Ruben | Bonjour, on se marie ?

Tu ne sais pas trop pourquoi tu as décidé de rentrer chez ta abuela aujourd’hui, tu avais comme un mauvais pressentiment. Tu lui as envoyé un message en lui disant que ce soir tu mangeais avec eux et que tu étais déjà sur place pour t’en charger, qu’elle puisse se reposer. Tu ignores complétement si Maloé va être présente ou si elle à autre chose de prévu. Tu le découvriras forcément ce soir de toute façon. Tu as donc mis la musique et autant dire que tu ne l’écoutes pas doucement, le son est élevé, mais pas à faire arriver les voisins pour qu’ils te hurlent dessus. Tu ne sais pas trop ce que tu as envie de faire et faut dire que ça dépend aussi ce qui se trouve dans cette cuisine, par chance tu n’es pas arrivée à un moment où le frigo criait famine. Tu t’es décidée au bout de quelques minutes plantés comme une statue devant le réfrigérateur, faut dire que tu avais un grand choix et que toi au niveau de ton estomac, tu as toujours faim, mais que tu es complétement indécise quand il faut choisir quoi manger, autant dire que parfois tu te laisserais même mourir de faim pour ne pas avoir à faire un choix, ou alors tu prends toutes les options possible.

Tu prépares donc les tapas à ce moment précis quand tu entends qu’on cogne à la porte. Tu penses directement à ta petite sœur, elle est maligne, mais très tête en l’air, oubliant souvent son téléphone, ses clefs, alors tu ouvres sans même regarder par le judas. Tu aurais dû le faire. On t’a pourtant apprit à ne pas ouvrir sans même connaître une personne tout comme de ne pas parler à des inconnus. Maintenant tu te retrouves face à un grand homme, blond, sculpté de toute part, tu le scrutes tout en imaginant les raisons qui font qu’il est là, en tout cas tu finis par laisser tes prunelles dériver sur la personne se tenant derrière lui, costard et tout. Tu te poses des questions, mais tu restes muette, le cœur battant de toute part, aucune idée de pourquoi ton satanait organe central déraille d’un coup. Tu es tellement pensive que tu finis juste par capter que l’homme derrière ce grand type blond, fini par te pousser délicatement pour que les deux hommes puissent entrer. « Mais vous faites quoi là ? » tu commences à te réveiller, comme si le fait de te toucher venait de te piquer et de te ramener à la vie. « Ô je vous cause ! » je regarde les deux hommes. « Sortez, ou je hurle ! » Ouai, enfin appeler la police c’est mieux, puis l’homme regarde par la fenêtre du petit deux pièces dans lequel tu as grandi pour lâcher : « Ils arrivent, faut faire vite ! » Toi tu restes ébahit. « Faire quoi vite, mais foutez le camp ! » tu finis par décider d’aller chercher Alban le voisin qui a la quarantaine et une carrure à faire peur, quoi que vu le blond, il risque plus de rire. Mais il bloque la porte. « Mais … » tu ne comprends pas trop ce qui se passe, mais tu sais user de tes petits bras, ce que tu fais en le frappant au ventre. Il reste muet, mais il ne peut pas te répondre aussi ?

