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 expiation (sly)

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Message Sujet: expiation (sly)   expiation (sly) Empty Mar 24 Juil - 0:51

"...si nous marchons dans la lumière, comme lui-même est dans la lumière, nous avons communion les uns avec les autres, et le sang de jésus christ son fils nous purifie de tout péché". les mains jointes serrent le chapelet rouillé. les yeux fermés, la bouche chuchote, encore et encore, inlassablement, les dernières paroles du prêtre, ignorant la suite de la prière. elle passerait pour une démente, artemisia, dans la paisible banalité de cette messe dominicale, au milieu des familles et des vieilles personnes. perdant tout contact avec le monde de chair, psalmodiant seule. perdue en elle-même. demandant pardon, pour elle, et pour lui. pauvre petite brebis égarée aux yeux de loup. elle a peur, terriblement peur. son salut à elle n'est qu'illusion. mais lui est tout autre. il est trop jeune. il peut changer. alors elle veille à ce qu'il ne manque aucune prière hebdomadaire, âpre mère dévote qu'elle est. peut-être est-elle seulement égoïste. peut-être assez rongée par le péché pour ne voir en lui qu'un leurre, une possibilité d'expier ses fautes à travers les siennes. elle interrompt sa prière, ouvre les yeux, pour le regarder. il est bien là, à ses côtés. sa présence sur les bancs de l'église lui apportait une sensation de chaleur, une tendresse qu'elle n'avait pas l'impression de mériter. un monstre comme elle ne pouvait éprouver que de la haine. ce sentiment lui arracha un léger sourire. pourtant, quelque chose n'allait pas. elle le savait. elle le lisait, dans ses lèvres hésitantes, son regard absent. artemisia savait lire les peintures et les personnes. elle repérait chaque discordance, chaque ombre dans le tableau. elle l'avait déjà remarquée, cette ombre, chez lui, depuis quelques temps. des sorties à des horaires inhabituels. cet air rêveur, peint sur son visage, qui s'effaçait aussitôt. elle ne disait rien, elle observait en silence, telle une épouse suspicieuse. mais, comme il lui était impossible de connaître les intentions de dieu, elle ne parvenait pas à le déchiffrer. trop malin. cela lui procurait une certaine fierté, de l'avoir si bien éduqué. pourtant, elle ne pouvait le tolérer. elle tenta d'ignorer cette rage sourde, de se focaliser à nouveau sur l'oraison ; mais elle n'y arrivait plus. ira, la colère. péché capital, s'il en est, qu'elle ne connaissait que trop bien, et qui provoquera sa chute. elle ne pouvait empêcher ses mains chétives d'enfoncer ses ongles dans ses cuisses, de serrer frénétiquement les pans de robe de soie immaculée. ses épaules, libérées de l'épaisse chevelure, tremblaient. son courroux était impétueux ; sa jalousie, impérieuse. elle n'entendit même pas la fin de la liturgie, et scruta distraitement les paroissiens quitter la petite chapelle en conversant. il ne restaient plus qu'eux deux : le pesant silence reprit ses droits dans la minuscule église de quartier. sa main était à présent fermement agrippée au bras de sly, empêchant toute retraite de sa part. "il faut qu'on parle, toi et moi." la voix est doucereuse, mais le regard impitoyable. "j'ai... cru comprendre que tu quittais le travail plus tôt, ces temps-ci." le fameux "travail". elle sourit, quelque peu songeuse, de sa propre futilité. la louve prépare ses crocs, prête à sauter à la gorge de sa proie. "est-ce qu'il y a quelque chose que tu souhaiterais me dire, tesoro?" elle n'en était pas si certaine. ce ne pouvait être qu'une vue de son imagination, une folie paranoïaque. tout cela venait de la peur. peur de le voir replonger dans le stupre et l'indécence. tout cela, elle ne le faisait que pour son bien. par affection, seulement. "il est inutile de me mentir. pas dans sa maison. contrairement à moi, lui sait tout." resserrant un peu plus l'étreinte, le ton se faisant menaçant. elle ne se laisserait pas abuser. pas cette fois.

@Sly Amor
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Message Sujet: Re: expiation (sly)   expiation (sly) Empty Dim 29 Juil - 22:54

les lèvres remuent en silence.
les lèvres remuent de son absence.
il est là, loup parmi les brebis, agneau galeux s'enfonçant plus profondément dans le temple du salut et de la pureté virginale.
il est là, à tenter de laver son âme souillée par les péchés. blesser pour le plaisir, pas par nécessité.
vendre des stupéfiants à des innocents qui reviendront en redemander encore et encore pour que son business continue d'exister.
vendre des femmes – sexuelles, abusives, abusées – pour le plaisir des clients.
oh, qu'il est mauvais, sly. oh, qu'il est mauvais, le roi fou.
parce qu'il ose donner ce que demandent les avides. les nécessiteux – à leur manière. oh, sly pourrait être considéré comme un saint… n'est-ce pas ce qu'ils font tous ? aider les autres ?
et sly aide à sa manière.
bancale.
autodestructrice.
le psaume touche à sa fin et les fidèles quittent l'église. sly a les opales levées vers un ciel qu'il ne voit pas. sly a les opales levées vers la croix invisible qui trône sur le dessus du toit de l'église.
plus qu'artemisia – douce muse au cervelas compliqué – et lui. plus que sa bonnie pour un clyde avide. mais clyde n'a pas décidé d'être tout à elle aujourd'hui…
son clyde a la tête ailleurs, vers des contrées qu'il devrait éviter en sa divine présence – possessivité et jalousie maladive l'un envers l'autre.
son clyde, peut-être, ne tient qu'à la provoquer. à s'assurer une fois encore de sa fidélité à ses côtés… ou peut-être est-il vraiment parti vers les cieux où n'existent plus que la blonde et la rousse qui l'obsèdent – toutes deux à leur manière – depuis quelques semaines.
il faut qu'on parle, toi et moi.
sourire en coin qui remue ses lippes avides de son contact. ils ne sont pas les amants passionnés qu'ils pourraient être, forniquant dans les liasses de billets et s'amourachant d'un amour illusoire causant leur perte. et pourtant, pourtant, il a cette envie de la faire sienne – parce qu'au fond, n'est-elle pas uniquement à lui ?
dans sa possessivité qui la pousse à toujours plus sortir les crocs. dans sa mission devenue charpies de le ramener sur un chemin – un droit chemin – qu'il ne mérite pas et n'a jamais mérité. il le sait au fond, sly, que c'est une putain de mascarade. sa présence en ces lieux est blasphème.
mais il a cet espoir ridicule qu'au moment de rendre son dernier soupir, ce soit une belle porte dorée et constituée de fer forgée qui l'accueille tout entier.
j'ai... cru comprendre que tu quittais le travail plus tôt, ces temps-ci.
- mmmh…
il répond. ni affirmation, ni infirmation. les opales ne sont toujours pas dirigées vers sa belle, comme s'il avait déjà prévu toute la tournure que prendrait cette discussion. elle est sa muse de chaos, artemisia. celle dont il a besoin pour voir clair quand ses pensées s'évadent. il a besoin d'elle comme de son héroïne – une héroïne qu'il ne consomme pas grâce à la seule présence de son italienne.
est-ce qu'il y a quelque chose que tu souhaiterais me dire, tesoro?
tesoro. quelques lettres qui le font frissonner d'un plaisir coupable. il est ce trésor auquel elle tient sans compter, depuis ces cinq années qu'ils ont perdus à s'apprivoiser. et elle est cette muse implacable, la seule peut-être qui pourra exiger de lui des explications. la seule qui en aura les tripes en tout cas.
- tu es très belle, artemisia.
seul aveux qu'il ait sur le bout de la langue. pas d'autres vérités qu'il ait à cacher ou à divulguer. besoin sincère de lui faire voir grâce à ses mots la vérité de ses yeux – une vérité qui est cachée aux siennes, sans doute. à moins qu'elle ne le sache. à moins qu'elle ne le sache déjà totalement dévouée à sa princesse dévote anarchique. (au fond, artemisia est aussi folle que lui. un chapelier fou accompagné de sa reine de cœur).
il est inutile de me mentir. pas dans sa maison. contrairement à moi, lui sait tout.
- je ne te mens pas, amour.
il ronronne, avant d'ajouter.
- je n'oserais pas.
et il se tourne vers elle pour qu'elle lise toute la vérité qui se cache dans ses yeux. il se tourne vers elle pour regarder son visage avec une dévotion qu'il partage avec quelques autres, alors qu'elle est pour le moment la seule à avoir un lien véritable avec lui.
parce qu'elle le connaît mieux que tous les autres – sans doute mieux que ses sous-fifres.
parce qu'elle est ce qu'il a de plus cher – pour le moment, dans son passé biaisé.
parce qu'elle est l'indispensable pour qu'il puisse subsister.
mais toute personne a besoin de son jardin secret.
et sly a décidé d'utiliser une obsession malsaine pour cultiver la passion fusionnelle qui les unit, artemisia et lui.

