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 Palace (ft. Sofia Petersen)

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Message Sujet: Palace (ft. Sofia Petersen)   Palace (ft. Sofia Petersen) Empty Jeu 9 Aoû - 20:01

"Si tu voyais toutes les couleurs que la nuit donne à mes fantasmes, tu verrais qu'au fond de mon cœur c'est pas vraiment un palace"
PALACE
Pour Ava Saint-James, les étés semblaient toujours interminables. Non pas qu'elle soit particulièrement enthousiaste à l'idée de se lever tôt et d'étudier cinq jours sur sept le reste de l'année, mais les journées, aussi courtes soient-elles lui paraissaient d'une affolante lenteur quand le soleil se posait sur le Queens. La jeune s'étaient réveillée tard d'une nuit courte, entrecoupée de réveils brutaux à cause de rêves horrifiques. Ou peut-être érotiques. Ava ne sût pas, face à son café au lait, se rappeler de la nature exacte de ses pérégrinations oniriques.

Le temps d'un café clope, d'un bain, d'un méticuleux travail de coiffure et de maquillage et d'un vieux vinyle de Françoise Hardy dont le sens lui échappait, Ava était prête à affronter le monde.  Crop top rouge, jean troué sur un collant résille, Doc Marten's aux pieds, la femme était apprêtée et c'est Goya au bout du bras qu'elle arpenta les rues du Queens pour finir de se réveiller.

Midi. Heure des sushis. Midi trente. Heure de la clope. Treize heure moins le quart. Sofia ne devrait pas tarder.

Les deux femmes s'étaient connues quelques semaines plutôt, face à un nu de Klimt au Metropolitan Museum of Art. Ava ne sut pas vraiment si c'était le tableau ou la tenue proche de l'indécence de Sofia qui lui donna envie de la déshabiller. Toujours est-il qu'après s'être revues plusieurs fois et avoir révisé la garde-robe de la danoise, cette envie demeurait vivace. Une envie sans réelle passion, presque une banale curiosité. L'envie de voir ce qui se cachait sous le tissu.

Ava redescendit l'escalier pour l'accueillir au coin de la rue. La regard perdu dans les nuages du Queens, les yeux cachés derrière une paire de Persol aux verres fumées, Ava se vit chuter brutalement, entraînée  par son chien attiré par un dalmatien à l'air fier de l'autre côté de la rue. La chute créa un trou supplémentaire au jean et Ava finit par distinguer, au milieu de la foule à l'air étonné, le visage de Sofia qui arrivait comme une fleur à cet instant précis.
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Message Sujet: Re: Palace (ft. Sofia Petersen)   Palace (ft. Sofia Petersen) Empty Ven 10 Aoû - 21:00

Mon esprit plonge  dans un couloir sans fin. Un tunnel dont je ne vois pas la sortie.  Mon corps, lui, me brûle  et est parcouru de frissons. Je ne contrôle plus rien. Les battements de mon cœur, l'éclosion d'une passion, la terrible douleur de la vie et l’effroi de la mort sont confondus en une seule route sans lumière.
Je m'éveille avec son nom à la bouche. Je viens de rêver d'elle. Ava. Nous nous sommes connues quelques temps plus tôt à une exposition d'art et, en ce qui me concerne, j'ai tout de suite su qu'entre cette fille-là et moi, ça pourrait être l'histoire d'une grande amitié. Cette façon qu'elle avait de penser et même de s'exprimer me laissait présager que nous n'étions pas si différentes l'une de l'autre et que nous saurions nous comprendre sans trop de difficulté. Le problème, aujourd'hui, c'est que cette amitié n'est pas aussi banale qu'il n'y parait. Pour moi, en tout cas. Sur le papier, tout parait tout beau et tout rose, mais la réalité est toute autre. Depuis quelques jours déjà, sans savoir de quoi il s'agit véritablement, je vois naître en moi, au fur et à mesure que le temps passe, une curiosité toute particulière à l'égard d'Ava Saint-James. Cette même curiosité qui semble peu à peu grandir pour flirter dangereusement avec une certaine forme d'attirance. Il faut dire que l'attitude même d'Ava parait parfois ambigu, comme s'il s'agissait pour elle, comme pour moi, de quelque chose de plus qu'une simple amitié. Et, à chaque fois que j'essaie d'écarter cette idée, elle revient à la charge et se glisse partout là où mon esprit veut la fuir, sans plus me laisser de répit.

