Ce son trop familier qui résonne. Dans le fond de la tête, dans les décombres de sa caboche. Un son singulier. Ce moment qui revient depuis les années. Les années sans elle. Le jeu de la vie qu’il s’amuse à jouer. L’écho qui revient encore. Ce foutu son régulier. Ce bip. Il ouvre les yeux sur le mur blanc, la machine. Encore une fois il a joué avec la vie, cette chanceuse qui se joue de lui. Ça lui revient. Les drogues, les mélanges. Mauvaise idée. Il le savait. C’était le but, non? Il souffle. Combien de temps à dormir? Des heures à récupérer pour le corps qui aurait pu passer près de flancher si une âme charitable n’avait pas sauvé son pauvre esprit. L’écrivain damné, le mari égaré. La tête en cloque, le coeur en broche. Des années à ne plus trouver les mots pour décrire le manque d’elle. Le soupire entre le lèvres, la vie qui file dans ses poumons, l’air nocif qui s’y infiltre à foison. C’était pas la fin voulu. Pas la sienne. Pas la femme de sa vie. Son roman devait avoir une fin heureuse.
Ça bouge. Ca craque. Le corps encore trop fragile pour supporter le poid de son accident. Il n’en a plus la force Teo. Il en sait foutrement rien. Il ne trouve plus les mots. Il ne trouve plus rien. La paume qui se pose au visage et le corps qui se tord sous la douleur. - Super. Pas pour les bonnes raisons. Parce qu’il est là. Encore. Cette envie de la rejoindre, respirer l’effluve de sa peau, la caresse de ses mots. Il est pourtant dans cette réalité crue, sans elle. Il ne sait pas qu’il a un camarade. Teodor, il a simplement envie de foutre le camp, de retrouver le lui d’avant et il n’est pas ici. Les phalanges qui se débarrassent du tube qui entre dans ses narines, son corps lui fait un mal de chien. Cette impression que ses os se tordent un à un. Un rire. Un rire et ca lui fait encore plus mal. C’est con. Il s'assoit sur le bord du lit, pose un regard aux tubes colmatés à son épiderme. - C’est super tout ça, merci. Il se parle à lui-même. Il s’en fou. Ses doigts s’emparent des tuyaux et il les envoie valser. Il n’a pas envie d’être là, pas envie de dire merci à l’âme charitable qui à sauvé sa peau, encore. Il faut garder la charité pour les autres, vraiment. Il n’en a pas besoin, lui. Foutu solitaire. Loup son meute. Rien du tout. Il y a des sons de machines, du bruit. Ca va surement attirer l’attention. Mauvaise idée. Peu importe.
Son regard bouge autre part que sur lui-même. Enfin. Il est parfois le centre de son propre univers. Il ne pense pas aux conséquences de ses actes, juste sa propre finalité. Les billes qui se posent sur l’autre homme qui le regarde. Il a un mal de chien Teo. - Fait pas attention à moi. La seule chose qu’il arrive à lancer. Bravo. Il a pas l'air dans le meilleur de ses états.
il a eu l'souffle court. il a vu les étoiles. et il est tombé dans les pommes. comme ça, en faisant ses courses. il a pas senti l'truc venir, a pas vraiment eu le temps de paniquer. parce qu'au moment où il a ouvert les yeux, il a retrouvé cet endroit qu'il commence à connaître par coeur. l'odeur ne change pas. les murs sont toujours autant blancs. il y a toujours la même connerie qui mesure la fréquence cardiaque de son coeur. il se sent essoufflé, est épuisé. c'est toujours la même chose. toujours les mêmes soins, et pourtant, il n'y a rien qui fonctionne. parce que, quoi qu'il fasse, elio fini ici. il profite peu de sa vie parce qu'il ne veut pas que son coeur s'emballe, ne veut pas s'épuiser. il se prive d'énormément de choses, et tout ça pour quoi ? putain, il est encore sur ce lit. sauf que c'est différent. cette fois-ci, il n'est pas seul. il le sait parce qu'il y a d'autres sons sonores. c'est la première fois qu'il partage sa chambre. tu devrais pas tout t'arracher. qu'il dit, elio. il est épuisé, mais n'arrive même plus à dormir. c'est surtout mentalement. il se sent seul, a envie d'appeler sa mère, supplier qu'elle vienne le voir. il veut retourner en france, il veut rejouer au football. bordel, il veut tellement de choses. en plus tu vas alarmer les infirmières, elles vont croire que tu fais une sorte d'crises de panique, et elles vont sûrement te piquer pour que tu dormes. en tout cas, ça a été le cas pour lui, malheureusement. et j'ai pas envie qu'elle vérifie à nouveau mon rythme cardiaque, j'suis épuisé pour toutes leurs conneries. il observe le plafond. et encore une fois, il se sent beaucoup trop seul elio. il aimerait pouvoir tenir une main, mais il n'y a personne à son chevet. seul, avec lui-même. et ce type.