@Artemisia della Rovere
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Message Sujet: Re: expiation (sly)   expiation (sly) Empty Dim 5 Aoû - 11:32

paroles. mensonges. ignominies. ses lèvres frissonnent de dégoût. dégoût de l'hypocrisie. dégoût de la faiblesse humaine. la sienne, pour l'avoir cru, pendant un délicieux mais fugace moment. pour avoir semblé entrevoir dans ses prunelles la franchise d'un homme désemparé. mais il n'y avait pas de malice dans ce sourire. une certaine douceur. qui atteignait son moi le plus profond et lui faisait perdre pied, ne serait-ce qu'un instant. "mmmh…" onomatopée qui ne lui plaît pas, et irrite sa patience déjà écorchée. son regard est trouble. elle le soutient. il y avait de l'absurde, dans cet échange d'oeillades. on aurait pu y entendre quelque conversation muette. seulement, rien ne transparaissait. comme deux étrangers, aux pupilles de verre. lui reste désespérément taciturne, étanche même aux sensuelles intonations italiennes de la muse au coeur de glace qui font d'ordinaire leur petit effet, même sur les clients les plus redoutables. elle trépigne, la froide demoiselle, fait claquer ses talons sur le sol marbré. "tu es très belle, artemisia." toi aussi, tu l'es. des inepties qui manquèrent de franchir ses lèvres, presque naturellement, comme si elle avait ardemment attendu qu'il prononce ces paroles. une évidence, qu'elle connaissait parfaitement. un charme qu'elle avait adoré, vénéré, admiré dans ses moindres secrets, et qu'elle haïssait à présent. comment pouvait-il savoir qu'elle ne souffrait plus la vision de son propre corps dans le miroir, malgré tous ses excès de vanité ? pourtant, il avait trouvé la craquelure dans son être. la source de tous ses péchés. c'était le diable qui dessinait, sur son visage satisfait, ce si joli sourire. un sourire qui s'envenima aussitôt. "la flatterie ne te mènera à rien, très cher ami. ne compte pas sur de telles bassesses pour m'amadouer. ça ne marche pas avec moi." les paroles sont dures, mais elles ont cette intonation indulgente d'une mère réprimandant son fils. mais elle savait qu'il n'était pas dupe. elle-même n'y croyait pas. elle n'était qu'humaine, après tout. et ses galanteries étaient plus que suffisantes pour la faire plier, de façon infime. elle le maudissait pour cela. mais il n'avait pas gagné. pas encore. du moins, elle tentait de s'en convaincre. "je ne te mens pas, amour." le serpent se tortillait ingénieusement. jouait des mots. parlait d'amour, lui, l'amant terrible, comme si cela avait encore une importance pour deux damnés. la pomme était là, prête à être dévorée. terriblement alléchante. miroitant de l'éclat réconfortant de l'illusion. une moitié d'elle tendait déjà la main pour la cueillir. l'autre, impitoyable, se riait de sa naïveté. assassinant tout espoir de réconciliation. voilant l'affection profonde qu'elle nourrissait pour cet être mi-démon, mi-homme. "je n'oserais pas." oh, il avait osé. et il paierai pour cela. à cette nouvelle attaque, elle demeura muette. trop affairée à imaginer comment il expierait un tel affront. à elle, pas à dieu. il n'était plus question de lui. elle fit un pas. délicatement, avec une lenteur infinie, elle porta ses mains à ses joues suaves. enfonçant impitoyablement le métal de ses doigts bagués dans la chair tendre. déformant son visage, dans une vaine tentative de faire s'évanouir cette insidieuse majesté. s'écartant brusquement, comme si elle était devenue braise. il lui sembla que ses membres ne pouvaient plus la soutenir. l'air de l'église était devenu étouffant. tressaillante, elle fut forcée de prendre appui sur un banc. d'un geste frénétique, elle empoigna sa vieille bible, restée ouverte sur le siège, pages blafardes sur le bois sombre. sa bouée de secours dans cet océan de fabulation. elle parcourt les pages. commence à lire, d'une voix claire, didactique. "renoncez au mensonge, et que chacun de vous parle selon la vérité à son prochain; car nous sommes membres les uns des autres. si vous vous mettez en colère, ne péchez point; que le soleil ne se couche pas sur votre colère, et ne donnez pas accès au diable." elle regagne de sa superbe, la bien-pensante prophétesse. virevoltant dans sa robe blanche. mariée aux noces amères. "n'attristez pas le saint-esprit de dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption." et elle referme le livre écorné. encore grisée par sa débâcle mystique, elle se rapproche, un rictus attendri. jusqu'à effleurer son visage du sien. savoure ces secondes d'extasie volées. puis abat sèchement le volume au sol, brisant la sainte sérénité de l’endroit, faisant trembler jusqu’à l’autel. le visage déformé par la rage, empoignant ses charmantes boucles, s’assurant que ses yeux pleins de fourberie rencontrent les siens. "fini de jouer. maintenant, confesse-toi, sly." la folie furieuse, dans ses pupilles menaçantes consumées de jalousie. un ordre, sous couvert de religiosité, qu'elle n'avait aucun droit de lui donner. qu'il n'aurait pourtant d'autre choix que d'exécuter. 

@sly amor
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Message Sujet: Re: expiation (sly)   expiation (sly) Empty Lun 13 Aoû - 20:34

artemisia est une veuve noire qu’il se plaît à admirer, lui l’insecte insignifiant brûlant – comme un kamikaze – de finir dans sa toile. mais il s’y est déjà perdu, n’est-ce pas ? par une unique rencontre, cinq ans plus tôt, c’est son âme et son cœur qu’il lui a vendu.
démon de lilith masqué.
succube au charme ravageur qui a su s’en emparer.
sly est le marin totalement charmé par les sirènes qui ne cessent de chanter, les crocs déjà dévoilés, aveugles à la triste vérité ; bientôt, c’est entre les griffes acérées d’artemisia qu’il soupirera pour la dernière fois. un soupir d’extase et d’ultime jouissance d’avoir connu la douceur exquise de ses lèvres vermeilles, cruor nimbant ses lippes assassines.
sly admire chacune des réactions de sa maîtresse macabre, soldat de plomb attendant d’être soulevé pour partir dans une nouvelle bataille. les places s’échangent avec une facilité déconcertante quand sly s’autorise à redevenir le roi fou et à oublier les stratégies pour la laisser maîtresse de sa vie.
"la flatterie ne te mènera à rien, très cher ami. ne compte pas sur de telles bassesses pour m'amadouer. ça ne marche pas avec moi."
à chaque nouvelle inflexion de sa voix, c’est l’échine de sly qui brûle de se courber. il demeure pourtant bien droit, le dos fermement appuyé contre le banc de bois. un sourire léger et fugace grignote sa bouche, adorant la façon qu’a sa muse de converser, de le regarder et surtout de le considérer comme sien. après tout, artemisia et sly ne sont que deux amants maudits. pas franchement capables de s’aimer vraiment, incapables de s’oublier. possessivité maladive qui les force toujours à se retrouver dans un fracas violent, nouveau trou noir qui se créera dans la galaxie à chaque fois que les âmes se rejoindront – âmes sœurs dévoyées.
- penses-tu que je sois assez vile pour te flatter afin de te détourner de ton avidité de savoir ? tu es magnifique, c’est un fait.
les palabres caressent la déité comme le feraient ses mains ou ses lèvres sur sa peau diaphane mise à nu. et il continue à se justifier, marmonnant qu’il ne lui ment pas – il ne lui mentirait jamais. artemisia est cette femme puissante qui devine en un reniflement que le mensonge est présent. que la vérité est masquée. elle est cette nymphe superbe, cette valkyrie dantesque.
et il se fige instantanément quand les mains de son bourreau viennent s’enfoncer dans sa chair. pourtant, les opales ne cherchent pas leurs conjointes mais s’attardent un long moment sur les lèvres rougeoyantes qui se dressent face à elles. il n’a pas le temps d’esquisser le moindre geste pour s’en emparer que déjà, elle s’évade.
relation empoisonnée qui est la leur, entre désir et violence.
il soupire – blasphème ! – quand elle commence à entonner sa litanie, persuadée qu’elle est qu’il lui ment ouvertement. mais comment pourrait-il ignorer la parole du seigneur ? et sa parole à elle, déesse parmi les cieux, l’unique qu’il lui importe véritablement de satisfaire.
"fini de jouer. maintenant, confesse-toi, sly."
sly est encore hébété d’avoir pu sentir son minois si proche du sien, d’avoir été secoué par l’écho de ce livre reposé si brutalement. c’est comme si artemisia s’emparait de la parole divine pour l’empêcher de s’exprimer à nouveau ; comme si elle devenait détentrice du savoir ultime en ayant plongé toute entière dans la bible.
les mains – les griffes – viennent se perdre dans les boucles blondes d’un sly-chérubin. ses opales sont déformées par la rage de se sentir mise de côté, et sly est incapable de sourire véritablement quand il en meurt pourtant d’envie. fasciné par sa façon de changer du tout au tout, de n’être que douceur et élégance pour se transformer aussitôt en harpie violence et décadente.
- je te dis que je n’ai rien à confesser. que ce soit à toi ou à lui.
il marmonne, agacé, relevant les yeux vers la voûte céleste en faisant référence au seigneur.
- n’ai-je point le droit, reine de mes obsessions, reine de mes aberrations, de quitter le travail plus tôt ? et si je te disais que je ne fais que te préparer une surprise ?
il lève les mains, les pose sur celles de sa déité. lentement, avec douceur, il tente de les retirer de sa chevelure quand le minois ne demande qu’à s’avancer pour que les lèvres se rejoignent. pas véritablement d’amour entre ces deux-là – pas d’amour qui ne soit pas malsain en tout cas – mais un désir si puissant qu’il ferait chavirer l’église toute entière s’il était fait de matière.
- fais-moi confiance, amour. tu es la seule détentrice de mon cœur.
il caresse, fait oublier l’affront quand le véritable mensonge s’est affiché éhontément. s’il ne faisait que contourner la potentielle présence d’une gamine enchantant son palpitant jusqu’ici, c’est maintenant un réel péché qu’il commet.
mais il ferait n’importe quoi, sly, pour continuer de la servir aveuglément. pour continuer d’être la cible de son amour inconditionnel et particulièrement dévastateur, pour continuer d’exister dans sa vie, dans son cœur, dans son âme.
elle est une juliette anarchique quand il est un roméo chaotique. dévorés par l’amour et la passion quand ils ne peuvent s’offrir qu’un dixième ce qu’ils devraient avoir. incapables d’être totalement en phase, comme séparés par la lisière de deux mondes différents.
upside down.
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Message Sujet: Re: expiation (sly)   expiation (sly) Empty Lun 20 Aoû - 23:02

