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 décompression. (meï)

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Message Sujet: décompression. (meï)   décompression. (meï) Empty Mer 5 Déc - 11:30


≈ ≈ ≈
{décompression.}
crédit/ tumblr ✰ w/meï perkins

L'idée se balade dans sa tête depuis plusieurs jours. Elle pense sérieusement à emmener Meï à la fête foraine qui vient tout juste de s'installer en ville, tout proche du grand marché de Noël. Elle sait que les fêtes de fin d'année sont une épreuve lorsque l'on perd un proche. Joslyn est passée par là.
Son père lors de ses douze ans.
Sa grand-mère, près de huit ans plus tard.
Son meilleur ami, il y a quelques années.
Des douleurs qui cognent encore son cœur meurtri par un vide qui se fait un peu plus ressentir durant les fêtes de famille. Des chaises inoccupées. Des traditions disparues. Des sourires qu'elle ne voit plus et qu'elle oublie doucement.
Elle s'en veut.
Elle se déteste.
Elle ne peut pas les oublier. Elle ne peut pas laisser ses souvenirs n'en faire qu'à leur tête et laisser s'échapper les plus importants. Elle aimerait vivre dans le monde d'Harry Potter parfois, et pouvoir disposer d'une pensine pour y déposer tous les souvenirs auxquels elle tient le plus et qu'elle ne souhaite surtout pas voir disparaître.
Impossible.
Les sorciers n'existent pas, ce n'est que de la fiction, un monde imaginaire créé par une femme qui avait sans doute besoin de s'évader et de laisser vagabonder son imagination.
Elle envoie un rapide message à Meï dispo d'ici une heure ? je t'emmène te changer les idées. ;). Ça ne pourra lui faire que le plus grand bien, elle le sait. Même si ça ne va durer qu'un certain temps et que la réalité reprendra bien vite place dans la vie de la jeune femme. Joslyn sait que ce n'est pas facile, que c'est dur et que c'est possible d'avoir envie de tout abandonner. Mais Joslyn sait aussi que Lars n'aurait jamais voulu que Meï abandonne. Il l'aimait. Il l'aimait vraiment et sincèrement. Elle le voyait souvent, des étoiles plein les yeux quand il parlait d'elle, quand il évoquait sa vie avec Meï et les projets qu'ils pouvaient faire ensemble. Et Joslyn, elle rêvait qu'un homme parle comme ça, d'elle. Elle en rêve toujours d'ailleurs. Ce n'est pas encore arrivé mais elle ne perd pas espoir. Joslyn sait qu'il l'aime toujours, qu'il n'est jamais très loin d'elle et qu'il prend soin de cette femme. Même s'il n'est plus là.
Elle sursaute.
Un message.
Meï.
Elle accepte.
La jeune trentenaire saute de son canapé pour terminer de se préparer. Il ne lui manque qu'une petite touche de maquillage, de bonnes chaussures à ses pieds et un gros manteau pour éviter d'avoir trop froid dehors. C'est ça New-York. L'hiver est glaciale et pourtant, il ne neige pas encore.
Un dernier coup d’œil dans la glace de la salle de bain et elle quitte son appartement. Elle rejoint le parking, monte dans sa voiture et met un peu de chauffage avant de quitter sa place en direction de chez Meï. Elle tente de passer par des chemins moins fréquentés pour éviter de n'avoir les bouchons et de s'énerver contre des inconnus. Elle adore cette ville mais elle a horreur de la circulation new-yorkaise. Elle prend rarement la voiture à cause de ça mais aujourd'hui, elle se voit mal marcher dans le froid et encore moins prendre les transports en commun.
Elle passe récupérer Meï devant chez elle. Embrasse longtemps sa joue, la prenant ensuite dans ses bras. Joslyn est une femme assez tactile et démonstratrice avec les personnes qu'elle aime profondément et ses amis proches. Elle n'y peut rien. Et elle veut que Meï sache, qu'elle est là et présente. Je t'emmène à la fête foraine, j'espère que tu es prête ? Elle évite le traditionnel ça va ?. Elle ne souhaite pas entendre qu'elle va bien juste pour lui faire plaisir ou parce que tout le monde répond ça sans réellement le penser. Joslyn trouve que cette question est la plus hypocrite qui puisse exister.
Elle repart, elle reprend la route jusqu'au lieu de la fête foraine. Un peu éloigné du centre ville et de toute l'agitation new-yorkaise. J'ai l'impression que ça fait des années que je n'ai plus remis les pieds à une fête foraine. Elle lâche un petit rire. Elle se disait souvent qu'il fallait qu'elle y aille, sans jamais mettre ses pensées à exécution.
Elle longe le parking.
Pas de places.
Un tour.
Deux tour.
C'est blindé.
Elle s'énerve un peu jusqu'à tomber sur une voiture qui s'en va après un troisième tour. Elle s'empresse de prendre la place fraîchement libre et coupe le moteur. J'ai bien cru qu'on n'en trouverait jamais. Un autre rire s'échappe de ses lèvres. Discussion futile. Elle ne veut pas aborder un quelconque sujet triste aujourd'hui. Elle veut voir Meï bien, elle souhaite la voir rire et s'amuser. C'est une mission pour Joslyn, mais elle est prête à relever ce défi.
Elle sort de la voiture et vient près de son amie. Bras dessus, bras dessous, elles se dirigent jusqu'à l'entrée de la fête foraine. Des dizaines de manèges et attractions sont présents. Joslyn ne sait même pas par où commencer. Elle tourne la tête vers Meï pour avoir son avis. Alors ? Par quoi on commence ? Qu'elle demande, toute excitée, telle une gamine de dix ans.
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Message Sujet: Re: décompression. (meï)   décompression. (meï) Empty Mer 5 Déc - 19:54