« C’est complètement fou non ? » Son chauffeur n’a pas besoin de répondre, il croise son regard à travers le rétroviseur et cela veut tout dire. Le mot ‘folie’ est très bien approprié dans toute cette histoire. Son chauffeur vient de s’inscrire pour pouvoir célébrer un mariage et ils sont tous les deux à la recherche d’une inconnue que Ruben compte épouser pas plus tard qu’aujourd’hui. Tout ça a l’air d’une histoire digne d’Hollywood et pourtant tout est vrai. S’il ne le fait pas elle sera coupée de sa vie ici et sera renvoyée au Mexique. Ruben sait très bien ce qui le pousse à s’engager dans une histoire qui au final ne le regarde aucunement. Si des amis de ses parents ne l’avaient pas adopté à ses quatorze ans, il aurait dû tout quitter pour l’Afrique du Sud, un pays totalement inconnu pour le jeune qu’il était. Ca, son chauffeur ne le sait pas. Il pense juste qu’il fait cela car il apprécie son assistante. Ce n’est pas faux mais il y a un monde entre apprécier quelqu’un et lier sa vie à celle de sa petite fille. Alors qu’il voit les rues défilées, il est pensif. Réalise-t-il tout ce que cela implique ? Il ne fait pas que l’épouser sur un coup de tête, il entre dans l’illégalité et devra cohabiter une femme qu’il ne connait même pas. Ce n’est clairement pas rien. Il est quelqu’un de relativement connu, il ne doit pas se faire choper pour ce genre de chose. Ca sortirait immédiatement dans les médias. Pourtant, alors qu’il arrive devant chez son assistante, il ne demande pas à faire demi-tour. Après seulement une grande respiration il sort de la voiture accompagnée de son chauffeur et sonne à peine arrivés devant l’appartement. « Bonjour ! » dit-il seulement alors qu’ils s’incrustent carrément chez elle. Il ne sait pas à quoi il s’attendait en arrivant ici mais il ne pensait pas qu’elle serait aussi canon. Sa grand-mère lui avait montré des photos mais ça date maintenant et il ne s’en souvient pas forcément. Il ne répond pas à sa question, ils n’ont pas de temps à perdre. Il ne faut pas que le service de l’immigration arrive.  De toute façon il ne sait même pas comment lui expliquer tellement tout cela requiert de la folie. « Il ne faut pas sortir, il ne faut pas qu’ils vous voient avant qu’on soit mariés ! » Dit comme ça c’est forcément très étrange mais bon, pas de ça foute si tout cela est compliqué tout court. Il finit par lever les yeux puis se mettre à genoux. Il n’est pas romantique pour un sous mais c’est comme ça qu’il faut faire avec les femmes non ? Au lieu de lui faire la moindre déclaration, il lui explique « Je suis le patron de votre grand-mère.  C’est elle qui me charge de faire en sorte que vous ne soyez pas renvoyée au Mexique ! » Pour lui, elle est au courant de cette histoire, il ne pense même pas à l’inverse. Cela aurait évité d’emporter encore plus d’informations qu’elle doit assimiler alors que ce n’est pas à lui de lui annoncer qu’elle est ici illégalement. « J’ai parlé à mon avocat et la seule solution pour que vous restiez sur le territoire américain c’est d’être mariée. Alors, épousez-moi ! » C’est loin d’être le genre de demande que chaque femmes rêvent d’avoir mais il ne peut pas inventer quoi que ce soit pour que ça soit plus romantique. Il n’y a rien de romantique là-dedans puisque c’est évident que tout cela n’est rien que pour les papiers. Ils ne se connaissent ni d’Eve ni d’Adam après tout.

Quand ta porte s’ouvre sur ces deux hommes, un blond assez grand que tu n’as pas le souvenir d’avoir déjà vu, donc un parfait inconnu. Et le second un brun, plutôt âgé, des cheveux grisonnant, tu as plein d’interrogation qui vienne taquiner ton esprit. Ils te veulent quoi et pourquoi t’as ouvert ? Ouai, cette question est bien présente. Faut dire que tu as ouvert en pensant que c’était Maloé, après tout, y a presque personne qui ne vient chez vous, surtout à une heure pareille. En tout cas il y a beau se passer un tas de chose dans ta tête, il ne se passe plus rien au niveau de ton corps, c’est limite si tu fronces les sourcils ou cligne des paupières. Tu ne sais pas comment, mais tu n’aimes pas trop ses hommes, puis comment voir les choses autrement quand l’un d’eux vient à finalement te bousculer pour pénétrer chez toi. Ça te réveille automatiquement. Alors que le second fini aussi par te parler, il était temps, surtout que toi aussi tu as repris tes esprits, une fois le premier chez toi. Des questions auxquels tu veux des réponses, mais ça n’a pas l’air gagné pour en avoir. «   Ouai c’est ça bonjour ! »  Craches-tu. «   Vous faites quoi là ? »  Tu reposes une seconde fois la question, mais tu n’as pas l’air de comprendre que le mec il n’a clairement pas envie de te répondre … alors, quand ça commence à parler d’un ‘eux’ tu commences à paniquer, sans même savoir pourquoi, savoir de quoi tu dois avoir peur ou à quoi tu dois échapper. Avoues-le tu as un tas de scénario dans ton cerveau qui vienne de se former, jolie brunette et tu es en train de perdre le contrôler de ton être totalement. Tu ne sais pas à qui ils veulent échapper, tu as même du mal à assimiler les derniers mots du blond se tenant toujours face à toi. Tu assimiles sans vraiment le faire. Il se passe quoi en fait là ? Tu regardes autour de toi et sous les mots du mec, tu n’as qu’une envie de rire. Mais allez, tu es polie, tu te retiens deux minutes, et quand il a fini tu le regardes. «   Ô mais oui marrions nous ! »  Ouai ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde !

Non en fait, tu penses juste à une grosse blague. «   Bon allez les gars, elle est où votre caméra ? »   Tu regards autour de toi et tu inspectes les deux hommes de tes pupilles. «   C’est Maloé ? »  Quoi elle n’est pas censée faire ce genre de chose à la con, mais voilà, elle en est capable, vous aimez bien vous faire quelques faces qui partent jamais aussi loin, mais elle veut sans doute taper fort. Tu es fière de ton petit bébé de sœur, mais es-tu certaine que ce n’est qu’un mirage, un leurre pour te faire tomber dans une vanne clairement surfaite et un peu flippante. «   Bon sérieux la blague est fini, je vous ai démasqué, maintenant si vous voulez bien prendre la porte et dire à ma sœur que c’est drôle sans l’être … surtout quand on sait que des gens sont déportés à longueur de journée … puis erreur de sa part, je suis américaine ! »  Oui tu l’es. Du moins c’est ce que tu crois, tu n’as jamais douté sur ce point, tu es née en Amérique, près de la frontière, mais tu es née là-bas. C’est toujours ce qu’on t’a dit et c’est surtout ce qui est noté sur ton passeport. Tu approches de la porte alors qu’ils te tournant tous les deux le dos, et ta main est sur la poignée. «   C’est bon, je vous ouvre la porte et vous partez sinon comptez sur mes petits bras pour vous virer, ok ? »   Tu veux bien prendre part à cette blague, mais y a des limites, là c’est bon autant dire que ça n’a pas été drôle une seule fois. Pourtant, tu rigoles facilement, même pour des choses très futiles. Lees hommes te regardent au moment où tu vas ouvrir la porte.

Ruben n’a rien à gagner lorsque l’idée du mariage est évoquée. Qu’il se mari ou pas lui ça lui change pas la vie, du moins il n’en tire pas des avantages. Il n’est qu’un sportif, il ne travaille pas dans le social. Son aspiration dans la vie n’est aucunement de venir en aide aux autres. Son très à lui c’est de taper dans une batte de baseball et de faire des publicités pour grossir son compte en banque, ni plus ni moins. Il n’a rien à en tirer de cette histoire mis à part peut-être la satisfaction d’aider quelqu’un en rester sur le sol américain comme l’ont fait ses parents adoptifs à la mort de ses parents. On dirait souvent de faire ce qu’on aimerait bien qu’on nous fasse, là c’est l’inverse, il fait quelque chose qu’on a déjà fait pour lui et qu’il remerciera des milliards de fois pour cet acte. Ruben ne sait pourtant pas dans quoi il s’embarque. S’il pouvait être poursuivi pour avoir payé quelqu’un au black pendant des années, là ça serait d’autant plus grave puisqu’il s’implique personnellement dans une histoire concernant l’immigration. Le plus dur sera de convaincre la Nika en question de l’épouser. D’un autre coté si elle refuse ce n’est plus son problème mais il a promis à la grand-mère de Nika qu’il ferait tout pour l’aider puisqu’elle-même ne voulait pas de son aide. Une promesse difficile à tenir et il s’en rend compte à peine arrivé chez elles. Son chauffeur et lui entrent vite et il se met à genoux. Qu’il le fasse ou non ça ne change en rien que c’est loin d’être une demande romantique puisqu’il s’agira d’un mariage pour les papiers et non autre chose. Il la regarde bizarrement. Il ne pensait pas qu’elle dirait oui aussi vite mais peut-être qu’elle était au courant de cette histoire, que quelqu’un lui en a déjà parlé et que sa grand-mère pense l’inverse. Pourtant Ruben comprend très rapidement qu’elle est juste en train de se payer sa tronche. « Ce n’est pas une plaisanterie ! » Dit-il en se levant avec l’air le plus sérieux possible. Elle doit comprendre qu’ils peuvent arriver d’une minute à une autre.