Les maux du coeur. Les douleurs du corps. Ce qu’il ressent n’a pas d’importance. Il se sent mort de l’intérieur. Un déchet ambulant. Un restant inutile. Plus rien pour l’animer, plus rien pour l’animer. Il est encore là pourtant, sans elle. Son rire lui donne mal aux côtes et la paumes vient s’y poser par pur réflexe. tu devrais pas tout t'arracher. Il a raison, de son point de vue à lui. Parce que Teodor, il déteste le monde entier, surtout sa propre personne. - Je sais. en plus tu vas alarmer les infirmières, elles vont croire que tu fais une sorte d'crises de panique, et elles vont sûrement te piquer pour que tu dormes. Ce dont il a envie, c’est de fermer les yeux et ne plus les ouvrir. Ce n’est surement pas ici qu’il y arrivera. Pas de mots, pas de sons qui n’arrive à s’extirper de la gorge. Que le corps qu’il tente de défaire des draps blanc, mais la faiblesse dans les membres et le pantin qui vient s’écraser sur le sol. Elles vont surement venir les infirmières. Le son des machines affolées, le son de son corps émietté. et j'ai pas envie qu'elle vérifie à nouveau mon rythme cardiaque, j'suis épuisé pour toutes leurs conneries. C’est trop tard, il est déjà en train de faire ses conneries. Teo, il a du mal à se défaire du plancher. Il a simplement envie de rester là ou de se retrouver six pied sous terre. Un souffle. Un moment. Cette envie de crier qui prend à la gorge, cette envie de crever viscérale. Sans elle. Sa muse. Sa douce. Sa femme. Elle lui manque terriblement, depuis quatre ans. - Pourquoi t’es ici? Il sait pas pourquoi il demande, surement son état merdique qui le force à parler, à compatir. Il n’en sait rien. Ca vient simplement. Cette envie de ne plus être seul, de ne plus être lui, de ne plus être. Il retrouve la force de s’asseoir sur le sol. Les infirmières, elles ne sont pas encore là. Elles doivent être trop occupées pour s’occuper de son cas. Il a voulu se tuer et une âme douce à sauver sa vie. Malheureusement.
il ne l'écoute pas, cet inconnu qui est vraiment en train d'retirer tous les câbles. qui va vraiment ameuter les infirmières. il est épuisé elio, il a pas envie de les revoir, veut simplement avoir la paix pendant quelques secondes. alors tant pis. il va pas se battre éternellement, il se sent déjà assez faible comme ça. il ferme les yeux, elio. il espère simplement s'endormir à nouveau, oublier la maladie, se sentir un peu plus libre, un peu plus vivant. l'type reparle. la question lui est adressé. et pourtant, il a l'impression de l'entendre de loin. parce qu'il est vraiment bizarre, plutôt patraque. alors elio prend sur lui, ouvre les yeux, fronce doucement les sourcils parce que le peu de lumière lui donne un mal de tête bien trop douloureux. j'ai l'coeur en miette. il n'y a rien d'autre pour exprimer ce qu'il se passe. il se redresse, pose son regard sur l'type. il a vraiment réussi à tout détruire. et toi ? tu comptes faire quoi ? t'laisser crever pour rejoindre une âme en paix ? il dit ça sur l'ton de la rigolade. parce qu'il est tard, qu'elio a pas encore compris qu'à l'hôpital, fallait se taire sur certaines choses. non, plus sérieusement, qu'est-ce qu'il se passe ? tu veux pas être soigner ? t'as peur des hôpitaux ? il s'inquiète, peut-être. elio veut comprendre. parce qu'à défaut d'pas pouvoir dormir, il veut faire son curieux, elio.