Décompression
@Joslyn Stevens & Meï Perkins


Douce. Douce, douce qu’elle fut douce cette nuit. Les insomnies ne furent pas conviées au bal des songes. « Les âmes mortes » de Nicolas Gogol restèrent sur la table de chevet. L’asiatique férue de littérature russe, n’eut en effet pour une fois nullement besoin de s’y plonger, pour tromper la vigilance de l’éveil et attirer le sommeil. Aussi incroyable cela puisse-t-il paraître, et alors qu’elle désespérait d’y parvenir à nouveau un jour, elle avait bien dormi. Huit heures passées les paupières closes. Sans avoir besoin de se tourner et retourner sempiternellement jusqu’au petit jour, dans l’immensité de ce lit jadis conjugal, en fulminant silencieusement dans le noir contre cet incompétent de Morphée, qui semblait l’avoir oublié dans sa tournée de marchand de sable. Mieux encore, les cauchemars restèrent captifs dans les catacombes de son subconscient. Aucune terreur nocturne ne vint la lacérer de ses griffes, afin de la réveiller en nage dans un sursaut et complètement horrifiée. Elle y avait enfin eu le droit. Au sommeil réparateur. Celui qui ressource et nous permet d’attaquer la journée de la meilleure des manières qui soit. Voilà des lunes qu’elle n’avait pas connu de nuit aussi calme et paisible.

A vrai dire … c’était probablement la première de cet acabit, depuis que son unique soleil s’était à jamais éteint. Comble de bonheur, ce soleil à la tignasse d’or et aux iris de chrysoprase, donna rendez-vous à son astre sélène au détour d’un mirifique rêve. Ensemble, ils avaient mis le cap vers les plages du sud. Assise à l’arrière de la Yamaha fusant sur le bitume, Madame Perkins s’accrochait éperdument à la taille de son mari. Les yeux fermés et les cheveux au vent, elle profitait tout simplement de l’instant présent en affichant un sourire béat. Les cieux crépusculaires se parant d’ocre. Ses petites foulées s’enfonçant toujours un peu plus dans le sable spongieux. L’écume iodée se fracassant sur ses métatarses. Un rire de gamine fendant le bruit de la houle. Et Lars fondant sur sa belle, tel un aigle royal plongeant en piqué sur sa proie. Les bras puissant qui l’arrêtaient dans sa course folle. L’attirant contre ce torse musculeux, qu’elle pourrait dessiner les yeux fermés, et la faisant tournoyer dans les airs. Allongée sur les grains de quartz humides. L’homme de sa vie la surplombant. Ses doigts griffonnant le pourtour de sa bouche. Ruisselant jusqu’à sa gorge, sa clavicule, son sternum et … et le portable qui sonna et vibra.