Il ne demande pas de qui elle parle mais il devine qu’il s’agit de sa sœur. Il se souvient de son assistante lui parlant de ses deux petites filles. Il n’en sait pas beaucoup sur elles par contre. Mais il va devoir apprendre vite s’il veut que ce mariage soit crédible. Mais pour qu’il y ait mariage, il faut qu’elle accepte et qu’ils se dépêchent de faire la micro cérémonie dans ce salon. Elle lui confirme ce qu’il venait de deviner avec ses paroles puisqu’il la laisse parler. « Il n’y a pas de blague en fait. Si on tarde, les agents de l’immigration vont arriver ça sera trop tard ! » Comment annoncer à une inconnue que toute sa vie est un pur mensonge ? Ce n’est pas à lui de le faire mais il ne semble pas avoir le choix. Pourtant, malgré que tout soit compliqué, il ne prend pas pour autant des gants. « Alors pourquoi est-ce que je reviens d’une entrevue avec votre grand-mère qui est retenu dans leurs locaux avant d’être envoyé au Mexique qui a refusé mon avocat et m’a demandé de m’occuper de vous à sa place ? » Il ferme les yeux quelques secondes, il n’aurait pas dû utiliser ses mots mais elle doit comprendre l’importance de la situation. Il ne fait pas tout ça avec plaisir. « On peut partir si vous le désirez, en attendant mon chauffeur peut nous marier dans les cinq minutes. Cinq minutes ce n’est pas beaucoup et pourtant si on les laisse s’écouler demain vous ne pourrez même plus voir votre sœur, vos amis, votre vie ! » Il la regarde avec un regard sincère. Elle doit comprendre tout ce qui est en train de se passer. Le mariage est la solution vue et revue mais c’est la seule chose qu’ils peuvent faire d’après son avocat et il n’a pas pris un avocat incompétent, au contraire. Il a pris le meilleur car il voulait sortir celle qui l’a vu grandir de ce merdier. Il ne l’a pas laissé là-bas et venu aider Nika pour rien. Il le refuse. « J’étais présent lors de leur face à face avec votre grand-mère, je peux vous assurer mademoiselle qu’il ne vous ment pas ! » Appuie son chauffeur. Sa parole ne veut pas forcément dire beaucoup pour la jeune inconnue mais elle ne peut que les croire si elle veut s’en sortir.

Tu essayes de résumer exactement ce qui se passe. Mais tes méninges ne t’aide pas à rester sereine, ils sont fous c’est ça ? Ils sont complétement tarés et il pousse une blague super loin ? Non, sérieusement c’est compliqué pour le coup et tu ne sais pas trop comment prendre tout ça, sérieusement ou en continuant à penser que c’est une blague ? Tu n’as pas dix milles solutions et pour le coup, tu ne sais juste plus quoi penser. Pinçant tes lèvres, tu commences à douter de ton idée et là tu n’aimes pas trop ça. Il te le dit lui que ce n’est pas une plaisanterie, mais tu es censée le croire sur parole et tout ? Non, tu ne peux pas. Et pourtant il t’a foutu le doute, tu commences à flipper de dingue, tu ne sais pas quoi faire, quoi penser. Tu es à la limite de crier help pour qu’on te vienne en aide, mais qui viendrait ? Personne.