chaque nouveau mensonge lui fait l'effet d'une lame contre sa fierté à vif. lui rappelle difficilement sa place de pauvre mortelle. impératrice d'un royaume qui ne lui a jamais appartenu. le savoir, si précieux, et sa soeur, la vérité, glissaient de ses doigts avec une facilité insolente. ces peintres illustres dont elle connaît la plus oubliée des perversions, habitudes, techniques. et sly, sly. pauvre brebis égarée. garçon des rues, qu'elle aurait dû haïr, comme tous les autres. auquel elle n'aurait pas même accordé un regard si elle l'avait croisé au détour d'une rue, par hasard. qu'elle chérissait par-dessus tout, malgré son penchant au péché. dont elle s'était peut-être amourachée, qui sait. il lui arrivait parfois d'envisager une telle possibilité, aussi ridicule lui parut-elle. mais c'était amusant. hilarant, même, de les imaginer comme deux amants. adam et ève dans un jardin de bitume aux fleurs de sang et d'os. se moquant du péché, là où tout n'est que pardon et présent. un si bel éden, perverti. hors de contrôle. comme leurs âmes. sans dieu, sans seigneur. seulement eux. ultime blasphème, que ce fantasme prétentieux, cette rêverie impénitente. puisqu'ils n'auraient jamais le paradis, pourquoi ne pas désirer l'enfer ? car elle n'avait rien d'ève. malfaisante lilith aux cheveux roux, mère de tous les maux. et lui, doux belzébuth aux yeux d'ange. masquant ses crocs derrière la virgule de divines lèvres roses. intelligent, trop intelligent. elle, incapable de trouver la moindre trace d'honnêteté derrière les sourires enjôleurs. elle aurait de loin préféré qu'il crache, qu'il jure, qu'il nargue. au lieu de cela, il semblait prendre un malin plaisir à garder une prudente distance entre lui et son accusatrice impitoyable. à moins que ce fut par peur ? toujours dans la demi-mesure. sans jamais rien avouer tacitement. mais elle la voyait, cette culpabilité, dans son regard. elle le lui arracherait. jusqu'au plus profond de ses rétines sournoises. "penses-tu que je sois assez vile pour te flatter afin de te détourner de ton avidité de savoir ? tu es magnifique, c’est un fait." un fait. ou une fiction, qu'il avait astucieusement construite pour la tourmenter, une fois de plus. pourtant, cette fois-ci, elle lut pour la première fois la sincérité dans ses pupilles. beauté dont il n'était que le miroir. qui n'existait que dans ses yeux. triste fardeau, confié par dieu pour la pousser à la tentation : voilà ce qu'elle s'imaginait, dans son esprit déformé par l'orgueil. comme elle la haïssait, soulagée lorsqu'elle voyait les premiers cheveux blancs poindre, alors qu'elle était déçue de ne pas trouver un seul endroit dans cette église pour se mirer. elle en voulait plus, de ses mots sucrés. ils dévoilaient ses dents perlées, illuminaient ses prunelles, rosissaient ses joues. spontanée. elle renaissait, comme elle l'avait toujours voulu. elle retrouvait sa candeur perdue, les sentiments à l'état brut. de la plus dévoyée des façons. juste pour lui. et dieu que cela allait la précipiter dans les flammes. elle les ressent aussi, pendant une fraction de seconde, ces sensations pures, lorsqu'elle noie ses mains frêles dans la chevelure blonde. la douceur de ses boucles. la chaleur de ses tempes. puis, une fois de plus, tout s'évanouissait, pour ne laisser que la haine et la rancoeur. "je te dis que je n’ai rien à confesser. que ce soit à toi ou à lui." impudent poulain. n'y avait-il donc rien à sauver en lui ? "nous sommes tous des pêcheurs, stupido. mais, heureusement pour toi, lui est bien plus compréhensif que moi." pourtant, elle n'avait pas l'envie de châtier davantage un tel affront. cela l'amusait, mère indulgente qui pardonne les bêtises de jeunesse. à cet instant, elle ne ressentait plus de colère. endormie par ses caresses doucereuses, une bête féroce qui n'attendait que le mot de trop pour déchaîner sa rage. pitoyable docilité, qui la fait vaciller de son piédestal d'argent. elle ne devrait pas s'abandonner. elle le sait. elle aurait beau boire le doux nectar de son langage jusqu'à la lie, elle serait encore et toujours perdante dans leur petit jeu. il ne fallait rien, juste une discordance, pour que tout s'écroule, et que la vérité soit enfin sienne. elle l'apercevait, dans un moment d'étourdissement ; une étincelle dans l'obscurité. mais lui, oh, lui, l'étouffait. jusqu'à lui en faire perdre la raison. "n’ai-je point le droit, reine de mes obsessions, reine de mes aberrations, de quitter le travail plus tôt ? et si je te disais que je ne fais que te préparer une surprise ?" le réveil est brutal. son jugement anesthésié semble reprendre vie ; et ses tourments regagnent forme, revenant intoxiquer sa pensée. il n'aurait pas dû. pas dû se complaire dans un mensonge aussi effronté. jamais dû essayer de l'embobiner avec ses arabesques verbales. il n'en avait pas moins fallu pour décupler sa furie. elle avait honte de l'avoir laissé se jouer d'elle à ce point. elle ne le laisserait pas recommencer. "une surprise... quelle délicate attention." elle susurre, mielleuse. le laisse se libérer de son emprise, avec un sourire rêveur. exaltée par le contact fiévreux de ses mains contre les siennes. "fais-moi confiance, amour. tu es la seule détentrice de mon cœur." ce coeur, elle le voulait. mais il ne lui appartenait pas. il ne lui avait jamais appartenu. il lui avait promis, le lui avait offert sur un délicieux plateau. comme son amour, ce n'était qu'un leurre. un postiche, destiné à s'assurer ses affections. elle l'aurait, frais, encore palpitant et sanguinolent. tout à elle. elle n'avait pas à lui arracher de la poitrine, comme elle le faisait. seulement à demander gentiment. cela lui sembla être d'une clarté infinie, tellement qu'elle en soupira de soulagement. "oh, sly... tu es si cruel..." sa lèvre supérieure frémit à peine, lorsque une larme vint y mourir tendrement. ses longs cils noirs battaient frénétiquement pour essuyer ses doux yeux humides ; sa gorge hoquetait de manière experte. d'un élan théâtral, elle couvre de ses mains son visage déformé par ses sanglots. "les armes d'une femme". sa dernière chance. "ne ressens-tu donc aucune honte ? jouer ainsi avec mes sentiments... tu me brises le coeur." la voix étouffée, elle aligne les mots. actrice de talent, sophia loren aux larmes de crocodile. mais, surtout, elle cache le dégoût. la nausée, de se compromettre dans une comédie aussi grossière. qui ne fait qu'empirer lorsqu'elle imagine sly succomber à son piège. il ne peut pas. il la connaît trop bien. du moins, c'est ce qu'elle espérait secrètement. "tu crois que je ne sais rien ? comment... comment pourrais-je croire que tu n'aimes que moi, puisque ce regard, tu l'offres à d'autres femmes ?" chaque pause est calculée. et c'est bien innocemment que les cheveux d'ébène se libèrent de l'étroit chignon, pour tomber en cascade sur ses épaules dorées. épaules adroitement délivrées du joug de la robe blanche, dévoilant un peu plus la jolie peau. elle ne pensait pas devoir tomber aussi bas pour s'approprier son cher roméo. mais elle n'avait pas le choix. elle devait jouer selon ses règles à lui. le visage contrit, elle s'avance, faussement embarrassée. le corps brise la distance instaurée auparavant, sacrifiant toute bienséance. des mains sournoises se posent sur ses hanches. innommable indécence. "livre-toi, sly. tu n'as aucune raison d'avoir peur. donne-moi leurs noms, et je te délivrerai du mal." ses yeux larmoyants, suppliants. elle était pathétique. elle était parfaite. "je t'en supplie. fais-moi confiance." le ton redevenait plus grave. la menace, violente. la mascarade achevée, elle redevenait lentement elle-même. ah, elle les détruirai. certainement. toutes. jusqu'à la dernière. ces femmes qu'elle n'avait jamais vues. qui n'existaient peut-être que dans ses angoisses les plus folles. misogynie éhontée, que cette femme qui tient ses consoeurs comme uniques coupables des déviances de son aimé. aveuglée par la colère. n'ayant pour seul repère que le coeur, de son adorable pécheur, battant contre son oreille, sa tête posée contre son torse en un ultime geste de réconciliation. son coeur à elle.