Meï entrouvrit un œil et extériorisa toute sa frustration, en grommelant de manière fort peu distinguée. Qui que soit la personne cherchant à la joindre, elle ne pouvait pas choisir plus mauvais moment pour cela. Sa longue et fine main tâtonna à l’aveugle le dessus de la table de chevet, en quête de son téléphone. Dans son exploration hasardeuse, elle reversa le petit éphéméride qu’elle effeuillait tout les matins. Incommodée par la forte intensité du rétroéclairage réglé sur extérieur, la soprano aux yeux dotés d’une sensibilité à la lumière exacerbée détourna la tête en râlant, et pressa le bouton sur la tranche afin que l’écran devienne regardable. En voyant « Joslyn » et le court contenu d’un sms défiler de droite à gauche sur un petit bandeau, l’agacement de la brune culminant à plus d’un mètre quarte-vingt, baissa de plusieurs crans. « Nooooon Jos’ ! Pas maintenant … . », gémit-elle à la façon d’une gamine courroucée, tout en reposant le téléphone là où elle l’avait pris. A l’instar d’une enfant boudeuse, l’experte en prouesses vocales tourna le dos à cet appareil de malheur et enfouit la tête sous l’oreiller, avec l’espoir naïf de pouvoir reprendre ce si beau rêve là où elle l’avait laissé.

En vain. Déçue, le poing de la petite fille du Hebei s’abattit durement sur le matelas king size moelleux. Quelques minutes plus tard, elle se rappela que Joslyn possédait un double des clefs et qu’elle n’hésiterait pas à débarquer tel un ouragan de catégorie cinq, si elle ne lui répondait pas. La métisse la tirerait probablement sans ménagement du lit. L’emmènerait devant le miroir trônant sur la porte coulissante de l’armoire. Passerait devant le buste, couvert d’une nuisette rouge en soie sauvage et dentelles affriolantes, de la chanteuse encore à moitié endormie, plusieurs tenues. Puis, sitôt en aurait-elle choisi une, qu’elle enverrait dans la salle de bain et au pas de course, l’orientale née au cours de l’année du rat. Tout cela afin de sortir l’oiseau de nuit de sa tanière et l’embarquer dans une de ces sorties, dont seule la plantureuse meilleure amie de son regretté mari avait le secret. Hmm ? Ah, on voit bien que vous ne connaissez pas Jos’. Elle en serait parfaitement capable. Qui plus est, cela ne serait pas la première fois que ça arriverait. Lorsqu’ils ont fait l’acquisition de ce petit pavillon voilà près de trois ans de cela, les époux Perkins avaient chacun remis un double des clefs à une personne en qui ils avaient une confiance aveugle. Comme ça, au cas où.

Lars avait tout naturellement remis le sien à sa meilleure amie et confidente de l’université. Avec ce sésame en sa possession, il était donc facile pour Miss Stevens de débarquer si la femme encore fortement endeuillée, avait la mauvaise idée d’ignorer ses appels ou ses textos. Pendant un instant, elle se dit que changer toutes les serrures de la maison, ne serait probablement pas une si mauvaise idée que cela. Néanmoins, elle chassa très vite cette pensée ridicule dès qu’elle réalisa que Drill, le frère qu’elle n’avait jamais eu et qui détenait son double des clefs, ne pourrait plus venir en cas de besoin. Ne tenant pas plus que cela a être secouée et pressée de bon matin par un dynamique tourbillon d’énergie nommé Joslyn, celle que l’on prétendait être la réincarnation de Maria Calas reprit donc son portable, pour envoyer à la new-yorkaise œuvrant auprès de jeunes en difficulté et à qui la vie n’avait pas fait de cadeau, un concis « Eukay ! » se voulant aussi enthousiasme que possible. Cette tâche effectuée, Meï roula avec une nonchalance nullement voilée à l’extérieur du lit. Baillant à s’en décrocher la mâchoire, elle traîna ses mules à pompon taille 39 jusqu’à la cuisine, pour lancer la cafetière qu’elle avait préparé la veille.