Pas la moindre idée de la raison qui le pousse à parler, à s’ouvrir alors qu’il refoule depuis des années. La faiblesse. La caboche amoché. La tête en vrille. j'ai l'coeur en miette. Cette impression que les mots viennent résonner dans le fond de la tête. Il comprend trop le poète. Le sien, il a cessé de battre, cesser d’exister lorsqu’elle est morte entre ses doigts. La mouvement se fait sentir. Lui. Il est sur le sol et l'infirmière revient s’occuper de son cas. Les insultes volent. On lui demande ce qu’il faut. Il se laisse faire l’écrivain damné, il n’a plus la force de sa battre, il n’a plus la force de lutter. Pas ce soir. Pas maintenant. et toi ? tu comptes faire quoi ? t'laisser crever pour rejoindre une âme en paix ? Il a envie de rire, mais ce n’est qu’un semblant de rien qui s’extirpe de ses lèvres. C’est l’Ironie du sort. L’Ironie des mots. - C’est ça. Il n’a pas la moindre idée de ô combien il a raison en ce moment, cet inconnu. C’est ce qu’il voulait, mais ça n’a pas fonctionné. Une fois de plus. Une fois encore. La vie a envie de le garder parmi ses disciples et lui n’a que cette envie de crever, de se taillader les veines, mais il n’a plus la force de se faire sauver. non, plus sérieusement, qu'est-ce qu'il se passe ? tu veux pas être soigner ? t'as peur des hôpitaux ? Il est dans ce lit à nouveau, ses billes bleues qui dévisage le plafond comme si la faute de sa présence reposait sur lui. Se battre. Survivre encore et encore. Se résigner, cela ne lui a pas encore traversé l’esprit. - Ma femme est morte dans un accident de voiture, causé par moi. Rien de plus, que les mots soufflés, que les mots perdus entre les lèvres gercées. Un vérité lancinante, qui crève les entrailles pour le faire souffrir encore un peu plus. La vie sans elle est fade. Ses mots sans elle sont vides de sens. - T’as le coeur en miette. Le mien aussi. J’crois qu’il nous ont placé dans la même chambre pour ça. Il rit, mais ça lui fait un mal de chien. Teo, il fait que dire des conneries maintenant. Sa lucidité est en train de foutre le camp.
il est faible, elio. le souffle est difficile, en autonomie. les mains tremblent quand il a la sensation de faire un bien trop gros effort. il n'peut plus voir les hôpitaux, parce que c'est insupportable d'avoir les mêmes odeurs, celles qui encrent la peau et qu'on aura beau frotter, y'aura jamais rien qui partira. l'hôpital, au fond, c'est comme un tatouage. ça laisse des marques, des cicatrices qu'on pourra plus jamais vraiment enlever. il laisse sa tête, qui retombe sur le matelas. il sait pas trop s'il est capable de suivre la conversation, ou s'il va tout simplement s'endormir et attendre que les choses s'arrangent. parce que c'est toujours comme ça, que ça fonctionne, faut attendre, inspirer, expirer. et elio tape fort. il est peut-être faible, un peu dans les vapes, mais il a conscient de ce qu'il dit. ça a suffit, la simple affirmation d'ce type, pour qu'il se redresse. doucement. parce qu'il voit les étoiles. ça tourne un peu. wow, sa crise a bien été impressionnante, pour qu'il soit dans un état comme ça. y'a l'infirmière. du moins, c'est c'qu'il croit. c'est c'qu'il a l'impression d'entendre. il secoue un peu la tête elio. la pièce arrête de tourner, il commence a vraiment reprendre ses esprits. c'est déjà ça. ça le laisse le temps d'se préparer - même s'il ne l'était absolument pas, d'une annonce qui lui coupe le souffle. je suis désolé. qu'il dit. même si elio est persuadé qu'c'est pas ça, qu'il veut entendre. mais que dire d'autre ? la perte de quelqu'un, ça fait mal. elio connaît pas son père, et pourtant, il est persuadé qu'ça lui fait la même douleur, même si on enlève une culpabilité. je suis certain qu'elle était exceptionnelle, pour qu'tu fasses tout pour la rejoindre. il n'y a qu'ça à dire. après tout. moi c'est elio. parce que s'il a raison, l'type, a dire qu'ils sont p't'être dans la même pièce à cause de leur vie merdique, faut bien qu'ils commencent par quelque chose. par un échange de prénom.