@sly amor
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Message Sujet: Re: expiation (sly)   expiation (sly) Empty Lun 27 Aoû - 11:48

le cœur en berne.
depuis ces tendres années à le cogner comme un vulgaire morceau de chair inutile et inutilisable, sly s’était persuadé que le palpitant avait cessé de pomper tout ce sang. qu’il était devenu un monstre avide de chairs tendres où planter ses crocs, vampire du vingt-et-unième siècle, et que c’était ainsi qu’il subsistait.
dans la violence.
dans le crime.
dans l’indécence.
sly, beau prince charmant incapable de ne serait-ce que frôler ses rêves de normalité. la conscience scindée en deux, obligation de se rendre auprès de dieu pour les ressouder un petit peu. pour choisir la voie qui serait la plus juste, la plus pieuse, pour s’autoriser – peut-être – un accès au paradis ; le vrai, pas l’artificiel qu’il trouve entre les doigts froids d’une artemisia-aphrodite.
et il se sent tellement coupable, ô l’amor, de la tromper de la sorte. mais il a ce besoin absurde de garder son jardin secret et de protéger sa délicieuse eurydice – un autre orphée qui finira par se perdre, pas dans le royaume d’hadès mais dans celui de sa perséphone – du courroux qui pourrait devenir celui de sa déité.
tout comme elle n’a aucun droit d’adresser ses regards énamourés à d’autres mâles que lui, il n’a aucune permission d’aduler d’autres courbes que les siennes. relation toxique et malsaine qui est la leur, un accès direct vers la fournaise d’un enfer désiré comme unique destination possible. ils seraient les dignes rois de l’enfer si seulement ils s’en donnaient la peine. le roi fou et sa courtisane au cœur corrompu de jalousie.
il perd le fil de tout ce qui se passe dans cette maison du seigneur – et la culpabilité continue de grignoter le palpitant décrépi. parce qu’il ose lui mentir à elle, sa belle, son adorée. parce qu’il ose lui mentir à elle, dans sa maison à lui.
"oh, sly... tu es si cruel..."
il était persuadé d’avoir réussi à la convaincre… apparemment pas. un couteau qu’elle plante avidement et tourne et retourne dans le myocarde avec une seule palabre, avec quelques larmes. les doigts de sly viennent égoutter les joues nacrées de ce liquide indésiré.
- ne pleure pas, tresoro.
il murmure avec toute la tendresse et l’adulation qu’il ressent pour elle – depuis le premier jour. et pourtant, c’est un énième jeu de manipulation qui débute entre les deux entités. parce qu’il n’est pas dupe sly, et sait bien qu’artemisia ne pleure jamais. déesse au cœur de pierre, elle ne laisse couler les grandes eaux que quand la situation l’exige ; quand le poulain n’est plus suffisamment attentif aux désirs de sa maîtresse.
"ne ressens-tu donc aucune honte ? jouer ainsi avec mes sentiments... tu me brises le coeur. tu crois que je ne sais rien ? comment... comment pourrais-je croire que tu n'aimes que moi, puisque ce regard, tu l'offres à d'autres femmes ?"
il tente de se reculer mais la vue de la peau dénudée d’artemisia lui empêche de faire un pas de plus. ses courbes et son épiderme, il ne l’a aimé qu’une unique fois. et pourtant, tout dans la crispation de ses muscles et dans l’adoration qui brille de mille feux dans ses opales claires ne témoigne que d’une unique envie : recommencer.
les mains sur les hanches de sly deviennent comme des millions d’aiguilles plantées dans sa chair. comme des brûlures qui s’impriment à même la peau quand une chemise est censée leur interdire l’accès.
"livre-toi, sly. tu n'as aucune raison d'avoir peur. donne-moi leurs noms, et je te délivrerai du mal."
pause.
"je t'en supplie. fais-moi confiance."
il rit, sly. impossible de lui faire confiance quand la seule idée qui passe et repasse dans sa tête – il le sait – est cette soumission qu’elle s’évertue à lui imposer.
il retire les doigts qu’elle a posé sur ses hanches – malgré les ongles qui viendront sans doute lui écorcher l’épiderme et faire couler le cruor sacré – et se recule vraiment.
- je n’ai rien à te dire, artemisia. pas quand tu tombes si bas.
il tourne les talons et gagne lentement la porte boisée qui signe la fin de la maison du seigneur.
- tu oses utiliser de tels stratagèmes contre moi… pleurer… faire la faible femme…
il tourne la tête, la regarde quelques instants. plus qu’un dégoût palpable qui s’amourache de son minois.
- tu sais, celle qui m’obsède. celle qui t’obsède aussi. celle qui j’aime. elle est tout le contraire de toi. elle ne tente pas de manipuler mon palpitant frémissant. et pourtant, le seigneur sait à quel point je t’aime. mais je te déteste quand tu te roules sur le sol comme une chatte en chaleur pour me soutirer de sombres secrets qui n’appartiennent qu’à moi.
et sur ce, il attrape la poignée en laiton et ouvre la porte sur l’extérieur. au même titre que le palpitant attristé de sly, le ciel pleure. sly ne serait pas étonné que les gouttelettes diaphanes se transforment bientôt larmes de sang. parce qu’artemisia ne se laissera sans aucun doute pas faire de la sorte et tentera par tous les moyens de ramener son disciple à la raison. parce qu’artemisia ne laisse jamais personne sortir du droit chemin… et que le droit chemin, c’est le sien.
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Message Sujet: Re: expiation (sly)   expiation (sly) Empty Mer 29 Aoû - 0:13