Un exemple du sens de l’organisation et de l’efficacité made in China, que ses chers parents s’étaient échinés à lui inculquer. Pendant la préparation du breuvage aux vertus énergisantes qui allaient être les bienvenues, la Castafiore asiatique gagna la salle de bain pour se laver les dents, se préparer et s’habiller. Un sous-pull, un pull léger avec une tête de renne façon cartoon arborant un nez rouge, un pull plus épais. Un caleçon, un leggings, un jean. Des bottines fourrées. Un pardessus gris. Un bonnet et une écharpe crème en laine. Vous avez dit frileuse ? Bingo ! En près de quinze ans passés sur le sol américain, la native de Shijiazhuang exécrant le froid, n’était toujours pas parvenue à se faire aux rudes hiver new-yorkais. Là d’où elle venait, il était en effet très rare que les températures descendent en dessous de quinze degrés. Une demie-heure et deux tasses de café dans le sang plus tard, la sonnette tintinnabula rapidement à trois reprises. Façon ô combien caractéristique, qu’avait la pulpeuse américaine d’annoncer sa venue. Comme toute sinophone qui se respecte, Meï n’était pas vraiment à l’aise avec les démonstrations et autres témoignages d’affection, placés sous le signe du tactile. Hormis avec son mari, cela allait de soi.

Néanmoins, les années aidant, elle était parvenue à s’habituer, et même à apprécier, les salutations très expressives et enjouées de la brune aux ascendances afro-américaines. A tel point qu’aujourd’hui, en plus de se laisser embrasser sur la joue sans ciller, elle parvenait à être l’instigatrice d’une rapide et furtive accolade. Presque instantanément, la petite pointe de colère qui s’était emparée de la cantatrice au saut du lit s’évanouit, et un franc sourire mangea son ravissant minois. Toutefois, dès que Joslyn lui exposa le programme des réjouissances, la belle aux yeux frappés par la nyctalopie commença à légèrement déchanter. Elle profita d’un coup de vent glaçant sa mâchoire, pour dissimuler derrière l’écharpe à larges mailles autour de son cou, le bas de sa visage ainsi qu’une petite moue. « La fête foraine ? Tu ne crois pas que l’on est un peu trop âgées pour cela ? », lui demanda-t-elle sur un ton passablement incrédule. Une réplique ressemblant comme deux gouttes d’eau, à celle de Nakoma pour Pocahontas, dans l’éponyme dessin animé de Walt Disney. Si leur John Smith était toujours de ce monde, il aurait trouvé l’idée excellente et se serait rué sans plus attendre vers le lieu des festivités.

Cette pensée décocha à sa veuve un timide sourire amusé. Finalement, elle haussa les épaules puis acquiesça de la tête. Une façon silencieuse et on ne peut plus brève de dire : « Bon d’accord, allons-y. ». Et c’est exactement ce qu’elles firent. Dans la voiture, Joslyn mit une compile spéciale Noël, afin de les aider à se mettre dans l’ambiance du moment. Si la conductrice n’eut aucun mal à pousser à tue-tête la chansonnette et se trémousser sur son siège, la passagère quant à elle, peina grandement à se mettre dans le bain. La chanteuse aux huit octaves marmonnait tout de même de temps à autres d’une voix traînante, quelques « Fa-la-la-la-la, la-la, la, la …  » tout en ondulant mollement des trapèzes. A cette heure très précise, elle était au niveau maximum d’entrain qui lui était possible de faire preuve. Point d’affolement, cela montera sûrement crescendo. Suffit juste que la caféine daigne bien vouloir faire son effet. Suite aux propos de la femme à la peau joliment basanée, Meï lui avoua que c’était pour sa part la première fois qu’elle se rendait à une fête foraine.

Quand elle était petite en Chine, il n’y avait nullement la place pour l’amusement. Travail, rigueur, discipline : telle était l’unique ligne de conduite que lui imposèrent ses parents. On l’avait formaté pour être une épouse modèle, dans l’espoir qu’un jour peut-être, elle puisse faire un beau mariage. Son arrivée aux Etats-Unis n’avait hélas pas suffit, pour qu’elle puisse s’affranchir de dix-sept ans d’une éducation axée sur la quête de l’excellence et l’esprit de compétition. Le pli était pris, c’était hélas trop tard. Toute sa vie n’avait été que travail. Perfectionnement. Répétitions. Détente, relaxation et repos étaient des termes inconnus à son vocabulaire, jusqu’à ce qu’elle le rencontre. Ce bien triste constat enserra le cœur de la femme aux jambes interminables, qui réalisa tout d’un coup dans un soupir, qu’elle était passée à côté d’un nombre incalculable de choses. Ou plutôt qu’elle en avait fait le sacrifice sur l’autel du labeur, des efforts et de l’austérité. Etait-il pour autant trop tard ? Les années d’insouciance et d’ingénuité étaient-elles à jamais révolues ? Peut-être pas. Joslyn entendait bien raviver les âmes d’enfants aujourd’hui. Elle osait, marchait à l’instinct et ne s’interdisait rien.