je suis désolé. Pourquoi? Parce qu’il est le dernier des cons à foutre sa vie en l’air, parce qu’il a gâché sa propre vie en causant la mort de sa femme? Il ne dit rien, parce qu’il n’a rien à dire. Les larmes ne coulent plus sur le visage, parce qu’il n’est qu’une enveloppe physique sans rien à l’intérieur. Vivre entre le présent et le passé. Il n’est plus dans un monde, que dans son enfer qu’il s’est créer avec le temps. je suis certain qu'elle était exceptionnelle, pour qu'tu fasses tout pour la rejoindre. Les douleurs dans le coeur, les douleurs dans le corps. Les images d’elle qui viennent et qui repartent. Avec le temps, il a l’impression qu’elle s’efface de sa mémoire et il ferait tout pour que l’écho de son rire soit aussi clair qu’avant. Ce n’est pourtant pas le cas. Elle ne voudrait surement pas qu’il vive de la sorte, sa belle, sa femme, sa douce. Un souffle. Il est connecté à nouveau. Il est dans son lit à nouveau. Il s’est fait injecter de calmant et la douleur se dissipe un peu plus. Ses pensées ne sont plus claires, pas comme avant et il perd un peu de motivation. moi c'est elio. Teo, il tourne la tête afin de poser son regard sur lui. Il n’a pas la moindre idée de ce qui le pousse à parler, mais il n’a plus la force de se taire. C’est ce qu’il fait depuis des années, garder les folies à l’intérieur et c’est en train de le tuer à petit feu. C’est ce qu’il désire non? Crever? C’est ce qu’il a tenté de faire. - Teodor. Sa bouche est un peu molle, mais il est encore capable de tenir un semblant de conversation. Il a pourtant envie de réconfort. C’est surement ce que l'infirmière lui à injecté qui le rend de la sorte. - T’as la force de me rejoindre ici, Elio? Pourquoi? Parce que lui arrive plus à se lever, parce qu’il a envie de le voir de plus près. La première à qui il lance les secret renfermé depuis des années, depuis des mois, des jours, des heures. - À moins que t’as peur que je te fasses mal. Sourire narquois sur les lèvres qui arrive à se former. Il aurait bien besoin d’un verre d’eau. Le fou.
la situation est étrange, bizarre. est-ce qu'il se sent à l'aise ? malgré tout, oui. sans trop comprendre pourquoi, il se sent à l'aise, en confiance. comme si l'malade un peu fou qui partage sa chambre, partage peut-être au fond un chagrin, un mal-être qui n's'efface pas. malgré tout. alors l'ancien footballeur s'présente, balance son nom. quelque chose qu'il apprécie, parce que le football n'est pas le même dans le continent américain. en v'nant ici, il cherchait la tranquillité, il voulait juste qu'on l'oublie. faire une croix sur son passé, faire l'deuil d'un rêve qui n'se réalisera jamais. trouver une autre vocation, une autre passion. s'soigner est une option qu'il a désormais oublié, parce qu'il n'y croit plus. y'a rien qui soigne un problème cardiaque. les greffes s'font rare. c'le désarroi. un prénom. c'est donc une porte ouverte, et il est clairement en train d's'y glisser sans vouloir réfléchir. c'type, il n'le connaît pas, et peut-être qu'il n'recroisera pas son chemin au moment où il sortira définitivement de cette chambre. alors il n'a rien à perdre, à se laisser aller, oublier quelque chose dont il n'sait même plus mettre l'doigt d'ssus. juste... juste s'sentir ailleurs. t'es du genre à t'faire mal, mais j'pense pas qu'tu f'rais d'mal à une mouche. il a un léger sourire sur les lèvres. est-ce qu'il peut se lever ? au fond, il sait qu'c'est loin d'être raisonnable. mais après tout... pourquoi pas ? c'pas avec les infirmières qui entrent, sortent sans adresser n'serais-ce qu'un mot qu'son sentiment d'solitude va s'évaporer. alors ouais, pourquoi pas. il met du temps, vraiment. il voit des étoiles, ça tourne un peu, mais il arrive à s'stabiliser. il marche lentement, à l'impression d'affronter l'plus grand trajet de tous les temps alors qu'il n'a juste à faire que quelques pas pour arriver au siège, proche du lit d'teo. t'as personne à qui cette chaise est censée appartenir ? parce que la curiosité est un mauvais défaut, mais surtout parce qu'il est pas con. on balance pas à quelqu'un qu'on vient d'rencontrer qu'on a voulu s'tuer, et ceux, malgré s'ils partagent une chambre d'hôpital. il doit s'sentir seul, lui aussi. autant qu'elio.