la comédie était exquise. lui, l'amant distant au coeur d'épines. elle, l'amoureuse transie, éplorée. vile tentatrice. incapable d'obtenir autre chose que par la séduction. elle était certaine d'avoir assisté à cette scène de nombreuses fois auparavant, sur les planches d'un petit théâtre italien, ou la toile monochrome de la séance de minuit. elle aurait dû être exécutée à la perfection. elle ne savait faire que cela, artemisia. dupliquer. contrefaire. ce n'était pas de sa faute. y avait-il quoi que ce soit d'enviable, dans sa morne vie ? alors elle volait ces fragments de vérités. ces moments purs, sincères, auxquels elle n'avait pas droit. et elle se les appropriait. ces larmes cristallines, elle aurait voulu pouvoir les pleurer elle-même. mais ces minuscules bijoux ne lui appartenaient pas. volés sur les joues de l'adolescente désenchantée, qui partagé son corps, de nombreuses années auparavant. elle, l'aurait peut-être convaincu. plus jeune. plus pure. oh, comme elle l'avait moquée. et comme elle rêvait de l'être de nouveau. juste pour cet instant précis. le blanc lui seyait bien mieux. elle aurait voulu que sly la voie, lui aussi. mais ce qui avait été tué ne pouvait être ramené. rien de tout cela n'avait de sens. "ne pleure pas, tresoro." son langage, si proche du sien. les intonations familières. le contact doux-amer de ses phalanges sur ses pommettes humides. intime. plus que les caresses adultères, les embrassades obscènes. elle le repousse, doucement, tourne la joue. trop sincère pour elle, ce geste d'affection anodin, qui ne lui est de toute manière pas destiné. les faux-semblants, étouffants. y avait-il finalement succombé, lui aussi ? elle aurait tant désiré le savoir. extraire les globes oculaires de ses ongles acérés. voir ce qu'il y avait derrière, l'authenticité de son amour. le rendre aveugle. devenir son seul et unique guide dans l'obscurité maussade de leurs vies mortifères. sa lumière. douce pensée, qui la faisait sourire timidement derrière la prétendue affliction. faille dans son jeu traître. mais il lui fallait patienter. elle devait s'y résoudre. pour attendre, se délectant du désir qui brûlait dans ses yeux. viscéral. juste comme elle l'aimait. ses cheveux semblables à mille vipères, qui s'entortillent autour sa poitrine, ses bras, son cou. pour le garder près d'elle, ici, à jamais. elle aurait pu le faire. mais elle n'avait aucun pouvoir. elle aurait voulu être dieu, son dieu à lui. et il était temps qu'elle retrouve sa juste place. le rire qui résonnait à ses oreilles était son châtiment. et sly n'en était que le vecteur. c'était une explication accommodante. à moins que cette hilarité ne soit que celle du diable qui se réjouissait de l'avoir convertie à sa religion du vice. elle devait s'y résoudre. elle avait perdu. contre lui, et contre son maître, le roi des enfers. il n'y avait qu'elle-même à blâmer pour cela. "je n’ai rien à te dire, artemisia. pas quand tu tombes si bas." alors, pourquoi la douleur ? pourquoi avait-elle aussi mal, puisqu'elle se savait condamnée à échouer depuis le départ ? les yeux écarquillés par la surprise, la bouche tremblante, les jambes qui défaillent. c'était une deuxième mascarade qu'elle jouait, pour elle-même cette fois-ci. stupide d'avoir pu croire à ce subterfuge indigne. sentant la douce chaleur de son corps s'affaiblir. le regardant s'éloigner, impuissante. il y aurait tellement de choses qu'elle voudrait faire. tendre la main pour le retenir. ouvrir la bouche pour crier son nom. "tu oses utiliser de tels stratagèmes contre moi… pleurer… faire la faible femme…" et lui avait l'outrecuidance d'user de ses propres laïus culpabilisateurs. la sermonner comme une enfant. immobile comme la sainte vierge au-dessus de sa tête, les mains jointes. les yeux baissés par honte. amusant, comme les rôles avaient changé. elle lui avait promis le paradis. une chance d'absolution, en échange de son affection inconditionnelle. d'une obéissance fébrile. et maintenant, elle était là. à sa merci. elle aurait dû le savoir depuis le début. tomber sous son charme démoniaque était une erreur. c'est lui qui la dévorerait. lui qui aurait sa place pour le ciel. et il finirait par la laisser, seule, avec le poids de ses propres péchés. "tu sais, celle qui m’obsède. celle qui t’obsède aussi. celle qui j’aime. elle est tout le contraire de toi. elle ne tente pas de manipuler mon palpitant frémissant. et pourtant, le seigneur sait à quel point je t’aime. mais je te déteste quand tu te roules sur le sol comme une chatte en chaleur pour me soutirer de sombres secrets qui n’appartiennent qu’à moi." si l'insulte ne soulevait qu'à peine son coeur, la trahison le déchirait. elle aurait dû être heureuse. elle la lui avait arrachée, cette vérité. mais à quel prix ? la jalousie était un poison lent à l'arrière-goût de miel. mais la haine, la haine, elle, était foudroyante et avait la saveur cuivrée du sang. non. elle ne pouvait pas le détester. elle ne devait pas. cette simple éventualité était bien pire que n'importe quel différend futile. et maintenant, elle le perdait. pour une pauvre fille rencontrée dans un bar, sûrement, qui lui avait tapé dans l'oeil. elle se sentait terriblement flouée. laissée pour compte. le claquement lourd de la porte confirma sa solitude. orpheline, seule en compagnie du seigneur. le face-à-face était insoutenable. sa misérable brebis galeuse se retrouvait encore une fois délaissée, misérable et pathétique. ce qu'il ne savait pas, c'est qu'elle se transformerait en loup. quitte à se compromettre un peu plus. elle pose le long pardessus noir sur ses épaules, tourne les talons, et se précipite à l'extérieur. la pluie glacée transperce sa peau et ses vêtements, fait écho à sa propre mélancolie. et il est là, devant elle. sa beauté séraphique nullement émoussée. c'en était écoeurant. sans plus de cérémonie, elle s'approche ; gifle la joue rebondie. le coup est mûrement réfléchi, mais manque de conviction, de force. ce n'était toutefois que juste correction, face à l'humiliation qu'il lui avait faite subir. mais c'était dérisoire face à sa douleur à elle. elle espérait qu'il le savait. "tu me rends malade, sly." elle empoigne le col, espérant peut-être que cela rajouterait un peu de détermination à ses propos. "pauvre imbécile... pour qui penses-tu que je fais tout cela ? tu crois que je prends du plaisir à me ridiculiser ?" les yeux brillent de colère. "j'ai été plus que patiente. j'ai essayé de faire quelque chose de toi. de te rendre meilleur. et toi, tu n'en fais qu'à ta tête. tu... tu..." incapable d'évoquer son crime le plus mortel. sa ruse ignoble. cette fille. "moi, j'ai toujours été là pour toi." elle était pitoyable. ramper à ses pieds pour mendier un peu d'amour. mais cette fois, elle ne mentait pas. son supplice était plus que réel, et la rongeait jusqu'à la moelle. "tu es tellement décevant. j'aurais dû choisir un meilleur disciple." elle ne le pensait nullement. cela transparaissait dans sa voix mal assurée. elle retire son manteau ruisselant, et enveloppe avec la douceur d'une mère le corps glacé de son monarque adoré. "tu vas attraper froid.". c'était certainement la chose la plus sensée qu'elle avait prononcée aujourd'hui. pour autant, elle n'avait pas envie de rentrer. la pluie collait ses cheveux à ses tempes. s'infiltrait dans chaque commissure, chaque creux, chaque ride. imprégnait la robe, jusqu'à lui en faire une seconde peau. mais ne faisait pas rouiller le chapelet. l'eau ruisselait sur son corps et semblait emporter avec elle le péché. elle se sentait plus sereine. elle pouvait admirer avec ataraxie la silhouette sombre, à peine troublée par ses os glacés par la pluie. ce qu'elle ne retenait désormais que du bout des doigts. qu'elle pouvait perdre à tout moment. elle préfèrerait encore apprendre que dieu n'existait pas. renier sa religion, plutôt que de se voir privée de lui à cause d'une démone au visage de femme. "que me manque-t-il, pour que tu n'aimes que moi ? des cheveux blonds ? roux ? une peau de porcelaine ?" la voix apaisée, calme. les mains sur le coeur, qui étreignent la petite croix, en signe de rédemption. il lui sembla qu'elle était plus franche qu'elle ne l'avait jamais été. "si tu m'as jamais aimée, alors crois-moi, je t'en prie. je suis sincère. je ferai n'importe quoi pour lui ressembler. alors, dis-le moi, je t'en conjure. je... je deviendrai celle qui te hante. l'illusion serait parfaite. j'y parviendrai, je te le jure. je m'offre entièrement à toi. alors, ne me déteste pas. s'il te plaît. parce que je ne pourrai pas le supporter." brebis hérétique, qui ose se donner d'autres dieux. s'abandonner à satan. lui faire la plus impure des promesses. il s'était confessé. elle le faisait à son tour, marie-madeleine des temps modernes, qui implore le pardon de son bon maître. dont les larmes de rage se mêlent habilement à la pluie ruisselante. le regard incapable de soutenir le sien. elle lui offrait ce semblant de vérité. son âme, son corps, son soi tout entier, sans aucune concession. à lui seul. pas à dieu. pour espérer un jour le voir sien ; et pour cela, elle s'était vendue au diable. il avait gagné.
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Message Sujet: Re: expiation (sly)   expiation (sly) Empty Mar 4 Sep - 23:04

