau de Jane. Pas d’humeur. Ça arrive comme elle dit. Tu pensais la voir fifi, mais ce n’était pas le cas. Cette fille t’en connaît quelques points sur elle, sans le vouloir, en le voulant. Tu ne sais pas. T’enquête juste, tu n’as pas de mauvaise intention. Tu veux juste des réponses à des énigmes qui t’ont poussé à  ta propre perte. «  Bonjour ! » Que tu lui adresses un sourire charmeur sur tes lèvres se dressant. Tu ne le prévois pas, en vrai c’est le sourire que tu as et le seul. Impossible de voir s’imposer un sourire faux sur ton visage, pas ton style. «  Un nouveau rendez-vous Janice, s’te plait. » Même heure, même jour. Comme toujours et c’est parfait. Ça te va, tu dois gérer les entraînements, bientôt tu sauras de retour en France, tu ne seras pas sur le terrain, pas tant que tu ne vas pas mieux, tant que les démons brûlent ton âme en toute impunité.

Tu penses à partir, aujourd’hui, tu n’as pas pu parler, pas échanger quelques mots pour te rapprocher un peu d’elle, apprendre à la connaître avant de finir par lui dire, par te lancer dans la gueule du loup, la gueule d’une cousine encore inconnue. «  Un café, un chocolat chaud ça te dit ? » Que tu demandes à la jeune femme. Quelques mots déjà échangés, une rencontre accoutumé dans cette salle d’attente, tu as compris qu’elle n’avait pas été à son rendez-vous, tu étais arrivé tôt pour pouvoir la croiser comme toujours, puis tu prétends que tu te trompes d’heure toutes les semaines. Abruti.