Oui tu es paniquée, mais tu restes là à l’écouter, bonne, mauvaise idée, qu’est-ce que tu en sais ? Tu le découvriras bientôt et tu ne peux pas faire autrement. Tu ne dis rien, tu ne fais qu’écouter et autant dire que tu commences à avoir des hauts de cœur. Tu secoues ta tête et tu glisses ta main dans tes cheveux légèrement bouclés aujourd’hui. Non, ce n’est pas possible. L’immigration ? Pourquoi l’immigration devrait me faire peur ?tu pourrais demander, mais tu le vois qu’il a encore des choses à dire, tu restes juste muette pourtant les mots te brûle la gorge, les questions rongent ton esprit et le manque de réponse n’aide pas du tout. « Quoi ma abuela elle est où ? » non, là tu n’as pas pu rester silencieuse, on peut pas te laisser dans un mutisme si finalement on te dit que ta grand-mère ne va pas bien ou qu’elle peut être en danger, tu vas juste finir par t’en prendre aux messagers et autant dire que tu vas pas rester là à rien dire . « Je ne comprends rien ! Je suis américaine et ma grand-mère doit avoir un permis de travail, elle bosse pour vous non ? » Tu finis par avoir une tonne de question et là tu veux des réponses. Ô que oui tu sais bel et bien que ce n’est plus une blague, les hommes sont sérieux et ils n’ont pas une once de sourire ou de sadisme dans le regard. Tu sais le reconnaître quand une personne se fout de ta gueule tu as bien du mal à ne pas le cramer généralement. Il me lance que je pourrais plus voir personne et que je n’aurais plus la même vie, merci ça je le comprends, mais je suis américaine. « Je suis américaine ! » Je crois que là mon accent ressort un peu, pourtant je n’ai jamais vécu au Mexique, du moins à ce que je peux me rappeler. « Bien vous ne mentez pas mais pourquoi faire ça, pourquoi m’épouser ? Vous savez que vous auriez des problèmes et tout ? » Bin oui, tu penses à sa gueule alors que tu commences à songer à toutes les choses qui te concerne, du moins tu commences à les assimiler. Tu dois faire quoi ? « Puis ma abuela ne vous a pas dit de m’épouser, hein ? » Non, elle n’aurait pas fait ça, elle sait à quel point cet acte qu’est le mariage est important pour moi, alors dire oui en cinq minute à un parfait inconnu et peu importe qu’il soit moche ou un apollon. Tes mains se sont posé sur ton visage et tu commences à faire les cent pas ! Oui, tu commences à tout comprendre et ton estomac te fait mal, ton organe central est en train de se donner avec plaisir à vriller. « C’est complétement dingue de faire ça et ça ne va pas forcément aider … après tout on se connait pas, sont pas cons ! » Et ça tu le sais, tu connais trop là loi pour foncer dans cette histoire comme ça.

Ruben n’a absolument rien à gagner de ce mariage si ce n’est peut-être la satisfaction d’avoir fait quelque chose de bien. Ruben a toujours voulu aider son prochain mais avec son travail, les seules choses qu’il fait c’est de faire plaisir à ses fans ou encore de rendre fier sa patrie. Pourtant il ne le fait pas uniquement parce qu’il veut aider son prochain. Il le fait car il sait ce que c’est le doute de retourner dans un pays qu’on ne connait pas. Il l’a vécu alors qu’il devait repartir en Afrique du Sud au décès de ses parents. Ses parents adoptifs l’ont aidé en l’adoptant et là il veut faire la même chose même s’il est question de se marier. De toute façon, Ruben n’a pas prévu de se marier alors le faire de façon illégal ou non… ça ne mange pas de pain. « Je suis désolé de vous l’apprendre comme ça mais elle est au service de l’immigration ! » Etre dans le service est une chose mais ça veut surtout dire qu’elle va prochainement être amenée dans son pays natal. Ruben voulait lui venir en aide mais puisqu’elle préfère donner l’aide dont elle peut disposer à sa petite fille, le voilà ici. On peut voir dans son regard qu’il est désolé pour elle. Cette histoire ne le touche pas directement mais il comprend ce que c’est que devoir retourner dans son pays alors qu’on a passé sa vie dans un autre. « Elle a toujours demandé à être payé au noir, je lui ai jamais demandé pourquoi mais les services sont venus la chercher ! » Ca veut dire ce que ça semble vouloir dire. Il ne sait pas comment argumenter mis à part lui faire comprendre qu’on lui a toujours menti. Ce n’est pas agréable à apprendre. Il ne dit rien, se contentant de l’observer alors qu’il faut qu’ils se dépêchent. Ok, ce n’est pas sympa d’apprendre tout ça de cette façon mais ils n’ont pas une minute à perdre. « Je sais exactement dans quoi je m’embarque mais c’est la seule solution pour que vous restiez ici ! » Il a l’impression de se répéter encore et encore. S’il le fait il a ses raisons mais il n’a pas forcément envie de les exposer là comme ça à la va vite alors qu’ils ne se connaissent pas. Ce qui est assez crétin quand on pense au fait qu’ils parlent pourtant de mariage. En tout cas il a conscience qu’il peut avoir des problèmes avec la loi mais il ne pense pas au fait qu’avec son métier, cela peut impacter pas mal de chose d’être marié. Il ne pourra plus s’exposer avec qui que ce soit s’il ne veut pas être cramé. Et puis un faux mariage peut couter cher à une réputation. « Elle m’a seulement demandé de vous aider vous et pas elle ! » Alors autant dire que s’ils s’y prennent trop tard il aura fait tout ça pour rien et ainsi, gâché l’opportunité d’aider au moins une de la famille. « Je connais votre grand-mère depuis que je suis tout petit, elle veut votre bonheur et vous savez très bien que ce bonheur il est ici aux Etats Unis ! » Tout ce qu’elle veut c’est le bonheur de ces deux petites filles et il le sait. Il a entendu plusieurs fois son assistante parler d’elles. Elles sont les prunelles de ses yeux. « On trouvera un moyen, on apprendra à se connaitre et vous viendrez habiter chez moi… on trouvera mais on aura le temps de discuter une fois qu’on aura signé les papiers. Mon chauffeur peut le faire sur le champ ! » Tout ça est pire que précipité mais comme il a dit à mainte reprise, ils n’ont pas le temps. Le service de l’immigration peut débarquer à tout moment au point où Ruben est même surpris qu’ils ne soient pas encore là. « Alors, vous en pensez quoi, vous voulez bien m’épouser ? » Demandé de la sorte on dirait presque que c’est lui qui en a besoin alors que non : il aide seulement.