c’est un écho mortifère qui secoue son âme. c’est le bruit d’une gifle qui se répercute sur les pierres abîmées du temple du seigneur, serpente entre les goûtes salées de la pluie pour venir gueuler son désarroi. la peau est chauffée à vif, comme autant de tisons brûlants s’amourachant de l’épiderme sacré. l’angelot relève la main pour effleurer du bout des doigts la chair choquée, l’expression ternie par une surprise telle qu’elle n’a jamais été ressentie.
"tu me rends malade, sly."
les nausées dévorent l’estomac. la stupeur s’ancre encore davantage, se perd dans les ridules qui se créent aux coins des opales assombries par une vérité qu’il ne peut accepter. elle empoigne sa chemise et il se sent comme le christ sur la croix ; incapable de bouger et de se soustraire à son regard et à sa violence, il a le palpitant déchiré. il ne sait jamais sur quel pied danser avec sa lilith revisitée. elle est sa petite mort, toute en douceur mais au destin funeste, déjà condamné par les moires. flot de paroles incompréhensibles que sly n’écoute que d’une oreille, la souffrance d’artemisia della rovere – muse assassine – étant la seule chose qu’il parvient encore à comprendre.
qui est-il, pauvre pécheur, pour avoir osé offenser de la sorte la reine mère ? pour avoir osé bafouer un amour inconditionnel, d’une vierge marie à son enfant ?
"moi, j'ai toujours été là pour toi."
c’est la vérité, murmure la cruelle vérité. ils se sont épaulés mutuellement dans cette ville remplie de vices, cherchant ensemble et main dans la main une lumière inexistante. ils se sont aimés, se sont domptés, ont appris à se connaître, et elle n’a eu de cesse de vouloir le ramener sur le bon chemin. le sien. alors qui est-il pour la juger ? qui est-il pour lui proférer de telles atrocités ? il parle d’amour quand il ne connaît même pas réellement les teneurs et les aboutissants d’un mot si plein de sens et de promesses.
"tu es tellement décevant. j'aurais dû choisir un meilleur disciple."
la gorge se serre. c’est pire que si les palabres étaient assenées par la figure maternelle, génitrice ayant engendré l’angelot. les larmes assaillent les opales azurées pour venir s’écouler contre ses joues, mots-couteaux ayant défoncé plus que nécessaire le myocarde à vif.
- artemisia…
la voix se brise. les opales cherchent l’asphalte pour éviter de croiser son regard et qu’elle puisse lire – avec un dégoût évident – toute la faiblesse qui est la sienne. gamin à la mémoire découpée en deux parties, gamin avec un destin tout tracé entre les mains, un destin à jamais décrié.
des je suis désolé flottent autour des corps enlacés. la châle recouvre ses épaules dans une douce étreinte, et sly laisse tomber sa tête contre le haut de la poitrine de sa déité. elle est plus petite et plus menue que lui, mais à cet instant, elle est la seule à le soutenir – à l’empêcher de s’effondrer.
"tu vas attraper froid."
le froid est la dernière chose qui lui importe. il aimerait tellement être celui qu’elle espérait… il aimerait tellement que quelqu’un croit réellement en lui, soit la lumière dans la pénombre…
"que me manque-t-il, pour que tu n'aimes que moi ? des cheveux blonds ? roux ? une peau de porcelaine ?"
il relève la tête avec ferveur, dans un bond désordonné qui fait craquer les os de sa nuque. et c’est une grimace d’incompréhension qui s’amourache de ses traits gracieux. que lui manque-t-il ? mais rien, bonté divine ! elle est toute ce qu’il désire. elle est tout ce qu’il exècre. elle est la manipulation. elle est l’adoration. elle est celle qui pourrait le briser en un coup de talon aiguille dans le palpitant. il se sait faible en sa présence, et c’est pourquoi il la fuit tant.
"si tu m'as jamais aimée, alors crois-moi, je t'en prie. je suis sincère. je ferai n'importe quoi pour lui ressembler. alors, dis-le moi, je t'en conjure. je... je deviendrai celle qui te hante. l'illusion serait parfaite. j'y parviendrai, je te le jure. je m'offre entièrement à toi. alors, ne me déteste pas. s'il te plaît. parce que je ne pourrai pas le supporter."
il tourne la tête de droite à gauche, le choc peint sur le minois. il n’est pas écoeuré, il n’est pas dégoûté. il est simplement choqué. il ne comprend pas. l’aime-t-elle tant ? la mérite-t-il ? il lui relève le visage de quelques doigts, la force à le fixer comme il la fuyait de la même manière plus tôt. les larmes ont créé quelques sillons sur ses joues, l’humidité de la pluie se mêlant à sa tristesse tangible. on ne saurait dire véritablement que sly s’est laissé aller à ses sombres émotions, mais artemisia saura. artemisia sait toujours.
et il pose ses lèvres sur les siennes. ce n’est pas un baiser doux. ce n’est pas un baiser tendre. c’est un baiser plein d’une passion refoulée, c’est un baiser plein d’une fureur incompréhensible pour les mots qu’elle a proférés – artemisia ne se dénigre jamais. elle n’a rien à changer. elle n’a pas à s’asservir, s’assujettir au roi fou. c’est un baiser violent, un baiser possessif, quand les bras de sly s’empressent d’entourer sa taille fine et de la rapprocher de lui. pas de mots doux, pas de « je t’aime » – parce que sly n’en comprend pas encore réellement le sens – mais des sentiments certains qui transpirent de tous ses pores. là encore, sly mise tout sur le talent inné d’artemisia de tout comprendre de son agneau galeux.
et c’est à bout de souffle qu’il recule légèrement, les opales fiévreuses dardées sur son minois aux traits juvéniles. il tourne la tête de droite à gauche, passe une main tendre sur sa joue.
- tu n’as absolument rien à changer. tu es parfaite. je… je ne sais juste plus qui je suis en ta présence.
il soupire. la vérité est nécessaire dans la maison de dieu, mais l’est-elle encore à l’extérieur ? s’il veut cesser de blesser sa reine, alors peut-être vaut-il mieux ne pas tout garder sur le cœur. de toute façon, sly amor n’a aucun conseiller à qui en parler. caïn lui dirait sans doute d’oublier même l’idée d’avoir une compagne, que ça n’apporte que des emmerdes. mais artemisia comprendrait, n’est-ce pas ? le monde dans lequel il vit est si proche du sien…
- tu pourrais me briser, tresoro. et ça, je ne peux le permettre.
il tourne la tête de droite à gauche, une fois encore. c’est pour ça que je prends mes distances. c’est pour ça que, quand mon cœur est écartelé entre perséphone et eurydice, je suis incapable de choisir. c’est la peste et le choléra, c’est la violence et la douceur. et tout le monde sait qu’un homme a besoin des deux.
il dit tout et ne dit rien à la fois.
- mais je t’aime. comme je n’ai jamais aimé personne d’autre. d’une manière un peu bancale, d’une manière imparfaite…
il tombe soudain à genoux, se fichant éperdument de salir ses vêtements hors de prix. il imagine déjà le visage impertinent de sa génitrice, engoncé dans un je m’en foutisme ahurissant, lui beuglant qu’il s’occupera de ses affaires tout seul. et après tout, sly est un grand garçon qui maîtrise à la perfection une machine à laver.
- alors ne m’abandonne pas, artemisia… je t’en supplie… j’ai besoin de toi.
j’ai besoin de ton amour. j’ai besoin de ta présence. même si je ne saurai peut-être jamais mettre de mots sur ce que nous sommes, reste à mes côtés, guide-moi. demeure la muse malsaine que tu as toujours été, demeure ce démon sur mon épaule.
essayons d’endosser nos rôles. je suis hadès et tu te dois d’être ma perséphone.
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Message Sujet: Re: expiation (sly)   expiation (sly) Empty Ven 7 Sep - 18:19