Et c’est bien pour cela que le rossignol de l’Empire du Milieu, appréciait tant tout ces petits moments passés en compagnie de la métisse. A ses côtés, elle accédait à des horizons et des contrées, où elle n’aurait jamais songé s’aventurer. On comprend mieux pourquoi la belle était si chère au cœur de Lars. Avec elle, l’impossible n’existait pas. Rien n’était impossible. Pas même trouver une place de parking. Ce fut loin d’être une sinécure mais la femme, à la conduite très souple et digne des chauffeurs de star, y arriva finalement après trois tours d’un manège que ne proposerait vraisemblablement pas cette fête foraine. Pas mécontente d’être enfin parvenue à se garer, Jos’ coupa le contact et sortit de la voiture. Son acolyte détacha sa ceinture et quitta elle aussi l’habitacle du véhicule. « Et encore, on a de la chance d’être en semaine. Je n’ose même pas imaginer ce que ça aurait été en week-end, avec la cohorte des familles en monospaces. », fit-elle remarquer en claquant la portière. Le soleil froid, mais cependant bien présent de Décembre, irrita et brûla sa cornée. Ce fut donc plus par confort que par snobisme, que la soprano dissimula ses amandes de suie derrière d’épaisses lunettes de soleil aux verres pourvus d’un fort degré d’opacité.

Meï suivit le guide, en l’occurrence Joslyn, et lui emboîta le pas en direction de l’immense espace où s’entassaient roulottes, manèges et autres stands. Jurant en silence contre le froid polaire qui sévissait, la femme du batteur des Night’s Claws s’efforça de se réchauffer du mieux qu’elle put. A défaut d’avoir un manchon, elle engouffra ses délicates mains dans les manches de son manteau. Un peu comme le feraient les geishas nippones, avec les amples manches chauve-souris de leurs kimonos en soie chamarrés. A maintes reprises, elle esquiva de justesse la collision avec des pommes d’amour et des barbes papa, d’enfants turbulents et badauds inattentifs. Enlever une tache gorgée de sucre sur la fibre de son pardessus sans le saccager, serait pour le coup mission impossible. Même pour le meilleur teinturier et pressing de toute la ville. Certaines des attractions la laissaient pour le moins perplexe. Dans son for intérieur, la chinoise ne voyait pas vraiment ce qui pouvait y avoir de si amusant, à tenter d’attraper avec les dents une pomme flottant dans une eau grouillant probablement de germes. Ce spectacle lui arracha une grimace et lui valut même un haut de cœur.

Que pouvait-il y avoir de si distrayant, à prendre place dans des espèces d’autos minuscules pour percuter d’autres participants ? Il fallait vraiment être maso pour faire une activité, où l’on était certain de ressortir criblé de bleus et tout contusionné. Cependant, le visage ébaubi et illuminé de la sculpturale trentenaire l’accompagnant, coupa court à toute éventuelle envie de maugréer, que pouvait avoir la vedette de l’opéra. Elle regarda à la va-vite les alentours puis sortit une main de ses manches, pour désigner une sorte de train au loin : « Pourquoi pas ce … cette chose là-bas. Cela a l’air plutôt sympa. », proposa-t-elle en s’empressant de remettre sa main au chaud. Sympa … Vraiment ? D’accord peut-être pas, mais c’était de loin celui où les gens s’entassaient le moins pour faire la queue. Ce qui était indéniablement la seule et unique chose qui prévalait, aux yeux de la femme au teint ambré. Guère désireuse de faire le pied de grue dans le blizzard pendant des minutes atrocement longues, cette attraction lui était apparue comme étant la meilleure solution qui soit pour ne pas se transformer illico presto en bonhomme de neige. Rares sont les choses ayant jadis fait la vie de Madame Perkins dans le Hebei, qui lui manquaient aujourd’hui. Elles devaient sans doute se compter sur les doigts d’une main. Nul doute que le climat plus chaud et doux de Shijiazhuang, devait incontestablement en faire partie.

(c) DΛNDELION
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