Soupir.
Je sors de mon lit et me dirige vers la salle de bain, d'une démarche chaloupée. Fatiguée. Il est presque midi. La nuit dernière j'ai travaillé jusqu'à très tard au bar, comme celle d'avant et d'encore avant. C'est le sacrifice que je fais pour pouvoir me payer mes études et surtout, pour ne laisser croire à personne que ma situation financière est bien plus précaire qu'il n'y parait. Seules quelques privilégiés savent de quoi il ressort vraiment. Il faut dire que je ne parle pas souvent de ma propre vie. J'aime bien garder pour moi ce qui m'appartient.
Le temps de prendre une douche, de me coiffer puis de m'habiller et je suis prête. Pour mon rendez-vous avec Ava. A cette simple pensée, l'espace jusque-là occupé par mes entrailles se tord comme une bête fauve. D'excitation ou d'anxiété, je l'ignore. Je ferme la porte, dévale les escaliers et me fraie un chemin parmi la foule débordante. Bienvenue dans le Queens.
J'arrive presque au lieu de rendez-vous quand je repère, au loin, la silhouette d'Ava. J'ignore pourquoi je l'ai remarquée parmi une foule aussi compacte. Mais elle disparaît presque une fraction de seconde plus tard. Si ma surprise est grande, mon inquiétude l'est encore plus quand je remarque, après m'être approchée en courant, que mon amie gît par terre. « Ava ! » Visiblement plus de peur que de mal. Mais on ne sait jamais ce qu'une mauvaise chute peut engendrer et c'est probablement la raison pour laquelle j'ai du mal à traiter la situation avec légèreté. « Est-ce que tout va bien ?» A ces mots, je la prends par le bras pour l'aider à se relever mais ce simple contact réveille en moi cette curiosité pernicieuse, ce désir sans nom à l'égard de mon amie. Difficile de ne rien laisser transparaître sur mon visage et d'aborder un masque de glace, vide de toute émotion. Pendant une fraction de seconde, mon regard fuit le sien et je reste comme hébétée. J'ai peur qu'elle lise en moi comme dans un livre ouvert parce qu'en cet instant, je me sens bien incapable de dissimuler quoi que ce soit. « Je ne serai pas toujours là pour te ramasser, tu sais. Un jour faudra apprendre à marcher sans tomber. » Rire gêné. C'était stupide. Bafouillé, sans naturel aucun, dépourvu de toute l'assurance dont je fais preuve habituellement. Mais c'était surtout une tentative pour attirer son attention sur autre chose. N'importe quoi.
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Message Sujet: Re: Palace (ft. Sofia Petersen)   Palace (ft. Sofia Petersen) Empty Mer 15 Aoû - 15:41

"Si tu voyais toutes les couleurs que la nuit donne à mes fantasmes, tu verrais qu'au fond de mon cœur c'est pas vraiment un palace"
PALACE
Le ridicule ne tue pas, paraît-il. Pour Ava Saint-James, qui se voulait incarnation de la confiance en soi, de la maîtrise, le ridicule était un étranger inquiétant comme l'étaient les auto-stoppeurs dont le pouce sentait battre le vent charrié par l'Alfa d'Ava sur les routes entourants New-York. Le ridicule... on n'en meurt pas mais ça vous tue, comme dirait la chanson.
Ava se sentait salie, non pas à cause de la crasse qui recouvrait les trottoirs du Queens mais à cause du regard, de la surprise, du trou dans le futal. Goya, aussi surpris que sa maîtresse, se retourna et lui lança un regard plein d'excuses. Comment en vouloir à son unique compagnie, les soirs de blues à écouter du Tom Waits, ou de colère à écouter du Nick Cave, son meilleur ami et son fils ?
A moitié allanguie, à moitié effondrée au sol, la jeune femme entendit son nom résonner dans la foule tandis que Sofia courait vers elle pour lui tendre la main. Ava se releva avec une lourdeur qu'elle ignorait jusque-là. Elle se croyait aussi volatile que volage, elle était pour un instant tas d'os et de chair agrippé à une main pâle et douce.

« Est-ce que tout va bien ? »  

Ava passa les doigts entre les oreilles de Goya et sortit une nouvelle cigarette de son paquet de Lucky Strike. Elle jeta un œil à Sofia et décomposa son visage comme pour retenir son expression d'inquiètude tout en acquiesant sans un mot. La scène ressemblait à un film un peu cul-cul, du genre de ceux où Jake Gyllenhaal cours après son amante pour lui prouver que l'amour est possible, ce genre de niaiseries. Niaiseries qui donnent pourtant envie d'y croire et en regardant l'air perdu, mi-inquiet mi-troublé de la danoise, Ava aurait presque eu envie d'y croire.

« Je ne serais pas toujours là pour te ramasser, tu sais. Un jour faudra apprendre à marcher sans tomber. »

Sofia laissa s'échapper un petit rire qui voulait dire je suis gênée, aide-moi. Pourtant, Ava se fit la réflexion que la vie est majoritairement consacrée à la quête de celui ou celle qui nous empêchera de tituber, qui nous ramassera. S'il semblait y avoir un point commun entre les deux femmes, c'était leur quête de l'image parfaite. Celle qui dirait aux autres : je suis intouchable. Ni l'une ni l'autre ne l'étaient et elles se l'étaient montré en parfait accord, l'une en chutant, l'autre en la ramassant. L'armure était percée, la peau prête à être tailladée.

« Quel dommage, je comptais sur toi pourtant. Tu peux m'empêcher de tomber jusque mon appart' au moins ? »

Ava lui tendit la main à son tour en guise d'invitation, un sourire discret, presque faux, aux lèvres. Le vent remua le haut de la jeune femme et elle réfléchit un instant à ce qu'elle pouvait bien attendre de l'autre. Il n'était pas réellement question d'amour, pas clairement, elle qui n'était pas sûre d'avoir un jour aimé. Une manipulatrice involontaire en quête de plaisir, incapable de supporter la frustration ou le refus. Elle pouvait se sentir amoureuse en moins de dix secondes et, dix secondes plus tard, comprendre qu'elle ne cherchait plus quelqu'un mais qu'un corps.

Sofia était la parfaite conjugaison de ces deux facteurs, la fusion des corps et la cohésion du cœur. Un double jeu qui troublait Ava, comme s'il lui était impossible d'allier les deux.
Sous les cheveux platine, la matière grise d'Ava se mettait en marche, focalisée sur le visage pâle de Sofia.  
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