artemisia est artemisia. artemisia n'était peut-être pas complètement artemisia. qui était l'artemisia qui priait ? celle qui peignait ? y avait-il jamais eu une bonne artemisia, et une mauvaise artemisia ? artemisia, artemisia. ce prénom entêtant. qui n'appartenait à personne. étrange. guindé. identité qui lui colle à la peau. pas elle. une étrangère. bâtarde. aux airs vaguement exotiques, aux origines troubles. odieuse. folle à lier. oh, une vraie salope. elle avait toujours pensé que ces éléments faisaient d'elle artemisia, sans les remettre en question. pâle imitation d'elle-même. elle n'avait pas oublié qui elle était. non, hors de question. du moins, au début. tout se confondait, à présent. le passé. le futur. la fille. la femme. ce qu'elle avait été n'était pas mort. ce qu'elle était mourra certainement. tout lui avait toujours semblé limpide. elle savait ce qu'elle avait à faire. comment mener sa vie. c'était en dieu qu'elle le puisait. ou plutôt, l'image qu'elle s'en faisait. ce dieu-ci, était-il réellement le sien ? elle aurait pu choisir celui de sa mère. mais elle ne l'avait pas fait. pourtant, lui aussi la regardait, elle le savait. artemisia était vide, au fond. ou plutôt, elle était double. créature difforme, unique erreur divine. toutes les vérités auxquelles elle s'était accrochée jusqu'à présent s'effondraient. se retournaient contre elle. creusaient la fissure qui déchirait son âme, dans ses derniers retranchements. lui posaient des questions nouvelles, qui n'avaient pas de réponses. tout cela, toute cette souffrance insensée, à cause de "lui". lui. lui. le seul coupable. elle l'avait condamné, au supplice éternel, pour l'avoir fait douter. "lui" était l'unique responsable de ces interrogations déraisonnées. ces hésitations qui n'avaient pas lieu d'être. oui, elle était artemisia. mais quelle artemisia embrassait-il à présent ? une étrangère. un simulacre. ses lèvres, si proches. tellement lointaines. le goût poivré de sa langue flottait sur la sienne, doux, abstrait. comme la sensation évaporée d'un rêve. seule la colère le colorait. la fureur sanglante. celle qui les faisait s'entrechoquer, se déchiqueter. s'entretuer jusqu'à ce qu'il ne reste rien. pas même l'amour. ersatz d'une passion sans réalité. les mots meurtriers, les dignités écorchées. pour faire semblant. faire semblant de s'aimer. souffrir pour l'autre. offrir ses membres à peine cicatrisés à la merci de la lame étincelante, puis laisser l'autre panser tendrement ses blessures. et recommencer. encore et encore. un supplice enduré pour les bonnes grâces d'un "amour" atrophié. elle l'avait toléré. eu dans la peau. elle y avait pris un plaisir confus, à la gloire de délices masochistes aberrants. se disant que c'était mieux, après tout, que de vivre sans personne. elle savait qu'il y avait pris goût, lui. mais pas autant. il n'était pas seul, "lui". il avait une armée. des femmes pour agrémenter son errance. elle, elle n'avait personne. personne, à part lui. elle s'était plongée corps et âme dans cette guerre absurde. qu'avait-elle eu en retour ? elle n'allait pas mieux. elle avait blasphémé. honteusement, perfidement, elle était heureuse, quand elle voyait l'impuissance dans ses prunelles. et elle jubilait, lorsque les larmes coulèrent sur ses joues fraîches. c'était à son tour, de subir. dieu avait eu pitié de la petite agnelle, et avait décidé de la venger. à moins que ce ne fut satan. "tu n’as absolument rien à changer. tu es parfaite. je… je ne sais juste plus qui je suis en ta présence." alors, il le ressentait aussi ? elle avait été prête à devenir une autre, prostituer ce qu'il lui restait d'individualité. pour admettre son imperfection. pour enfin, expier. mais, comme elle le craignait, il ne voulait pas d'une autre artemisia. c'était réconfortant. et intolérable. alors que les nymphes enchanteresses auraient toutes les faveurs du roi des limbes dans tout ce qu'il avait de plus sincère, elle ne lui arracherait que cette réplique blême. cette attraction fatale, adultérine, qui les aliénait, et les emprisonnait. "tu pourrais me briser, tresoro. et ça, je ne peux le permettre." son coeur se souleva. non. elle ne voulait pas. et c'était pourtant ce qui allait arriver, s'ils continuaient dans cette voie sans espoir. il ne pourrait pas l'empêcher. elle non plus. "mais je t’aime. comme je n’ai jamais aimé personne d’autre. d’une manière un peu bancale, d’une manière imparfaite…" il l'avait dit. enfin. elle se sentait faiblir. les joues qui s'empourprent. les jambes qui tremblent. le regard qui fuit. les papillons dans le ventre. elle se trouvait un peu stupide, de réagir comme une petite midinette. le ciel avait cessé de pleurer. elle aurait pu lui rire au nez. mais il y avait cette part d'elle-même qui voulait y croire. juste un peu. c'était le cas, réellement. mais elle savait. que, de la même façon qu'il n'aimait qu'une facette d'artemisia, seul ce qui était mauvais en lui en était amoureux. "alors ne m’abandonne pas, artemisia… je t’en supplie… j’ai besoin de toi." il était tombé à genoux, devant elle. elle l'observait, indécise. elle n'avait jamais voulu cela. tout ce qu'elle avait jamais demandé, c'était qu'il soit tout entier à elle. pas qu'il se prosterne, ainsi, les genoux dans la boue. elle se dégoûtait. répugnée, parce que tout cela était sa faute. c'était elle, et seulement elle, qui l'avait souillé à ce point. la culpabilité était insupportable. alors, peut-être pour se faire pardonner, elle presse délicatement la tête contre son ventre, caressant, le regard absent, les cheveux humides. il n'avait plus à s'inquiéter. plus à la craindre. il avait toute sa miséricorde. et plus encore. "quelle jolie déclaration, sly. tu as le don de perpétuellement m'étonner. tu es incroyable." elle souriait, regardait le ciel. qu'il était clair. "mais nous savons tous les deux que c'est faux." l'amour, comme une imposture familière mais éculée. que pouvait-il y avoir d'authentique ? ils ne connaissaient toujours pas leurs véritables noms. artemisia, qui était-elle ? monica ? ellena ? fransesca ? non. perséphone. et perséphone n'était pas perséphone. elle était aussi coré. la fille. pas la femme. l'innocence. la beauté dans toute son ingénuité. et même si coré était morte dès qu'elle avait franchi la porte des enfers, elle existait toujours en elle. perséphone avait eu pitié d'eurydice, après tout. "as-tu tant besoin de moi ? tu ne viens me voir que pour te sentir un peu vivant. pour le frisson. le pouvoir. et le reste, tu le trouves très bien ailleurs..." la tendresse. la douceur. la tranquillité. elle ne lui avait peut-être jamais proposé. mais il ne lui avait jamais demandé. et maintenant, rien ne lui paraissait plus relever de l'évidence. le désir abject, qu'elle avait si longtemps étouffé par opprobre, resurgissait alors qu'elle s'y attendait le moins. quand il l'embrassait. qu'il la serrait contre lui. ses lèvres vinrent se perdre dans ses boucles blondes, déposant un baiser chaste. "je veux que tu soies quelqu'un de bien. un homme respectable. mais, il ne t'a jamais effleuré l'esprit que moi aussi, je souhaite devenir une meilleure personne ? c'est ce que je désire plus que tout, sly... et tu en es la raison." c'était sa façon, dévoyée, de lui dire qu'elle l'aimait, aussi. mais il n'écoutait jamais rien. il ne comprenait rien. il ne voyait pas qu'elle n'aspirait qu'à vivre, enfin. normalement. en bonne chrétienne, comme elle en avait toujours rêvé. sans sombres manigances. sans passions violentes. sans mauvais rêves. sans appétences injustement inhibées. dans la mesure. la tranquillité. l'ennui, s'il le fallait. pour elle, et pour lui. "quand ce jour arrivera, tu regretteras tes paroles. je le sais. quand je ne serai plus ta reine, mais ton égale, qu'aurai-je de plus que les autres ?" et elle s'affaisse à ses pieds. à sa hauteur, elle le regarde. la même poussière sous les genoux immaculés. le même béton qui transperce le tissu et écorche la peau. leurs respirations mêlées. le souffle saccadé. le désespoir pur. "ne m'en veux pas, s'il te plaît. mais je dois savoir. quand ce moment-là arrivera, m'aimeras-tu autant ? pourrai-je toujours prétendre à ton affection, lorsque tu n'auras plus peur de moi ?" parce que c'est la terre qui a engendré lilith et adam, elle est son égale. lilith n'est pas une mère ; ni une déesse. tout comme elle ne fut jamais sa servante, elle ne parvint jamais à l'asservir. c'est ainsi que tout aurait dû être. mais il a fallu qu'adam préfère la douce, la passive ève. et lilith n'était plus rien. une ombre du passé. "dis-le moi, amor." ou continuons à vivre dans le mensonge et le péché.
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Message Sujet: Re: expiation (sly)   expiation (sly) Empty Mar 18 Sep - 22:39