La noirceur du monde est-elle réellement en train d’agresser ta jolie vie que tu menais. Pas besoin de me pour être heureuse, pour pouvoir réaliser tes rêves. Tu n’as même que ça en tête, tu aimes te donner à fond pour tes études, tout en laissant la danse, une passion faire de toi une simple danseuse sur podium dans une boite réputée. Une bonne ambiance, de la musique qui laisse ton âme s’envoler alors que ton corps survole le sol. Tu t’amuses toujours. Tu n’as jamais énervée, fatiguée d’aller danser, d’aller bosser. C’est comme une merveilleuse chose dans ta vie Tout est merveilleux. Désolée de briser tes rêves poupée, mais tu es une menteuse, là de suite tu te mens à toi-même en cherchant à prouver que ces hommes sont une grosse blague. Ta abuela. Ton cœur il pète, il se brise en des morceaux que tu n’es pas sûre de pouvoir réunir ensemble, la voix te manque. Tu as l’impression qu’une paume de main est déposée sur tes douces lèvres. Les mots te manquent, mais les larmes elles arrivent, ces perles salées qui viennent flirter avec violence sur tes lèvres. Tu te larmoies même pas sur ton sort, tu t’en branles clairement, mais on ne touche pas à cette femme forte, que tu as toujours voulu rendre fier, qu’elle ait vu sa fille morte, qu’elle ait vu son rêve de vivre avec elle et ses petites filles se briser, tu le savais toi qu’elle avait courbé le dos pour arriver ici, qu’elle avait enduré les pires choses pour y arriver. Lâcher l’une de ses filles fut une chose cruelle, elle n’était pas en état et pourtant elle l’avait fait se chemin pour Malohe, elle lui avait fait, laissant son âme, son être s’en aller par la suite. « Non ! » Non, elle ne peut pas être en détention. Tout se précipite dans ta tête, tu pers pieds, tu as l’impression de flotter juste à côté de ton corps, tu observes la scène, ton regard se plonge dans celui de cet homme, l’inconnu. L’étranger qui vient juste de briser ton existence. « Vous êtes stupide ! » C’est gratuit, mais ça ne te fait pas sentir mieux, tout au contraire. « Vous auriez dû la garder avec vous. Vous ne me connaissez pas, elle vous la connaît apparemment … et vous venez vous battre pour une autre personne, faut être couillon ! » Tu arques les sourcils en soupirant. « Vous faites ça sans même savoir si j’en vaux le coup ! » Ce n’est pas rien un putain de mariage blanc et surtout tout ce qui va avec. Toi tu le sais, merci tes études. Tu as l’impression d’être sale, d’être une hypocrite, puis c’est assez douloureux. Tu l’as pas de suite reconnu le mec et tu ton esprit vient de te faire tiller, autant dire que ça te fait clairement rire quand il dit savoir les risques qu’il en court. « Ok … marions nous … puis dans trois semaines ma abuela et moi on vous dévalisera, puis vous serez plus rien ! » Tu ne sais pas trop ce que tu tentes de faire. « Vu que vous connaissez tous les risques … » Il est complétement taré lui façon. « Et moi je ne veux pas de votre putain aide … allez l’aider ! Vous avez vu son âge ? Elle ne peut pas être renvoyée ! Vous avez carrément aidé à sa situation … en acceptant de la payer au noir ! C’est votre faute ! » Petite conne va. Tu es fautive. Tu es celle qui a frappé cette femme qui a porté plainte contre toi, mais ça tu ne le sais pas, tu n’as même pas encore pensé au pourquoi ils ont arrivés là. Tu le sais que le président actuel est un crétin. Tu te prends assez la tête comme ça à essayer de faire fermer la gueule des gens qui disent que tu défends la loi de cet homme. Les crétins ne pige justement pas le fait que la loi ce n’est pas lui, ce mec est juste une image du pays … et vive l’image du pays, justement. « Ô mon bonheur est d’être enchainé à vous, peut-être ? » Il te connait lui ? Non. Il faut qu’il arrête d’essayer de te convaincre il n’est pas très doué le petit. Pauvre de lui, il n’a pas fini d’enchaîner les râteaux pour le coup. « Pardon … en plus vivre avec vous, et tant que vous voulez je vous fais une petite pipe toutes les soirs … désolée je ne suis pas une catin ! » Tu passes ta main sur ta nuque et tu essayes de te calmer, ô que oui ton avenir te jour, mais sérieux, tu es prête à renier qui tu es pour rester ici ? Tu doutes, ton organe central se balance pour le oui et ta tête te chantonne un hymne au non. Puis toi ça te turlupine. T’es là à sentir une putain de pression sur tes épaules. T’aimes pas ça, t’a envié d’écouter ton cœur, mais ton cœur il est périmé pour le moment. Il est mauvais jouer, il n’aime pas la situation, il dit oui et puis il pense à ta abuela, il se crispe et crache sa souffrance en tambourinant une mélodie affreuse qui se propage dans tout ton être. « Oui … » Pardon. Tu viens bien de dire oui ? « Non ! » Ouf, tu deviens folle c’est bien que je pensais. Pinçant tes lèvres tu essayes de faire taire toutes les interrogations qui te pourrissent la vie à cet instant. Mais, ce n’est pas en un claquement de doigt que ça va cesser. Puis tu penses à ta mère, elle s’est tuée sur la route, en portant ta sœur, en y laissant finalement la vie en lui donnant la vie. Puis y a Malo. Tu sens les larmes rouler sur tes joues, brûlant ta peau par leur acidité. Tu prends une force herculéenne. « D’accord faites le vite … » Tu peux rajouter : avant que je change d’avis.

Tout s’est passé tellement vite. Il était tranquillement chez lui, comme tous les jours quand sa journée ne se résume pas à une majorité d’activité sportive. Il bossait sur des contrats lorsque la sonnette a retentie. Il n’est même pas allé ouvrir. C’est en entendant les réclames du service de l’immigration qu’il est sorti de son bureau et qu’il a assisté à l’arrestation de celle qu’i l’a vu grandir et qui était son assistante depuis quelque temps. La première chose qu’il a fait a alors été d’appeler son chauffeur et d’appeler son avocat jusqu’à la visite qu’on lui a accordé. De nombreuses péripéties l’ont emmené ici. Comment passer d’une journée basique à un probable mariage. Il ne le fait pas de gaieté de cœur. Il ne tient pas forcément à la tradition de ce que représente le mariage mais bon, il n’a pas forcément envie de se marier comme ça, dans un claquement de doigt. Mais bon, il ne s’agit ici que d’un faux mariage alors ça change tout. Enfin, à l’heure actuelle Ruben n’est même pas certain d’être un futur marié car Nika n’a pas l’air compréhensif quant à la raison de sa présence ici. Elle le prend sans doute pour un idiot de penser qu’il n’a pas voulu aider la grand-mère. C’était son premier choix. Sinon il serait encore chez lui à seulement s’inquiéter d’avoir des problèmes avec le fisc de payer une employée au black. Mais ça, ce n’est qu’un détail dont il s’en fout. Au pire des cas il aura une amende et une mauvaise publicité dans les magazines le temps de quelques temps avant d’un autre scandale apparaisse. Enfin peut-être vraiment parler d’un scandale ? « Et comment je me bat pour quelqu’un qui n’a aucune envie qu’on se batte pour elle. Vous connaissez son caractère, vous savez qu’elle a insisté pour que je vienne vous aider. Elle aurait refusé toute aide si vous n’en aviez pas ! » Il n’a pas non plus décidé qu’il ne viendrait pas à son aide ensuite mais la priorité reste cette Nika et autant dire qu’elle ne lui facilite pas la tâche. Heureusement qu’il est quelqu’un qui est stimulé par la compétition, par les challenges car il s’agit ici d’un challenge de taille. Sans doute est-ce pour