APPEL / hedda ft viola (1).

calling... VIOLA R.

Je dois t'avouer que je suis étonnée que tu me répondes. Je m'attendais à être accueillie par ton répondeur.

calling... Hedda

J'aurais peut-être dû. Qu'est-ce que tu veux Violanda ? Je croyais que c'était plus simple de m'ignorer comme tous les autres. Tu t'ennuies peut-être ?

calling... VIOLA R.

Pourtant tu ne l'as pas fait. Pourquoi n'aurais-je pas le droit de vouloir prendre de tes nouvelles ? J'ai lu dans les journaux que le procès de ton fils se prépare, je voulais m'assurer que tu étais prête à affronter les vautours. (expiration cynique) Je ne me souviens pas avoir eu de tes nouvelles à la mort de Daniel. Les reproches peuvent aller dans les deux sens Hedda. Et puis, il ne s'agissait pas de simplicité, mais plutôt de pragmatisme. Je te pensais plus intelligente.  

calling... Hedda

Donc maintenant j'aurais besoin de tes précieux conseils pour faire face à ce qui m'attend ? (elle rit) Ça fait une éternité que les vautours sont à ma porte Violanda, ne me dis pas que tu les as pas vus, c'est à peine si, toi aussi, tu les as pas nourris. (soupir)
Ne me prends pas pour une idiote, on sait toutes les deux pourquoi je n'y étais pas. Sauver les apparences, l'héritage de Daniel. Il n'aurait pas fallu que le sang qui est soi-disant sur mes mains n'entache tes beaux diamants, j'ai bien compris.

calling... VIOLA R.

Vu la manière dont tu t'en sors, tu devrais commencer à te remettre en question sur ta capacité à gérer cette crise seule, oui. (son ton est froid, sa diction d'une précision chirurgicale) Sincèrement Hedda ? Qu'est-ce que j'aurais gagné à alimenter des rumeurs qui ne me servaient pas ? Je n'aime pas perdre mon temps, et tu le sais. En effet, le scandale qui te suit depuis un an n'était le bienvenu à l'enterrement de mon mari, nous avions déjà assez de nos propres vautours à gérer sans y ajouter les tiens. Mais aujourd'hui ce n'est pas le scandale que j'appelle, c'est toi.

calling... Hedda

Je vois que tu n'en as pas perdu une seulement miette. A croire que la vue ne te déplaisait pas tant que ça. (sous les railleries, la patience s'effrite) C'était une perte de temps que de m'envoyer un signe, quelque chose, je ne sais pas, un appel ? J'aurais pensé un peu plus de toi, tu sais. Une once de considération, pas le vulgaire silence de celle qui ne veut pas se mouiller aux yeux des autres alors qu'il suffisait d'un rien pour que je comprenne ta position. Mais là, je ne comprends pas ce que tu veux. Pourquoi maintenant, Violanda ?  

calling... VIOLA R.

Arrête de faire l'enfant. Je m'y suis intéressée car je m'intéressais à toi. Tu savais très bien ce que ce genre d'attention médiatique entraînerait comme conséquence. Tu me reproches de ne t'avoir rien dit, mais tu ne m'as jamais manifesté le besoin d'avoir cette once de considération dont tu me parles, comment voulais-tu que je me doute qu'elle t'était nécessaire ? Je ne pensais pas avoir besoin de te rassurer sur ma position après toutes ces années passées à se cotoyer. Je reviens aujourd'hui vers toi, car c'est le bon moment. Mon silence n'a jamais été voué à être éternel.

calling... Hedda

Il fallait donc que je te supplie ? Les choses ne vont que dans ton sens, Violanda, c'est ça le problème. Ta conception de l'amitié est complètement erronée et ta condescendance à mon égard en est une preuve à l'appui. Je dois t'accueillir à bras ouverts parce que madame Rhodes a décidé que son silence était révolu et qu'elle daigne désormais me gratifier de son honorable présence pour me conseiller ? C'est la meilleure ! Ça marche peut-être avec d'autres mais pas avec moi. J'ai passé l'âge de toutes ces mondanités absurdes.

calling... VIOLA R.

Pourquoi tout de suite tirer dans le tragique ? Il te suffisait de me dire clairement les choses, une seule fois, et j'aurais compris. Mais sauf erreur de ma part, tu ne l'as jamais fait. Je sais que je ne suis pas la plus habile quand il s'agit d'amitié, je ne vais pas prétendre le contraire. Mais ne me reproche pas de ne pas avoir su entendre ce que tu ne m'as jamais dit. (court silence)  Si tu ne veux pas de mon aide, ou de ma présence, la question sera vite réglée. Il te suffit de demander, et le silence revient.

calling... Hedda

(elle écoute en silence, le simple souffle de la fumée de sa cigarette comme témoin de sa présence) Je crois qu'on a toute les deux compris que cette discussion ne menait à rien. Je n'ai jamais demandé ton silence, Violanda, ni auparavant, ni maintenant. Mais soit, maintenant que tu es disposée (elle insiste sur ce dernier), nous n'avons qu'à nous retrouver ? En souvenir du bon vieux temps... Et puis qui sait, ma ligne est peut-être sur écoute, je ne voudrais surtout pas que cela te cause du tort.