sly n’a jamais été qu’une entité façonnée. à l’image de qui, de l’homme ou du dieu, encore restait-il à le définir.
sly n’a jamais réellement eu l’occasion de se poser les questions élémentaires : « qui suis-je ? » et « qui veux-je être ? ». au fond, sly n’a fait que suivre les chemins tracés à la craie sur l’asphalte de son enfance. les souvenirs effacés, le besoin d’appartenance à une communauté pour pallier à l’amnésie. et le gang comme unique famille, et le gang à ne jamais décevoir… et les rênes à prendre de force, héritage qui écœure plus qu’il n’enchante.
ça aurait pu être quelqu’un de bien, sly. mais c’est pas ce que le destin a décidé pour lui. parce qu’être quelqu’un de bien quand on dirige des gens qui font le mal et qui sont porteurs de pêchés, c’est d’une impossibilité risible et complètement stupide.
et dans tout ça, il y a la place des femmes. et la place de dieu.
les premières régissent sa vie comme si sly n’avait jamais été qu’un pantin à manipuler ; homme faible au cœur-guimauve, sly semble tomber amoureux comme on changerait de chemises. et les femmes qui s’additionnent pour réclamer des faveurs qu’il leur a promises s’amusent à écarteler son palpitant, torture douce-amère qui le laisse pantois.
et dieu dans tout ça ? sly s’est persuadé – un peu tout seul, un peu avec maman – que dieu ne pouvait décemment ne pas lui en vouloir. sly ne faisait que ce qu’on lui demandait de faire ; il était le parfait petit soldat. et si seulement il s’était souvenu de tout ce qui manquait, des pièces du puzzle de son enfance, alors il lui aurait paru évident qu’il était bien plus à même que ross de demeurer avec le paternel fou plongé dans une apocalypse imaginaire plutôt que la douceur blonde qui était restée.
alors au fond, sly n’était qu’une énorme écorchure béante. une faille emplie de faiblesses que personne ne connaissait, si ce n’était la douce artemisia et ses doigts curieux qui s’enfonçaient dans les chairs à vifs pour en écarteler les pires secrets. elle le mettait au supplice, l’écorchait avec autant de mots-couteaux pour ne plus demeurer qu’un amas de chairs sanguinolentes et putréfiantes.
les larmes qui ruissèlent comme s’il était revenu croquer dans l’enfance, dans les souvenirs manquants, comme pour supplier la marâtre d’épargner encore son palpitant déjà en berne. et il remarque vaguement, dans le flou de ses larmes salées, les joues empourprées de l’adorée. les mots qui fusent comme un ruisseau, les poissons (poisons) remontant l’eau, et c’est les aveux qui s’accumulent pour qu’aucun secret ne subsiste.
pour qu’il avoue enfin cet amour œdipien, matricide déjà enclenché. il pourrait lui demander sa main. il pourrait lui demander de lui faire l’infime et l’intime honneur que d’être sa femme, sa promise, la seule qu’il regarderait et qu’il aimerait tout entier. mais sly sait bien, au fond, qu’elle n’est pas celle qu’il lui faut. qu’elle n’est pas celle qui ouvrira les portes du paradis désiré depuis les premiers pas et les premières paroles ; parce qu’artemisia le laisse blême, parce qu’artemisia le contrôle. et les frissons créent un tremblement de terre dans son corps, un tsunami dans son âme, quand les doigts de la fée viennent se perdre dans son abondante chevelure d’angelot.
"quelle jolie déclaration, sly. tu as le don de perpétuellement m'étonner. tu es incroyable. mais nous savons tous les deux que c'est faux."
la chute le ferait presque tomber, lui aussi. faux ? il aimerait se lever, titan reboosté, pour la gifler de ses paroles crues et de sa haine versatile. comment osait-elle lire ainsi en lui ? trouver des réponses qu’il ignorait, qualifiait déjà comme une possibilité improbable, la scarifiant à même l’organe vital ?
"as-tu tant besoin de moi ? tu ne viens me voir que pour te sentir un peu vivant. pour le frisson. le pouvoir. et le reste, tu le trouves très bien ailleurs..."
incompréhension. baiser déposé sur la touffe blonde, et le besoin viscéral et agaçant d’échapper à ce contact quand il a l’impression d’être passé du mont de l’olympe au royaume des morts.
"je veux que tu soies quelqu'un de bien. un homme respectable. mais, il ne t'a jamais effleuré l'esprit que moi aussi, je souhaite devenir une meilleure personne ? c'est ce que je désire plus que tout, sly... et tu en es la raison."
les larmes ne coulent plus, et c’est la fureur qui peu à peu se peint sur les traits de l’amor. il repousse cette main envahissante dans ses cheveux, fronce les sourcils. l’amour et la haine ne sont pas si éloignées l’une de l’autre, et sly en fait une expérience bien douloureuse.
"quand ce jour arrivera, tu regretteras tes paroles. je le sais. quand je ne serai plus ta reine, mais ton égale, qu'aurai-je de plus que les autres ?"
et pourtant, c’est le choc dans le corps quand elle tombe à son tour. la reine ne devrait pas tomber devant ses fidèles sujets et il ne peut s’empêcher de s’en indigner.
"ne m'en veux pas, s'il te plaît. mais je dois savoir. quand ce moment-là arrivera, m'aimeras-tu autant ? pourrai-je toujours prétendre à ton affection, lorsque tu n'auras plus peur de moi ? dis-le moi, amor. "
les derniers mots comme autant de griffes sur un tableau noir. amor. elle ne connaît rien de lui, comme il ne connaît sans doute rien d’elle. deux inconnus qui se sont amourachés l’un de l’autre autour d’un des nombreux mensonges. et il aimerait lui dire, là, maintenant, qui il est. un enfant perdu au passé rapiécé. et pourtant, il réserve cet aveux à celle qui en vaudra le coup. à celle qui saura l’aimer.
à celle qui saura lui faire confiance. et c’est quelque chose qu’artemisia ne possède pas.
il se relève lentement, ne prend pas la peine de lui proposer sa main. sur le minois ne demeure qu’une déception grandissante, un voile de fureur passif.
- tu ne sais que m’imposer tes choix, artemisia.
il tourne la tête de droite à gauche. boule d’angoisse et de tristesse qui se crée dans l’œsophage, grignote les mots et les pensées.
- quand enfin je te donne tout, que je me mets à nu pour toi – et pour toi seule – tu n’es capable que de me repousser.
il est incapable de comprendre, le gamin de l’amor, tout ce qu’artemisia sous-entend. tout ce qu’il comprend, c’est le rejet qu’il accuse avec difficulté. sly et les femmes, ça a toujours été compliqué. s’il a toujours eu un intérêt décuplé pour elles et pour leurs courbes affriolantes, il n’a jamais voulu brûler les étapes – et ses ailes. alors c’est une douleur sourde mais puissant, un tison violent, qui s’est planté au creux de ses entrailles. il lui a dit qu’il l’aimait et elle demeure persuadée qu’il cessera au premier coup de vent.
- je t’ai tout donné, tresoro. n’était-ce qu’un jeu pour toi ? me forcer à tout te dire, à tout te donner – même mon âme à laisser à tes pieds – pour pouvoir te pâmer parmi tes semblables – les filles de lilith – d’avoir eu le cœur de sly amor pour n’avoir fait que l’écraser ?
il la dévisage, hautain. et il apprécie particulièrement le pouvoir qu’il ressent – au milieu de cet océan de souffrance et de trahison qui lui démange la langue – de pouvoir la regarder de haut. de pouvoir échanger un peu les positions.
ses mots sont autant de vipères sur la tête de medusa. ses mots flottent dans l’air comme autant de particules. et sly n’en peut plus. sly a besoin d’une solitude qu’il hait pourtant d’habitude pour savoir où se situer, pouvoir recoller les morceaux et ne pas se détester à l’idée de l’avoir tant aimée et d’avoir tant espéré pour rien. peut-être même pour fomenter une quelconque vengeance, dans un besoin stupide de retrouver un peu d’honneur et oublier l’humiliation. alors sly tourne les talons, et sly ne se retournera pas. sly quitte l’église et sa déesse, sly quitte ce monde qu’ils avaient créé à deux, sly quitte la bonnie d’un clyde qui n’existe plus.
déception.
tristesse.
rejeté.
horreur.
trahison.
sly est un gamin incapable de comprendre tous les tenants et les aboutissants d’une relation. sly a besoin d’une confiance absolue quand, pour la première fois peut-être, il donne son cœur. et force est de constater qu’il l’a donné à la mauvaise personne, et qu’il s’est dépêché de le reprendre avant qu’il ne soit trop tard.
avant qu’artemisia ne défonce encore davantage tout ce que sly voudrait être, et tout ce que sly ne sera jamais.
elle ne fait que le précipiter davantage dans les abîmes, redorant le blason d’un hadès lassé de son statut. sly n’a plus qu’à retrouver cerbère et les âmes dévoyées et errantes qui constituent son royaume.
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