cela qu’il ne se laisse pas abattre. Même si au final, il n’a pas grand-chose à perdre. « Je ne le fais pas pour vous, je le fais pour votre grand-mère » Au moins les choses sont claires. Bon il le fait aussi parce qu’il sait ce que ça fait mais s’il faut choisir une personne en qui il vient en aide, c’est la grand-mère, il n’y a pas de doute là-dessus. Dans l’idéal il aiderait tout le monde. Ça serait un monde bien utopique surtout quand on voit la politique du nouveau président en terme d’immigration. Il lève les yeux à sa remarque. Il sait que beaucoup de monde pourrait lui faire à l’envers mais il prend le risque. De toute façon son argent est soigneusement bien géré par des conseillers. Il n’avait pas le choix quand il a commencé à gagner beaucoup d’argent. Il n’avait pas beaucoup l’habitude de gérer autant d’argent et le fait que ça arrive aussi brusquement l’a forcé à prendre des mesures adéquates. « Puis votre grand-mère n’est pas comme ça ! » Il la connait. Elle avait déjà été gênée pour une promotion même s’il a insisté. Il la connait à force. En même temps c’est celle qui la vue grandir le plus puisqu’elle travaillait déjà lorsque ses parents étaient déjà en vie. « J’ai insisté. Je tiens beaucoup à votre grand-mère, croyez moi mais elle veut que sa petite-fille continue son avenir aux Etats Unis, avec votre sœur ! » Il n’a pas tout retenu mais c’était l’essentiel en tout cas. « Ma faute ? Je ne sais pas comment ils ont fait pour la retrouver mais le fait qu’elle ait été payé au noir l’a aidé à ne pas être enregistré sur le registre. Vous croyez que c’était mon choix de ne pas la déclarer pour ne pas payer de charges en plus ? » Il l’aurait payé moins s’il y avait eu des charges complémentaires. Ou peut-être pas. Il comptait la payer ce qu’elle méritait dans tous les cas. Ce n’était pas une question d’argent mais parce qu’elle lui a demandé. Du moins elle l’avait demandé à ses parents, puis ses parents adoptif puis lui. Il ne s’était jamais posé la question du pourquoi du comment mais ça serait mentir que de dire qu’il ne s’en doutait pas. « Ok, rentrez au Mexique, un pays que vous ne connaissez pas. Vous parlez bien espagnol au moins ? » Elle lui a lancé un pique alors il riposte ? Ruben cache un rictus en l’entendant. Elle est sérieuse ? « Si je veux un pipe tous les soirs je n’ai pas besoin d’être marié ! » Il parle aussi crument qu’elle alors il n’a pas à se sentir gêné. Ruben l’observe. C’est assez plaisant à regarder la manière dont elle réagit mais bon il n’est pas là pour faire de la psychologie de pacotille. « Faudrait se mettre d’accord ! » Dit-il alors qu’elle vient de donner une réponse puis son inverse. Il voit ses larmes sur ses joues, elle souffre. Il n’est pas là pour ça, clairement mais il n’a pas le temps pour changer les choses. « Je ne peux pas vous épouser si ça vous met dans cet état… » Il insiste depuis tout à l’heure mais il a l’impression de la forcer et ce n’est pas son style. « C’est maintenant ou jamais Ruben ! » Lui indique son chauffeur. « Bon ok… Ca n’engage à rien ne je vais rien vous faire si ce n’est vous aider à rester ! » Ils ont juste à faire semblant, ça ne veut pas dire qu’il y aura du sexe ou autre chose. Enfin ils vont pourtant devoir montrer qu’ils se sont mariés pour autre chose que les papiers. Il tend alors la main à sa future femme alors que le chauffeur se dépêche de faire une fausse cérémonie « Oui je le veux ! » dit-il à la va vite alors qu’il attrape le papier pour signer. Ils ne sont pas là pour le moindre discours. « Madame Jenkins ! » Dit-il en lui tendant le stylo pour qu’elle signe. C’est officiel. Ils viennent de lier leur vie à l’autre et contourne la loi.