t'es du genre à t'faire mal, mais j'pense pas qu'tu f'rais d'mal à une mouche. Un sourire arraché au visage du poète alors qu’il se retrouve cloué dans le lit une fois de plus. - Tu sembles bien me deviner. Teo, il n’a envie que de se crever lui-même, mais son intention n’est pas de faire mal aux autres. Trop de souffrance pour la mort de sa femme et il n’a pas la moindre envie de se sentir de la sorte encore. C’est sa vie qu’il déteste, il affecte celle des autres aussi, sans le vouloir. Celle de la demoiselle qui semble le sosie de sa défunte femme. La réincarnation de l’amour de sa vie. Elles ne sont pas les même pourtant, mais il se sent rassuré lorsqu’il pose le regard sur elle. Ce n’est pas les bonnes raisons qui animent le poète, mais c’est plus fort que lui. Il n’arrive pas à se défaire de son orbite à Sadie. color=#996600]t'as personne à qui cette chaise est censée appartenir ?[/color] Il souffle un rire qui lui fait un mal de chien par la même occasion. La solitude pour maîtresse, pour amie. C’est ce qu’il traîne avec lui et c’est plus simple de le vivre de la sorte. Le manque de sa femme. Le passé qu’il aimerait rapporter au présent même si c’est simplement impossible. Il n’est pas dupe. Pas stupide. Il préfère pourtant vivre dans ses maux, dans ses songes, dans ses hantises, plutôt que de se laisser à avoir une vie meilleure. Ce n’est pourtant pas ce qu’elle voudrait pour lui, sa femme. - Elle est libre, depuis longtemps de toute façon. Personne ne va venir me visiter. Les mots qu’il ne mâche pas. Pas ce soir. De toute façon, il risque de ne jamais recroiser ce jeune homme alors autant se vider le coeur pour la première fois depuis des années. - Et toi? Personne pour venir te tenir compagnie? T’es un solitaire aussi? C’est plus simple de repousser les autres que de les laisser entrer dans sa vie. Il économise les éventuelles peines, mais il s’empêche de vivre pleinement. Le présent ne fait plus partie de sa vie. Le passé règne sur son monde actuel et il se coupe des autres. Des masques, des barrières entre lui et le monde. Sauf ce soir. Sauf maintenant. - Et toi? C’est quoi ton histoire? Parce qu’il se tourne un peu sur le côté pour laisser son regard se poser dans le sien.
sans trop comprendre pourquoi, il apprécie l'type. vraiment. avec la sensation d'le connaître depuis une éternité alors qu'c'est pas l'cas. p't'être qu'ce sera la seule fois qu'il va l'voir, c'type. new york est grand, très grand, et la probabilité qu'ils s'retrouvent par la suite reste minime. voir impossible. alors autant profiter ce soir, non ? l'temps d'un long séjour, l'temps d'entendre les mêmes conneries pour les mêmes soins. juste l'temps d'penser qu'un séjour à l'hôpital peut ne pas être désagréable. qu'malgré tout, on peut faire des rencontres qui vont bouleverser nos vies, non ? ça lui brise l'coeur, au fond. d'comprendre que c'type est vraiment seul. ça l'fait penser à lui. à sa propre histoire. ça lui fait presque peur, d'ailleurs. parce qu'il n'pensait pas qu'il allait rencontré un type qui allait, malgré tout, l'chamboulé. c'est triste. mais j'suis un peu dans l'même cas. qu'il confirme. j'viens de france, paris, plus précisément. ça explique pourquoi y'a personne. qu'il explique. on l'entend encore parce qu'même s'il manie bien la langue anglaise, son accent est là. il n'part pas. sa marque à lui. leurs regards se croisent, et elio est incapable d'le détourner. j'ai un problème cardiaque. on m'l'a découvert quand j'étais sur l'point d'être sélectionné pour la coupe du monde. sourire nostalgique. parce qu'il rêve d'repartir sur le terrain. il rêve de taper à nouveau dans un ballon. mon coeur est trop faible. j'en ai b'soin d'un nouveau. mais j'suis pas prioritaire pour une greffe, puis c'genre d'connerie, ça peut prendre des années. trop, même. p't'être pas assez pour qu'il puisse souffler sa trentième bougies.
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Sujet: (elio) not again 
Mer 25 Juil - 3:07
